Bien tenir son crayon


#22

Ce que tu décris Leila est exactement ce qui fait l’essence-même de ma méthode Ayant compris ces principes, l’enseignant peux les appliquer en classe en pleine conscience. Il s’agit pour lui de comprendre ce qu’il fait, pourquoi, dans quel but… et ensuite de créer les conditions concrètes d’application de ces principes dans sa classe,
La méthode n’est pas une méthode “clé en main”. Les cahiers sont des supports qu’on peut utiliser ou pas. La liste des activités préparatoires en haut de chaque page en est une démonstration. Ce qui fait la méthode, ce ne sont pas les pages du cahier, c’est la progression qu’ils proposent; Sauf exception, on ne peut pas modifier cette progression.
La méthode est bien… une méthode. Ce n’est pas une suite de recettes. Elle a ses fondements. Elle a aussi ses principes. Parmi ses principes, il y a celui de la liberté. Mais la liberté, ce n’est pas n’importe quoi, c’est ce qui permet de mener une action réfléchie. (Le thème du colloque annule des rééducateurs et rééducatrices méthode Dumont, était justement Contrainte. Anarchie. Liberté). En plus du livre, pour y voir plus clair sur les fondements et leur bienfondé on peut aussi aller voir par les deux premières vidéos de cette série https://www.youtube.com/watch?v=DQtjHxbqD7k
Quant aux cahiers, certains enseignants les apprécient beaucoup parce que, justement, ils offrent des exercices tout prêts. Les tout derniers Le cirque et Le loup sont, à ma connaissance, les seuls cahiers à proposer de vraies activités différenciées : ils font travailler tous les enfants à la même page, mais chacun y fait la ou les activités correspondant à ses besoins.


#23

Je lis, Guiguitte, que tu as fait “une petite formation” à la rééducation de l’écriture. Je vois où car je vois que cette formation est démarquée de la mienne et car j’ai eu l’occasion de voir tout cela circuler sur Internet. Je n’interviendrais pas ici si cela ne tirait pas à conséquence. Tu nous dis Guiguitte, que l’annulaire et l’auriculaire sont repliés vers la paume de la main. Pour s’assurer que ces deux doigts soient bien dans cette position, les personnes en question préconisent de tenir un mouchoir avec ces deux doigts. Essaie de tenir ton crayon en plaçant tes doigts de cette façon, tu en ressentiras l’inconfort. pourquoi est-ce inconfortable ? Tout simplement parce que, fermés ainsi, ces doigts se désolidarisent alors du majeur et ne viennent pas renforcer son action. Tu as essayé ? Alors tu as compris. En revanche, si au lieu de mettre un mouchoir dans la main “pour replier l’annulaire et l’auriculaire vers la paume”, on y place un mouchoir, ou autre chose, uniquement pour faire fermer la main, donc plier ces doigts (pas les serrer contre la paume), alors, là, oui, on obtient la positon qui convient.
Désolée Guiguitte :frowning: Tu comprendra aisément, je suis sure, que je ne peux pas laisser circuler une information contreproductive surtout qu’il semble que beaucoup d’enfants tiennent le crayon comme ça.


#24

Bonjour, avant de faire cette petite formation, j’avais déjà testé votre méthode à partir de votre livre “le geste d’écriture” et les petits cahiers. Je pensais juste avoir dans cette formation un aperçu concret de la théorie. Effectivement, j’y ai trouvé quelques petites différences, mais je n’ai jamais fait faire tenir un mouchoir avec l’annulaire et l’auriculaire, par contre, une petite perle dans la paume, oui. Lorsque je mets sur le post qu’il faut replier l’annulaire et l’auriculaire, c’est pour expliquer aux personnes qui lisent car je n’ai pas de photo ou de dessin sous la main à proposer. Moi, ce qui m’intéresse justement, c’est comment concilier cette méthode “Montessori” lettre à lettre (ou plutôt son à son), puisque la lettre code un son, avec la vôtre où il s’agit plutôt d’écrire mot à mot. Le concept est totalement différent.


#25

Merci Guiguittte pour cette réponse. Une petite perle, c’est trop petit. En tout cas l’image que l’on a d’une “petite perle” évoque un objet de bien petite taille qui oblige les doigts à se refermer vraiment dessus, C’est là-dessus que j’attire l’attention : si l’annulaire et l’auriculaire se désolidarisent du majeur la prise n’est ni confortable, ni solide.

Au sujet de la comparaison entre l’approche lettre à lettre et l’approche par le geste (que je préconise). Effectivement ce sont des concepts totalement différents. Le concept que j’ai développé est celui de geste d’écriture (cf. http://legestedecriture.fr). L’expression a été beaucoup reprise mais souvent incomprise et on en a fait les gestes d**e l’**écriture ou le geste de l’écriture, remplaçant le concept au mieux par une gestuelle, au pire par une image.

Le geste d’écriture va du moment où le scripteur s’apprête à prendre le crayon jusqu’à celui où il écrit en pensant **ce qu’**il écrit. Il intègre donc la relation graphophonologique - bien que ce ne soit pas son objet - et le chunking qui permet de passer de la forme à la lettre, de la lettre au mot et du mot au discours.

C’est surtout dans la prise en compte de ce dernier que réside la différence entre les deux méthodes. En isolant la lettre on ne peut pas intégrer le recodage nécessaire pour passer à l’unité mot. C’est d’ailleurs pour cela que les digrammes s’ajoutent aux lettres. Entrer dans l’écriture par la forme des lettres fige ces formes. Une fois que l’on a compris comment fonctionne l’écriture (cf. Processus de création des formes et processus de formation des lettres pour la théorie ; relai de hockey etc. pour la pratique) alors on peut aller aux lettres matérialisées (lettres rugueuses ou autres) : on sait à ce moment-là que ces formes ne sont que des variantes (par ex. comparer la lettre c dans c’est ce ciel clair qui m’enchante.

Autre chose au sujet des sons. Je sais que l’habitude est répandue de se voiler la face et d’affirmer que l’enfant doit entendre “le son de la lettre p, de la lettre t” etc. Techniquement, biologiquement, physiologiquement (chacun utilisera l’adverbe qui lui parle) il ne s’agit pas d’un son, car cela ne “sonne” pas, mais d’un bruit. C’est le bruit que produit le point d’ouverture au moment où l’air sort pour porter la voix donc produire un son voyelle.

Comme leur nom le laisse pressentir, les occlusives (p, b, t, d … ) ont à voir avec l’occlusion, la fermeture. Rien ne sort de ce qui est fermé. Pour que le son sorte, il faut ouvrir et quand on ouvre, ça fait sortir la voix, donc ça fait une voyelle. Donc quand on ouvre pour faire entendre quelque chose, avec le bruit du point d’ouverture on fait obligatoirement entendre une voyelle, à défaut une fricative sss, zzz qui laisse un peu passer l’air et produit un bruit de frottement.

Faire prononcer p en passant son doigt sur un p, t en passant son doigt sur un t est une pure vue de l’esprit et risque d’induire en erreur certains enfants (peut-être plus encore les plus doués, ceux qui cherchent à comprendre, donc à entendre, parce que justement ils entendent tch, ts, ti, tchi, te etc. quand on tente de les persuader qu’ils doivent entendre le supposé son de la lettre t). Je sais que ma réponse peut procurer un certain … inconfort. Désolée. Il s’agit cependant bien d’un fait, pas d’une prise de position.


#26

Merci Mme Dumont pour vos interventions sur notre forum. :slight_smile:
En effet chaque contribution est intéressante !


#30

Je vous propose deux petits jeux afin d’améliorer la motricité fine et la tenue du crayon. Le principe est le même pour les deux jeux : il faut attraper des pics ou des cotillons avec ses doigts ou avec une pince en utilisant la pince pouce/majeur en enfilant un anneau sur l’index sans le faire tomber. Il faut insister sur la pince avec le coté du majeur et non la pulpe, ce qui n’est pas toujours le cas sur les documents que je partage, mais @DanieleDumont m’aide à améliorer mes pratiques grâce à ses indications précieuses :slight_smile: Le résultat sur la tenue du crayon se voit parfois après seulement une utilisation du jeu.


#31

Merci pour ces bonnes idées de jeux que je vais tester illico ! J’étais justement à la recherche d’activités pour améliorer la prise du crayon.


#32

Je trouve un peu “artificiel” de proposer des activités où l’on doit tenir bizarrement un objet pour faire un truc qu’on ne fait de toute façon jamais dans la vraie vie…
Pour qu’ils s’entraînent à tenir un crayon eh bien je leur propose de tenir un crayon, tout simplement. En coloriant aux crayons de couleur on muscle ses doigts, et en disant aux enfants qu’il est vraiment important de tenir correctement le crayon (et en leur montrant comment on fait bien sûr) pour bien écrire sans se fatiguer plus tard, je trouve que les enfants sont suffisamment motivés pour y arriver. En un mois, presque tous ont rectifié leurs mauvaises positions.
En revanche toutes les manipulations et les jeux de construction servent indirectement à l’écriture dans le sens où ils améliorent la dextérité, et la force des doigts.


#33

merci @SuperMireille


#34

Bonjour,

je suis en année 0 avec des PS-GS. Beaucoup de GS ne tiennent pas bien leur crayon (voire vraiment pas bien du tout !) et je me demande si je dois les laisser colorier des mandalas, utiliser les formes à dessin, le poinçon… avant qu’ils ne le tiennent correctement. J’ai peur que s’ils continuent à utiliser des crayons en autonomie ils ne perdent pas leur mauvaise habitude.
Même question pour les PS: les laissez-vous avec ce matériel avant qu’ils tiennent bien leur crayon ?


#35

Je rencontre le même problème que toi en classe. Je leur ai expliqué et montré comment on tient le crayon correctement, expliqué aussi à quel point c’était important pour la suite. Et je suis TRES vigilante, ainsi que l’ATSEM, quand ils colorient ou qu’ils utilisent les formes à dessin, on essaie d’avoir l’œil un maximum, et on leur fait remarquer le plus souvent possible. Pour certains ça a marché, mais pour d’autres il n’y a rien à faire. Je crois qu’ils ne peuvent perdre leurs mauvaises habitudes que si ils l’ont vraiment décidé.


#36

Pour la tenue du crayon, j’aime beaucoup utiliser l’histoire de la voiture, qui et très parlante pour les enfants (je ne sais pas si qqn en avait déjà parlé sur le forum) :


#37

Bonsoir. Pour ma part, la seule action qui a permis une correction définitive de la tenue du crayon a été de faire des travaux d’aiguille. Un peu tous les jours, pendant 2/3 mois. Et problème définitivement réglé :slight_smile:


#38

Des travaux d’aiguille? Cad de la couture c’est ça ?


#39

Merci. je vais essayer d’être très vigilante aussi. Mais il est vrai que je ne suis pas toujours très présente quand ils colorient.


#40

Oui c’est bien cela. Cela devenait franchement la crise de reprendre constamment la bonne tenue et cela ne fonctionnait pas.

Alors, j’ai mis à disposition plusieurs activités pour varier: une toile vinylique basique trouée pour passer simplement du fil, pour chaque saison j’avais acheté des cartons avec des fruits et légumes à poinçonner (je restais à côté pour la tenue du poinçon, puis passage d’un fil à la couleur du fruit puis coloriage aux crayons de couleurs), fabriquer un napperon avec un métier à tisser rond, s’amuser avec une table à coudre:
http://grandir-et-semerveiller-sans-ecole.blogspot.fr/2013/07/diy-table-coudre.html

Voilà quelques idées. Il y a un sujet dédié, me semble-t-il, sur le forum. Je vais essayer de le retrouver.

Belle journée


#41

Le voilà :): Matériel pour la couture


#42

Merci pour l’idée de la table à coudre !!! J’ai beaucoup de langes, je vais les utiliser pour faire des cadres à coudre :wink:


#43

Bonjour,
Autant je suis d’accord avec SuperMireille sur le fait que le crayon se tient entre la pulpe du pouce et la face latérale de la dernière articulation du majeur, autant je suis en désaccord avec la photo qu’elle publie.
Sur cette photo, l’aiguille est tenue entre la pulpe (de la denrière articulation) du pouce et celle de la dernière articulation du majeur. Une erreur est remplacée par une autre.
Que faire pour des enfants qui ont du mal à apprendre à tenir le crayon ? Le ping-pong des bouchons. Ce jeu aide à placer la main, à poser l’avant-bras donc le poignet sur la table, mobiliser les doigts et à les tonifier.
Ce jeu ressemble à un jeu de billes mais il ne lui est pas identique. Il se joue avec des bouchons de bouteilles de lait. Main presqu’à plat sur la table, on envoie le bouchon vers l’adversaire d’une détente du majeur qui avait été coincé par le pouce. Après une première partie de cette façon, on peut en faire une dexième avec l’index au lieu du majeur.


#44

Bonjour Nina92, où as tu trouvé tes cartons avec des fruits et des légumes à poinçonner?