Entrée naturelle dans l'écriture


#1

Bonjour à tous,

Mes enfants sont instruis en famille. Pour mon grand j’avais utilisé en MS le coffret de Céline Alvarez avec les lettres en capitale pour le codage/ décodage puis en GS pour l’écriture : la progression proposée par Leila (boucles, étrécis, rondes etc.). Ça a beaucoup ennuyé mon fils de suivre la progression, du coup pour ma fille j’aurais souhaité rester dans l’idée d’une entrée naturelle et spontanée dans l’écriture.

Elle est en début MS, elle décode très bien le script (majuscule et minuscule). Actuellement je lui ai présenté les lettres rugueuses en cursive puis après avoir inséré cette dernière dans une pochette plastique, je lui propose de repasser dessus avec un feutre veleda. Est-ce que cela peut-être suffisant ?

Car par rapport à l’approche de Céline Alvarez, j’ai l’impression que les progressions pour l’écriture ou la méthode Dumont (aussi bien qu’elle soit) viennent en contradiction avec l’esprit originel d’une entrée naturelle dans l’écriture… qu’en pensez-vous ? Avez-vous des retours d’expériences en ce sens ?

Bien cordialement,

Amélie


#2

Repasser sur un tracé ne me parait pas une bonne idée, le risque est de juste apprendre à repasser sur un tracé, sans retenir le tracé (vu que l’enfant n’en a pas besoin). Et c’est très contraignant, l’écriture de chacun étant différente.
Mieux vaut faire tracer au doigt (lettres rugueuses, plateau de farine).
Ensuite tracer devant l’enfant (sur sa gauche ou sa droite, de sorte qu’il voit bien votre geste). Et lui demander de refaire. En formation j’avais entendu qu’il vaut mieux également effacer notre tracé : l’enfant ne pouvant reproduire exactement notre tracé, mieux vaut l’effacer pour qu’il se l’approprie. En plus cela fait travailler la mémoire. Mémoire du geste qui plus est, plutôt que de reproduire une trace (sans prendre en compte le sens, les différentes paries, etc.)

Ensuite j’aime bien la progression de Dumont. Mais pas encore testé.
Là encore, en formation Montessori, on nous avait conseillé de commencer par des lettres avec un lien affectif pour l’enfant : lettres de son prénom, du prénom d’un autre membre de la famille, etc… A tester, ça doit en effet être plus motivant :slight_smile:


#3

Pourquoi parlez-vous d’entrée naturelle dans l’écriture ? L’écriture étant une invention humaine, relativement récente à l’échelle de l’âge de l’humanité, je ne pense pas qu’on puisse attendre d’un enfant une entrée naturelle dans l’écriture.
Pour la lecture non plus d’ailleurs, c’est un recyclage neuronal, mais la lecture étant en lien directement avec le langage oral qui lui est naturel, le travail de conscience phonologique et la connaissance du son des lettres peut permettre à l’enfant d’entrer effectivement spontanément dans la lecture.
L’écriture est un geste codifié, qui nécessite un apprentissage précis, sans quoi, les mauvaises habitudes se prennent vite, sens des lettres, écriture non lisible, mais aussi mauvaise posture, mal de dos, etc.


#4

Oui c’est juste. Ceci dit l’adjectif “naturel” est souvent utilisé, déjà en pédagogie Freinet (“Méthode naturelle de lecture/mathématiques/…”), et par Céline Alvarez. Le terme peut en effet paraître trompeur. A mon avis l’idée (intéressante) qui en émane est plus que ces apprentissages se font en douceur, de manière fluidre et progressive et (relativement) facilement. Typiquement, plutôt que passer par une méthode un peu rébarbative, longue (notamment le b.a.ba).

Après ça ne reste qu’une question de choix de terme (surement perfectible). L’intérêt pour moi reste le fond, ie comment aider les enfants à apprendre à écrire et à lire en restant motivant, efficace, et plaisant pour l’apprenant.


#5

Oui on entend parler d’entrée naturelle en lecture, mais pas en écriture.


#6

En même temps, assez tôt, les enfants comprennent qu’il y a de l’écrit partout et ils ont envie de laisser une trace à leur tour. Certains graphismes spontanés sont des envies d’écriture ! donc l’élan "naturel "(même guidé par le contexte social) est existant je trouve !


#7

L’écriture a un sens pour qu’elle soit plus facile, même si on a tous sa propre écriture, je pense qu’il faut au départ montrer le tracer en douceur.
Pour ma part, j’aime bien que les enfants se lancent spontanément, sans préalable, il faut qu’ils osent écrire en cursive même si c’est difficile et pas trop lisible. Il y a le temps où ils écrivent comme ils veulent ou peuvent et le temps où on reprend le tracer pour que ça devienne plus facile et fluide. Mais chez certains enfants, le passage à l’écrit est compliqué c’est pourquoi je pense qu’il faut que ça vienne d’eux… Et là les petits mots secrets fonctionnent bien mais chaque chose en son temps :wink:


#8

Naturel dans le sens d’ “une envie spontanée d’écrire” suite par exemple à une présentation des lettres rugueuses. On propose et l’enfant dispose. Quand on présente aux enfants les lettres magnétiques par exemple, l’enfant se met à lire spontanément même en dehors des sessions de lecture (petits secret et autres) et gagne en autonomie.

D’où ma question : un enfant écrit-il “spontanément”, c’est-à-dire en dehors des sessions de présentation des lettres rugueuses, en cursive ou bien faut-il nécessairement passer par une progression (quitte à couper l’envie spontanée d’écrire ?)

@charles : c’est noté pour “laisser tracer” plutôt que recopier


#9

L’enfant va entrer spontanément dans l’écriture parce qu’il aura envie d’écrire.
Leïla a proposé une progression parce que pour elle il s’agissait de guider une classe entière. Pour un enfant en IEF, la progression n’a aucun sens. Suis l’envie de ton enfant.
A-t-il envie d’envoyer une carte à Papi et Mamie ? A-t-il besoin de laisser une note pour quelqu’un ?
Si oui alors il aura besoin de savoir tracer les lettres, et tu seras là pour répondre à sa demande. L’apprentissage sera très rapide. Si l’enfant a appris à lire en script ça me paraît cohérent de lui montrer le tracé des lettres capitales.

Quand il aura l’habitude de laisser des traces écrites, s’il veut écrire des messages plus long, ce sera le moment celui dire qu’il est plus facile et rapide d’écrire en attaché, et alors de la même façon on peut penser que l’envie sera là.

Personnellement je n’utilise aucune progression en tracé de lettres, sauf le fait d’apprendre en tout premier à tracer le C. Je ne remercierai jamais assez Leïla de m’avoir fait cette remarque un jour, ça m’a changé la vie :kissing_heart:
Je donne aux enfants des images et leur demande d’écrire le mot qu’ils voient. Pour écrire ce mot, ils ont besoin de savoir tracer les lettres, et donc si ils ont besoin d’une lettre qu’ils ne connaissent pas (en général ils savent déjà tracer les lettres de leur prénom), ils vont eux-même chercher la lettre rugueuse et se rappellent son tracé avant de faire quelques essais sur leur cahier. Souvent pour le tout début je suis avec eux, et je leur montre comment tracer la lettre, en donnant des indications verbales également. Ils s’exercent directement sur le papier blanc, j’ai enlevé le plateau de sable il y a plusieurs années car les enfants ne l’utilisaient quasiment pas.
Ils font de leur mieux, et le geste s’affine au fur et à mesure. Je ne fais récrire que si la lettre n’est pas reconnaissable.


#10

Bonjour,
l’adjectif “naturel” ne me choque pas. Le langage aussi est une invention humaine. Et plus encore, le fait de chanter, de raconter des histoires. Ces facultés se sont longtemps transmises par simple imitation, donc on peut envisager de parler “d’entrée naturelle” pour désigner une transmission “non formelle” ?


#11

Et du coup pour ceux qui ont utilisé la progression de Leila inspiré des travaux Mme Dumont. Une fois celle-ci terminée, qu’avez vous fait ? Dictée de mots, de phrases ? texte libre ? Recopier des phrases ?


#12

A la fin, j’écrivais en script une question dans le cahier de l’élève (personnalisée
en fonction de son niveau) à laquelle il répondait en reprenant les mots de la question en cursive ex Que préfères-tu? La pomme ou l’abricot ? Pour les moins avancés, j’écrivais (script ou cursive) une phrase à décoder, recopier et illustrer ex Un pirate sur un cheval.


#13

l’idée des questions me plaît beaucoup ! merci !!


#14

Merci pour ces pistes qui vont m’inspirer pour aller un peu plus loin que je ne le fais avec les MS. Je m’arrête aux prénoms puis aux petits mots rigolos. Les questions sont une bonne idée, j’essaierai sur leur cahier pour les enfant qui en seront demandeurs, merci @Joanna :wink:. J’avais testé en lecture les petites phrases consignes, du genre “danse”, “saute”, “fais un bisou à …” sans grand succès. Les petits livres en revanche sont toujours très motivants. Ecrire un petit livre.pdf

Les activités d’écriture se font en effet naturellement, mais je ne les propose pas tout de suite dans la classe. Pour le moment, j’ai écrit les prénoms des enfants en grosses capitales sur les cahiers que je distribue chaque soir. C’est devenu un rituel que de m’aider à lire les prénom. Je cache parfois pour ne laisser que le premier son. L’attrait affectif des prénoms marche bien, sous réserve d’avoir des prénoms qui s’y prêtent. Sinon, il faudra se rabattre sur un capital de mots de classe, les doudous, papa / maman … Ce travail systématique est associé à des rituels de phonologie, que je travaille avec les gestes de Borel-Maisonny. Entendre les sons dans le prénom des élèves.pdf

Généralement, j’attends le deuxième trimestre pour sortir le matériel des lettres découpées en bois. J’ai commencé il y a quelques années avec un gros travail à la scie à chantourner (j’ai eu fait le plus gros à la scie à ruban en découpant une dizaine de plaques à la fois). J’avais donc commencé par des lettres découpées en cursives. Puis je me suis rendu compte que des pistes graphiques étaient tout aussi motivantes pour les enfants, à suivre du doigt ou au stylet. J’ai donc tout refait l’année dernière en gravant à la défonceuse, ce qui a été bien plus rapide !

J’avais tracé les chiffres l’année dernière dans du contreplaqué, et j’ai eu l’idée d’une pente dans la gravure de chaque trait vers un trou qui indique le sens du tracé et les arrêts. Ce n’est pas trop compliqué à faire à la défonceuse avec une mèche ronde. Associé à une petite bille qui tombe dans le trou, cela plaît beaucoup aux élèves. Ceux-ci reprennent plus facilement ensuite les sens de tracé des chiffres en autonomie. Ce qui n’est pas facile car cela tourne dans les deux sens (2 3 5 en sens horaire / 6 9 antihoraire / sans parler du 8!).

Cette année, je suis donc passé aussi aux lettres avec des petits trous et des billes ! Tout en capitale pour entrer plus facilement dans l’écriture dès 3-4 ans, sachant que je proposerai ensuite mon ancien matériel en cursive pour les enfants qui veulent aller plus loin. J’ai donc refais l’alphabet et les digrammes les plus courants en plusieurs exemplaires pour pouvoir combiner des mots. J’ai du aussi tracer des sons comme IEN et ILL pour certains prénoms et mots courants. Mais le matériel n’est pas encore sorti, j’attends le bon moment. Il faut savoir être patient. :smirk:


#15

Bonjour,
J’avais écrit un article sur ce sujet, je vous copie le lien. J’espère que cela vous aidera .

https://montessori-apprendreautrement.com/quelle-ecriture-choisir-a-lecole-capitale-script-cursive/