J’enseigne depuis 20 ans.
Avant j’ai eu une autre vie.
Notamment, une vie d’élève.
Je pense que l’école n’est pas et ne se prend pas pour l’axe principal de la vie de l’enfant. Je ne connais pas une seule collègue qui a la vanité de penser ça. Même si ces derniers temps la hiérarchie tente d’utiliser ce levier pour nous faire faire ce qu’elle souhaite.
Par contre, je sais d’expérience et par mes lectures que l’école est la plupart du temps la première fenêtre ouverte sur le monde différente du point de vue donné depuis celle des parents (je parle de l’école publique lorsqu’il s’y joue la mixité sociale). Alors oui, Bourdieu et Franck Lepage parlent d’accentuateur des inégalités sociales. Mais Camus et moi même savons que croiser dans notre vie une personne qui apporte ce regard extérieur à l’environnement familial, ce n’est pas tout, mais ce n’est pas rien. Pour l’auteur de “La peste” sa vie aura suffit, pour la plupart des enfants d’ouvriers ou de prolétaires, dont je suis, il faudra plusieurs générations.
Je vous suggère la lecture de “Chagrin d’école” de Daniel Pennac et de “Comme un roman” du même auteur. Dans ce dernier, vous lirez pourquoi ce prof ancien cancre souffrant sur les bancs de l’école, est convaincu que de mettre les éléves au travail dans une fermeté bienveillante et dans l’exigence peut créer une bulle salvatrice. Pas changer des situations familiales ou économiques ou gommer les conséquences d’un confinement. Mais créer un espace temps durant lequel il sera question de construction des savoirs et de son individualité.
Tous ceux qui ont connu un traumatisme personnel et ont utilisé l’école comme refuge représentant un monde stable et rassurant comprendront de quoi je parle.
Encore faut-il que les adultes de l’école tiennent cette place dans leur rôle ; pédagogue et certes ni psychologue, ni parent de substitution.
Pour la lisibilité du forum, je vous propose si vous souhaitez poursuivre cette réflexion sur le rôle de l’école, d’ouvrir un sujet qui lui serait consacré.