Diversifier les activités choisies par les élèves


#1

Bonjour,

Je remarque que certains élèves ont tendance à se contenter d’une ou deux activités favorites, toujours dans le même domaine. Que faire pour les inciter à aller à la découverte d’autres activités ? Faut-il attendre et faire confiance à leur curiosité naturelle ? Pour certains, qui ont tendance à rester dans les activités plus ludiques et fuient les efforts, je pense qu’il est nécessaire de les accompagner dans leurs apprentissages. Peut-on envisager une sorte de plan de travail dans ce fonctionnement en activités libres autonomes ?

Je suis curieux de partager nos expériences en ce sens… Voici les programmations que j’ai mis en place en ce début d’année pour tenter d’aller vers une véritable autonomie des élèves, c’est à dire un choix conscient des activités, vers un désir et un plaisir d’apprendre. Cela passe dans ma classe par un système très simple et souple, à base de photos des élèves que je colle sur les activités qu’ils maitrisent (tutorat), ou auxquelles ils souhaitent se consacrer pour progresser (projets d’apprentissages individualisés). Vos commentaires sont les bienvenus.

Programmation pour la mise en place progressive de l’autonomie en période 1.odt (29,6 Ko)

Fiche élève avec photos - Je diversifie mes activités (lien de partage vers google document)

Mot aux parents expliquant le tutorat et les projets d’apprentissage.odt (28,7 Ko)
En-tête du cahier de vie - Tutorat.odt (22,7 Ko)
En-tête du cahier de vie - Projets d’apprentissage.odt (21,5 Ko)

Grille de suivi des activités - Période 1.odt (30,1 Ko)

Présentation de la démarche (lien vers mon site de classe)


#2

Bonjour,
J’ai exactement le même souci et les mêmes interrogations. Et c’est vrai que même si la majorité des enfants est naturellement curieuse je pense aussi que certains n’ont pas beaucoup développé le sens de l’effort et se réfugient derrière des choses qu’ils connaissent.
Mais je me souviens d’un MS l’année dernière qui est arrivé en connaissant toutes ses lettres (en capitales) et ses chiffres jusque 10 en les associant à la bonne quantité. Son seul point faible : la motricité fine (coloriage, découpage); Il est allé naturellement vers les mandalas et le découpage. J’ai essayé de lui présenter des activités plus difficile en langage et numération mais il les faisait de toutes évidence pour me faire plaisir et retournait ensuite à ses ateliers favoris. Cela a duré plusieurs mois et et j’avais vraiment l’impression de ne rien lui apporter.
Et puis un jour, ça y est, il s’était suffisamment entrainé et était devenu plus habile de ses mains. Il a alors vu ses copains travailler sur les sons et les lettres rugueuses et en 3 semaines il les connaissait tous !
Alors, même si je continue à stresser à l’idée que mes élèves ne progressent pas assez vite, j’essaie de me dire que de toutes façons, les forcer à faire quelque chose qui ne les intéresse pas ne sert à rien. Il faut donc leur faire confiance !
Ton idée de tuteur est chouette. Je ne le fais pas mais j’essaie au maximum de valoriser les nouvelles réussites en regroupement, justement pour donner envie à certains. On verra …


#3

Bonsoir,

Pour ma part, je débute, donc je n’ai pas le recul que tu as Florian. Comme, mes élèves débutent aussi dans le fonctionnement, je me suis vite rendu compte que pour les PS qui n’avaient pas connu de fonctionnement “classique”, il n’y avait moins de problème: ils vont assez vite chercher des activités eux-mêmes. Par contre, c’est plus difficile pour les moyens et les grands. J’ai donc mis un plan de travail: 1 activité pour les moyens et 2 pour les grands afin de les “obliger” à retourner prendre une activité que je leur ai montré. Ca les a beaucoup aidé car certains n’étaient pas capables ou difficilement capables de retrouver l’activité.
J’ai rajouté cette semaine, un symbole dans le plan de travail quand je veux que l’activité soit prise en photo pour validation(-> carnet de suivi).


#4

Ce sont de bonnes idées, simples à mettre en place. Merci pour ton partage @ptitange


#5

Bonjour ptitange,

une question me taraude. J’ai moi aussi des élèves un peu “papillonneurs” et j’ai le sentiments qu’ils ont besoin d’être guidés. Par contre, je n’ai pas encore trouvé un système de plan de travail qui me convient vraiment.
Peux-tu me dire comme se matérialisent tes plans?

Est-ce que tu mets des images à disposition en classe (mais cela prend vraiment un temps phénoménal si on a plusieurs enfants concernés)? Les fais-tu en version informatique puis impressions ensuite?
Je suis curieuse de connaitre vos “trucs”.

D’avance merci!


#6

Bonjour,
C’est rassurant de te lire et de se rendre compte qu’on n’est pas tout seuls avec ces interrogations ! J’ai à peu près les mêmes “symptômes” : certains MS passeraient leur journée en atelier créatif (dessiner, couper, coller…) et d’autres reprennent inlassablement les mêmes activités de base, pourtant trop simples pour ex (verser des graines par ex). Du coup c’est moi qui les guide en leur proposant telle ou telle activité. Personnellement je ne mettrais pas de plan de travail, cela me semble trop imposé et on perd justement la progression naturelle des enfants et je ne suis pas sûre que cela respecte leurs périodes sensibles. Je me laisse jusqu’à Noël pour voir… Seul entorse à cette liberté : pdt la sieste des PS (et pas mal de MS) je fais une activité collective en phonologie ou un jeu de société.


#7

Bonjour,
C’est juste un tableau que je fais sur l’ordinateur. Une case par enfant, avec la photo de 2 activités pour les GS et d’une pour les MS.


#8

Bonjour Florian,
Pour ma part, l’après midi pendant la sieste des PS j’essaie de présenter des activités à deux ou trois enfants de MS pour qu’ils prennent confiance et osent ou aient envie de les reprendre en autonomie. Tu as fait des grilles de suivi par élèves, est-ce que tu es arrivé à tout vérifier en fin de période? Cela me semble énorme, quel courage! J’ai fait des grilles de suivi par domaines (donc avec tous les prénoms) que je complète, en mettant la date, au fur et à mesures de ce que je peux valider. Souvent, je donne des petites fiches de route aux élèves avec 2 ou 4 photos d’ateliers autonomes ou deux ou 3 activités à réaliser avec un même plateau et je les félicite quand ils ont terminé…ça encourage certains à faire les activités…


#9

Bonjour à tous. Pour ma part, je me suis lancée cette année avec des PS-MS.
Ce qui m’inquiète n’est pas tant que les enfants refassent les mêmes activités car je pense que c’est normal, ils en ont besoin. Mais c’est plutôt les enfants qui s’ennuient et ne trouvent de l’intérêt que dans le fait de papoter avec les autres ou dessiner ou aller au coin bibliothèque pour “jouer à la maîtresse”. Ce sont des enfants que rien de particulier n’intéresse à part jouer à plusieurs et discuter. Avez-vous une solution ?
Merci de vos réponses


#10

Tu dois avoir repéré au contraire des enfants très intéressés par les apprentissages vraiment scolaires (langage et math). n’insiste pas pour les autres, ils suivront après en voyant les progrès de leurs copains…et les plus avancé joueront à la maîtresse avec les autres…tu délègues!
Pour ceux qui veulent jouer, mettre l’accent sur les activités pratiques en expliquant bien que les activités simples doivent être maîtrisées (exécutées précisément) avant de pouvoir prendre les plus complexes (celles avec l’eau ont toujours beaucoup de succès et sont très motivantes!). En plus ce sont précisément de ce types d’activités dont ces enfants ont besoin pour booster leurs compétences exécutives, avant de pouvoir aborder des choses plus scolaires.


#11

Aller inlassablement chercher ceux qui errent (pas ceux qui observent) avec l’absolue conviction que “nous allons trouver quelque chose qui t’intéresse. Viens avec moi.” Et présenter, présenter, présenter… Il en reste toujours pour lesquels ce sera plus long, très long… C’est normal. Pour certains enfants, ce mode de fonctionnement est anxiogène. La liberté de choix, de mouvement, lorsqu’on est habitué à ce qu’on nous dise tout le temps que faire, où aller et si c’est bien ou mal, ce n’est pas simple. Il faut expliquer, répéter, qu’ici ils ont le droit de choisir leur travail et que c’est comme ça qu’ils vont apprendre et grandir. Ça se construit, dans le temps.


#12

C’est vrai que c’est tout nouveau pour les moyens qui fonctionnaient en ateliers classiques l’année dernière.
Merci vraiment beaucoup pour votre réactivité. Le fait d’en parler (de l’écrire !) dédramatise la situation.


#13

Cette année, j’ai décidé de tester les présentations collectives pour toutes les activités portant sur les formes et les grandeurs. J’ai aussi réduit le nombre d’activités dans ce domaine car je me rendais compte qu’entre les blocs de cylindres (un à la fois, puis deux à la fois, puis trois, puis les quatre), les cylindres jaunes, rouges, bleus et verts, la tour rose, l’escalier marron et les barres rouges ils se lassaient (je n’ai gardé que les deux blocs de cylindres qui mettent en évidence le diamètre des cylindres et ils les utilisent en même temps car ils s’en désintéressent lorsqu’on n’en utilise qu’un à la fois, j’ai gardé les cylindres rouges pour faire une tour de cylindres, les jaunes et les bleus servent à les ranger du plus grand au plus petit l’un à côté de l’autre, j’ai retiré les cylindres verts, et j’ai gardé la tour rose, l’escalier marron et les barres rouges)… et j’ai laissé des activités non montessoriennes vers lesquelles les enfants allaient facilement (poupées russes, jeu d’encastrement logisteck). A ma grande surprise, les enfants vont beaucoup plus vers ces activités depuis que je fais ça alors qu’ils s’en désintéressaient quand je faisais des présentations individuelles.

Pour tout ce qui est autour des nombres et des lettres, j’ai aussi introduit un temps collectif. En effet, je trouvais coûteux en temps de leur présenter les nombres (avec les chiffres rugueux) et les lettres (dans mon cas les alphas) individuellement… ça n’avance pas, pour le coup ça ne permet pas de présenter de nouvelles activités et les enfants finissent par se désintéresser. Depuis que je fais ça, je remarque qu’ils sont aussi beaucoup plus intéressés car ça avance plus vite et leur soif d’apprendre se trouve plus rapidement nourrie.

J’ai aussi décidé de fermer certains ateliers un peu trop fédérateurs car ludiques (jeux de construction, kapla, etc.) à certains moments de la journée pour les inciter à aller vers d’autres activités. Pour cela j’utilise un panneau sens interdit.

Je travaille en binôme avec une de mes collègues et nous nous échangeons les classes. Il y a des activités ludiques que je ne propose pas dans ma classe (les coins-jeux par exemple) et que je laisse à ma collègue : elle n’utilise pas cette pédagogie de l’autonomie et ces activités ludiques sont beaucoup plus compatibles avec sa façon de fonctionner.

Cette année, j’ai aussi introduit différentes modalités de travail. J’ai des temps de totale autonomie où je me place plus en simple observateur et j’en profite pour noter les réussites des enfants. C’est l’occasion de guider les enfants qui papillonnent vers de nouvelles activités puisque je ne suis pas accaparé pendant ces temps d’autonomie par les présentations (j’essaie de choisir des activités assez brèves pour ne pouvoir rester disponible pour l’observation des enfants en autonomie). J’ai des temps dédiés à des domaines disciplinaires. Les enfants qui sont en autonomie continuent à choisir librement leurs activités, dans n’importe quel domaine. Par contre les enfants qui viennent travailler avec moi, la plupart du temps individuellement, parfois en petit groupe de trois ou quatre enfants, travaillent sur une activité en relation avec le domaine disciplinaire auquel le créneau horaire est dédié. Je vais donc guider l’enfant (ou les enfants) vers l’activité qui correspond à là où il en est dans sa progression dans le domaine d’apprentissage en question. Pour le coup, l’enfant est guidé vers une activité qu’il n’aurait peut-être pas choisie spontanément et ça permet à certains enfants de se prendre d’intérêt pour une activité qu’ils n’auraient sans doute jamais faite si je ne les avais pas guidés vers elle.

Je pense avoir résumé les diverses actions que j’ai mises en oeuvre pour limiter le phénomène papillonnage et je dois dire que même s’il y en a encore un peu, je constate qu’il y en a beaucoup moins que les autres années.

A la remarque de JuMI qui déconseille d’utiliser des plans de travail ou d’imposer des activités (comme le le fais sur certains temps, sans pour autant utiliser de plan de travail) pour respecter les périodes sensibles des enfants, je répondrais que sur le principe je suis d’accord. Par contre cela suppose de bien maîtriser toutes les activités, ce qui n’est pas toujours le cas quand on ajoute des activités Freinet ou Montessori au matériel qu’on a traditionnellement dans nos classes. Cela suppose aussi d’avoir des outils de suivi des élèves tous au point, dans lesquels figurent chacune des activités qu’on a mis à la disposition des enfants. Imposer des activités aux enfants peut être l’occasion de se familiariser tranquillement avec les différentes activités et de développer les outils de suivi pour au bout de quelques mois, ou de quelques années selon la vitesse de progression des uns et des autres, pouvoir revenir à un choix plus libre de la part des enfants une fois que l’enseignant est au point. Il est aussi difficile de travailler convenablement avec une classe lorsqu’il y manque une dynamique due à un effet papillonnage. Imposer des activités peut être un “mal nécessaire” le temps de créer une dynamique incitant à aller vers des activités vers lesquelles ils n’iraient peut-être pas d’eux-même… et dire qu’il faut guider les enfants qui papillonnent vers de nouvelles activités, ça n’est pas toujours possible quand on se trouve accaparé par des présentations qui prennent plus de temps. Mais effectivement, il me semble souhaitable d’aller vers plus de liberté une fois que la dynamique est installée car ensuite la dynamique se perpétue d’une année sur l’autre les MS et les GS ayant déjà l’habitude de travailler ainsi . Je sens que cette année la dynamique prend réellement forme après trois ans de tâtonnement et je pense que dès l’année prochaine je pourrai donner plus de liberté aux enfants.