Voilà des mois que je cogite en lisant vos commentaires, mais ces jours-ci, les choses se mettent en place dans ma tête et je commence à avoir plus de certitudes sur mon fonctionnement à venir.
- le critère des âges : oui, mais en ULIS ce n’est pas forcément un point d’appui ; les plus grands ne sont pas forcément les plus à l’aise dans les apprentissages, ni les plus autonomes. En revanche, le fait de garder ses élèves plusieurs années est effectivement un atout.
- moins d’élèves, oui, ça devrait faciliter le démarrage ; pas besoin de faire un marathon de présentations.
- plus de liberté, aussi. Comme en maternelle, beaucoup d’apprentissages de base (se laver les mains dans ma classe est un apprentissage quotidien, quelquefois sur plusieurs années !), et d’activités complémentaires sans le stress de boucler un programme ; juste celui de mener chacun le plus loin possible.
- prendre en compte les âges et niveaux différents : préparer un maximum d’activités en piochant parmi les idées fourmillant sur ce forum, aussi bien en maternelle qu’en élémentaire (merci à toutes et tous pour ça).
- prendre en compte les inclusions et prises en charge thérapeutiques. C’est là tout l’intérêt de la démarche ! 1/ l’ULIS est LA classe par excellence où il faut individualiser au maximum. 2/ Avez-vous jamais réussi, collègues d’ULIS à élaborer un emploi du temps cohérent, qui permette de travailler au mieux avec chacun de vos élèves, et surtout à vous y tenir à peu près ? Si oui, je vous tire mon chapeau ! Pour moi, c’est chaque année un casse-tête chinois : évaluer, faire des groupes les moins hétérogènes possible, qui, forcément, ne sont pas les mêmes dans chaque domaine (ce serait bien trop facile !), les croiser avec les temps de soins, prévoir les inclusions les plus intéressantes possible pour chaque enfant, jongler d’un groupe à l’autre pour donner le maximum à chaque groupe… Et quand tout semble à peu près rouler, hop, mise en place de nouveaux créneaux de soins, changement d’horaires pour les séances d’EPS en inclusion, et tout est à revoir ! Sans compter l’absentéisme, quelquefois chronique, et bizarrement quand on n’a que la matinée ; zut, je devais aborder une nouvelle notion avec ce groupe. Que faire, attendre le retour de l’enfant, avancer et prévoir un temps de rattrapage à son retour ? L’enfer ! Tout ça pour dire que les ateliers individuels sont du pain béni en ULIS, et LA bonne idée pour pallier tous ces inconvénients.
J’imagine donc une organisation avec beaucoup d’ateliers de vie pratique et sensoriels, d’activités complémentaires et d’arts plastiques, en libre choix. En revanche, à moi de gérer les apprentissages fondamentaux individuellement, de proposer une présentation en fonction de la présence de tel ou tel enfant dans la classe à un moment donné, et d’amener tous les élèves vers les activités de maths ou de lecture/écriture. Chaque enfant avance à son rythme, avec la maîtresse pour lui tout seul pendant ces temps, tout en profitant au mieux de ses soins et inclusions. Cela demande évidemment un suivi rigoureux et minutieux des présentations, entraînements, progrès de chacun dans ces domaines fondamentaux… A cogiter sérieusement !
Mais il me reste encore beaucoup d’autres questions en suspens : celle d’ @Floriane sur l’organisation spatiale de la classe, et puis la gestion d’activités individuelles et progressives, très riches, que j’utilise depuis toujours et qui demandent validation et suivi (type ateliers de pré-lecture Nathan, boîtes à compter, lapinou déménage, le sens du détail, la bonne place, lacimages…), la gestion des “crises” dans ce fonctionnement, et autres. Avez-vous des suggestions, des expériences à partager pour y répondre ?
Outre tout cela, @Petitepoy résume parfaitement le rôle de l’enseignant d’ULIS, mais comme @nathfun, je me demande dans quelle mesure on peut rééduquer les fonctions exécutives de nos élèves quand ils arrivent largement après 5 ans (quelquefois 10-11 ans) dans nos classes, avec une image peu reluisante d’eux-mêmes, ou au contraire, aucune conscience de leur handicap. Les ateliers sensoriels et pratiques leur plaisent, c’est un fait, mais à quel point sont-ils efficaces et pas seulement une occupation sympathique qui permet à l’enseignant de se libérer pour des apprentissages individualisés ?
Quelques semaines encore pour trouver des réponses… Avez-vous avancé de votre côté pendant cette année ?
A bientôt de vous lire j’espère.