Cette année, j’ai décidé de tester les présentations collectives pour toutes les activités portant sur les formes et les grandeurs. J’ai aussi réduit le nombre d’activités dans ce domaine car je me rendais compte qu’entre les blocs de cylindres (un à la fois, puis deux à la fois, puis trois, puis les quatre), les cylindres jaunes, rouges, bleus et verts, la tour rose, l’escalier marron et les barres rouges ils se lassaient (je n’ai gardé que les deux blocs de cylindres qui mettent en évidence le diamètre des cylindres et ils les utilisent en même temps car ils s’en désintéressent lorsqu’on n’en utilise qu’un à la fois, j’ai gardé les cylindres rouges pour faire une tour de cylindres, les jaunes et les bleus servent à les ranger du plus grand au plus petit l’un à côté de l’autre, j’ai retiré les cylindres verts, et j’ai gardé la tour rose, l’escalier marron et les barres rouges)… et j’ai laissé des activités non montessoriennes vers lesquelles les enfants allaient facilement (poupées russes, jeu d’encastrement logisteck). A ma grande surprise, les enfants vont beaucoup plus vers ces activités depuis que je fais ça alors qu’ils s’en désintéressaient quand je faisais des présentations individuelles.
Pour tout ce qui est autour des nombres et des lettres, j’ai aussi introduit un temps collectif. En effet, je trouvais coûteux en temps de leur présenter les nombres (avec les chiffres rugueux) et les lettres (dans mon cas les alphas) individuellement… ça n’avance pas, pour le coup ça ne permet pas de présenter de nouvelles activités et les enfants finissent par se désintéresser. Depuis que je fais ça, je remarque qu’ils sont aussi beaucoup plus intéressés car ça avance plus vite et leur soif d’apprendre se trouve plus rapidement nourrie.
J’ai aussi décidé de fermer certains ateliers un peu trop fédérateurs car ludiques (jeux de construction, kapla, etc.) à certains moments de la journée pour les inciter à aller vers d’autres activités. Pour cela j’utilise un panneau sens interdit.
Je travaille en binôme avec une de mes collègues et nous nous échangeons les classes. Il y a des activités ludiques que je ne propose pas dans ma classe (les coins-jeux par exemple) et que je laisse à ma collègue : elle n’utilise pas cette pédagogie de l’autonomie et ces activités ludiques sont beaucoup plus compatibles avec sa façon de fonctionner.
Cette année, j’ai aussi introduit différentes modalités de travail. J’ai des temps de totale autonomie où je me place plus en simple observateur et j’en profite pour noter les réussites des enfants. C’est l’occasion de guider les enfants qui papillonnent vers de nouvelles activités puisque je ne suis pas accaparé pendant ces temps d’autonomie par les présentations (j’essaie de choisir des activités assez brèves pour ne pouvoir rester disponible pour l’observation des enfants en autonomie). J’ai des temps dédiés à des domaines disciplinaires. Les enfants qui sont en autonomie continuent à choisir librement leurs activités, dans n’importe quel domaine. Par contre les enfants qui viennent travailler avec moi, la plupart du temps individuellement, parfois en petit groupe de trois ou quatre enfants, travaillent sur une activité en relation avec le domaine disciplinaire auquel le créneau horaire est dédié. Je vais donc guider l’enfant (ou les enfants) vers l’activité qui correspond à là où il en est dans sa progression dans le domaine d’apprentissage en question. Pour le coup, l’enfant est guidé vers une activité qu’il n’aurait peut-être pas choisie spontanément et ça permet à certains enfants de se prendre d’intérêt pour une activité qu’ils n’auraient sans doute jamais faite si je ne les avais pas guidés vers elle.
Je pense avoir résumé les diverses actions que j’ai mises en oeuvre pour limiter le phénomène papillonnage et je dois dire que même s’il y en a encore un peu, je constate qu’il y en a beaucoup moins que les autres années.
A la remarque de JuMI qui déconseille d’utiliser des plans de travail ou d’imposer des activités (comme le le fais sur certains temps, sans pour autant utiliser de plan de travail) pour respecter les périodes sensibles des enfants, je répondrais que sur le principe je suis d’accord. Par contre cela suppose de bien maîtriser toutes les activités, ce qui n’est pas toujours le cas quand on ajoute des activités Freinet ou Montessori au matériel qu’on a traditionnellement dans nos classes. Cela suppose aussi d’avoir des outils de suivi des élèves tous au point, dans lesquels figurent chacune des activités qu’on a mis à la disposition des enfants. Imposer des activités aux enfants peut être l’occasion de se familiariser tranquillement avec les différentes activités et de développer les outils de suivi pour au bout de quelques mois, ou de quelques années selon la vitesse de progression des uns et des autres, pouvoir revenir à un choix plus libre de la part des enfants une fois que l’enseignant est au point. Il est aussi difficile de travailler convenablement avec une classe lorsqu’il y manque une dynamique due à un effet papillonnage. Imposer des activités peut être un “mal nécessaire” le temps de créer une dynamique incitant à aller vers des activités vers lesquelles ils n’iraient peut-être pas d’eux-même… et dire qu’il faut guider les enfants qui papillonnent vers de nouvelles activités, ça n’est pas toujours possible quand on se trouve accaparé par des présentations qui prennent plus de temps. Mais effectivement, il me semble souhaitable d’aller vers plus de liberté une fois que la dynamique est installée car ensuite la dynamique se perpétue d’une année sur l’autre les MS et les GS ayant déjà l’habitude de travailler ainsi . Je sens que cette année la dynamique prend réellement forme après trois ans de tâtonnement et je pense que dès l’année prochaine je pourrai donner plus de liberté aux enfants.