Comment aborder le langage oral


#21

Bonjour à tous
" c’est en devenant locuteur que l’on devient lecteur"
" ce sont les clés langagières qui ouvriront les portes de l’écrit"
(Goigoux et Péroz)

Effectivement actuellement la meilleure méthode pour mettre en place des séances de langage c’est la méthode de la pédagogie de l’écoute.
Pierre Péroz publie depuis plusieurs années des livres à ce propos. De plus il a sorti deux livres “pratico pratiques” à l’attention des enseignants qui ne veulent plus d’un dialogue pédagogique ordinaire
=> “une année de langage en GS” (2020) et en octobre dernier “une année de langage en MS”.

  • ne faites pas toutes les histoires du livre mais vous avez onze choix de lecture par livre.
  • Les histoires ont été partagées en épisodes.
  • Il y a pour chaque épisode des pistes pour la séance décrochée (vocabulaire, tournures syntaxiques, explication des émotions des personnages, …)
  • Et les questions ouvertes pour chaque épisode pour les séances de langage.

Pendant les séances décrochées l’enseignant a une posture de maître accompagnateur. Il accompagne les élèves à la compréhension de mots difficiles, de tournures de phrases compliquées. Il manipule des figurines, des marottes, il montre des photos des petits films pour que tout l’épisode ait été “décortiqué” dans le but de comprendre… je leur faisais même jouer des saynètes, ou ils allaient tous faire grincer la porte si dans l’histoire la porte grinçait…

Pendant les séance de langage l’enseignant change totalement de posture. Il ne dit plus rien (il se TAIT) sauf poser la première question et écouter toutes les réponses (même si les les événements sont dans le désordre), (même si les élèves répètent ce que vient de dire le meilleur copain ou la copine d’à côté) (même si les enfants expriment la dernière phrase entendue) (même si les enfants expriment les émotions intenses) => ben oui !!! à ce moment là les enfants parlent et c’est bien l’objectif visé. et cinq à sept minutes plus tard, poser la question suivante.
N’intervenez jamais pour reprendre un enfant qui fait une erreur grammaticale, de conjugaison. Vous prenez des notes et vous en parlerez ensemble lors de la prochaine séance décrochée.
En revanche intervenez si l’enfant n’est plus dans le thème de l’échange (s’il raconte une autre histoire ou un événement de sa vie).
Le plus difficile c’est de se TAIRE et de ne rien attendre de précis des élèves que ce soit dans la restitution, dans la compréhension et / ou l’interprétation. Il faut juste attendre qu’ils osent prendre la parole, restent dans le thème de l’échange et parlent de plus en plus en allongeant leurs discours.

Je vous encourage vivement à mettre en place ces séances toutes les semaines. Je pratique cette méthode depuis 2015 et les progrès langagiers des élèves sont des plus intéressants et je ne vous parle même pas du développement de notre culture de classe commune, de la réutilisation des vocables (en classe et à la maison) utilisés de manière pertinente et enfin leur minois qui s’épanouissent tous les jours, leur langage et leur confiance en eux.
JUSTE DU BONHEUR !!!


#22

Merci Annick pour ton témoignage.

Un exemple sur un petit album de Noël qu’on nous a proposé en formation.
Langage album Je m’habille et je t’apporte ton cadeau - Pedagogie ecoute.pdf


#23

Cercle de parole

En pédagogie active. Utilisé depuis des décennies pour les débats, réunion coopératives, mais aussi en séance de langage. S’apparente à la pédagogie de l’écoute, formalisée par Pierre Peroz. L’unique sujet de discussion est noté par écrit. Et les élèves en débattent le temps nécessaire. Il y a des prises de parole longues, des temps de silence, des répétions, des reformulations, des recadrages entre pairs.

Les élèves sont assis en cercle, ou en ellipse, de façon à pouvoir tous se tourner vers celui qui a la parole. L’enseignant peut être présent dans le cercle (en particulier avec les plus petits), ou simple observateur en retrait. Il est garant du bon respect des règles du cercle de parole. Il relit régulièrement si besoin le sujet de discussion. Par exemple, « qu’avez-vous retenu de cette histoire ? ».

La parole tourne avec un bâton de parole, dans le sens horaire. Chacun a la possibilité de garder le bâton aussi longtemps qu’il juge nécessaire sa prise de parole. Les élèves qui ne souhaitent pas parler font simplement passer le bâton ; mais ces élèves peu parleurs sont ainsi un moment détenteur du bâton, au centre de l’attention des autres, et certains finissent par prendre confiance et se lancer !

Pour les enfants qui ont plus de pratique, on peut passer en débat. On autorise alors les courts échanges en levant le doigt. L’élève qui garde le bâton s’exprime et distribue ensuite la parole à ceux qui la demandent pour apporter une courte aide, correction, précision ou réponse. Puis le bâton tourne.

La communication non verbale est importante. De nombreux gestes, issus ou non du langage des signes, peuvent être mis en place pour appuyer ou commenter ce que dit le locuteur. Certains sont utilisés dans les assemblées citoyenne en grands groupes. En classe, leur utilisation est modérée mais appréciée, cela capte l’attention de tous. Un exemple drôle : quand un élève dit trop souvent « En fait » dans ma classe, les autres se moquent gentiment en faisant le signe de la « fête » en LSF. Le signe « C’est fini » permet de faire comprendre à un élève sans l’interrompre qu’il doit passer la parole. Les signes « oui / non » permettent d’intervenir sans bruit.


#24

Bonjour,

Pourriez-vous préciser la référence (ouvrage, page) pour vos citations ? Je suis très intéressée de lire les ouvrages correspondants. Ces citations m’interpellent dans le cadre de recherches que je mène sur la lecture faite aux petits (0-3 ans).

Merci
Audrey


#25

Merci à tous pour vos réponses. Débordée par la gestion de ma classe et de l’école en cette période compliquée, je n’avais pas pu laisser un petit mot avant mais sachez que j’apprécie beaucoup votre aide.


#26

Bonjour Audrey

Pour Pierre Péroz il y a plusieurs ouvrages => https://www.lalibrairie.com/livres/auteurs/pierre-peroz,0-1296317.html

deux ouvrages didactiques :

  • Apprentissage du langage oral à l’école maternelle chez screen CRPD Lorraine décembre 2010 (apparemment il n’est plus édité mais vous le trouverez dans la bibliothèque de la « canopé » de votre département. ) (c’est dans cet ouvrage que j’ai trouvé la citation).

  • Pédagogie de l’écoute chez Hachette éducation 2018

Deux ouvrages « pratico-pratique » avec des histoires adaptées, découpées en épisode et les séquences d’apprentissage pour les six ou huit séances qui accompagnent ce protocole. Qui viennent de sortir :

  • 11 histoires pour une année de langage en GS. (Août 2020) en collaboration avec M. Delaborde.
  • 11 histoires pour une année de langage en MS. (octobre 2021) en collaboration avec M. Delaborde.

Enfin pour Roland Goigoux avec sa collègue S. Cèbe ils ont publiés les livrets « Narramus » des histoires pour que les enfants apprennent à raconter => https://www.lalibrairie.com/livres/recherche.html

Et la citation je l’ai prise en note lors d’une de ses conférence en ligne => http://wwwedu.ge.ch/sem/production/streaming/goigoux/goigoux_1html (parties 1 & 2) https://circsaintvalery.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/breve_n18_apprendre_a_comprendre.pdf (ce site en plus car apparemment la vidéo pour l’instant n’est pas disponible)….

Je vous joins également un document de travail que je donne, lors des animations et autres constellations, aux collègues intéressés par cette pédagogie. C’est un condensé des informations à retenir que j’ai prises dans le livre “* Pédagogie de l’écoute chez Hachette éducation 2018”.

Voilà j’espère qu’avec tous ces renseignements vous trouverez de quoi transformer vos pratiques ou bien alimenter vos réflexions.

Bien cordialement
Annick Girardguide pe-da e-coute.pdf (166,5 Ko)


#27

Merci beaucoup Florian pour ce partage.
Très belle journée.
Annick


#28

Merci beaucoup pour votre réponse.
C’est bien plus complet que ce que j’espérais et cela me sera très utile !
Meilleurs vœux !
Audrey


#29

j’ai utilisé également la méthode Peroz pour la compréhension d’album. J’ai repris une idée vue sur le net : chaque fois qu’un enfant parlait, je lui donnais un jeton. A la fin de la séance, on regroupait tous les jetons et on voyait si il y avait bcp de choses à dire sur cette histoire ou pas. et on en tirait un bilan.


#30

J’utilisais aussi le système des jetons, mais j’ai remarqué qu’avec certains enfants, c’était à celui qui en accumulait le plus. Ils parlaient parfois sans rien apporter de plus à ce que disait un camarade, répétaient ce qui avait déjà été dit juste pour “gagner” un jeton. Bref, cela créait un esprit de compétition qui ne me plaisait pas.
Pour changer et permettre d’équilibrer le temps de parole entre enfants parleurs et enfants plus inhibés, j’attribue en début de séance 3 jetons à chaque enfant. Quand un enfant prend la parole, il dépose son jeton dans la boîte. Quand il n’en a plus, il ne peut plus s’exprimer. Cela lui apprend peu à peu à maîtriser son temps de parole et à ne pas accaparer la conversation et aussi à écouter ce que les autres ont à dire. Cela impose aussi à ceux qui sont moins à l’aise d’oser s’exprimer. S’il leur reste des jetons, ce n’est pas grave.


#31

Je viens faire un retour sur une astuce que j’ai mise en place dans ma classe et qui fonctionne pour enrichir le vocabulaire.
J’ai annoncé de façon solennelle en regroupement qu’à partir de ce moment il était interdit d’utiliser le verbe « faire » parce qu’il détruisait les autres verbes.
Faire une peinture : peindre, faire un Légo : construire, faire un mandala : colorier, faire mon prénom : écrire… J’ai eu le déclic quand un enfant m’a demandé si j’avais le temps de les appeler pour la sortie en décrivant leurs habits : « Tu as le temps de faire les habits ? ». J’ai simulé l’incompréhension et je lui ai répondu que je n’étais pas couturière, je ne fabriquais pas d’habit.
Au début, je donne le verbe qui correspond et pour que j’accède à sa demande, l’enfant doit réemployer ce mot. Les grandes sections ont pris le relais rapidement.
Le point négatif, c’est que je suis reprise systématiquement lorsque j’utilise moi même le verbe faire.


#32

Un outil formidable qui est présent dans ma classe depuis maintenant 2 ans, c’est le Bookinou.


Via une application, on peut soit télécharger des histoires payantes de littérature jeunesse connues, soit s’enregistrer en train de lire. Je l’utilise également pour enregistrer les chants et comptines de la classe. Lorsqu’on a enregistré ou téléchargé, on transfère sur le Bookinou (il faut à ce moment être connecté), on affecte une gommette au support qui correspond à l’enregistrement (livre ou fiche cartonnée pour les comptines) qui fonctionne comme un code barre ; lorsqu’on passe la gommette sur le Bookinou, l’histoire se déclenche.
Ce n’est pas donné, 80 euros, mais c’est un investissement qui vaut le coup.