Comment aborder le langage oral


#1

Bonjour à tous,
J’essaye depuis un certains nombres d’années d’appliquer les conseils de Céline Alvarez dans ma classe
Je m’épanouie complétement dans cette atmosphère mais il me manque des pistes pour établir une progression véritable en langage oral. Entendez bien une progression qui me serve réellement pas une progression pour l’inspection. Etant en fin de carrière , je n’ai plus besoin de jouer les hypocrites ! Pour l’instant, je nage un peu à vue avec plus de compétences dans l’étude du vocabulaire ( plus simple ) mais comment aller plus loin et passer de la phrase simple à la phrase complexe.
Avez-vous des idées à me soumettre , des exemples concrets ?
Merci beaucoup pour votre aide.


#2

Ca m’intéresse beaucoip, je rame aussi de ce point de vue là. En formation on nous avais beaucoup parlé de langage oral qui devait accompagner chaque présentation. Un vrai moment d’échange oral avec l’enfant, où on doit plus encourager l’enfant à parler, que de trop monopoliser la parole (la maladie des profs…) ou essayer de faire passer des notions scolaires. J’avoue ne pas y arriver (par stress, volonté d’aller vite, etc.)

Après je pense aussi à l’écrit, j’ai vu récemment que Maria Montessori déconseillait de faire écrire de simples mots, mais plutôt des phrases complètes. Ce qui est logique, cela donne beaucoup plus de sens à l’écriture. Là dessus je pense qu’il y a quelque chose de très intéressant à creuser (communiquer, raconter des histoires, etc. en encourageant pour enrichir de plus en plus). mais là encore, aucune expérience de mon côté, juste des pistes à explorer dès que possible.

J’attends impatiemment les idées et expériences des collègues :slight_smile:


#3

Tes remarques sont pertinentes mais, si tu le veux bien, nous devrions nous en tenir au langage ORAL dans ce post. Je m’explique : A mon sens, tout ce qui est écrit , est plus facile à mener dans une classe qui utilise le fonctionnement de Céline Alvarez ou non .J’ai peur que les réponses de nos collègues s’engouffrent dans cet espace. Je ne dis pas que c’est mal et qu’il ne faut pas, je pense que c’est peut-être insuffisant et qu’en tout cas, cela ne répond pas à mes attentes d’apprentissage et de maîtrise de la langue orale.
D’ailleurs, mes séquences de langages se résument souvent à des présentations de cartes de nomenclatures avec leçons en 3 temps ( vocabulaire ). C’est la partie un peu innovante
Sinon rien que du classique : - Propositions d’étude d’albums style Narrasmus ( réinvestissement du vocabulaire )
avec au choix : Anticipation , suite , entre-deux, compréhension fine ,

  • Questionnements individualisés sur ce qu’on est en train de faire , ou ce qu’on a fait ( Barbant au possible , si je peux me permettre , et pour celui qui parle et pour les autres qui écoutent ),
  • Albums échos pour les petits parleurs …
    J’aimerais vraiment trouver des pistes plus conformes à l’esprit Céline Alvarez .
    Charles, j’espère que tu me suis ?

#4

J’ai découvert il y a peu les travaux de Pierre Péroz sur le travail du langage oral à la maternelle que j’ai trouvé très intéressants.
On trouve ses conférences sur youtube ou sur le site de canopé, il parle de la pédagogie de l’écoute (pour les enfants mais aussi pour le professeur qui monopolise souvent la parole en séance de langage…).


#5

Oui je connais aussi son approche .
Merci pour cette idée à creuser encore plus sans doute.


#6

Bien sûr, tu as bien raison, j’étais vite parti ailleurs :wink:


#7

Une activité que j’ai découverte dans un album Montessori, et que Maria Montessori pratiquait d’après ce qui était écrit (à vérifier) :
En regroupement, l’adulte commence une phrase. Ex: Marie mange… Marie mange quoi? Un enfant propose et répète la phrase entièrement. Marie mange un gâteau. Marie mange un gâteau avec qui? Où? Quand? Etc… A chaque fois, un enfant volontaire reprend la phrase depuis le début.
J’ai trouvé ça intéressant.


#8

super idée
on peut aussi préparer des petites étiquettes avec Quoi/ où/ quand… et on peut travailler la lecture


#9

J’aime beaucoup cette idée . On pourrait ainsi faire “vivre” les cartes de nomenclatures que l’on aurait étudiées avant . Travailler aussi sur les lieux, les personnages, les adversaires , les époques etc.
Merci j’étudie ça de suite .


#10

C’est notre petit défaut à tous !


#11

Bonjour,
J’avoue que le bât blesse dans ma classe aussi.
Quelques pistes néanmoins.
Je lis beaucoup d’albums de littérature de jeunesse et la démarche Narasmus simplifiée m’a paru intéressante (La sieste de Moussa). Les enfants se sont appropriés l’histoire et se la racontent volontiers avec une maquette et des figurines. Mais on ne peut pas le faire à chaque fois et tous les enfants n’accrochent pas …
Des moments de présentation d’objets en regroupement et des jeux de devinettes permettent de travailler sur la formulation des phrases interrogatives.
Enfin, avec mon Atsem, nous utilisons le coffret Montessori Histoires à raconter : images séquentielles assez simples (3 à 9) que les enfants peuvent décrire et agencer pour raconter une courte histoire de la vie quotidienne. Rien de nouveau : je pense que nous avons tous ce type de coffret dans nos placards avec des images vintage.
Voilà pour ma maigre contribution. En recherche de toutes sortes d’idées.


#12

J’avoue que dans ma classe je m’appuie beaucoup sur les albums. Ce qui permet la richesse et la diversité des sujets, du vocabulaire, et des approches artistiques, puisque nous avons la chance en France de pouvoir nous appuyer sur un réseau d’auteurs pour la jeunesse qui est foisonnant. Ce qui n’est pas forcément le cas dans tous les pays, où les livres sont vendus en grandes surfaces car les librairies en concurrence libre et faussée ont disparues.

Le nombre d’albums à disposition des enfants est volontairement très limité dans ma bibliothèque de classe. Ce qui fait que chaque livre a été lu de nombreuses fois, racontés, et même parfois joué. C’est en s’appropriant ces albums, comme dans la démarche Narramus mais en moins lourd, que les élèves vont réinvestir du vocabulaire et des structures de phrases plus complexes. Pour cela, les enfants prennent la parole pour raconter eux même les albums connus. Parfois je n’intervient presque plus si ce n’est pour réguler les prises de parole par gestuelle, en particulier encourager les peu parleurs.


#13

Je suis justement ce matin en animation pédagogique sur le langage, syntaxe et vocabulaire. Conférence de Pierre Peroz. Voici mes prises de notes en direct.

Pierre Peroz constate que le dialogue pédagogique ordinaire ne marche pas. Il a mesuré le temps de parole des séances de langage, la moitié du temps est pris par l’enseignant, le reste par les enfants grands parleurs. Les questions enchaînée par l’enseignant induisent des réponses courtes, pas suffisantes pour construire la syntaxe par les élèves . Le rythme des échanges s’accélère, ce qui n’est pas propice à la réflexion. Car l’enfant pense en parlant. Et s’il parle peu, il pense peu …

Il propose une autre approche des séances de langage, la Pédagogie de l’écoute. Il s’agit de laisser le temps à chacun de parler. L’enseignant va se taire, juste distribuer la parole. Trois objectifs :

  • Parler à son tour. Respecter les règles de conversation à l’école, différente de celle de la amison. Écouter, attendre la parole. L’enseignant parle peu. Tous les élèves qui ont levé le doigt ont la parole, chacun leur tour. L’enjeu de la séance doit être bien explicite pour les élèves.
  • Parler dans le thème. Proposer une question unique, ouverte, en “pourquoi”, pour induire des réponses longues. Relancer la même question. Droit de répéter ce qui a été dit.
  • Parler longtemps, qui permet de développer la syntaxe, enchaîner des idées.

La validation par l’enseignant est différé en fin de séance. Pendant qu’il distribue la parole aux élèves, l’enseignant reste à l’écoute, en observation.

Des ateliers de remédiation pour certains élèves en besoin particuliers seront conduit plus tard.


#14

Pour les collègues intéressés, il y a une conférence mardi prochain en distanciel, les inscriptions sont ouvertes jusqu’à demain.


#15

Merci @Sohane. J’ai commencé la pédagogie de l’écoute au retour des vacances de la Toussaint. J’ai hâte d’écouter la conférence de Pierre Péroz. C’est très intéressant je trouve.


#16

Merci @Sohane
Je me suis inscrit. Je posterai un CR.

Suite de l’animation pédagogique de ce matin. Ils nous ont proposé d’animer un séquence autour d’un album en mettant en application la pédagogie de l’écoute, que beaucoup d’entre nous expérimentent déjà en classe. Voici les différentes séances, à poser et répéter si besoin.

  • Présentation du vocabulaire, illustré tout autant le contexte de l’histoire que hors contexte (le personnage loup mais aussi un vrai loup).
  • Lecture de l’histoire sans les illustrations, texte court, ou coupé en plusieurs parties.
  • Langage. Laisser parler les enfants sur ce qu’ils ont retenu de l’histoire, sans intervenir, juste distribuer la parole et observer.
  • Compréhension sur les noms des personnages. Puis, lors d’une autre séance, que font-ils ? Puis pourquoi ?

Constat dans les classes. L’école maternelle échoue à enseigner le langage.
Régulation des prises de paroles. L’enseignant privilégie les interactions individualisées, en lien avec l’adulte. Dialogue pédagogique ordinaire (cf Elizabeth Nodon). Question / réponses. Dans un rythme qui s’accélère (une question toute les 10 secondes. Questions fermées. Concurrence entre élèves pour être le plus rapide. L’enseignant monopolise plus de 60% du temps de parole. Structure et déroulé des question non claire pour les léves (cf E Gauthier). Echec des élèves non aisés.

Un tiers des élèves restent silencieux. Les autres se limitent à des phrases d’une dizaine de mots, pas nécessaire aux apprentissages. Il faudrait au contraire le temps à chacun de revenir, de prolonger ses prises de parole. La vitesse des échanges dans ces échanges pédagogique ordinaire tue les objectifs des séances de langage. Pierre Peroz propose donc de changer de modèle pédagogique. Il propose la pédagogie de l’écoute.


#17

Je suis en direct de la conférence de Pierre PEROZ. Voici quelques prises de notes.

Ancien instituteur et maintenant maître de conférence.
Sémantique lexicale et didactique du langage en maternelle.
Pédagogie de l’écoute.

Langage premier domaine d’apprentissage des programmes.
Mais ce n’est pas langage courant, mais le langage de l’école, utilisé dans les situations d’apprentissages. Donc des situations contraintes : thème, prise de parole, participants, … Voici les caractéristiques du langage de l’école

Une parole autonome. Prise de risque par l’élève, devant les autres et l’enseignant. Parole publique, engageante.

Une parole réfléchie. Non pas originale, ni exacte (on a le droit de se tromper). Mais autoreformulations, parole construite / qui se construit. Difficile de séparer la pensée du discours (cf Vigotsky) en maternelle. Pas de réflexion dans sa tête avant le cycle 2 au moins.

Constat dans les classes. L’école maternelle échoue à enseigner le langage. Régulation des prises de paroles. L’enseignant privilégie les interactions individualisées, en lien avec l’adulte. Dialogue pédagogique ordinaire (cf Elizabeth Nodon). Question / réponses. Dans un rythme qui s’accélère (une question toute les 10 secondes. Questions fermées. Concurrence entre élèves pour être le plus rapide. L’enseignant monopolise plus de 60% du temps de parole. Structure et déroulé des question non claire pour les léves (cf E Gauthier). Echec des élèves non aisés.
Un tiers des élèves restent silencieux. Les autres se limitent à des phrases d’une dizaine de mots, pas nécessaire aux apprentissages.

Il faudrait au contraire le temps à chacun de revenir, de prolonger ses prises de parole.

La vitesse des échanges dans ces échanges pédagogique ordinaire tue les objectifs des séances de langage. Pierre Peroz propose donc de changer de modèle pédagogique. Il propose la pédagogie de l’écoute.

Pédagogie de l’écoute.
L’enseignant pose une question ouverte. Puis il se tait. Et donne la parole à chacun.
Il peut relancer, mais avec la même question. Laisser le temps à chaque élève de dire et répéter ce qu’ils ont à dire.

Dialogue pédagogique à évaluation différé. On repousse le troisième temps, le moment d’une nouvelle question, d’une évaluation et stabilisation du savoir.

Droit à répéter ce qui a été déjà dit.

  • On ne coupe pas la parole, on lève le doigt. Respect des règles de conversation. Privilège de l’enseignant qui nomme (plus que juste désigner). Sécurité dans ses prise de parole pour les petits parleurs, qui ont peur si leur parole n’est pas protégée.
  • On ne reformule pas la question. Elle reste dans des termes précis. On peut l’écrire au tableau. On donne pas les réponses à ses questions, même avec des questions fermées.

En cas de difficulté, on reverra la question plus tard. On cherche des solutions, on relis l’histoire, ou un passage, mais pas trop ciblé pour ne pas induire la réponse.

Didactique. Clarté cognitive des élèves. Format de séance régulier. 3 parties

  1. Restitution
  2. Compréhension.
  3. Interprétation.

Séances décrochées. Avant pour préparer la séance de langage. Après pour revenir sur des difficultés.

Textes appropriés. Non illustrés (donc pas de albums). Programmes = comprendre un texte lu sans autre aide que l’écoute. Meilleurs support pour un travail en groupe d’une dizaine d’élèves.

Partie 1. Restitution.
Raconter l’histoire en entier à plusieurs. Vidéo de séance. Jack et le haricot. Élèves pratiquant l’écoute active depuis un an. Autonomie des élèves, qui connaissent bien l’histoire. Narration collective en enchaînant les uns sur les autres, ce qui n’est pas facile. Énoncés longs (plus de 30 mots), connecteurs, temps du passé. La posture en retrait de l’enseignant laisse le temps aux élèves de développer. Retour au texte par les élèves. Contrôle méta de sa parole, en support au texte d’origine. Reprise par le voisins sans corriger directement l’élève précédent. Précisions de vocabulaire, de tournures syntaxiques.

Partie 2. Compréhension.
Vidéo. Questions sur les personnages et ce qu’ils veulent. Comprendre l’histoire, c’est comprendre l’enchaînement des états mentaux des personnages. Reprendre et stabiliser les dénominations des personnages.
L’enseignant pose quelques questions sur les personnages et ce qu’ils pensent à un moment donné de l’histoire. Questions en pourquoi ?

Partie 3. Interprétation.
Se mettre à la place d’un personnage. Aborder autrement le texte. Par exemple par un jugement des élèves sur les personnages. Ex "A votre avis, peut-on dire que Jack est un voleur ? Et dites pourquoi. "

Conclusion. Au début de l’année, dans la classe, les élèves intervenaient avec de 8 à 15 mots. Au cours des 23 séances analysées en écoute active, l’intervention des élèves augmentent jusqu’à 20 à 40 mots en moyenne. L’enseignant intervient peu, moins de 25%. Progrès des élèves, syntaxe et lexique. Ils savent ce sur quoi ils travaillent. Et ils savent qu’ils sont écoutés par l’enseignant. Ils ont le temps d’intervenir. Progrès littéraires, avec des textes non illustrés, plus long et difficiles.
Les élèves reviennent sur ce qu’ils ont dit, ils reformulent progressivement et ensemble.
Ils s’approprient le langage de l’école, une parole autonome et réfléchie.


#18

Questions suite à la conférences.

Avec les PS. Se limiter à la partie 1 Restitution.
Plaisir des histoires. Et la partie 2 se limite à Que veux le personnage ?

Rythme des séances. Deux fois par semaine généralement, séances d’un quart d’heure en dialogue pédagogique ordinaire. Avec la pédagogie de l’écoute, moins fatigante car plus calme, cela peut durer plus longtemps. Diviser en plus petits groupes.


#19

Super Florian, mille mercis, j’ai pu écouter la conférence et avec tes notes c’est top.

La question que je me suis posée (parce que je débute en maternelle), que fait-on lors ses séances décrochées? As-tu des exemples?


#20

Je te remercie infiniment Florian pour ta prise de notes ! Un gros imprévu ne m’a pas permis de suivre la conférence comme prévu, ma déception est amoindrie…
:+1: