Gérer le manque d’autonomie et les moments d'apparente “régression”


#1

Bonjour à tous,
Je suis dans une classe de 27 PS/MS depuis septembre. Je fonctionne en atelier autonome 1h20 le matin et environ 40 minutes l’AM. J’ai pas mal de matériel, une belle et grande classe et une astem qui s’est beaucoup investie dans ce projet. Donc je suis consciente d’avoir beaucoup de chance, mais là j’avoue que je me sens découragée. Je suis à une semaine des vacances, donc c’est assez difficile en ce moment. Les enfants ne m’entendent plus en regroupement, en salle de motricité. Ils respectent moins les règles qu’avant. Bref, je finis par m’énerver et crier et même là, ils réagissent peu. Je ne suis pas bien fière de moi.
Sinon, au niveau travail, je suis assez satisfaite par les petits, qui avancent à leur rythme. Mais par contre, sur mes 12 MS, j’en ai 8 qui ne font pas grand chose si je ne suis pas avec eux. Les filles passeraient leur journée à faire des mandalas, ensemble en papotant. Et les garçons sortent des jeux faciles qui ne leur apprennent pas grand chose. J’ai commencé le système décimal avec eux, mais si je ne suis pas présente, il arrive qu’ils utilisent les cubes des milliers pour faire des constructions !!!
Je suis épuisée en fin de journée. Il n’y a pas une seule présentation où je ne suis pas dérangée au moins 3 fois si ce n’est plus. Donc pour que l’enfant avec qui je travaille ne se déconcentre pas (quand je n’ai pas aussi besoin de me déplacer pour régler un problème !!!), c’est compliqué !!!
Pour les MS qui n’entrent toujours pas dans ce fonctionnement, je me demande si je ne devrais pas leur imposer un programme individualisé avec les activités à faire à la journée. Si vous avez testé, pouvez-vous me donner des astuces (sous quelles formes, comment leur amener cela). Je sais que c’est contraire à cette démarche et pourtant, je me dis qu’ils seraient certainement très contents et rassurés d’avoir une liste de travail à faire. Donnez-moi votre avis. Ces élèves là ont connu un autre fonctionnement l’année dernière et ils semblent profiter de ces ateliers autonomes pour ne pas faire grand chose. Je suis en fait déçue parce que je trouve qu’ils ne progressent pas aussi vite que je l’espérais et question motivation, je les sens un peu lasses. (pour 8 sur 12). Heureusement, qu’ils ont un bon niveau général, ce qui va leur permettre d’arriver en GS avec le niveau attendu.
Bref, je suis déçue car je ne trouve pas ce plaisir des élèves et cet élan attendu pour les apprentissages. Je sais aussi qu’il y a des choses positives, bien-sûr, mais je suis frustrée qu’ils n’adhérent pas au fonctionnement autant que je l’espérais.
Merci de m’avoir lu. J’ai besoin d’être “remotivée” et sereine pour cette dernière semaine.


#2

Comme je te comprends ! Désolée, je ne vais pas pouvoir te remonter le moral puisque je suis dans la même situation que toi mais tu sauras au moins que tu n’es pas seule ! Je suis aussi dans une classe de PS/MS et comme toi, je suis déçue que l’ambiance de classe ne soit pas aussi sereine que je le voudrais, déçue de devoir m’interrompre sans cesse dans mes présentations, déçue que les enfants ne soient pas plus enthousiaste vis à vis des activités que j’ai mis tant de temps à préparer ! Et comme toi je suis frustrée de m’entendre crier (sans résultat bien sûr !) alors que cela ne me ressemble pas.
Hier j’ai craqué et pleuré pendant plusieurs heures sans pouvoir m’arrêter ! Heureusement mes collègues sont extras ! Il faut dire que j’ai dans la classe 3 enfants en situations de handicap, 1 autre pour lequel on soupçonne des troubles autistiques, 1 autre qui vient d’arriver en famille d’accueil après passage en foyer et qui a plus que besoin de cadre et 2 autres très difficiles. Les crises de certains m’épuisent et je me sens démunie face à ces enfants qui se roulent par terre en hurlant, tapent dans les meubles, poussent des cris, etc … sans qu’on puisse les raisonner. ou les comprendre (ils ne parlent pas bien sûr !) Et d’autres commencent à les imiter !!! Et puis je suis tellement déçue de ne pas pouvoir me consacrer à d’autres enfants …
Parallèlement je reconnais que je ne prends peut-être pas assez soin de moi (comme le disais Céline Alvarez) : je suis tellement motivée par ces ateliers autonomes que je bosse, je bosse, je bosse. Même si je le fais avec plaisir (j’adore bricoler mes petits ateliers !), je commence à penser que ce n’est peut-être pas la meilleure chose à faire pour tenir le coup face à cette classe très très très difficile à gérer !
Voilà voilà, désolée, j’ai vidé mon sac sans vraiment pouvoir t’apporter de solution !


#3

Oh les filles c’est pas facile en ce moment… L’an dernier mes élèves étaient 31, et ça a été rude aussi… Cette année ils étaient 26 en septembre, 25 courant janvier, et 24 maintenant… J’ai plusieurs enfants “différents”, deux MS que je soupçonne d’être à la fois précoces et hyper-sensibles, un PS qui présente des traits autistiques, 2 MS qui sont de grands trublions chacun à leur façon, et plusieurs PS qui sont incroyablement “bébés” encore aujourd’hui en avril, même s’ils ont fait d’énormes progrès depuis septembre… Et l’ensemble est bruyant, vraiment bruyant… Les regroupements sont agités, c’est vraiment difficile pour beaucoup d’entre eux de rester assis sur l’ellipse plus de quelques minutes…
Je suis en manque de tonus en ce moment, pour des raisons autres que professionnelles, et du coup depuis quelques semaines je n’ai plus l’élan de proposer aux enfants les présentations individuelles que j’ai prévues pour chacun, je n’arrive qu’à tenter de maintenir le calme de mon mieux et à répondre aux demandes de certains…
Du coup j’ai plus de temps pour voir ce que font vraiment les enfants… Au premier abord, j’ai l’impression qu’ils ne font rien de très intéressant, les MS dessinent beaucoup, à plusieurs même sur les tables individuelles, tout en plaisantant bruyamment, ou prennent surtout les activités complémentaires (sable ou pâte à modeler, jeux de construction, jeux de société…)
Je suis un peu déçue aussi de ne pas les voir s’entraîner plus que ça aux grands nombres ou aux activités de lecture dont je sais la plupart des MS tout à fait capables puisque j’ai deux enfants qui lisent à peu près n’importe quel mot et peuvent lire des textes simples en les comprenant, et au moins 3 autres qui ont compris le système de b/a ba, mémorisé la plupart des sons simples et sont donc capables de déchiffrer des mots simples…
Mais… en regardant vraiment, d’un peu plus loin peut-être… Je les vois aussi reprendre des plateaux de numération, d’activités pratiques, de graphisme, se “lire” des albums au coin bibliothèque, se lancer dans les activités qu’ils ont choisies en toute autonomie avec joie et concentration…
Je vois mon trublion 1 courir partout dans la classe malgré toutes mes invitations à marcher et à se trouver une activité, et puis soudain, je le vois prendre enfin un plateau et se concentrer dessus pendant un long moment…
Je vois des enfants qui, au premier coup d’oeil, s’amusent bruyamment, mais qui sont en fait en train d’échanger joyeusement leurs réussites…
J’entends des enfants qui braillent, se disputent : je m’approche, ils sont en train de tenter de régler leur conflit en utilisant l’outil que je viens de leur donner, ou même en train de jouer à ça…
J’avais abandonné depuis janvier les activités numériques avec un PS qui tapait joyeusement 10 fois la barre du 1 sur celle du 2 ou du 3 sans voir du tout ce que j’aurais voulu qu’il fasse vraiment. Et hier il me demande de lui présenter le plateau des perles de 11 à 19 à suspendre… Heu, je lui propose celui des perles à suspendre de 1 à 9 déjà… Il accepte tout content, et je commence la présentation sans vraiment croire qu’il puisse en tirer autre chose qu’un plaisir sensoriel (mais après tout pourquoi pas). Au début effectivement ce qui l’intéresse et le challenge le plus, c’est de réussir à accrocher les barrettes sur les crochets… Mais ensuite j’arrive aussi à lui faire compter les perles sur les barrettes, et à retrouver les chiffres mobiles avec le modèle fixe… Je le guide pour compter correctement les premières barrettes, et quelle n’est pas ma surprise quand il se met à compter correctement les barrettes de perles suivantes, jusqu’à 9 sans erreur (ou presque) !
Tout ça pour vous dire, les filles, que les enfants apprennent très bien sans nous, sans qu’on le voie forcément et dans le bruit… Faisons leur confiance, empêchons les de faire ce qui est dangereux ou vraiment non constructif pour eux ou pour le groupe, mais laissons les s’amuser, se frotter les uns aux autres, refaire ce qui nous parait trop simple ou trop facile tant que ça les intéresse, et sachons voir ce qui est positif plutôt que l’inverse…
Lâcher la pression, se faire confiance et faire confiance à chacun des enfants pour aller vers ce dont il a besoin au moment où il en a besoin… répondre aux demandes de ceux qui nous sollicitent et laisser ceux qui se débrouillent tout seuls le faire, finalement ça fonctionne (une fois que les bases sont installées bien sûr, pas en début d’année…)
Enfin c’est ce que je constate en ce moment… Je me suis trouvée presque désoeuvrée à certains moments dans ma classe, n’ayant pas l’énergie de proposer les présentations de ma liste, et voyant tous mes enfants occupés… Peut-être pas à ce que je leur aurais proposé, mais à des choses intéressantes visiblement pour eux… Et même à des choses que je n’aurais pas osé leur proposer… (comme ces 2 MS qui se lancent à refaire le tableau de 100 sans le modèle)


#4

Moi, je retirerais tout simplement ces jeux de la classe…
J’ai mis du temps à le comprendre mais quand un enfant ne fait pas quelque chose qui construit son intelligence, c’est que ce quelque chose n’a pas sa place dans la classe. Bon courage!


#5

Merci pour ton message réconfortant. Je suis moi aussi dans la même situation : voir le négatif ou plus exactement ce que je crois négatif, et en oublier d’apprécier le positif.


#6

On dirait que ta classe est particulièrement riche en enfants difficiles ! C’est vraiment éprouvant de voir des enfants se rouler par terre, crier, se mettre dans des états pas possibles, faire n’importe quoi comme ça… ça nous vrille les nerfs, et ceux des autres enfants aussi… Et voir les autres se mettre à imiter les pires comportements de ceux qui souffrent, c’est démoralisant !
Les solutions je pense les connaître, du moins en théorie… Mais c’est vrai qu’en pratique, c’est loin d’être aussi évident que ça en a l’air sur le papier…
Bien sûr essayer de garder son calme et rester bienveillante, bien sûr éviter de culpabiliser chaque fois qu’on ne se trouve pas à la hauteur de nos propres exigences, bien sûr orienter son regard plutôt vers le positif que vers ce qui n’est pas (pas encore) top, bien sûr prendre soin de soi en rentrant le soir, et en partant le matin…
Bien sûr tout cela est bien plus difficile qu’il y parait, et surtout c’est long à mettre en place de façon permanente, c’est à dire de façon parfaite…
Il y a des outils, quand même, qui peuvent nous aider… Ne pas oublier de les utiliser : faire le jeu des statues en regroupement et crier “statue !” pendant les ateliers quand le bruit vient de partout à la fois, se déplacer jusqu’à l’enfant qu’on veut reprendre, se baisser à sa hauteur et lui parler à voix basse, tirer profit des moments de regroupement pour travailler sur le vivre ensemble, réguler les éventuels conflits sans jugement mais en responsabilisant chacun, orienter les enfants vers la recherche de solutions convenant à chacun chaque fois que possible, travailler sur les émotions, leur expression, leur signification, leur utilité, comment les reconnaître, les aider à passer etc…
Je viens d’en trouver de nouveaux dans le livre de Caroline Sost “S’épanouir à l’école”… Elle a fondé il y a 10 ans l’école privée “Living School” et ce qu’elle a développé est enthousiasmant, ce qu’elle en dit aussi… Et il y a des idées très pratiques aussi pour les petits, comme le STOP à apprendre à chaque enfant individuellement : si on m’embête je crie STOP et je brandis mes deux mains en forme de mur de protection face à moi bras tendus, je les maintiens ainsi fermement jusqu’à ce que celui qui me gêne arrête, s’éloigne ou me parle bien… J’ai appris ce geste dans ma classe cette semaine… Les enfants se sont montrés très désireux et très heureux d’apprendre ce geste (pas si évident pour tous). Pour s’entraîner je faisais mine de les chatouiller et ils devaient faire et maintenir le bon geste pour que je dise : d’accord j’arrête… sinon je recommençais… Maintenant ils savent tous le faire avec force… Plusieurs l’ont même refait avec leurs parents… Et maintenant dans la classe ou dans la cour, quand un enfant vient se plaindre d’un autre, je lui demande s’il a pensé à lui dire STOP… Bien sûr ça peut ne pas suffire, mais on dirait bien que ça peut marcher… Je vous en dirai plus quand j’aurai un peu plus de recul…
J’ai beaucoup aimé aussi l’idée du trésor intérieur (le potentiel infini de chaque humain) et du crocodile (ego blessé qui rend agressif par exemple, mais auquel on n’a pas à s’identifier)… Elle introduisait cela avec les maternelle grâce à une histoire qui est à paraître… Donc j’ai juste commencé à leur parler du “grand trésor” qu’ils ont à l’intérieur, comme tous les humains, et qui leur permet ou leur permettra d’apprendre tout ce qu’ils veulent, absolument tout ce qu’ils veulent, s’ils en ont envie… J’ai vu la plupart des enfants surpris et ravis, certains émerveillés, et quelques-uns sceptiques… à suivre…


#7

Avant de se laisser aller au découragement, ne pas oublier :

  • changement de saison
  • changement d’heure
    Les enfants sont très, très fatigués en ce moment et les adultes aussi. La priorité est de se reposer. Et c’est lorsque nous serons reposés que nous pourrons prendre du recul sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et pourquoi.
    Ne réfléchissons pas seuls, allons sur le fil “initiatives locales” à la recherche d’un groupe proche de nous, utilisons le forum…
    Si dans un premier temps toi et les enfants avez besoin d’un “plan de travail”, pourquoi pas ? Cela peut être une étape intéressante, je le fais pour certains enfants qui ne sont pas encore “connectés à leur motivation endogène” et je me dis qu’on va trouver. Pour certains, c’est déjà le cas; je leur laisse la possibilité de construire leur “plan de travail” avec moi avec pour objectif qu’au final, ils soient dans le libre choix, tous.

#8

j’adore l’idée! je vais essayer de la mettre en place chez mes CP/CE1… merci!


#9

Merci @coccinelle d’avoir pris le temps de nous écrire pour partager ton expérience et le sentiment de découragement qui te traverse. C’est une problématique essentielle rencontrée par beaucoup d’enseignants. Je me permets de partager mon expérience et mon point de vue à ce sujet en espérant que cela sera utile à la réflexion.

Tout d’abord, je partage l’avis de @zartine. Il y a des périodes qui sont vraiment plus difficiles que les autres (changement de saisons, virus, périodes et retours de fêtes, fatigue cognitive, etc.) lors desquelles les enfants sont plus fatigués, plus “brouillons”, plus bruyants, plus agités. Il est important de garder en tête que ces moments ne vont pas durer. Il est vrai qu’ils peuvent nous faire perdre, sur le moment, un peu de hauteur de vue car l’énergie toute vibrante des enfants aspire totalement la nôtre, et nous n’avons plus les ressources pour prendre un peu de recul et analyser calmement la situation. Ce forum est là pour vous aider dans ces moments difficiles, grâce au soutien et analyses qu’apportent généreusement les enseignants extérieurs à la situation et qui sont déjà passés par là.

Dans ces situations, permettre aux enfants de se reposer, de jouer librement dehors, de rire avec leurs copains, les aident énormément à s’apaiser, à réguler leurs petits organismes fatigués.

Ensuite, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais il y a également des périodes très clairement identifiables où toute la classe semble se désorganiser… mais pour un autre motif qu’une simple fatigue physique ou qu’un simple changement de saison. Cette période n’est pas seulement une “période agitée” mais peut-être un passage essentiel, “créateur” dans le sens premier du terme, que nous devrions reconnaître et accompagner. Je pense à ces moments agités lors desquels les enfants ne semblent plus du tout disponibles pour des apprentissages sollicitant fortement leurs ressources cognitives… mais qui sont pourtant des périodes souvent suivies de “bonds” dans les acquis. Ces périodes “brouillonnes” apparaissent souvent une ou deux semaines avant les vacances, et, au retour des vacances, nous sommes surpris par les avancées et consolidations que nous constatons. Comme si, après une période d’apprentissage soutenue, et avant d’aller plus loin, une période de “repos cognitif” s’imposait pour digérer toutes ces nouvelles informations avant de les extérioriser.

Ce processus de maturation et de consolidation est bien connu en neurosciences lors des périodes de sommeil. Les enfants réalisent un très grand nombre de connexions neuronales pendant la journée jusqu’à arriver à un point de saturation. Leur cerveau ne peut pas encoder davantage, il est surchargé de connexions : certaines doivent se défaire et d’autres, être renforcées. Ce temps de réorganisation permet donc de “faire le ménage”, de faire de la place pour encoder ensuite de nouvelles connaissances. Pour en savoir plus voir la conférence au Collège de France de Mélanie Strauss, Médecin neurologue.

Nous savons que le sommeil - même en journée pour les plus petits - est nécessaire pour permettre la mémorisation des connaissances et préparer l’espace pour de nouvelles. Mais nous méconnaissons, en dehors des temps de sommeil, les périodes de repos “cognitifs” dont les enfants auraient besoin dans leur vie scolaire pour réaliser ce travail intérieur. Ainsi, pour le moment, nous demandons à nos enfants, toute l’année, le même effort cognitif. Il est fort probable que cette exigence interfère avec le bien-être de l’enfant, et, par ricochets, avec celui de l’enseignant.

Nous en faisons facilement l’expérience en première année de maternelle : lorsque des enfants ont besoin de faire la sieste et qu’ils ne peuvent pas la faire, les choses deviennent extrêmement difficiles en classe pour eux et l’enseignant : les enfants sont nerveux, agités, “brouillons”, bruyants, et se laissent facilement envahir par leurs émotions. Ils sont fatigués, leur cerveau est surchargé de connexions, il faut qu’ils dorment afin de réaliser un remodelage synaptique. Si les enfants ne peuvent pas se reposer alors que cela est une nécessité biologique, et si, dans ces moments, l’enseignant essaie tout de même d’obtenir leur attention d’une manière ou d’une autre, il ne fait que s’épuiser, se décourager, et entrer en conflit avec les petits. Mais une fois qu’ils sont reposés, tout va mieux ! Ils ont l’espace mental pour faire face à de nouvelles situations, ils se mettent spontanément au travail et montrent des aptitudes que nous n’avions pas perçues dans le brouillard de leur épuisement.

Chez les enfants de deuxième année de maternelle qui ont environ 4 ans et qui ne font quasiment plus la sieste, nous avons remarqué à Gennevilliers que ce besoin de “repos” se manifestait sur des périodes de plusieurs jours. Il semblerait par ailleurs que la période s’allonge si les enfants ne peuvent accéder à ce repos cognitif. Il est intéressant de noter que vous signalez @coccinelle ces difficultés avec les enfants qui ne font a priori plus (ou beaucoup moins) la sieste. Nous le constations aussi. Et c’est une chose que nous entendons beaucoup chez les enseignants de Moyenne section dont les enfants ne font plus la sieste… les enfants de cet âge sont dit “plus difficiles”, “moins scolaires”, “plus bavards”, etc. :slight_smile: Peut-être ont-ils besoins tout simplement de plus de temps de “repos cognitifs” dans la journée puisqu’ils sortent tout juste d’un fonctionnement où leur apprentissage reposait également sur temps de sommeil en journée.

Alors que leur proposer ?

Lors de ces périodes, nous avons remarqué que les enfants souhaitent encore plus que d’habitude profiter de jeux libres avec leurs copains, et si possible dans une nature apaisante et ressourçante. Ce contact soutenu avec la nature est un besoin biologique qui manque déjà au quotidien, mais lors de ces périodes, les enfants semblent en avoir encore plus besoin. À l’inverse, rester enfermés dans 50m2, avec 25 autres enfants bruyants et agités, avec quasiment uniquement des activités qui leur demandent d’utiliser des ressources cognitives qui devraient - à ce moment-là - être au repos… n’a rien de reposant, et les fatiguent au contraire terriblement. Pire, si nous insistons en ce sens, à terme, il peut même y avoir un rejet de leur part tout à fait légitime concernant ces activités et cet environnement qui les oppresse, qui manque de jeux libres, de nature, de rires, d’évasions dans l’imaginaire…
Dans cet espace qui ne correspond pas à leurs besoins physiologiques du moment (c’est également le cas pour les enseignants), ils font comme ils peuvent, avec les ressources qu’ils ont à ce moment-là, pour traverser leur journée. Ils cherchent alors des échappatoires mentales puisqu’elles ne peuvent pas être physiques : ils colorient, dessinent, jouent ensemble dans la classe, font des jeux de constructions avec le matériel décimal, jouent à des jeux “simples” qui (pensons-nous) “ne leur apportent rien”. Ils se trainent au sol, et n’ont pas les ressources pour écouter les instructions de l’adulte en salle de classe ou en salle de motricité… Ils sont fatigués, leur contrôle inhibiteur est faible. Or pour “obéir”, il faut avoir un bon contrôle inhibiteur pour différer ses envies immédiates et individuelles.

Lors de ces périodes assez facilement identifiables, pourquoi ne pas proposer plus de jeux libres (et plus longtemps) en extérieur ? Pourquoi ne pas mettre plus de grands jeux de constructions à leur disposition ? Pourquoi ne pas en profiter pour prendre le temps de présenter des jeux de société ? D’introduire de grands puzzles ? Pourquoi ne pas laisser les enfants faire librement pendant des heures des dessins libres, de la peinture libre, des mandalas compliqués, des formes à dessins, de la pâte à modeler ? Pourquoi, plutôt que de les orienter dans un sens qu’ils cherchent à éviter et plutôt que d’entrer en conflit avec eux, ne pas accompagner leurs élans en proposant des ateliers libres d’arts plastiques où ils peuvent travailler à plusieurs et échanger librement ?

Pourquoi, alors que nous percevons tous ces périodes et tendances chez les enfants, ne pas essayer de respecter ces élans endogènes manifestes ? Y aurait-il des motivations intrinsèques plus valables que d’autres ? :slight_smile: Sans doute ne lâchons-nous pas prise par peur que les enfants “perdent leur temps” ou “n’apprennent rien”. Or, l’expérience montre que si nous acceptons ces temps de repos, d’abord nous évitons d’entrer avec eux dans un conflit perdu d’avance, et surtout, nous leur permettons de revenir ensuite plus efficacement aux fondamentaux (qu’ils aiment et demandent !).

Pour ceux d’entre vous qui souhaitent accompagner les enfants en ce sens - avec discernement toujours bien évidemment - vos retours et témoignages nous seraient très précieux ! Merci de les partager avec nous !

Je partage entièrement votre avis. Aider certains enfants à être autonomes et à se reconnecter à leurs motivations endogènes en les guidant peut s’avérer nécessaire et n’est absolument pas contradictoire à la démarche. Certes l’enfant a besoin d’être autonome pour construire au mieux son intelligence, certes il a besoin de suivre ses élans intérieurs, mais comme pour tous les apprentissages, il a besoin d’être accompagné. Certains enfants plus que d’autres, surtout si des facteurs extérieurs les ont “déconnectés” de leurs mécanismes naturels d’apprentissage.

À Gennevilliers, nous guidions de très près certains enfants, en leur donnant une liste d’activités à effectuer dans la journée, jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes et retrouvent un certain enthousiasme à faire seuls. Dès lors, nous nous effacions progressivement, et supprimions ces listes d’activités à effectuer.

Le point que vous soulevez n’est pas un détail, car accompagner ces enfants, par ce type de moyens ou d’autres, constitue finalement l’essentiel du travail de l’adulte : aider les enfants à se reconnecter à leurs élans intérieurs pour leur permettre de construire pleinement leur intelligence et leur singularité.

Finalement, cette question de l’accompagnement est centrale et je m’aperçois que nous n’en avons que très peu parler dans les accompagnements. Chacun peut ainsi penser que les enfants qui “n’entrent” pas facilement dans ce système basé sur l’autonomie ont un souci… absolument pas. Nous sommes justement là pour ceux-là. Si je caricature, les autres n’ont pas/plus besoin de nous finalement. Eux si. Ils ne sont pas un “souci”, ils sont LA raison de notre présence au sein d’une classe.

Au final, si je peux suggérer une posture qui m’a été fortement bénéfique dans la classe, ce serait celle-ci : il n’y a rien de “négatif” dans une classe : il y a du positif, et des signaux. :slight_smile: Des signaux qui nous invitent gentiment, puis de plus en plus puissamment si nous ne les prenons pas en compte, à reconsidérer des facteurs environnementaux (didactiques, humains, alimentaires, etc.) inadaptés.


#10

Tu peux limiter le nombre de places pour ces ateliers d’obliger les enfants à aller vers d’autres activités. Dans ma classe il y a 3 tables pour les activités de bricolage/coloriage. Quand elles sont occupées, il faut aller vers autre chose.

La moyenne section est une année vraiment particulière, certains enfants sont encore très bébés alors que d’autres sont déjà grands.Je trouve que c’est une année où ils changent beaucoup, et certainement celle où l’hétérogénéité entre eux est la plus forte. Et pour un nombre assez important d’entre eux, je trouve aussi que les progrès ne sont pas énormes (beaucoup moins net depuis qu’ils sont aussi avec moi en PS). Mais dès la grande section ces enfants s’engouffrent dans les apprentissages. Donc je crois sincèrement que tout ce temps n’a pas du tout été perdu, et je ne m’inquiète plus du tout pour eux: les enfants le ressentent, les parents le ressentent, et tout va bien.


#11

Merci à toutes pour vos messages de réconfort, de partage et de conseils. Cela fait VRAIMENT du bien de ne pas se sentir seule et de savoir que d’autres passent par là et retrouvent de la motivation pour continuer.
Un grand merci aussi à @Celine pour sa longue réponse qui est très interessante et qui m’apportent des pistes de réflexions par rapport à mes interrogations.
Merci parce que je repars motivée avec quelques nouvelles idées pour cette semaine : Je pense commencer cette dernière semaine avant les vacances, en leur proposant une séance de motricité avec vélos/trottinettes/draisiennes (assez libre) dans la cour pour commencer la matinée. Ensuite après un petit regroupement, ils pourront faire les ateliers autonomes. Je vais essayer de ne pas me mettre la pression cette semaine pour les présentations. Et aussi, j’aimerais prendre un moment d’observation avec mon astem, pour prendre un peu de recul et observer ce qui se passe réellement et pouvoir en parler avec elle. Car il est vrai que j’avais prévu (dans mon emploi du temps) d’être en observation une fois par semaine pendant 30 minutes et je ne l’ai fait que 2 ou 3 fois depuis septembre. Je vais tester avec quelques élèves cette semaine une liste d’ateliers à faire. Vu qu’ils ne savent pas lire, je m’interroge sur la présentation de ce “programme”. L’idéal serait les photos des jeux, mais ça me semble long et compliqué si je veux proposer cela à 8 enfants chaque jour. Avez-vous des idées ?
Je vous donne des nouvelles en fin de semaine et vous souhaite à toutes et tous une merveilleuse semaine. :wink:
Et aussi, je pense que je vais commencer un cahier de mes petites victoires pour me redonner force et courage pendant les moments de découragement (car ce n’est pas le dernier, je pense)


#12

Je sens en ce moment dans ma classe , surtout chez les moyens, ce genre de besoin. Les enfants sont moins concentrés, moins en demande d’activités challengeantes…
J’ai proposé la semaine passée un atelier très simple, demandant peu de concentration, consigne très libre en art plastique. Il s’agissait de colorier librement de petits carrés de papier avec de la peinture en stick puis de passer les carrés dans une machine à découpe pour obtenir de petites fleurs…image
Pas d’apprentissage cognitif associé, il fallait juste exercer sa mémoire de travail pour réaliser les tâches dans l’ordre et utiliser correctement la machine.
Cet atelier a eu un gros succès et les enfants ont retrouvé du calme, de la patience (pour attendre son tour car seulement 3 places) et se sont beaucoup entraidé pour l’utilisation de la machine de découpe. Ils ont aussi beaucoup discuté entre eux en comparant leurs productions mais aussi en parlant d’autres choses…
Bref, je crois que ça a vraiment répondu à un besoin du moment!
Cette semaine, je pense que nous allons préparer le jardin pour nos semis (prévus après les vacances): ils vont grattouiller la terre, observer les petites bêtes, enlever les mauvaises herbes, ratisser etc… Nous allons aussi ajouter un carré supplémentaire, qu’il faudra remplir de terre…un peu de reconnexion à la nature, ça devrait les aider!!!


#13

Je suis en plein dans la lecture de ce livre…je suis très tentée par la formation sur le savoir être…pourquoi ne nous proposons nous pas de nous former ainsi dans l éducation nationale…


#14

Ce qu’elle dit de la formation des enseignants est une évidence pour moi, et je me demande si un jour, l’EN se bougera enfin dans ce sens… Je suis très tentée aussi par la formation qu’elle propose, il faut que je regarde d’un peu plus près les dates…


#15

Ouhahou !!! Je suis vraiment contente de lire cela. C’était avec un peu de culpabilité que je mettais en place des plans de travail pour quelques enfants en me disant que c’était moi qui n’avais pas trouvé l’entrée pour les intéresser. Et certains parents me disaient, je vois qu’on finit tout de même par “obliger” mon enfant.
Merci.


#16

je pense mais à vérifier sur le site que les prochaines dates seront à la toussaint…
On s’y retrouvera peut-être…à nous tous on va y arriver à faire bouger les choses…moi aussi ce savoir être me semble une évidence et je manque d’outils tout simplement…ici on apprend à se faire confiance…on apprend à observer …à se reculer…à s’élever…mais il nous manque clairement des formations dispensées par notre employeur…pour prendre soin de nos élèves et de nous aussi…ce qui se joue dans le rapport à l’enfance n’est pas toujours simple mais tellement riche si on apprend à décoder…


#17

Merci pour ce sujet, vraiment central.
Merci pour toutes vos pistes de réflexion.:sunny:

Tout d’abord, je voudrais vous dire que c’est normal de douter, c’est même plutôt bon signe.
J’en ai posté des messages de détresse, et je sais que j’en posterai encore sûrement.:smile: J’accepte cela.
La bienveillance commence par soi-même. Notre état mental et physique connaît des cycles, la nature nous l’enseigne. Nous ne pouvons pas être tout le temps au sommet de notre forme, nous traversons des périodes de grand dynamisme, mais aussi des périodes de latence. Nous ne reprochons pas aux arbres de perdre leurs feuilles en automne, ne nous reprochons donc pas nos états de fatigue.
Ceci vaut bien sûr pour les enfants.

Je ne saurais évidemment mieux dire que Céline Alvarez. Je commence à avoir un peu d’expérience et ce que note @Celine, je l’ai observé aussi.
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Ensuite, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais il y a également des périodes très clairement identifiables où toute la classe semble se désorganiser… mais pour un autre motif qu’une simple fatigue physique ou qu’un simple changement de saison. Cette période n’est pas seulement une “période agitée” mais peut-être un passage essentiel, “créateur” dans le sens premier du terme, que nous devrions reconnaître et accompagner. Je pense à ces moments agités lors desquels les enfants ne semblent plus du tout disponibles pour des apprentissages sollicitant fortement leurs ressources cognitives… mais qui sont pourtant des périodes souvent suivies de “bonds” dans les acquis. Ces périodes “brouillonnes” apparaissent souvent une ou deux semaines avant les vacances, et, au retour des vacances, nous sommes surpris par les avancées et consolidations que nous constatons. Comme si, après une période d’apprentissage soutenue, et avant d’aller plus loin, une période de “repos cognitif” s’imposait pour digérer toutes ces nouvelles informations avant de les extérioriser.

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Je crois que c’est ce que j’ai remarqué de plus flagrant. Quand on laisse les enfants évoluer selon ce qu’on appelle ici “les lois naturelles”, on observe clairement ces phases extrêmement intéressantes. Ces périodes de latence essentielles pour l’enfant.
Cela va à l’encontre de notre formation qui nous apprend à contrôler à chaque instant le temps de l’autre, à lui imposer un contenu mais aussi un rythme de travail.
Je peux vous assurer, car je l’ai vu de mes propres yeux, qu’un enfant peut passer des semaines à poinçonner (LE grand succès ici) ou encore observer des mois … puis apprendre à lire en une semaine. Il m’a fallu lutter intensément contre tout ce qu’on m’a appris, contre mes croyances, pour ne pas asseoir ces enfants de force devant une table et un crayon.

La question du plan de travail m’a occupée des mois, voire des années.
Je partage ici mon expérience, qui n’a donc qu’une valeur subjective.
J’en ai mis en place au début. La classe n’était pas bien organisée, je n’avais pas d’expérience, plus de 30 élèves, pas de moyens, pas d’aide.
C’était une béquille, cela m’a rassurée un temps.
Puis, quand l’environnement est vraiment devenu propice au travail (c’est dingue comme changer une table de place, enlever un coin jeu ou réorganiser une étagère peuvent changer la vie), quand nous avons réussi à définir, à force de tâtonnements, des règles de vie censées … j’ai lâché ma béquille. Béquille horriblement chronophage.
J’avais pris en photo chaque activité et je “patafixais” ces étiquettes plastifiées sur un plan de travail. Chaque jour. Pour tous. Une folie.

Mais si je n’ai plus besoin de ce système, c’est en partie grâce à l’expérience. C’est loin d’être parfait, bien sûr, mais on ne dira jamais assez combien le temps compte pour appréhender et digérer cette nouvelle façon d’enseigner.
Garder ses élèves est très important aussi. Quand il faut tout recommencer chaque année, c’est épuisant. Quand mes PS arrivent dans notre mini-société déjà installée, ils sont accueillis par leurs pairs autant que par moi. Davantage que par moi.

Donc, il n’y a plus de plan de travail, MAIS, un accompagnement est tout de même nécessaire. Accompagnement très étroit pour certains.
Je demande à l’ATSEM (dont la présence est une condition sine qua non) d’orienter quelques enfants sur des activités précises, et de les aider à acquérir quelques compétences socles. Je nous prépare des documents qui nous permettent de cibler rapidement les besoins (voir le sujet sur le suivi des élèves). Nous savons que nous devons davantage à certains enfants.

Je distingue par contre deux types d’enfants qui en apparence, avancent peu :

  • Ceux qui dérangent les autres et ne font rien de constructif pour eux-mêmes. Et là, nous agissons rapidement. J’aime l’expression “bienveillante fermeté” d’Isabelle Peloux (Ecole des Colibris). Nous sommes directives à l’oral afin de les orienter sur un choix d’activité restreint, et surtout nous les empêchons de gêner le travail des autres. La liberté oui, mais une liberté cadrée : l’adulte est là pour garantir le calme et la sécurité.

Evidemment, nous ne réussissons pas toujours.
Je crois aussi qu’il y a des enfants porteurs de handicaps, qui ont BESOIN d’ AVS formé et d’aménagements personnalisés. La prise en charge du handicap en France est scandaleuse.

  • Ceux qui ne mettent pas à proprement parler la main dans le cambouis, les observateurs, les bons copains qui s’installent avec le plus grand respect près de leurs camarades au travail. Ceux qui colorient inlassablement des mandalas et empilent des kaplas pendant des heures. Ils ne dérangent personne. Mais ils m’ont rendue folle :stuck_out_tongue_winking_eye:.
    J’en ai connus plusieurs, surtout en MS d’ailleurs :wink: . Et puis, un jour, ils réalisent des exploits. Nos “meilleurs élèves” aujourd’hui sont ceux qui interpellaient le plus nos visiteurs dans la classe. “Mais, tu te rends compte, elle a passé sa journée au coin bibliothèque?!”.
    La même qui, le lendemain, additionnait les grands nombres et lisait un petit roman, entre deux poinçonnages, bien sûr :smiley:.
    Ceux-là, vraiment, j’essaie de protéger leur exquise tranquillité, j’apprends à ne pas laisser mon angoisse parasiter leur développement naturel. Sur leur front impassible, il y a écrit " NE PAS DERANGER".

Pour connaître les enfants, distinguer “l’observateur-constructeur” de celui qui a besoin d’aide, je m’impose quelques plages d’observation. Je me place dans une position stratégique, je leur demande de ne pas m’interroger car je m’adonne à une activité fondamentale : OBSERVER. Je mets cartes sur table et je leur dis que je vais les regarder pour mieux les comprendre. Que je trouve leur travail et leurs mouvements vraiment beaux.
J’ai une grille d’observation pour aller vite (car cela ne dure pas des heures :smile:) : je note avec un code leurs ateliers et leur comportement. Action, observation, errance. Activité constructive ou non. Je note leur degré d’attention.
On a des surprises en s’adonnant à ce petit jeu…

Personnellement, j’ai vraiment du mal avec le bruit, c’est mon point faible. Je n’arrive pas à gérer le bruit, à 32 dans une petite salle. Alors, dans la classe, non.
J’essaie de leur permettre de rire, crier, le plus possible… mais dehors.

Je rejoins tout à fait Céline sur le pouvoir apaisant de la nature. Voir le film "Etre plutôt qu’avoir’.
Les beaux jours arrivent. Nous allons passer le plus clair de nos après-midis dans le potager.
Je suis consciente que c’est une chance incroyable de pouvoir profiter de la nature. Cela devrait être un droit humain. Des études prouvent que les hommes entourés d’arbres sont plus heureux.

Bon courage à toutes et à tous !

:deciduous_tree::sunflower::honeybee:


#18

Merci Evi pour ce merveilleux message. C’est tellement rassurant !!
Mais il est vrai que c’est tellement différent de ce que l’on a appris à faire jusqu’à maintenant.
Un grand merci à toi.


#19

#20

Ne pas oublier non plus, à propos des enfants qui semblent avoir des difficultés à investir les activités et à être autonomes, que la salle de classe reste un endroit limité, qui ne peut pas (pour le moment !) offrir aux enfants tout ce dont ils ont besoin… et que, s’ils ne s’approprient pas les activités proposées (même avec un programme quotidien d’activités imposées), ce n’est peut-être pas, pour certains, parce qu’ils manquent d’autonomie ou de motivations endogènes, mais peut-être parce que la proposition qui leur est faite (aussi riche, réfléchie et intéressante soit-elle) ne correspond pas tout à fait à leurs besoins et intérêts du moment.

À ce propos, il me semble important de rappeler à nouveau la nécessité de ne pas se limiter uniquement au matériel “Montessori”, très intelligent, mais clairement insuffisant. Il ne saurait, à lui-seul, nourrir pleinement l’intelligence en plein développement des enfants. Grands jeux de constructions, Kaplas, grands puzzles challengeants, ateliers de création libre, longs jeux libres à l’extérieur, jeux de société, atelier de bricolages libres, etc. passionnent les enfants.