L'effet des écrans sur le développement du cerveau


#1

Bonjour,

Je travaille dans une école démocratique de type Sudbury à Paris.
Nous passons beaucoup de temps à nous questionner sur le règlement autour des ordinateurs : temps d’accès, pour quels types d’informations, qu’en est-il de l’influence sur les plus petits ? Etc.
Je suis convaincue que les écrans ont un effet nocif sur le développement du cerveau, non seulement car j’ai croisé plusieurs articles sur la question allant dans ce sens mais parce que je pense aussi l’expérimenter légèrement et que cela m’apparait comme du bon sens. Mais ces observations ne sont pas assez approfondies pour être valables. Une approche plus rationnelle, des arguments plus scientifiques me/nous manquent.
J’ai donc décidé d’entamer une recherche sur la question.

Si vous avez des articles, des références, des vidéos, des interviews, documentaires à me conseiller, je suis PRENEUSE, merci beaucoup.

J’attends vos retours avec hâte et vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année ! :wink:


Inquiétude autour d'un MS qui ne progresse pas
Gérer le manque d’autonomie et les moments d'apparente “régression”
#2

Le livre Tv lobotomie de Michel Desmurget est déjà très éclairant… il existe aussi plusieurs interventions sous forme de vidéos si tu veux plus rapide

TEDx de Françoise MARCHAND ici
émission de radio France Inter


#3

Bonjour à tous,

Anne-Sophie, c’est aussi une des questions qui me traverse souvent l’esprit en ce moment, et je me demandais justement comment les écoles démocratiques (encore plus celles qui sont à Paris où la nature n’est pas assez présente…) géraient la question des écrans !

Je dois avouer que l’accès libre aux écrans ( je vais enlever la télévision, je pense que là, il y a assez de preuves de la nocivité des programmes donc quand je parlerais des écrans ce sera sans compter sur cette bête là !), que j’ai aperçue dans les écoles Sudbury( et qui est, soit dit en passant, merveilleusement bien défendue par Peter Gray dans Libre d’apprendre) mais aussi dans des familles m’a beaucoup questionnée, moi qui était convaincue que moins les enfants avaient accès aux écrans, mieux ils se portaient !

En ce qui concerne les plus jeunes, je reste sur mes positions, mettre un enfant devant un écran avant au moins 3 ans me semble criminel ! J’ai même envie de dire avant 6/8/10 ans en fait…Pour voir grandir des enfants avec 0 écran ( uniquement des films projetés au mur ), je suis convaincue qu’ils n’en ont pas besoin, et même qu’ils sont mieux sans ( à condition qu’ils puissent librement jouer, notamment dehors, sans que les adultes n’interviennent).

Mais…On vit dans un monde où ces écrans sont partout. L’interdiction, la limitation imposée par l’adulte ne fait pas toujours sens et est souvent source de conflits incroyables. Dans une famille où les parents utilisent peu les écrans, poser des règles pour que les enfants fassent de même ( et donc les appliquer aussi soi-même) me semble un bon compromis, mais quand les parents travaillent sur un ordi/sont accrochés à leurs portables ( les parents, ou les grands frères et sœurs), il me semble assez étrange d’interdire ou de restreindre. Pour moi, une règle doit être applicable par tous…Protéger avant 3 ans ( et même un peu plus…?) me semble relever des questions vitales, non négociables. De l’ordre de “comme on ne jette pas dans l’eau un enfant qui ne sait pas nager, on ne met pas devant un écran un bébé qui ne sait pas gérer l’arrivée massive de ces images et sons”. Mais lorsque l’enfant grandit, qu’il voit des écrans de plus en plus souvent, un peu partout, cela se complique.

Certains considèrent que les écrans sont un outil comme un autre et que les enfants ont besoin d’y avoir accès. J’ai un peu de mal à me dire cela, personnellement, mais j’y travaille. Je me demande tout de même si ce n’est pas justement la projection de mes propres peurs. Peur que l’enfant passe ses journées à faire des trucs que je vais juger " débiles" sur son ordi, peur que l’enfant devienne addict, peur que l’enfant ne fasse plus rien d’autre, peur qu’il s’abîme les yeux, peur qu’il s’abîme le cerveau. Donc, encore une fois…un manque de confiance envers l’enfant…
Je pense que ces peurs sont légitimes, certes, mais cela reste mes peurs, ou nos peurs d’adultes. Il me semble ( même si je suis la première à vraiment voir les écrans comme un danger), qu’accuser ces écrans de tous les maux reste un peu “facile”.

Libre à chacun de choisir de vivre avec le minimum d’écran, voire pas du tout, ou de les considérer comme n’importe quel autre outil et les intégrer à sa vie comme des outils ( on est donc bien loin de l’idée de passer sa journée avachie devant sa télé ou de vivre une vie virtuelle en oubliant de vivre la sienne, on est d’accord, hein ?).
Quand je vois ces enfants de l’école Sudbury, ou ces enfants en unschooling, qui équilibrent naturellement leurs activités en passant certes du temps devant des écrans mais aussi, et même beaucoup plus, à sauter sur les rochers, à courir dans le parc, à jouer avec d’autres enfants, je me dis que le vrai souci est ailleurs.

Qu’est-ce que les enfants vont chercher dans les écrans, et notamment dans les jeux vidéos ? Ils vont chercher ce qu’on ne peut pas ou plus leur donner dans leur environnement quotidien ! Les enfants passent tellement peu de temps dehors et tellement peu de temps sans la surveillance d’un adulte que les jeux vidéos sont bien souvent leurs seules sources de liberté. Et puis, là c’est eux qui sont maîtres de leurs choix, et via les réseaux, ils apprennent à interagir avec des personnes de tous les âges, apprennent les codes et ont en plus l’occasion de grimper d’un niveau à un autre à leur rythme, de trouver de la nourriture intellectuelle enfin digne de ce qu’ils sont. Mon frère passe le bac, tout son vocabulaire d’anglais vient d’un de ces jeux : il a eu besoin de parler anglais pour jouer avec des joueurs d’autres pays, et pour comprendre des règles… C’est un exemple parmi d’autres…

Je me dis que le discours “anti écran” peut être gênant si on s’arrête juste à la remise en cause du temps passé sur les écran, sans se demander comment et pourquoi les enfants s’y réfugient. Car, dans tous les cas de dérive, il s’agit bien d’un refuge, et donc la preuve d’un mal-être…
Quand je vois que les enfants libres d’apprendre, et bien dans leurs baskets ont d’eux-même un usage raisonné et constructif des ordis sans avoir à obéir aux restrictions imposées par l’adulte, je me dis que c’est parce qu’ils savent les utiliser au même titre qu’un autre outil. Certains vont certes y passer un temps que je vais juger fou, mais ce sera pour monter un film, créer un logiciel, échanger avec des personnes du monde entier…Alors, certes, personnellement j’aime vraiment beaucoup mieux voir les enfants jouer et courir dehors ( faut-il encore qu’on les laisse faire !), mais je me dis que c’est peut-être un blocage de ma part, et qu’il faut que je travaille sur la question…

Pour en revenir à l’école Sudbury de Paris, @AnneSophie , je me posais la question de la gestion de ces écrans d’autant plus que…les enfants ne peuvent pas vraiment sortir de l’école et aller jouer dans un grand parc comme c’est le cas à Sudbury Valley, non ?
Et comment faire pour protéger les plus petits tout en laissant un accès libre aux grands/ados ?

Si les écoles publiques évoluent sur le chemin des lois naturelles, les enfants d’âges vraiment différents vont se retrouver ensemble…et la question va se poser aussi…
Est-ce qu’il faut continuer à penser à une maternelle séparée, où les écrans seraient totalement bannis ( ce qui ne veut pas forcément dire renoncer à tous les échanges, simplement garder un espace réservés aux plus jeunes) ? Est-ce que l’on peut vraiment penser une école sans écran ( toujours avec cette idée d’inter-génération, le terme d’école regroupant le collige et le lycée) ?
Est-ce qu’il ne serait pas totalement arbitraire de décider d’un âge officiel pour y avoir accès ? Est-ce que ce serait une bonne idée ou est-ce que cela ferait naître une sorte d’envie folle en réponse à cet interdit qui des qu’il serait levé entraînerait une forme d’excès ?
Le découpage actuel fait que l’on pourrait bien éviter tout écran en maternelle et primaire, et l’introduire au collège et lycée, en invitant les familles à faire de même. Mais si on se dirige vers une école aussi libre que celle de Sudbury ( ce que j’espère fort !), ce sera une question épineuse et intéressante il me semble…

J’ai envie de penser que si on s’occupait déjà de rendre l’environnement dans lequel les enfants évoluent beaucoup plus riche et beaucoup plus libre, les écrans trouveraient naturellement leur place d’outils ponctuels et n’auraient peut-être plus besoin d’être diabolisés…?
Le message ambiant est souvent " limitez les écrans", alors que l’on pourrait aussi être plus positifs et dire " emmenez vos enfants en forêt ! laissez-les grimper, laissez-les jouer librement !". Et faire en sorte que cela soit possible…:slight_smile:

Peut-être qu’il y a deux niveau dans la réflexion à avoir aussi. Celui qui serait celui de l’urgence face au constat que vous êtes sûrement nombreux à faire ici : beaucoup trop d’enfants passent beaucoup trop de temps devant un écran ( et là, je réintroduis la pire des bêtes, la télé !), comment faire passer le message ? Et celui qui serait celui de l’avenir et ou des alternatives : dans une école révolutionnée, avec des enfants plus libres, comment gérer la question des écrans ?

Bon, c’est un pavé que j’ai écris là. Cette question des écrans me turlupine. Je sens que je suis vraiment partagée entre une envie de crier " stop les écrans !" et une envie de faire tomber ce qui me semble être une de mes résistances, ou simplement faire en sorte de ne pas avoir un positionnement trop tranché et fermé…
J’espère que vous apporterez de l’eau au moulin !


#4

Bonsoir,

Je suis aussi d’avis que les écrans sont très nocifs pour les enfants avant 10 ans, surtout avant 6 ans et encore plus avant 3 ans.

Les restreindre ou les supprimer n’est pas chose impossible à la maison, c’est simplement plus difficile que de se laisser aller à la facilité comme tout en matière d’éducation, c’est toujours plus facile de dire oui.

Ma fille ainée n’a pas eu de télé entre 5 et 11 ans parce qu’il n’y en n’avait plus à la maison (elle ne l’avait quasiment par regarder avant qu’elle ne la casse) mais elle connaissait l’objet et pouvait la regarder ailleurs. A la naissance de la seconde, quand la grande avait 11 ans j’ai eu peur que le fait de ne pas avoir connu la télévision la rendre plus attirante chez les autres donc on a en a repris une avec interdiction pour la grande de la regarder en présence de sa sœur (quel combat!!), à toute petite dose et uniquement des programmes validés par moi. La petite l’a regardée après trois ans à toute petite dose, jamais seule et jusqu’à 16/17 ans uniquement des programmes validés par moi.

En contrepartie c’est sûr qu’il fallait être beaucoup plus présent et attentionné, proposer des sorties, des rencontres, créer du lien social pour qu’elles ne s’ennuient pas trop en grandissant. Cinéma, musée, expositions, jardins, ludothèque, bibliothèques et plein d’autres sorties passionnantes mais qui demandent un plus grand engagement de la part des parents. Mes soirées et mes week-end leur étaient entièrement consacrés.

La télévision et maintenant les tablettes qui me font encore plus peur quand je vois des tout petits collés sur leur jeu sans aucune interaction avec leurs parents, et j’en vois beaucoup trop à mon goût, est une solution de facilité à court terme.

Mes filles devenues adultes regardent très peu la télévision et uniquement des films, par contre elles lisent beaucoup tout comme elles le faisaient étant enfants. Elles ont une vie riche en expérience et en relation.

Y a-t’il un lien de cause à effet ? j’en suis convaincue.

Par contre, étant professionnelle de l’informatique il y a toujours eu des ordinateurs à la maison depuis 30 ans donc même la grande qui a 31 ans y a eu accès à une époque où c’était peu courant et où windows n’existait pas encore, il fallait taper des lignes de commandes pour communiquer avec la machine. Pareil que pour la télé, à toute petite dose, jamais seules et surtout pas d’internet en libre service avant le lycée. Donc au collège pour les recherches on les faisait ensemble parce que internet, c’est comme tout ça s’apprend.

C’est sûr qu’il y a eu quelques heurts mais rien d’ingérable, juste répéter tous les jours pourquoi j’étais contre et pourquoi elles n’y avaient pas droit alors que tout leurs camarades regardaient n’importe quoi à l a télévision et jouer à des jeux auxquels elles n’avaient pas droit sur l’ordinateur. Fatiguant mais pas ingérable.

Je ne vous parle pas du téléphone qui était interdit avant le lycée et qui quand il est arrivé était sur un forfait de 1 heure de communication ce qui est toujours le cas pour ma fille de 21 ans. Par contre, elle a eu droit, après avoir été reçue au concours d’entrée en fac de médecine du premier coup, à un téléphone avec internet. Et bien là c’est plus compliqué quand elle rentre à la maison le week-end. Elle est comme tous les autres, toujours avec son téléphone à répondre à des messages toutes les 10 minutes et c’est encore la guerre pour qu’elle l’éteigne et ne réponde pas en ma présence. Même Facebook je ne peux plus lutter contre. Mais bon ça ne l’empêche pas de poursuivre ses études et d’avoir uniquement des relations réelle, aucune relation virtuelle.

Je vais vous faire part d’une expérience extrême qui m’a convaincu que la télévision c’est dangereux pour les bébés.

Quand ma seconde fille est née elle a eu un problème très sérieux de luxation de hanche avec le fémur qui était passé par dessus la hanche. Il a fallut l’hospitaliser à trois mois en la suspendant par les pieds avec des poids qui tiraient sur les jambes pour faire repasser le fémur sous la hanche et qui était alourdi un peu plus tous les jours. J’ai passé trois semaines avec elle à la clinique 24h/24 en relais avec mon mari qui venait me soulager un peu le soir après son travail pour que je souffle.
J’avais acheté tous les jouets qu’on peut suspendre ou accrocher à un lit à barreaux pour l’occuper pendant ses temps de réveil et pour compenser le fait que ses jambes ne soient pas fonctionnelles à un âge où justement ça gigote dans tous les sens. Et je jouais, je parlais, je calinais, j’occupais ses journées pour qu’elle ne s’ennuie pas. Un jour que j’étais fatiguée, que je n’avais pas envie, que j’en avais marre d’être enfermée entre quatre mur à faire le singe pour l’amuser, j’ai allumé la télévision pour capter son attention sans qu’elle ait besoin de moi histoire de souffler. Là, j’ai vu ce petit bout de chou littéralement happé par l’écran, comme hypnotisé et ça m’a fait très peur, j’ai éteint la télévision et j’ai recommencé à faire l’animation moi-même. Depuis, je suis convaincue que cet objet à un effet dévastateur sur le cerveau d’un enfant. Je n’avais pas laissé ma fille ainée regarder la télé par instinct mais pour la seconde j’étais convaincue que je lui rendais un grand service.

Quand je pense au nombre de bébés qui vivent dans une maison et qui ont en leur présence la télévision allumée j’ai mal pour eux.

Partout où j’allais avec mes filles je bataillais pour qu’on éteigne la télévision en leur présence. Ca m’a valut quelques brouilles mais je ne ferais pas autrement si c’était à refaire.

Voilà un peu long mais quel sujet!!!

Je ne comprends pas que dans les crèches et les écoles il n’y ait pas plus d’information et d’affichage pour informer les parents du mal qu’ils font à leurs enfants en les laissant devant la télévision et maintenant les téléphones portables, ordinateurs et tablettes.
C’est dur de résister mais qui a dit que c’était facile d’être parents.

Bien à vous et bonnes fêtes
Nadia


#5

Merci de ton témoignage Nadia !

J’ajoute juste une expérience, la mienne ( mais qui est celle de mon frère aussi).
Aucune restriction à la maison, on a eu la télé, puis plus, puis à nouveau. Il y a eu des portables ( lycée pour moi, collège pour mon frère). Toujours en libre accès, aucune règle.
Nos parents ne regardaient presque jamais la télé, n’avaient pas de téléphone portable ( ma mère n’en a toujours pas), et avaient donc un usage vraiment modéré des écrans. Neurones miroirs et multiples occasions de faire autre chose ont certainement fait que nous avons relativement peu usé de tout cela.
Aujourd’hui, je n’ai pas de télé, mon téléphone portable est presque toujours éteint ( je l’allume uniquement en cas de besoin, lors de déplacements etc), je n’ai pas de tablette, pas internet sur mon téléphone, et je limite mon temps passé devant l’ordinateur. Idem pour mon frère, sauf l’ordi qu’il utilise beaucoup plus que moi.

Si je regarde chez mes petits cousins, je vois des enfants qui n’ont pas le droit de toucher à la tablette plus de 20min par semaine, pas le droit de toucher à l’ordinateur, pas le droit de jouer avec le téléphone plus de 5 minutes etc. Certes, je suis tout à fait d’accord qu’à leur âge, c’est mieux pour mieux. Mais…je vois des enfants qui des qu’ils se lèvent demandent " je peux jouer à la tablette ?", " je veux voir un dessin animé", qui pensent qu’ à cela toute la journée et qui voient…leurs parents sur leur téléphone, sur leurs ordis, sur leurs tablettes…A la moindre occasion ( chez un copain, chez les grands-parents) ces enfants font un gavage d’écran parce que ces restrictions ne font pas du tout sens pour eux.
Bref, tout cela pour dire qu’encore une fois, seule l’exemplarité me semble naturelle…Ce qui n’est pas évident dans un monde rempli d’écran. Parce que les enfants cherchant naturellement à comprendre ce qui les entourent, ils vont forcément avoir envie d’avoir accès à ces écrans…
Si on restreint ou supprime à la maison, il faut que ce soit pour tout le monde. Je suis d’accord, ce n’est pas impossible, beaucoup d’amis le font autour de moi. Mais il y en a aussi qui utilisent énormément leur ordi pour travailler à la maison et qui font le choix de partager leurs connaissances et leur passion pour l’informatique, les jeux, internet avec leurs enfants. Les écrans sont donc présents, mais les enfants sont accompagnés, et on est bien loin des écrans baby-sitters ! Ces nuances me semblent importantes, c’est en tous cas celles que j’avais du mal à percevoir et qui s’éclairent en ce moment…


#7

Voici un document que j’ai proposé aux parents de ma classe en tant qu’enseignante. Cette année je pense même faire une rencontre autour du sujet!

**Faut-il interdire les écrans ?
**(Extraits d’un article issu de l’ouvrage Le meilleur pour mon enfant de Guillemette Faure)

Une école sans écrans au pays des écrans
L’article du New York Times « Une école de la Silicon Valley sans ordinateurs » a provoqué un choc aux Etats-Unis. A quelques kilomètres de Google, d’Apple, en plein cœur de la Silicon Valley, une école privée (environ 20 000 dollars la scolarité par an) recommande aux parents de limiter l‘exposition aux écrans à la maison jusqu’à l’équivalent de la sixième. Dans cette école, il n’y a pas un ordinateur, pas une télé, pas un écran, les outils informatiques sont introduits en quatrième. Les enfants d’Evan Williams, fondateur des plateformes Blogger et Twitter, n’ont pas non plus d’iPad mais des centaines de livres de papier. Selon Jonathan Ive (patron du design d’apple) : « c’est en fabriquant les choses en vrai que l’on comprend les propriétés des matériaux. »
On apprend mieux avec tous les sens
« L’ordinateur n’est qu’un outil. Celui qui n’a qu’un marteau pense que tous les problèmes sont des clous » selon pierre (développeur informatique et parent d’élève d’un enfant de cette école). « L’écran n’empêche pas d’apprendre, bien sûr, mais il limite l’apprentissage puisqu’il diminue les expériences physiques et émotionnelles ». En économie, on appelle ça le « coût de l’opportunité », les bénéfices à côté desquels on passe quand on fait un choix plutôt qu’un autre. Pendant qu’on est sur un écran, on se prive d’autres expériences sensorielles, plus riches. Jean Piaget et Maria Montessori ont montré comment les enfants apprenaient en explorant le monde avec tous leurs sens, en manipulant, des jouets certes, mais aussi des outils, des matières, des plantes, des animaux…
« Quand on joue à des jeux sur écran, on ne découvre jamais rien d’autre, continue Pierre, on ne découvre jamais rien d’autre, c’est comme le processus de développement de l’informatique. On fait un code, on a un retour. L’ordinateur ne se fatigue jamais. Il n’y a pas raison d’arrêter. »
Jouer, dessiner, faire de la musique « en vrai » plutôt qu’avec deux doigts sur un écran profitent aussi au « corps calleux » (pont qui relie les deux hémisphères de notre cerveau). Lorsque je me sers de ma main droite, j’utilise principalement mon hémisphère gauche. Quand j’utilise ma main gauche, je sollicite principalement mon hémisphère droit. En faisant passer un objet d’une main à l’autre, je crée des communications entre les deux hémisphères et je développe le corps calleux. Ce qui est vrai pour les mains l’est aussi pour les pieds, les yeux, comme pour des zones spécialisées du cerveau qui ne résident que d’un seul côté. Le cerveau de l’enfant qui colorie avec un doigt sur un petit écran ne se développe pas autant que lorsque, sur un table, il attrape les crayons, les bouche, prend la feuille, se déplace…
« C’est interactif »… enfin presque autant que des petites mains
La télé serait abrutissante tandis que l’iPad, interactif élèverait l’esprit. Daniel Anderson (professeur de psychologie) : « Grosso modo, une appli ne fait rien si si l’enfant ne touche pas l’écran. La télé, elle, continue quand l’enfant regarde ailleurs. C’est ça qui donne à la tablette la capacité de garder l’attention de l’enfant. Sa force –son interactivité- est aussi sa faiblesse parce que l’enfant ne peut s’en dégager. » A tel point que dans un grand hôpital parisien, pour conduire des enfants à l’anesthésie et au bloc, on leur met une tablette avec un jeu entre les mains.
« Ça les prépare à l’avenir ! », un argument de vieux complexés
« Qu’est-ce que la science ? C’est ce que le père enseigne à son fils. Qu’est-ce que la technologie ? C’est ce qu’un fils enseigne à son père. » plaisante Michel Serres. Qu’un enfant touche à un ordinateur, une tablette ou un téléphone et ses parents se disent qu’il se forme en hight-tech. Mettons les choses au point : ce n’est pas parce qu’un enfant utilise les nouvelles technologies mieux que nous qu’il va devenir ingénieur. En utilisant, on devient surtout utilisateur.
Les technologies d’aujourd’hui ne préparent pas à l’inconnu de demain
L’étude Pisa compare les niveaux des enfants de 15 ans dans les pays de l’OCDE. Dans ceux où ils obtiennent de meilleurs scores comme la Corée ou la Pologne, les calculatrices ne sont pas autorisées pendant les examens de maths. Les enfants doivent apprendre à manipuler les nombres rapidement, pas à sortir leur calculette le plus vite possible.
Selon Pierre « On ne sait pas comment le monde sera dans quinze ans, les outils auront eu le temps de changer dix mille fois. Les logiciels sont étudiés et testés pour être le plus facile d’accès possible. » Quel que soit le monde dans lequel les enfants vivront, ils auront donc besoin d’apprendre à apprendre, ils auront besoin d’un cerveau suffisamment souple pour explorer ce qui est encore inconnu aujourd’hui.
« C’est éducatif », le sésame d’entrée dans les foyers
« Maman, je peux avoir l’iPad ? Je voudrais regarder les continents… » L’iPad n’apprend pas les continents, il apprend à manipuler les parents. La marque « Baby Einstein » (« Baby Van Gogh » , « Baby Mozart »…) fut déclinée en vidéos, DVD, jeux éducatifs… C’était pas la télé, cela aiguiserait la sensibilité des enfants aux arts, à la musique, aux sciences… Enfin… espérait-on. Jusqu’à ce que des chercheurs de l’université de Washington découvrent que les bébés de 8 à 16 mois exposés avaient un vocabulaire plus limité que qui n’avaient pas regardé ces vidéos : 6 à 8 mots en moins par heure de visionnage.
Confiants en l’étiquette « éducatif », les parents sous-traitent leur rôle aux applis, et discutent moins qu’avec un livre. « Le désir d’apprendre, c’est émotionnel » selon Pierre. Quant aux baby Einstein, craignant une poursuite, Walt Disney, qui avait racheté l’entreprise, s’engagea à rembourser toutes les vidéos et DVD achetés entre 2004 et 2009.
La fracture numérique n’est pas celle que l’on croit
A l’époque où la télévision n’était pas encore dans tous les foyers, les gens surdéclaraient leur consommation de télévision pour se distinguer. C’est quand elle est entrée dans tous les foyers qu’on a commencé à considérer que c’était un média abrutissant. Aujourd’hui c’est dans les milieux les plus populaires que l’on compte le plus de foyers équipés de plus d’au moins trois télés. De même, les enfants de milieux défavorisés sont souvent les plus entourés d’écrans pendant que les gamins de bobos font du Kapla. Selon une enseignante de Tourcoing « On a plus d’élèves qui ne mangent pas à leur faim que d’élèves qui n’ont pas accès à Internet. »

Mais comme Florence Foresti l’a très bien rappelé : « Gulli, c’est un service de santé publique. Ils l’ont mis sur la 18 : c’est un numéro d’urgence. »


#8

Bonsoir,
Merci @Marie-Laure pour ce partage.

Si tous les enseignants de France pouvaient diffuser ce texte aux parents, particulièrement dans les zones défavorisées ; certains d’entre eux réagiraient et diminueraient la consommation d’écrans de leurs enfants.

Les médias leur font effectivement croire que c’est bon pour leurs enfants ; ils ne pensent pas mal faire mais si ils savent que c’est mauvais ils feront ce qu’il faut pour mieux faire. Pas tous c’est sûr mais même si cela ne fait changer qu’un seul parent ce sera toujours ça de gagner pour leurs enfants.

Belle année 2017
Nadia


#9

@Marie-Laure, avez vous eu un retour des parents après leur avoir donné ce texte ?


#11

J’avoue donner beaucoup d’infos aux parents sans forcément avoir 'un temps d’échange qui puisse réellement évaluer leur impact. Ce document je l’ai proposé l’année dernière à chaque parent rencontré lors des bilans de janvier en expliquant que pour moi en tant que maman cela m’avait permis de cheminer et de réduire encore plus les écrans dans mon foyer et en tant qu’enseignante de mesurer combien cela pouvait entraver les apprentissages. Ils ont tous choisi de le prendre ce qui est déjà positif pour moi. Certaines mamans que je connais un peu plus et avec qui j’en ai discuté ont trouvé ça hyper intéressant. Cette année je pensais même faire une rencontre sur ce sujet en y ajoutant d’autres thématiques comme l’alimentation et le sommeil. De manière générale, j’ai des retours quand je ne les attends pas des mamans qui me redemandent un document distribué l’année dernière, ou qui me disent que certains documents les ont beaucoup aidés dans la relation avec leur enfant. Et là, ça fait trop du bien!:slight_smile: Et toi qu’en penses-tu?


#12

Je viens de trouver ce lien sur le groupe Facebook des lois naturelles de l’enfant.


Je suis convaincue par le contenu du texte (même si on peut discuter du choix des geeks de la sillicon valley, en effet, leurs enfants n’ont pas besoin de l’école pour être initiés aux nouvelles technologies), et par les propos de Sabine Duflo concernant les écrans. Je parviens, dans un entretien individuel avec des parents à donner mon point de vue, mais j’ai beaucoup de mal à faire passer des textes comme le tien de façon collective aux parents parce que je me sens mal à l’aise d’adopter cette posture. Mais c’est un ressenti personnel et je voulais savoir justement comment ce geste était reçu ; diffusion d’informations, leçons sur comment élever correctement son enfant…? Ta réponse m’a donné des pistes pour franchir le cap. Merci.


#13

Pour moi, on a le choix de dire, de diffuser ou non. Sachant que si on fait le choix de ne pas en parler, de dire que cela ne nous concerne pas, que ce n’est pas notre rôle etc, et bien c’est sûr 'il ne se passera rien, nous resterons à faire des constats dépités sur les parents, la société d’aujourd’hui… et nous resterons dans cette frustration d’impuissance. :pensive:Donc pour moi, ce choix est très clair surtout que c’est dans cette même logique que j’ai ouvert ma conscience à divers sujets: et si une maman de ma classe il y a 5 ans ne m’avait pas fait découvrir les livres de Faber et Mazlish qui m’ont ouvert la voie de l’éducation bienveillante, si mon frère ne m’avait pas parlé de ce bouquin sur les changements dans le monde évoqué sur France Inter, et si, et si, et si une collègue ne nous avait pas envoyé le lien sur Céline Alvarez…!!! Pour moi, nous sommes tous des êtres humains qui cheminent à leur vitesse et qui tantôt se font tirer tantôt tirent les autres.:wave: L’important est de rester dans le non jugement et le respect de ceux qui ne sont pas prêts, sachant aussi que la graine semée sera peut-être prête à germer à l’arrosage fait par un article ou une autre personne venant à la suite… :herb: J’essaie également de rester positionnée à leur niveau, genre j’ai les mêmes problématiques que vous, moi cela m’a énormément aidée, fait avancer, juste essayez, expérimentez, vous avez le droit d’être sceptique et vous avez raison, juste essayez! Et surtout que les parents en face aient le choix!!! C’est pareil que ce que dit Céline sur les enfants, les parents n’apprendront rien s’ils se sentent contraints. Donc, je propose (infos, rencontres…) ils disposent et s’ils disent oui, ils sont plus enclin à entrer dans la réflexion. Et après tout, qu’est-ce qu’on risque? d’être perçue pour certains comme l’enseignante qui nous embête avec tous ses trucs… J’accepte l’étiquette si cela a pu faire avancer ne serait-ce qu’une personne! En tous cas, merci pour ton lien, j’e viens d’archiver ton article, c’est dans l’échange en effet que l’on s’enrichit! Après, il y a les mêmes sujets autour de l’alimentation, les jeux, etc.: qui méritent d’être soulevés.:hibiscus:


#14

Merci @Marie-Laure, je réfléchirai à la manière de passer le cap et de diffuser plus largement que ce que je fais actuellement, c’est à dire oralement auprès des parents dont les enfants rencontrent des difficultés à se concentrer.
Ton témoignage va m’aider.


#15

Bonjour à tous, merci pour votre contribution et vos échanges cela est intéressant, j’ai déjà regardé le documentaire “écran global” et autres liens que vous m’avez envoyé, merci beaucoup. Cependant jusqu’à aujourd’hui je reste encore sans preuves réellement scientifiques… A savoir on parle d’études faites sur 15 ans sur une trentaines de famille etc mais je n’ai pas les sources de ces recherches, bref, je vais continuer.
Connaissez-vous l’article de Peter Gray sur les effets bénéfiques des jeux vidéos ? Il y a différents types d’écrans… et différentes manière de les utiliser… Affaire à suivre.


#16

De mon côté, j’ai cherché en vain, mais cela m’intéresse aussi donc je suis…

J’ai parfois l’impression que l’on accuse les écrans à tort, en les mettant tous dans le même sac et en les diabolisant, en écrivant des ouvrages qui reposent sur la peur, la volonté de faire peur. Comme quand les romans sont apparus, comme quand les BD sont apparus ( “quand il lit des BD, je ne peux plus lui parler, il est comme hypnotisé, dans un autre monde…” tiens tiens…)

J’éprouve personnellement une grande méfiance, voir un dégoût à l’égard des écrans, je n’utilise que mon ordinateur ( avec des règles que je me suis imposée), pas de télé, pas de téléphone portable or utilisation ponctuelle pour un déplacement, pas de tablette, et je déteste les jeux vidéos, et j’ai même beaucoup de mal avec le cinéma c’est dire ! Autant dire que les enfants autour de moi sont rarement face à des écrans…Pourtant, cette diabolisation me gêne et j’interroge.

Je sens de plus en plus que le souci est ailleurs. Ce n’est pas tant la présence des écrans que l’absence des parents qui me semble néfaste.
J’ai vu des enfants coller devant la télé toute la journée, en alternance avec téléphone et compagnie, et seuls face à ces écrans. Je trouve cela dangereux, et en guise de preuve scientifique, j’ai vu le comportement de ces enfants. Mais…qui est coupable dans l’affaire ? Les écrans seulement ? Je pense que c’est plutôt l’absence des parents, le manque d’écoute, le manque d’attention, le manque de respect, le manque de liberté, le manque d’amour inconditionnel, le manque de confiance, le manque de propositions, de stimulations…( en accusant les écrans, on évite quelques remises en questions des adultes - je dis bien adultes, pas parents, c’est trop injuste de tout faire reposer sur leurs épaules, un enfant devrait pouvoir grandir avec beaucoup d’adultes aimants et aidants…)

J’ai vu des enfants sauter sur leur lit tout en regardant un dessin animé avec un parent avec qui ils papotaient en même temps, commenter ce qui se passe à l’écran, s’amuser à reprendre des répliques, partir jouer avec le chat et reprendre le dessin animé en cours. J’ai vu des enfants apprendre énormément grâce aux jeux vidéos où ils jouaient à plusieurs…Et cela n’a plus rien à voir avec l’usage précédent.

Beaucoup d’enfants trouvent un refuge dans les jeux vidéos. Oui, cela m’inquiète, mais pour moi ce n’est pas en les interdisant, en les réglementant à outrance, que cela va aller mieux. C’est en rendant aux enfants la liberté d’aller jouer dehors ensemble, sans adulte pour leur dire quoi faire, c’est en prenant le temps de vivre avec eux, de jouer avec eux, de les écouter, de partager nos vies avec eux que l’on pourra aider les enfants à considérer les écrans comme “un jeu comme un autre”. S’il y a addiction, c’est qu’il y a une souffrance avant cela, ce n’est pas “la faute de l’écran”. C’est ce que je commence à réaliser et qui me fait mettre de la distance avec les documentaires “choc” qui jouent sur la peur.

Ceci dit, quand on pense à Peter Gray, à l’école de Sudbury, aux enfants libres d’apprendre, cela me semble plus simple : les familles qui font le choix d’une éducation différente sont a priori déjà dans la capacité de répondre aux besoins de leurs enfants, sont beaucoup plus solides. Il peut y avoir discussion assez facilement. Les écrans peuvent être " un plus ", pas nécessaire, mais agréable et utile pour ceux que les apprécient.
Or, aussitôt que l’on pense aux familles qui n’ont ni le temps ni l’envie ni la force ni la possibilité de vraiment réfléchir à tout cela, et qui laissent leurs enfants à l’abandon devant des écrans, parce qu’ils vivent eux-même en permanence face à ces mêmes écrans, je comprends mieux cette envie de dire “stop les écrans sont dangereux” sans prendre le temps de distinguer les écrans et les différentes utilisations possibles, parce qu’il y a une vraie grande urgence.

Et je pense qu’ici, la plupart des personnes qui ont répondu voient cette urgence au quotidien : des enfants qui sont “gardés par la télé ou les jeux vidéos” et qui vont mal, vraiment mal. Si retirer les écrans peut emmener vers plus d’échanges, de discussions, de jeux, de partage, d’amour, etc, alors je suis tout à fait d’accord.

Plus on a d’amis, de personnes sur qui compter, de possibilités d’aller dehors, plus on est en bonne forme physique et émotionnelle, plus les écrans deviennent des outils comme les autres. Plus on est seul, isolés, parqués dans quelques mètres carrés, plus ils deviennent vite notre seul soutien. C’est en tous cas ce dont je suis de plus en plus convaincue. L’explication ne vient pas des écrans eux-même mais de nous, de notre environnement, de notre qualité de vie, de la qualité de nos relations.

Dans le cas d’enfants qui vont bien, un libre accès aux écrans me semble être logique si on est une famille qui utilise les écrans. En revanche, pour un enfant qui va mal, qui n’est pas accompagné, j’aurais aussi envie de dire que les écrans doivent être à bannir, arriver le plus tard possible…

Anne-Sophie, je n’ai donc pas de réponse à la question, si ce n’est que je me dis que l’on est tous capable de les voir ces effets, qu’ils soient positifs ou nocifs, ou en tous cas capable d’apprendre à les voir. Peut-être que cela fait partie des études " qui restent à faire"…?


#17

Je ne suis pas sure qu’un accès libre, même pour des enfants qui vont bien soit forcément une bonne idée.
Je m’appuie sur le comportement de mes propres enfants face aux écrans. Ce sont des enfants qui aiment jouer ensemble ou seul, mon fils ainé (14 ans)est un dévoreur de romans, le deuxième (10 ans), est fan de jeux de construction, de BD et de jeux en extérieur, ma première fille (7 ans) adore dessiner, lire, jouer avec sa petite soeur à des jeux d’imitation et ma petite dernière (3 ans) fait un peu de tout!!!
Cependant, quand ils se trouvent face à un écran (tous ont le même comportement, ils sont fascinés, comme hypnotisés mais surtout ils ne s’arrêtent jamais spontanément …et sont toujours très énervés ensuite. En cela, les écrans sont pour moi bien différents de toutes les autres occupations qu’ils peuvent avoir!!!


#18

Oui…vous avez raison. Je me suis laissée embarquée parce qu’on parlait des écoles Subdury et que je pensais aux enfants en unschooling. Mais pour des enfants scolarisés, qui n’ont pas autant appris à gérer leur temps, je pense que c’est vraiment différent.

Ce que j’ai pu constater ( chez les non sco), c’est que lorsque l’on passe du “réglementé” à l’accès libre, c’est qu’il y a une phase boulimique, où les enfants ne vont QUE cela, ne serait-que pour vérifier que cette liberté nouvelle est bien réelle…puis cela passe, quand ils sont rassurés et ils apprennent à s’arrêter de plus en plus facilement, parce qu’ils n’ont plus peur qu’on leur dise " c’est fini", " tu dois aller faire ceci cela".

Cet état d’énervement, d’excitation etc, je pense qu’il n’est pas seulement dû à l’écran, mais à ce caractère occasionnel, au fait qu’ils savent qu’on va leur dire stop, que cela ne va pas durer et qu’en plus ils savent que l’adulte n’approuvent pas, sont inquiets. Si ce n’est pas un jeu banal pour l’adulte, cela ne peut pas en être un pour l’enfant. Il sent trop l’angoisse du parent, ou son énervement.
Finalement, si on n’approuve pas ( ce qui reste malgré tout mon cas), le plus simple n’est-il pas de ne pas en mettre à disposition ( valable pour les enfants comme pour les adultes sinon cela ne fait pas sens) ? Parce qu’en proposer, et toujours devoir surveiller, minuter, contrôler, cela n’est tout de même pas super logique…Enfin, si, si l’on fonctionne comme cela pour beaucoup de choses, mais dans une école Sudbury ou dans une famille d’unschooler, cela n’a plus aucune logique.


#19

Bonjour;

Un grand merci pour ce témoignage auquel j’adhère totalement bien que moi j’adore le cinéma.

J’ai aussi constaté cette phase de boulimie avec ma seconde fille quand j’ai commencé à la laisser regarder la télévision en accès libre à l’adolescence. Elle a passé un bon mois l’été de ses 14 ou 15 ans devant la télé puis a repris sa vie habituelle, livres, musique, jeux, cinéma, cheval et télé à petite dose avec nous comme avant, seule ça ne l’intéressait pas vraiment.

Je pense que la télévision est très dangereuse pour les enfants qui la regardent seuls mais à petite dose et en famille avec un choix de programme rigoureux c’est quand même sympa pour eux, il y a de bons documentaires, de jolis dessins animés et films plus tard. Vers 10/11 ans, elles regardaient Thalassa avec papa tous les vendredi soirs, elles adoraient.

Chez nous, les’ enfants avaient très peu de télévision au quotidien et jamais seules mais nous avions un rituel pour le soir du 31 décembre qui peut paraître banal pour beaucoup d’enfants mais qui était une fête pour elles. Nous mangions chinois devant un dessin animé et plus tard un film que nous avions loué, c’était encore l’époque du vidéo club. C’est la seule fois de l’année où nous mangions devant la télévision sur la table basse du salon et elles adoraient ça.

Quand la télévision est utilisée comme un loisir occasionnel en famille c’est très bien. Ma seconde fille qui a 21 ans aime encore, pendant ses vacances, que nous regardions un film entre nous mais maintenant on ne va plus le louer au vidéo club, on le loue directement depuis la box internet.

Par contre, je n’ai plus de contrôle sur sa vie et depuis son entrée à la fac elle regarde, comme tous les jeunes de son entourage, des séries sur internet ce qui ne les empêche pas de suivre des études de médecine avec succès.

Bien cordialement
Nadia


#20

Voici une cumulation d’articles scientifiques et autres sur ce sujet:

@Marie-Laure: merci autant pour le document que vous avez propose aux parents. C’est exactement que je cherche a ecrire ici a Cape Town, pour envoyer aux ecoles et aussi aux grand-parents de mon fils.

Comment convaincrez-vous les grand-parents de ne pas montrer des videos, photos etc sur l’ecran de leur telephone mobile a des petits enfants… C’est une conversation delicat plein de tension.

(Excusez mon francais - je suis flamande et parle le plus souvent en anglais)

Cordialement,
Deirdre


#21

Une excellente synthèse de l’effet sur les enfants de l’exposition excessive et précoce aux écrans !


#22

j’ai un enfant dans ma classe qui présente certains symptômes décrits dans cette vidéo…Il est en TPS, court dans tous les sens, renverse les jeux, ne tiens pas en place, ne croise pas le regard quand on lui parle… A la maison, c’est la même chose…sauf quand il est devant la tablette ou l’ordinateur…dont la mamie qui le garde et vraisemblablement sa maman, usent largement pour pouvoir souffler un peu… Il présente aussi des troubles du sommeil avec un endormissement très tardif, plusieurs réveils dans la nuit, et un lever très tôt…souvent pas de sieste!
J’ai déjà abordé la sujet avec les parents mais c’est difficile de s’immiscer dans la vie de la famille. Avec cette vidéo, je vais peut être arriver à aborder le sujet sans crainte que cela passe pour un jugement de l’éducation donnée à l’enfant! Merci!