Gérer le manque d’autonomie et les moments d'apparente “régression”


#26

J’ai une classe de 20 GS et 8 MS. Je me suis rendu compte moi aussi qu’il y avait pour certains élèves un réel besoin d’être aidés, menés vers plus d’autonomie. Cela fait trois ans que ma méthode s’inspire largement de l’expérience de Céline. Il n’y a plus de groupe, du matériel Montessori mais pas que … J’ai mis en place un système de planning hebdomadaire pour les GS uniquement depuis Février, et je trouve que ça marche bien. Je prépare chaque week end, trois grilles reprenant les prénoms des élèves (répartis en “faux groupes”) et les photos de 5 ou 6 activités. J’ai fait trois “faux groupes” simplement pour éviter que 20 élèves se retrouvent à vouloir tous faire la même activité au même moment. Les activités peuvent être des ateliers Montessori déjà présentés (par ex les triangles constructeurs, le cube du trinôme …) ou d’autres activités. Ces autres activités peuvent être liées au projet du moment. Par exemple pendant la période où nous avons étudié l’Australie, j’avais proposé une activité écrite où il fallait reproduire les signes graphiques aborigènes vus dans un album …Je propose aussi des “fiches” de graphisme, des jeux de discrimination visuelle, des sudoku à manipuler etc … Toutes ces activités sont présentées aux élèves en petits groupes (les “faux groupes”) le lundi matin et ensuite, ils savent qu’ils ont une semaine pour les réaliser. Ils choisissent seuls ce qu’ils souhaitent faire et quand. Tout est à disposition dans la classe. Une fois qu’ils ont réalisé activité, ils cochent le petit cercle sur le planning.
Je trouve que ce système fait aussi appel à leur sens de l’organisation, de la planification, et les mène vers plus d’autonomie. Les enfants apprécient ce fonctionnement et ont des réactions différentes. Certains y accordent beaucoup d’importance, d’autres moins.
Le lundi suivant, avant de présenter le nouveau planning, nous regardons ensemble ce qui a été coché la semaine d’avant. Nous échangeons à cette occasion.
Lorsqu’un élève me parait flâner un peu trop dans la classe, je lui rappelle la présence du planning ou je vais le consulter avec lui.
Pour ma part, ces plannings sont aussi une source d’observation des élèves.
Ils permettent aussi d’intégrer d’autres matériels, dont quelques activités écrites (écriture, graphisme).
plan de travail gs 4.xls (4,0 Mo)

Ah oui, bien sûr je fais tourner les activités d’un groupe à l’autre, sur trois semaines.
Cela ne demande pas beaucoup de préparation, dans la semaine, en classe, je ne m’en occupe pas vraiment mais je me tiens à la disposition des élèves quand ils ont besoin de moi.
Voilà une piste qui peut peut être inspirer certain(e)s d’entre vous.
:blush:


#27

Merci beaucoup @puceli pour ce partage !


#28

J’ai vu dans ton document qu’il y avait des activités en commun sur les 3 plans de travail. Tu fais tourner les activités spécifiques à chaque groupe et tu changes les autres ? Et comment gères-tu si des élèves désirent faire des activités qui sont prévues dans le pdt d’un autre groupe ?


#29

Oui c’est ça, je change toutes les semaines les activités écrites et je fais passer les autres d’un groupe à l’autre. Si un enfant souhaite faire une activité qui n’est pas sur son programme, je le laisse faire. De toutes façons, il a toujours accès, toute la journée, à toutes les autres activités qui lui ont été présentées, dans la classe. Les quelques fois où cela s’est produit, l’élève a pu cocher cette activité la semaine suivante.


#30

J’ai 14GS et 10MS. Je proposais déjà pour la période 4 un pdt mais, unique pour la classe.
Plusieurs y ont bien adhéré mais pour d’autres c’était plus compliqué. Penses-tu dans ce cas qu’il faudrait quand même le proposer à tous ?


#31

Personnellement j’ai fait le choix de ne le proposer qu’aux GS. J’ai envie de laisser les MS entièrement libres et je trouve qu’ils “errent” moins dans la classe.
Pour mes GS qui ont du mal à entrer dedans, je les relance quand je les trouve trop inactifs, et on fait un petit bilan juste avant de proposer le nouveau. Mais je ne suis pas trop directive, cela doit rester leur choix. C’est juste une proposition. J’essaie aussi de m’adapter à leur niveau, ou plutôt à leur période sensible. C’est à dire que, par exemple je vais être plus exigeante en écriture, avec un enfant qui écrit bien et je ne vais demander qu’un exercice plus court à celui qui a des difficultés.


#32

Bonjour,
Cela fait 2 ans maintenant que j’ai mis en place ce fonctionnement dans ma classe de 30 élèves (10 ps,10ms et 10 gs).
Le constat est le même que celui fait par coccinelle.
Dans ces moments là je sors des jeux de construction auxquels les enfants n’ont pas accès d’habitude. ils sont alors tout content de les retrouver.
C’est vrai que ces moments sont passagers et que je suis souvent étonnée de voir les progrès faits par mes petits élèves alors que je les croyaient inactifs.
Merci Mme Alvarez pour vos conseils qui nous permettent de nous adapter au quotidien.


#33

Bonjour Evi,
Merci beaucoup pour ce long témoignage très intéressant! Je suis très intéressée par ta grille d’observation, pourrais-tu nous montrer à quoi elle ressemble? Merci…


#34

bonjour,
je lis très vite les réponses à coccinelle, j’aurais envie de connaître votre avis sur les brevets de réussite tels qu’ils sont présentés sur le site “objectif maternelle” ou “matern’ailes”. est-ce que le fait de mettre en place ce cahier avec les brevets correspondants aux différents ateliers, à faire valider par l’enseignant, aide les élèves dans son autonomie ou au contraire est-ce que ça l’éloigne ?
merci pour vos retours


#35

Merci á tous et toutes pour ces échanges, déculpabilisants donc encourageants! Comme vous, j’étais en plein doute avant les vacances, et au bord de tout jeter par la fenetre…
C’est ma premiere année en maternelle (avant j’étais prof d’anglais). Avec une collégue, nous avons mis en place deux MS-GS suite á la lecture des lois naturelles de l’enfant. Nous sommes á l’étranger, nous avons donc affaire á des enfants hispanophones en grande majorité, ce qui pose d’autres types de défis. Mais je constate que nous observons la meme chose sur le rythme des enfants!
Nous avons mis en place deux réponses á deux problemes qui ont été soulevés dans cette discussion. Sur le suivi/plan de travail: chacun de nos éleves a maintenant un “plan de travail annuel” correspondant á sa classe (MS ou GS). Sur ce document (taille: demi cartoline), nous avons reproduit nos progressions annuelles. Les ateliers sont représentés en photo et mis en ordre en fonction des difficultés. Les enfants savent qu’ils ont toute l’année pour les faire et qu’il y en a qu’ils ne sont pas obligés de faire (ceux qui sont largement au-dessus du programme officiel de maternelle notamment). Du coup, ils ont trés envie de les faire!! Lorsque l’enfant sait faire l’atelier seul correctement, il colle une gommette sur l’image correspondante (quand la maitresse le valide avec eux). Nous avons ainsi la progression maths, langage, graphisme et géométrie. Nous n’avons pas fait géographie, vie pratique, vie sensorielle et sciences. Cela faisait trop, et ces activités n’ont pas un ordre de difficulté croissante rédhibitoire…
Les enfants ont bien accroché au systeme, en particulier ceux qui ont la fibre compétition, mais pas seulement. Cela les rassure (ainsi que nous et les parents) de voir le cadre et leur propre progression. Au final, la plupart compare assez peu leurs “victoires”, c’est plus un outil personnel. Et a nous, ca nous permet un suivi plus doux de ces activités (et oui, ca me rassure en cette premiere année, beaucoup!).
L’autre outil que nous commencons a mettre en place, je ne sais pas s’il existe en France. Il s’agit de Power Brain Education (c’est né aux USA). Une série de petits exercices physiques qui visent a favoriser joie, auto-estime, concentration, mémorisation, remise au calme, coopération ou plein d’énergie en fonction des besoins. C’est basé sur le yoga. Les enfants aiment bien parce que c’est ludique, agréable et varié. Et que la maitresse joue avec eux. Je constate que cela aide bien mes hyper et hypoactifs, quand ils se pretent au jeu. Ce que j’aime bien avec cet outil, c’est qu’il aide aussi á sortir du schéma hyper-controlant que nous avons tous bien ancré en nous (peur qu’ils n’apprennent pas assez, pas assez vite…).
C’est d’ailleurs pour moi le frein le plus grand: ma propre culture de la réussite et du résultat. Bien entretenue par le systeme il faut dire.
Merci encore á tous pour vos bonnes idées, votre recul et votre perséverance!

Pour connaître les enfants, distinguer “l’observateur-constructeur” de celui qui a besoin d’aide, je m’impose quelques plages d’observation. Je me place dans une position stratégique, je leur demande de ne pas m’interroger car je m’adonne à une activité fondamentale : OBSERVER. Je mets cartes sur table et je leur dis que je vais les regarder pour mieux les comprendre. Que je trouve leur travail et leurs mouvements vraiment beaux.
J’ai une grille d’observation pour aller vite (car cela ne dure pas des heures ) : je note avec un code leurs ateliers et leur comportement. Action, observation, errance. Activité constructive ou non. Je note leur degré d’attention.

Je trouve cela génial. Si tu as une grille á disposition, je suis preneuse!! Merci de l’idée en tout cas!


#36

Bonjour à toutes et tous,

tes réponses @isa1 sont toujours riches et intéressantes… Je ne sais pas où tu trouves le temps de répondre à tout cela, mais merci! :rofl: et merci aux autres évidemment qui nous aident au quotidien dans nos petites interrogations et nos petits et grands soucis! :trophy:

Je me suis donc intéressée à Caroline Sost, et ai trouvé ceci:

qui peut, je crois, nous éclairer … Je vais de ce pas me plonger dans son livre…


#37

C’est vrai que cela fait du bien tous ces témoignages … Voir que l’on est pas seule à se poser des questions. J’avoue que je stresse un peu avec l’arrivée de la fin de l’année, les cases à cocher dans le livret d’évaluations commun au cycle avec des choses à évaluer dont je ne comprends pas trop le sens même si je sais (je pense ?) que mes petits élèves ont bien progressé pendant l’année. Finalement c’est vrai que c’est court 1 an (même si je suis bien contente de passer le relais à ma collègue pour certains casse pieds !) :smiley:
Le plus difficile à “évaluer” je trouve c’est le graphisme … Encore plus que dans les autres domaines, il faut parfois juste … laisser du temps.


#38

bonjour
je ne sais pas où trouver des dates de formation…; Merci de m’aider


#39

Bonjour,
Il existe le site internet. J’ai téléphoné et c’est comme cela que j’ai su qu’une formation serait sans doute proposée à Toussaint 2018. :grinning:


#40

Merci de tout cœur pour tous ces témoignages. Nous tâtonnons parfois et nos moments de doutes sont tres destructeurs. Surtout en fin de périodes!!! Profitez bien de vos vacances!!!


#41

Bonjour!
Je découvre cette conversation, et comme beaucoup j’ai connu cette année de grands moments ou plutôt de longs moments de découragements, dûs à une classe difficile cette année, et à un déménagements de ma classe dans de nouveaux locaux. J’ai eu cette année 28 élèves de TPS/PS/MS/GS, je fonctionne ainsi depuis 4 ans, et garde mes élèves jusqu’en GS.
J’ai pris pleins d’idées à vous lire et à lire le message de Céline, mille mercis!
Cependant, il y a un point sur lequel personne n’est intervenu et que je pense pourtant important, ou tout du moins il l’a été pour moi et a changé la donne de nombreuses fois.
Je veux parler des écrans! Mes élèves sont issus de milieux TRES défavorisés pour la plupart et cette question des écrans revient systématiquement dans mes entretiens avec les parents. A chaque fois que je notais un problème de concentration, de manque d’implication, d’incapacité à se “poser” ou à s’intéresser à des apprentissages, à coup sûr, une partie (ou tout )du problème venait de l’exposition aux écrans. Quand ce problème était réglé (et je parle d’un grand nombre de mes élèves cette année, la transformation de mes élèves était SPECTACULAIRE! Ils se mettaient à parler (pour certains TPS, PS et MS), cessaient de taper…
Ils s’impliquaient plus, se calmaient, étaient capables de mémoriser ! Car comment s’investir et s’intéresser aux apprentissages lorsque l’on est pas en mesure de retenir des mots (j’avais beaucoup d’élèves allophones), ni même le son de lettres vues et re-vues, de nombres… Ce doit être très décourageant! (je peux comprendre que certains de mes élèves abandonnent!).
Tout ça pour dire que la question du temps passé devant les écrans (il y en a tellement: TV, ordi, portable…) est devenue centrale dans ma compréhension des problèmes rencontrés par certains élèves, et un point important de ma réunion de rentrée puis de mon entretien avec chaque parent d’élèves.


#42

Comment amenais-tu le sujet des écrans avec les parents ?
Et quelles ont été leurs réactions ?
Je compte le mentionner en réunion de rentrée. Quitte à inventer un enfant fictif pour illustrer mes propos…


#43

Je ne tourne pas autour du pot… quand vient le moment de parler de ce qui permet de passer une bonne journée à l’école, de ce qui favorise les apprentissages, je dis clairement que l’absence d’écran (ou du moins l’'exposition à ceux-ci) est un facteur déterminant.

J’ai lu DESMURGET et visionné ses conférences (le livre s’intitule TV lobotomie) et je m’appuie sur ses dires (état d’hypnose, de grande fatigue cérébrale/cognitive, qui se traduit par une excitation intense, ou au contraire une sorte d’apathie).

Je présente aux parents un document issu d’une étude de l’INSERM qui montre des dessins d’enfants exposés fortement aux écrans et les compare à d’autres dessins d’enfants peu ou pas exposés.

Je parle de mon expérience sur ce que j’observe, les signes d’une trop forte exposition aux écrans, puis les progrès frappants à l’arrêt de ceux-ci.

J’insiste surtout sur le fait que tous les parents pensent bien faire, ne s’imaginent pas que cela puisse nuire, je déculpabilise et m’efforce de faire passer un message bienveillant et “non-jugeant”. Ce n’est pas si simple mais cela paie…

Je propose une marche à suivre (pas d’écran, RIEN, les jours d’école, et les jours ou il y a école le lendemain, car il est plus simple de tout enlever que de laisser un peu ).

Sache enfin que je tiens ce discours avec plusieurs de mes collègues, et comme cela plusieurs années que nous répétons cela aux parents et à leurs enfants, cela commence à rentrer dans les “moeurs de certaines classes” :wink:


#44

Pour celles et ceux que la question des écrans intéressent, je vous propose de (re)lire un fil très instructif sur ce sujet et de l’alimenter avec vos expériences et vos références.


#45

Merci pour toutes ces idées et cette remotivation! Cette année je saurai quoi faire avec mes élèves errants…lol
:star_struck: