Bilan de fin d'année


#1

Bonjour!

Nous voilà à la fin de l’année, 1ère année de mise en pratique pour moi, avec 10 grands et 18 moyens. Mon bilan est mitigé: je vois des enfants heureux, “dégourdis”, respecteux, et toujours contents lors des activités autonomes, j’ai passé une année sereine et bien moins stressante; en revanche je me rends compte aussi que beaucoup stagnent, et que les acquisitions faites sur le matériel n’ont pas toujours réussi à se détacher de ce matériel par la suite. Je n’ai pas réussi à mettre en place le climat de concentration necessaire, et les enfants, pour la majorité, vont vers les activités parce qu’ils savent qu’ils doivent faire quelque chose plus que par leur propre volonté d’apprendre quelque chose. Je compte travailler la dessus pour ma prochaine année, ne plus les laisser faire les activités à 2, être plus exigeante sur le silence, enlever les jeux et certaines activités complémentaires dès le départ. Je n’ai pas réussi à prendre du temps pour les observer, car j’ai été tout le temps sollicitée, toute l’année, mais en même temps, j’ai eu plusieurs atsems et ça a été compliqué à gérer. Je compte impliquer plus mon atsem en espérant que j’en aurai une “durablement” la prochaine fois. Je ne suis pas satisfaite de mon suivi des élèves, je trouve que j’ai passé beaucoup de temps avec certains, trop peu avec d’autres. Je n’ai pas réussi à aller très loin en mathématiques, car j’ai eu du mal à les y interesser. J’ai beaucoup à apprendre et beaucoup à améliorer, mais je reste motivée :slight_smile: Et vous, quel est votre bilan?


SOS gestion du quotidien
#2

Idem pour moi. Avec un niveau simple, 24 ms sans ATSEM, les TAP tous les jeudis après -midi dans la classe (catastrophe pour le respect des règles et l’utilisation du matériel). Un enfant autiste avec avs une journée et demie par semaine, une enfant mal entendante sans avs présente tous les jours, deux non francophones, deux enfants avec gros problèmes de comportement et donc de violence. Une année plutôt rock’n roll. Le dilemme quotidien était dois-je laisser une présentation en cours pour intervenir lors de problèmes relationnels. Ouiiii la sécurité d’abord.

Résultats:
Des enfants tous capables de tenir un crayon correctement grâce aux activités pratiques et graphiques.
Des enfants hypers créatifs en arts, en détournement de matériel et en bêtises diverses.
Des enfants très demandeurs qui me courraient après pour compter jusqu’à 100 ou plus, comprendre les grands nombres, écrire en cursive (leurs prénoms), apprendre le “secret des lettres”, écrire des mots. Bref 3 élèves lecteurs. Mais le regret de ne pas toujours avoir pu être dispo pour tous, un dysfonctionnement de l’horizontalité, à cause du simple niveau je pense. Une forte demande d’apprentissage pour laquelle je n’avais pas de réponse matérielle car trop fatiguée pour avoir le courage de fabriquer et fauchée (Lettres mobiles en cursive, graphèmes rugueux)
Et des enfants derrière qui je courrais pour trouver des activités susceptibles de leur plaire. Ils n’étaient pas vraiment motivés pour prendre des activités ou suivre des présentations. (5 enfants) Un suivi de présentation qui ne me convient pas non plus. Mais bon je ne baisse pas les bras l’année, prochaine j’aurai une ps à 28 avec une ATSEM youpiiiiii !!!


#3

Cette année avec 31 PS/MS dont 20 garçons et plusieurs PS en grande difficulté relationnelle, j’arrive en juin fatiguée comme toujours, mais pas autant que je l’aurais cru… J’ai une très grande et belle classe que j’ai déjà à peu près complètement équipée comme je veux, une Atsem très bien et des collègues agréables… Les parents de mes élèves aussi sont généralement charmants cette année… Et puis je suis assez contente de moi et de l’ensemble de mes élèves, même si j’aurais voulu aller un peu plus loin dans les apprentissages didactiques en général… Mais nous avons déjà avancé bien plus que les années précédentes, et nous en sommes en fait grosso-modo au moins à la fin du programme maternelle… Sauf en écriture cursive, mes MS commencent tout juste à s’y mettre, je dois dire que je n’ai pas vu “l’explosion de l’écriture” dont parle Maria Montessori… Pour qu’ils écrivent ils ont encore besoin de moi et de mon aide… Un sur les 17 se débrouille bien tout seul, depuis une semaine ou deux il écrit son prénom parfaitement, mais les autres ne sont pas plus motivés que ça pour s’entrainer tout seuls, même ceux qui pourraient d’après moi… En lecture c’est un peu pareil, ils entendent bien les sons dans les mots, et connaissent beaucoup des correspondances lettres/sons, ou savent comment les trouver s’ils ne s’en souviennent pas bien, mais ils utilisent rarement le matériel à disposition sans moi pour s’entrainer à composer des mots non plus…En maths on a bien avancé dès le début de l’année mais ensuite j’ai voulu accélérer en lecture et j’ai un peu laissé les maths de côté… Ce qui semble les intéresser le plus c’est les jeux de construction, les activités pratiques, tout ce qui est “ménage” et le dessin libre. Si je les laissais complètement faire ils ne feraient que ça, du moins quand ils sont en autonomie… Sinon ils sont toujours partants pour venir suivre une présentation nouvelle, mais à 31 je suppose que je n’ai pas pu le faire assez souvent pour chacun pour mieux soutenir leurs découvertes et leurs apprentissages…
En résumé je ne reviendrais en arrière pour rien au monde, j’ai pu me concentrer sur notre bien-être à tous dans la classe, et je crois que de ce point de vue, c’est une réussite aussi bien pour mes élèves que pour mon Atsem et pour moi… J’ai énormément appris cette année, de mes recherches et de mes élèves, et j’en suis très heureuse…


#4

Bonjour,
Tout d’abord, merci à toutes les trois pour cet écho du monde réel !
C’est précieux.
isa1, si on considère que le plus important à long terme est le développement des compétences exécutives (contrôle inhibiteur…) et à plus court terme, l’établissement du fonctionnement en autonomie lui-même, pourquoi ne pas leur faire confiance et les laisser pratiquer tout leur saoul les activités qu’ils élisent ?
C’est un retour que je te fais et en même temps une question que je soumets à la communauté.
En tout cas, bonne fin d’année, bonnes vacances et bonne continuation l’an prochain ! À toi, à toutes, à tous.


#5

Bonjour Luc,
en réalité je les laisse faire, sauf quand ça devient bruyant… Ils aimeraient souvent jouer à 5 ou 6 au même jeu, et forcément ça fait monter les décibels, des conflits se créent etc… donc je suis souvent obligée d’intervenir pour orienter des enfants vers d’autres jeux similaires ou vers d’autres activités… J’en profite pour leur suggérer de s’entraîner à écrire ou à composer des mots, ou à compter avec le matériel disponible, mais sans grand succès généralement… Certaines fois aussi, quand je suis lasse de rappeler que les activités proposées sont généralement prévues pour 2 enfants maximum et qu’on doit faire attention à chuchoter et à utiliser délicatement le matériel, j’impose à tout un groupe de prendre leurs cahiers de dessin ou écriture libre… Ainsi ils sont ensemble comme ils ont l’air d’y tenir, mais au moins assis et avec chacun leur matériel, et le calme revient plus durablement, c’est le principal à mes yeux (et surtout à mes oreilles !)


#6

Bonjour Stéphanie merci pour ce retour. Dans ma classe le bilan n’est pas tout rose non plus, mais il est beaucoup moins gris que celui des 2 années passées (début de mon expérience avec les lois naturelles de l’enfant en 2015) … courage… petit à petit les choses se mettent en place, le principal c’est de garder espoir dans l’enfant et de se remettre en question pour chercher à améliorer…


#7

Pour Stéphanie et Manue, à propos du suivi des enfants et de ce qu’on peut demander à l’Atsem, voici ce que, après divers tâtonnements, j’ai fini par trouver comme façon de faire qui me convient, si ça peut vous intéresser :
j’ai ôté des murs tous les tableaux de suivi, ils sont maintenant sur mon bureau ou dans mon sac car c’est moi qui les remplis seule. Chaque semaine, je me fais une feuille avec les activités que je veux présenter le matin pour chaque PS dans les aires mathématiques, langage ou découverte du monde, et j’en fais une autre avec les activités que je voudrais que mon Atsem présente aux PS dans les aires sensorielles et pratiques, avec en plus une case “cartes de vocabulaire” ou éventuellement activité supplémentaire d’actualité (bricolage de saison ou pour la fête des pères par exemple)… Nous cochons chacune sur une seule feuille par semaine ce qui a été fait au fur et à mesure des matinées et je reporte sur mes grands tableaux en fin de semaine ce qui a réellement été présenté… Je m’en fais une autre avec toutes les présentations que je veux faire pour les MS l’après-midi quand je suis seule avec eux, les PS étant au dortoir avec l’Atsem…
Depuis que je fais ça, mon Atsem m’aide bien plus efficacement et les tableaux de suivi des PS avancent enfin. Cela me permet aussi d’équilibrer pour chacun mes propositions dans chaque domaine, de décider à qui je souhaite présenter quoi et de ne pas nous laisser accaparer par les plus demandeurs en oubliant trop souvent ceux qui vivent leur vie tranquille dans la classe sans se faire remarquer… ça me prend environ une heure chaque semaine de compléter mes tableaux et de préparer ces feuilles, et je ne ressens le besoin de rien d’autre comme suivi…
Autre chose : il m’est apparu illusoire d’attendre de mon Atsem qu’elle se charge de maintenir le calme dans la classe et d’intervenir chaque fois que nécessaire pour me laisser faire mes présentations… Elle ne le fait que très ponctuellement, en soutien de mon action dans son champ visuel ou auditif immédiat, mais l’ambiance générale de la classe, le niveau sonore, ne sont pas de sa responsabilité et il est normal qu’elle n’intervienne pas à ma place pour reprendre chaque enfant qui ne respecte pas une règle… Mon Atsem est super, je l’apprécie beaucoup mais elle ne s’appelle pas Anna et je ne peux pas lui demander de se comporter comme une éducatrice Montessori dûment formée, ni de partager mes responsabilités d’enseignante à part égale… Ce n’est pas donc pas elle qui va s’interrompre au cours d’une présentation pour rappeler un enfant à la règle, ni tourner dans la classe pour “veiller au calme”… (c’est le plus difficile je trouve). Donc c’est à moi de “veiller au calme” et de m’interrompre chaque fois qu’il le faut pour que la sécurité et le bien-être de tous soient respectés au mieux… Depuis que j’ai compris et admis ça, je suis plus zen aussi… Tant pis si je n’ai pas le temps, certains matins, de faire la moindre présentation, l’important c’est que les enfants et les adultes se sentent bien dans une classe pas trop bruyante, avec des personnes quel que soit leur âge qui s’entrainent prioritairement au respect de soi et de l’autre, à la bienveillance et à la joie d’être ensemble…


#8

Pour moi un bilan mitigé :
Au niveau didactique, je n’ai jamais été aussi loin avec des MS-GS. (6MS et 18GS)
Beaucoup de Grands écrivent des petits mots, lisent et exécutent des mots d’ordre ou font les pochettes de lecture. En écriture, même si nous avons commencé tard, globalement, ils écrivent bien. En numération, à part un GS, ils ont tous les compétences de fin de GS et pour la moitié bien plus…
Les MS ont commencé l’écriture en attaché, connaissent beaucoup de correspondances sons/lettres et en numération ont presque les compétences de fin GS.

Par contre, au niveau ambiance de classe, ce n’est pas terrible :
Je les sollicite souvent, ils ne s’entraînent pas d’eux même.
Ils aiment dessiner, faire des jeux de constructions (et pas de modèles).
La classe est assez bruyante (plus qu’avant je ne suis pas sûre)
Certains (les plus performants au niveau didactique) me demandent beaucoup d’énergie (je dois sans arrêt leur rappeler les règles) au détriment de ceux qui auraient besoin de moi.

Pour l’année prochaine, je continue mais je suis en train de réfléchir à un système de “plan de travail” afin que les enfants puissent être plus autonomes et que les autres adultes qui interviennent dans la classe Atsem, décharge de direction et remplaçants (je suis en REP+…) puissent aussi être autonomes.


#9

Coucou Isabelle,
Ah, je me représente mieux l’ambiance.
Oui, les décibels, les tympans — les nôtres, les leurs…
:wave:


#10

J’avais une classe de 10 PS et 14 MS cette année. Certes mes MS sont allés bien plus loin dans les apprentissages comparativement à mes années de fonctionnement traditionnel mais finalement ce n’est pas ça que je retiendrai de cette première année. Je suis en train de rencontrer tous les parents individuellement depuis cette semaine, j’en suis à 12 sur 24, et tous, vraiment tous, m’ont fait remarquer combien leur enfant avait pris goût à l’école, et gagné en confiance. Une maman m’a dit avec les larmes aux yeux “vous ne savez pas à quel point vous avez transformé ma fille”. Avant de rencontrer les parents, en éternelle insatisfaite et la tête dans le guidon, je n’avais pas pris la mesure de cette évolution.
Ce que j’ai apprécié aussi cette année, avec le changement de posture et la liberté laissée aux enfants, c’est la qualité (et la puissance !) des apprentissages entre pairs. Certains ont littéralement décollé sans que je ne fasse quoi que ce soit.
À part ça comme vous j’ai ramé, ma classe est bruyante (ou vivante ?), les enfants détournent le matériel (manifestent leur désir de jouer ?), certains matériels didactiques sont très peu repris, etc.
Et mon plus grand ratage c’est l’Atsem. Sur ce coup je me suis bien plantée. Toute erreur étant riche d’enseignements, je ferai sûrement mieux l’année prochaine !


#11

C’est un bilan de rêve que t’ont fait les parents de tes élèves ! à ta place je serais vraiment fière !
Pourquoi dis-tu que tu t’es plantée avec l’Atsem ? Et que comptes-tu faire l’an prochain pour améliorer ce sentiment ? Oui tes réussites et tes erreurs m’intéressent aussi !


#12

Je n’ai pas envie de rentrer dans les détails de ce plantage, nous avons chacune notre part de responsabilités dans cette histoire qui ne regarde que nous, mais ce que je retiendrai c’est d’abord que la communication doit être primordiale dans le binôme ( penser à dire à son Atsem en début d’année “si tu ne te sens pas bien dans la classe dis le moi tout de suite, on cherchera ensemble une solution”, ou encore "si je fais quelque chose ou si j’interviens dans la classe d’une façon que tu ne comprends pas ou que tu n’apprécies pas dis le moi, on en discutera). Ensuite il ne faut pas hésiter à lui dire qu’on débute avec cette façon de mener la classe et que du coup on tâtonne sur les missions à lui confier. Et puis la prévenir que ce n’est pas parce qu’on n’est pas assise à une table avec un groupe d’enfants qu’on ne fait rien et qu’on est disponible pour bavarder (mais par contre qu’on veut bien bavarder pendant les récréations !). Bref faire en sorte que notre manière de mener la classe ne soit pas opaque, et encourager le dialogue et le questionnement plutôt que le jugement.


#13

Cette année j’ai eu des GS-CP tellement peu nombreux que je n’ose pas dire le nombre. Je trouve que les activités autonomes ont été plus profitables aux GS qu’aux CP mis à part les bons élèves, d’un point de vue des apprentissages. Mais du point de vue de la confiance en soi, tout le monde y a gagné. Tout le monde a progressé mais je trouve que les écarts se sont creusés. Ma classe n’est pas bruyante mais j’interviens souvent et ils sont peu nombreux. Par contre, je trouve que certains passeraient leur année à dessiner ou à faire les activités pratiques si je n’intervenais pas, si je ne les conseillais pas.
Est-ce parce qu’ils sont déjà grands?
Est-ce parce qu’ils ont connu 2 ou 3 ans de maternelle traditionnelle, ne laissant aucun choix?

Pour conclure, je ne reviendrai pas en arrière et j’attends d’être fixée sur le niveau que j’aurais dès la rentrée: maternelle-Cp ou cp-ce1. A un élève près tout peu changer, car nous aurons peut être une fermeture de classe…


#14

Ici en positif pour mes CE1:

  • les élèves ont adoré les “activités” (ateliers autonomes), ils sont tristes à l’idée qu’il n’y en ait quasi plus voire plus du tout l’an prochain!
  • je pense que le matériel a vraiment aidé les élèves les plus faibles à progresser! par contre je redoute un peu (et eux aussi!) le fait qu’ils ne puissent pas manipuler les barrettes de perles l’an prochain, même si en fin d’année je leur demande d’éviter de le faire, j’espère que ça ne sera pas trop dur pour eux l’an prochain sans!

Le négatif:

  • un fond sonore trop bruyant dans ma classe lors des ateliers autonomes!
    l’an prochain il faut vraiment que je veille à ça, mais je ne vois pas trop de solutions!

#15

@ElemCE1 j’ai acheté en début d’année avant de connaître la démarche, dans le catalogue majuscule le feu tricolore de contrôle de niveau sonore. Ca fonctionnait plutôt bien, passé les premiers jours l’envie de faire sonner Gaston (c’est le petit nom donné au feu) s’était estompée et les élèves étaient bien attentifs à ne pas mettre Gaston dans le orange ou le rouge.


#16

Je t’ai posé cette question Magalil, parce que je pense que ce n’est pas facile de trouver comment fonctionner avec son Atsem, surtout si on s’attend à ce que la nôtre soit aussi efficace que pouvait l’être Anna…
Céline pouvait se reposer sur elle pour veiller au calme de la classe, montrer et remontrer avec exactitude comment se comporter en général et comment manipuler chaque matériel avec délicatesse et sans rien oublier, et pendant ce temps elle pouvait multiplier les présentations même longues sans être dérangée… Mais nos Atsem, même les plus motivées, bienveillantes, ouvertes d’esprit et pleines de bon sens et d’intelligence, ne peuvent absolument pas en faire autant… Institutionnellement ça ne marche pas comme ça, ce n’est pas à l’Atsem de prendre sur elle la responsabilité du niveau sonore de la classe, ou du respect des règles par tous, au point d’intervenir “avec fermeté et bienveillance” à chaque fois qu’il le faut (et c’est du quasi non-stop en fait avec les plus jeunes ou aussi avec les plus turbulents, surtout en début d’année mais même après, donc c’est très difficile, et ce n’est pas normal non plus de demander à l’Atsem de se charger du plus difficile avec les enfants)
C’est pourquoi nous devons trouver une autre façon de fonctionner avec nos Atsem que celle de Gennevilliers… Il m’a fallu presque un an pour trouver comment faire avec la mienne, alors qu’elle est super… Mais maintenant que j’ai trouvé la bonne méthode, ça roule bien mieux…


#17

Je trouve ta réflexion très intéressante, en effet nos Atsem ne peuvent être les gardiennes de l’ambiance, et le mieux est de leur donner des missions très concrètes et très ciblées dans la classe, qu’elles auront choisies en accord avec nous. Mais il faut composer aussi avec leur personnalité et leur façon d’être avec les enfants, parfois aux antipodes de la bienveillance et de ce qu’on peut attendre d’un professionnel de la petite enfance. Et là ça se complique …


#18

Première année d’expérimentation, 7 MS et 17 GS. Le bilan est plutôt positif : les enfants sont heureux, motivés pour la plupart. Les parents sont très impressionnés et ravis de voir tout ce que leurs enfants ont appris (“sa grande sœur ne savait pas tout ça à son âge !”). J’ai tissé avec les enfants des liens beaucoup plus forts cette année, et je n’ai pas le ras le bol du mois de juin que j’ai pu connaître auparavant. Je me lève tous les matins en sentant que j’ai plein de choses à apporter aux enfants, et je m’efforce de le faire chaque jour du mieux que je peux.

Maintenant, pour le moins positif :

  • Un volume sonore souvent trop élevé (ça dépend des jours), et un climat de classe trop agité. Les élèves sont souvent les premiers à s’en plaindre. Quelques moments de calme olympien très appréciables, mais trop rares.

  • Certains élèves tournent en rond si je ne suis pas avec eux, et finissent par avoir un comportement inadapté (ils font du bruit, sont très agités, dérangent leurs camarades…).

  • Des conflits très fréquents entre les enfants. En général, toujours les mêmes enfants et toujours les mêmes conflits : problème de partage du matériel, non respect de l’autre (exprimer son mécontentement par des gestes violents ou des mots désagréables). J’ai encouragé toute l’année les enfants à communiquer entre eux, simplement en faisant savoir à leurs pairs ce qui les dérangeait et ce qu’ils avaient à leur reprocher (“tu m’as fait mal”, “je n’aime pas quand tu me dis ça”), j’ai répété 1000 fois à ceux qui tapaient les autres qu’ils pouvaient s’exprimer par des mots, mais je n’ai pas l’impression que les progrès dans ce domaine sont probants.

  • Je cours après le temps sans arrêt. Chaque jour je me sens comme un père noël avec une hotte pleine de cadeaux, mais pas assez de temps pour tous les distribuer. J’aimerais tant vider ma hotte chaque jour, apporter quotidiennement à chaque enfant l’attention qu’il mérite, mais je n’y parviens que rarement.

Mais bon, je ne laisse pas tous ces points noircir le tableau, la balance penche du bon côté. Je suis plein de motivation pour la suite, et je sais que je ferai encore mieux l’année prochaine.


#19

Pour ma part, j’avais pour la première année tous les niveaux de la maternelle ; 1 TPS, 6 PS, 8 MS et 8 GS. Je suis passée en ateliers autonomes pour tous les domaines alors qu’auparavant je n’avais que les ateliers de vie pratique en autonomie pure.
Les points positifs :

  • tous les GS sauf 1 (écrans +++, vie familiale très compliquée…) sont entrés dans la lecture et sont capables de lire des petits secrets et des billets d’ordre. 3 d’entre eux lisent des petits albums. Le tout dans l’enthousiasme le plus total.
  • 7 GS codent et 6 ont une jolie écriture. Aucun ne tourne les lettres rondes à l’envers.
  • tous les MS sont sur le chemin et ont une bonne conscience phono.
  • tous les GS ont compris le principe de construction du nombre, réussissent des additions avec change à la banque et lisent les grands nombres. 4 réalisent des additions avec retenue grâce aux timbres, peuvent les coder et les décoder. Les 3 derniers sont dessus tandis que je travaille tous les jours avec ma GS hypnotisée par les écrans à lui faire passer le cap du 19 dans la comptine numérique ( elle a commencé son année de GS en comptant 1, 2, 6).
  • les MS se lancent dans la banque.
  • 3 PS sont au même niveau que les MS en phono et en numération. Les 3 autres sont de décembre et se sont enfin posés, ils utilisent les GS pour réaliser des ateliers avec eux, ce n’est pas toujours facile, mais il y a un réel progrès et ils ont compris qu’il y avait des choses intéressantes pour eux à conquérir.
  • je n’ai jamais eu un climat de travail aussi serein, avec la grande majorité des enfants qui posent la main sur notre épaule et attendent que nous soyons disponibles pour nous parler, même en récréation pour certains.
  • des relations entre enfants beaucoup plus apaisées. Des PS qui nous mettaient un bazar physique et sonore monstrueux se sont posés parce que certains GS les ont pris sous leur aile et ont joué avec eux, notamment aux jeux de construction (surtout les Légos). Le démarrage pour les apprentissages scolaires à alors été fulgurant.
  • je suis heureuse d’aller à l’école tous les matins et les enfants aussi. Je ne vois pas le temps passer et tout se fait sans stress.
  • je ne fais quasiment pas de régulation sur l’ellipse. Au début de l’installation, lorsque cela dure un peu, mais jamais pendant les lectures d’album ou les petits jeux.
  • j’ai assisté à de grands moments de motivation intérieure où tout un groupe d’enfants dès qu’il entrait le matin fonçait vers ce qu’il voulait apprendre ; la frise numérique, les petits secrets… Et ce durant plusieurs jours de suite.
  • une ATSEM hyper motivée qui est tous les jours plus convaincue du bien fondé de la démarche, même si je sens qu’elle trouve que je laisse trop les enfants jouer dans le dortoir ou dessiner. Mais elle reconnaît que par rapport à ce que l’on attend des GS à ce stade, ils peuvent bien passer la fin de la période à jouer, ils en sont bien au delà.
  • des enfants qui en début d’année quémandaient mon “c’est bien, c’est beau, bravo, tu es un(e) gentil(le) petit(e)” qui sont sûrs d’eux aujourd’hui et n’ont plus besoin de personne pour savoir s’ils ont réussi et en être fiers.

Les points à questionner ou à améliorer :

  • beaucoup de temps passé aux jeux de construction que les enfants installent dans le dortoir le matin. Certains y passent la matinée et c’est moi qui les capture avant la fin pour qu’ils fassent au moins un atelier. Le plus étonnant, c’est qu’ils semblent alors ravis lorsque je leur fais une présentation. Mais la motivation ne vient pas d’eux.
  • beaucoup de temps passé au dessin libre, et même principe que pour les jeux de construction.
  • un suivi des présentations pas assez rigoureux. Il faut que l’année prochaine je sois plus vigilante sur ce point.
  • beaucoup de temps passé à trouver nos marques avec mon ATSEM, du coup pas aussi efficaces que ce que nous pourrions l’être
  • pas assez d’arts plastiques cette année à mon goût alors que j’adore ça. Mon ATSEM est frustrée aussi.
  • ne pas avoir réussi à aider cette enfant de GS à trouver en elle la motivation pour apprendre, ne pas avoir réussi à lui permettre d’aller aussi loin que les autres alors que je sais qu’elle en a les capacités.
  • tous les enfants avancent plus loin et dans la joie. Mais cette démarche n’est pas la recette miracle qui annihile les inégalités.

Je continue avec joie sur ce chemin et je n’attends pas la rentrée de septembre pour introduire les petites modifications qui pourrait améliorer le bilan. Je teste mes idées dès à présent, je mets en place les nouveaux ateliers ; ça relance la motivation de tout le monde et ça permet de réajuster.


#20

Ok je vois le style de problème que tu as pu avoir… Mais tu sais, je pense que c’est pas évident pour une Atsem de trouver sa place auprès des enfants sans avoir l’air de prendre celle de l’enseignante… C’est un rôle de plus mal défini statutairement, et en gros il leur incombe de s’adapter sans porter de jugement, et de faire de leur mieux sans être responsable des choix qu’elles ont à suivre…
J’ai bien vu que ce n’était ni de l’incompétence ni de la mauvaise volonté quand je trouvais que la mienne ne m’aidait pas efficacement… Je lui demandais de “veiller au calme” et de faire des présentations d’activités simples “au feeling”, puis de cocher les tableaux de suivi… Du coup elle faisait ce que les enfants demandeurs lui demandaient… et les tableaux de suivi stagnaient car elle refaisait souvent les mêmes choses avec les mêmes enfants… Mais est-ce à l’Atsem de s’inquiéter des progressions de chaque enfant d’une part, et du groupe d’autre part ?
Quant à “veiller au calme”, comment faire ça en tant qu’Atsem sans avoir l’impression de prendre la place de l’enseignante ? C’est toujours moi par exemple qui lance “statue !” et je me rends compte que si elle se permettait de le faire je trouverais ça bizarre et que j’en serais même sûrement mal à l’aise… Sinon à force de me voir faire, parler doucement et en me déplaçant jusqu’à l’enfant, me baisser à son niveau pour lui parler, j’espère lui montrer comment elle peut faire elle aussi à l’occasion sans déranger le reste de la classe et sans faire “la discipline” à ma place non plus…
Mais j’ai compris que ce n’est pas à elle de garder un oeil sur l’ensemble de la classe, mais à moi…
Et ce qui a tout changé c’est quand je lui ai fait la liste des présentations que j’aimerais qu’elle fasse chaque semaine… Elle n’a plus à s’occuper des tableaux de suivi, elle n’a plus qu’une feuille avec les noms de chaque PS et quelques activités en face de chaque nom à cocher au fur et à mesure… Là elle sait ce que j’attends d’elle et elle le fait avec efficacité et simplicité…
Si ton Atsem a été réellement déroutée par ton fonctionnement, c’est sans doute qu’il est déroutant pour la plupart des Atsem… Je travaille avec la mienne depuis bientôt 10 ans, elle est vraiment super et nous nous entendons à merveille, pourtant il nous a fallu du temps pour prendre nos marques toutes les deux à nouveau avec cette nouvelle démarche…