Gros coup de blues suite à entretien de carrière catastrophique


#1

Bonjour,
je viens vers vous aujourd’hui pour partager mon immense coup de blues suite à mon entretien de carrière qui a eu lieu ce 20 mai dernier.
Je suis enseignante depuis 2006, en maternelle depuis 2017. Le respect du rythme de chacun, la joie de venir à l’école sont des choses qui comme vous me tiennent particulièrement à coeur. Je me documente beaucoup, j’ai lu les ouvrages de Céline Alvarez, de Marguerite Morin, Guéguen… l’éducation est une véritable passion, mon entourage me le reproche d’ailleurs régulièrement. Je ne prétends pas faire du travail parfait, mais en toute sincérité, je fais de mon mieux (et pas toujours dans le respect de moi-même). En plus des temps d’individualisation des apprentissages, je mets en place des projets qui me semblent intéressants, des élevages, nous faisons l’école dehors une fois par semaine, nous avons un potager de classe depuis l’année dernière, nous avons un blog de classe, j’invite régulièrement les parents pour des ateliers cuisine, nous chantons tous les jours, j’ai même appris à jouer du ukulélé pour accompagner mes élèves, nous faisons de la danse traditionnelle, bref, la classe est comme une petite famille, on s’y sent bien, tout le monde prend du plaisir. Les enfants sont très autonomes, la psychologue scolaire est venue faire plusieurs observations de classe et s’est dite stupéfaite par notre fonctionnement (dans le bon sens!).
Les retours de mes élèves et de leurs parents sont extrêmement positifs, les enfants apprennent et sont heureux de venir à l’école. Mes moyens sont tous capable d’encoder des petits mots, tous capable d’écrire leur prénom, je reconnais que je fais peu de graphisme au sens strict du terme car ils détestent ca. Nous faisons beaucoup de dessin guidé qui ne laisse pas vraiment de trace, beaucoup de fresques collectives, ils dessinent beaucoup, font de magnifiques mandalas, des formes à dessin, cela me semble largement suffisant pour préparer leur geste graphique…
Je me base sur les programmes et les attendus de fin de cycle pour établir mes progressions mais cela ne semble pas convenir à mon inspectrice. Pour elle, mes élèves sont" très en retard", n’écrivent pas assez (elle m’a reproché que les PS ne savaient pas écrire leur prénom). Mes tableaux de suivis ne servent à rien, mes livrets de suivis ne sont pas conformes, je n’enseigne pas le nom des lettres ce qui est anormal, je ne valorise pas les productions des élèves ( j’affiche peu de dessins ou poinconnage ou autre dans la classe, c’est vrai mais les enfants se présentent leur travail sur un temps dédié et les offrent à leurs parents, nounous…), je me base uniquement sur les attendus de fin de cycle au lieu de respecter les circulaires. Elle a passé tous les documents de la classe au peigne fin sans même observer une seule présentation réalisée ce matin là, sachant qu’en plus mon ATSEM était absente et non remplacée.
Elle a balayé d’un revers de main tous mes arguments, toutes mes tentatives d’explication. J’ai un enfant lourdement handicapé sans AESH en PS qui a fait exploser notre classe pendant plusieurs mois, je me suis battue pour obtenir un aménagement de son emploi du temps et la classe tourne vraiment depuis mars seulement, de plus dans mon école, les ATSEM sont très régulièrement absentes, jamais remplacées, la violence éducative ordinaire y est acceptée par l’équipe, bref, je bosse dans des conditions difficiles, il faut se battre sans arrêt contre des moulins à vent. J’étais tout de même satisfaite de notre travail malgré les conditions, tous les enfants ont progressé depuis le début de l’année mais il est vrai que l’écart est grand entre ma petite L bientôt 4 ans, qui connait déjà plein de sons, compte jusqu’à 35, fais des mandalas sans dépasser, connait nos narramus par coeur et mon petit C qui peine à rester assis à la ligne plus de 5 minutes, connais quelques sons mais ne jure que par les transvasements…
Aucun point positif n’a été soulevé au cours de l’entretien, j’en ressors complètement démoralisée, choquée. J’ai l’impression que pour elle il faut faire des fiches des fiches des fiches, écrire, écrire, écrire. Aurais-je mal compris les fonctions de la maternelle?!
C’est parfaitement idiot mais je pleure beaucoup depuis et je ne veux plus retourner à l’école. Cette année a été si difficile humainement parlant, je ressens le besoin de m’occuper de moi et des miens.
J’ai la sensation que cette dame est venue faire une inspection à charge, je n’avais jamais vécu une humiliation professionnelle de la sorte. Soit notre démarche ne convient pas à l’institution, soit je n’ai rien compris et je ferais peut-être mieux d’aller faire des big mac dans le mc do qui vient d’ouvrir à côté de chez moi…
C’est pas très positif tout ca et c’est certainement un peu confus car je suis encore sous le choc mais j’ai besoin de le déposer , je me dis qu’ici peut être on comprendra mon chagrin.


#2

J’ai malheureusement vécu la même expérience, certains inspecteurs sont allergiques à cette méthode.
C’est difficile de s’investir autant et de voir que notre hiérarchie ne reconnait pas ce travail. S’ils sont contre la méthode c’est une chose, mais de là à ne pas être assez ouverts pour voir l’épanouissement des élèves, leurs progrès et notre investissement, je pense avec le recul, que c’est dommage pour eux.
J’espère que tu auras la force de te relever et d’en sortir plus forte!
Au plus tu baisses les bras, au plus tu lui donnes raison, si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour tous les élèves que tu auras à l’avenir, c’est à eux que tu offres une autre façon d’apprendre, quelle chance ils ont!!
Tu vas y arriver!! :slight_smile:


#3

Des personnes malsaines, voire malveillantes, ancrées dans leur croyances et incapables d’en démordre malgré les nombreuses études et preuves du contraire, malheureusement il y en a. Sincèrement désolé et triste que tu sois tombée sur l’une d’entre elle.

Et des personnes impliquées, hyper engagées, et formidables pour leurs élèves, heureusement il y en a aussi. Tes élèves ont beaucoup de chances de t’avoir. Prend soin de toi avant tout. Penses aux enfants, aux parents, au bonheur et au plaisir qu’ils ont à venir en classe. Et du plaisir que tu as à t’être occupé d’eux. Ce serait dommage que cette horrible personne ne vienne à bout de toi, donc prend le temps qu’il faudra pour te remettre :slight_smile: Après je vois au moins 2 approches : soit tu ne verras plus trop ton inspectrice (le rdv de carrière n’est pas hyper fréquent). Si jamais tu la revois, tu dis oui à tout ce qu’elle te dit, que tu as compris, que c’est en cours, bref, juste lui faire plaisir pour s’en débarasser. Une fois partie, tu fais au mieux pour tes élèves. Soit c’est intenable, malheureusement chercher à changer de circo. Il y a des IEN beaucoup plus pros - le mien n’était pas hyper favorable à mon approche, mais m’a laissé faire en vérifiant juste que je comprenais bien ce que je faisais, que je respectais les programmes et avait des remarques pertinentes. Il y en a aussi qui sont assez ouverts et aidant.


#4

Bonjour,
Comme je comprends ton mal être. Il y des inspecteurs ouverts à des pratiques respectueuses de l’enfant et d’autres qui ne supportent pas le changement. Certains sont bienveillants et d’autres usent de leur pouvoir pour écraser les gens.
Ne donne à personne le pouvoir de te rendre heureux ou malheureux” Frédéric Lenoir, Cœur de Cristal (conte initiatique pour petits et grands).
Tu as pu observer les progrès de tes élèves, leur bien-être, leur joie, la confiance des parents, c’est le principal. Bien sûr, c’est un métier où il peut toujours y avoir des améliorations, des ajustements, que nous faisons déjà au quotidien.
Prends vraiment du temps pour toi, après cette année difficile, c’est la grosse goutte qui a fait déborder le vase. Parles-en à ton médecin, aux syndicats, à la psy scolaire qui est venue plusieurs fois dans ta classe.
Je te souhaite plein de beaux moments de vie.


#5

Merci de vos réponses, ça met du baume au cœur, mon IEN a la réputation d’être plutôt malveillante mais malgré tout je me disais qu’elle verrait bien mon investissement et mon travail, je me suis trompée. A un moment j’ai même hésité à quitter l’entretien tant son monologue de reproches me semblait peu constructif.
Je vais prendre un peu de temps pour rebondir mais je sais que je ne reviendrai jamais à un fonctionnement classique, je ne peux enseigner autrement qu’alignée à mes valeurs profondes , je ne baisserai pas les bras c’est clair, mais la claque fait drôlement mal quand même.
Je sais que j’ai un gros travail à faire sur moi même pour ne pas me laisser plomber par le jugement des autres (merci pour la référence au conte initiatique!).


#6

Oh Mon Dieu !
Garde confiance !
ateliers individuels, ateliers cuisine, classe dehors, naramus, chansons, danse, potager, élevages, blog, projets… Regarde tout ce que tu fais !! c’est merveilleux pour tes élèves, c’est ce qui compte, et que toi tu te sentes bien, mais cela a l’air plus compliqué…
Balaye d’un revers de la main ces paroles malveillantes d’une personne malveillante, et prends soin de toi.
Prends le temps de aussi de souffler, et de te lâcher un peu de lest, tu le dis toi même que tu fais de ton mieux mais que ce n’est pas toujours dans le respect de toi-même…
Cela t’aidera à reprendre confiance, et à porter un regard sur certaines choses avec un peu de recul.
Nous sommes, je pense, ici tous en questionnement permanent et cela est ce qui nous fait avancer, mais, en tous cas pour moi, l’apprentissage de moins se mettre la pression a été long, mais j’en vois vraiment l’importance… Bienveillance bien ordonnée commence par soi-même :wink:
donc proposition d’ordonnance juste pour commencer : boissons chaudes/fraiches au choix, chocolat ?, musique… ! Et observe les visages radieux de tes petits élèves…

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#7

Quelle violence dans les propos de cette inspectrice ! Ça me sidère!
Et quel niveau d’incompétence ! Parce que c’est de cela dont il s’agit! Exiger que des PS écrive leur prénom, c’est ne rien connaître au développement de l’enfant!
Quelle violence institutionnelle que de travailler dans ces conditions! C’est toi qui aurais du lui adresser des reproches de te laisser livrée à toi même depuis des mois, sans atsem! C’est inacceptable !
Si j’étais toi, je copierais la première partie de ton post: celle dans laquelle tu évoques la joie des enfants à venir à l’école, les retours positifs des parents, tout ce que tu fais et qui font de toi une maîtresse extraordinaire, et je lirais régulièrement pour t’attacher à l’essentiel : le bien être des enfants de ta classe, les projets et les progrès qu’ils font chaque jour.

Mon premier inspecteur nous a dit: « vous n’êtes pas là parce que vous aimez les enfants! Si vous aimez les enfants, faites en! »
Depuis, je ne donne plus crédit à ces supérieurs (pas tous) qui veulent déshumaniser notre métier.

Plein de chaudoudoux! Continue à croire en toi, et dans le plein potentiel des enfants que tu accompagnes. Et cherche dans leur retour la motivation et la preuve que tu fais les bons choix. Pas dans les propos violents et complètement à côté de la plaque d’une pauvre ien qui n’a sûrement jamais su faire son métier.


#8

Ce n’est l’avis que d’une seule personne…écoute plutôt les retours de tes élèves et des parents car ils sont les premiers concernés. L’an prochain je suis aussi en rdv de carrière j’appréhende un peu de lui présenter ce fonctionnement pas parce que je ne crois pas en ce que je fais bien au contraire mais juste parce que je sais que j’ai beaucoup de mal à supporter les critiques et que je vais m’y exposer fortement.
Reprends confiance.


#9

Je te comprends parfaitement, ayant moi-même vécu la même chose ! Tout ce que j’avais pu mettre en place m’ a été reproché (même Narramus, Dumont…). Je n’ai eu aucune chance de pouvoir m’expliquer. On m’a reproché le manque de traces et on m’a traitée de menteuse, puisque je n’avais aucune trace pour prouver l’avancée des élèves (hé oui, pas de fiche…). Pour ma part je me suis arrêtée et n’ai pas terminé l’année scolaire. Je te souhaite beaucoup de courage. Cela m’amène à quitter l’EN tant j’ai souffert et ne conçois pas retourner à un fonctionnement traditionnel, loin de mes valeurs. Je vais continuer hors école, en proposant des ateliers Montessori (puisque je m’y suis formée et ai acquis beaucoup de matériel à mes frais) + une autre activité professionnelle (en cours de formation). Je suis BD cette année le temps de la transition. Prends soin de toi.


#10

Bonjour Labobine, j’ai ressenti la même chose que toi, peu de traces donc je suis forcément une menteuse, quel sentiment d’injustice! Et ils appellent ça “l’école de la confiance”… Pour ma part, je suis actuellement en arrêt tant je me sens épuisée par cette année où j’ai encore dû inclure un enfant de PS avec un retard global de développement et de forts troubles du comportement sans la moindre aide humaine. Je me laisse quelques années pour tenter de rester dans l’Education Nationale malgré tout avant d’envisager la reconversion professionnelle. Bon courage dans tes nouveaux projets.


#11

Bonjour,

Je suis un papa qui rêverait d’avoir une enseignante pour ma fille, qui fait n’importe quoi comme toi :slight_smile:

Je travaille dans un autre domaine, mais les obstacles restent les mêmes quand les préjugés persistent.

Si tu décides de donner le meilleur de toi-même, de ne pas attendre que l’on décide pour toi de ce qui est le mieux pour les autres, tu te retrouveras forcément face à des personnes qui ont les idées limitées, qui n’ont ni le courage, ni passion d’accomplir autant de choses que toi.

Je crois que cela dépasse le cadre de l’enseignement, cela touche toutes les personnes qui nivellent le groupe vers le haut peu importe le domaine.

Il faut que l’on réussisse à se concentrer sur les indicateurs qui comptent vraiment (Les sourires des enfants, l’impacte de ton enseignement sur leurs vies futures, la reconnaissance des parents, celle des membres de ce forum…)

Nos “missions” passent avant le jugement des autres, même si c’est difficile.

Merci pour tout, n’abandonne pas.


#12

Que de courage tu as !
Que d’actions bienveillantes tu as mises en place pour les enfants !
Sois fière de cela !
Tu as atteint un niveau de conscience qui te permet d’être à l’écoute des enfants, et de leurs besoins fondamentaux. Ce n’est pas le cas d’autres personnes, qui ne peuvent donc pas comprendre : comme pour des enfants, je ne leur jette pas la pierre, juste accepter qu’ils n’aient pas cette capacité de comprendre, pour le moment, tout ce que tu as entrepris.
Et avant tout : prend soin de toi.
En disant oui à tout, comme à un enfant qui ne peut pas encore comprendre à un instant donné, pour te donner de l’air sur des pressions extérieures.
En gardant tes convictions intimes, le cap que tu t’es fixé, et toutes les actions entreprises.
Tout en gardant des temps de repos indispensables : on ne peut durablement faire du bien aux autres, si on n’est pas bien soi-même. Techniques de respiration, méditation, pleine conscience, activité physique adaptée, temps dédiés aux proches… prendre soin de soi, c’est prendre soin des autres.
Tu n’es pas seule, mais juste un peu en avance sur les autres, garde confiance, les lignes bougent grâce à des personnes bienveillantes comme toi.
Merci.


#13

Bonjour, n’abandonne pas. Cette expérience avec ton IEN va te donner de la force pour plus tard même si pour l’instant cela t’a démoralisé. Cela reflète le monde dans lequel nous vivons, des gens bienveillants, à l’écoute, emphatiques, compréhensifs et d’autres tout le contraire. Les IEN sont des êtres humains avec des qualités et des défauts, à côté de la plaque et malheureusement pour toi ton IEN a beaucoup de défauts… après 15 ans de maternelle traditionnelle avec le système épuisant des rotations de groupes, de la course aux apprentissages pour satisfaire les parents et l’institution, j’ai eu une révélation grâce à Montessori et j’ai arrêté du jour au lendemain ce que je faisais pour me lancer à fond dans Montessori et aucun regret. De tout ce que j’ai pu voir et expérimenter Montessori est l’approche la plus respectueuse et efficace pour les enfants. Je ne reviendrai jamais en arrière. J’ai eu aussi mon rdv de carrière cette année, j’avais très peur car je savais que mon IEN était frileux avec Montessori. Mais j’étais sure que s’il m’avait cassée en deux, j’aurai quand même continué. J’en sais plus que lui sur les neurosciences et le cerveau des enfants. Aujourd’hui la science confirme l’efficacité de tout ce que Montessori a découvert et pourtant on continue de nous marteler que la méthode syllabique est la meilleure… Tout cela pour te dire, que tu trouveras toujours des gens pour critiquer dans ta carrière, ça fait mal mais il faut se protéger. Et effectivement si vraiment cela ne peut plus être supportable, bye bye éducation nationale… c’est dommage car ils perdront des enseignants qui font des choses formidables pour rendre des futurs adultes plus intelligents, plus empathiques, plus bienveillants…mais peut être que ce n’est pas finalement ce qu’ils veulent…


#14

Je suis d’accord avec tout ce que tu dis, sauf la dernière partie sur le fait de quitter l’EN : partir c’est renforcer les tenants du statu quo dans leurs erreurs, au dépend des enfants de maintenant et la société de demain.
Au contraire, et cela contribuera à nous protéger, nous avons à “blinder” les arguments de nos actions, notamment à l’aide des programmes officiels qui nous offrent tout ce qu’il faut pour les étayer. Finalement, c’est utiliser les “armes” de nos contradicteurs pour leur montrer que nos actions sont mieux à même d’atteindre les objectifs.
Tout cela demande de l’énergie, il faut veiller à se protéger avant tout (santé) et ne pas rester seul.


#15

C’est vraiment difficile d’encaisser ce genre de propos quand on se donne comme toi, mais il ne faut pas perdre de vue ton objectif, l’épanouissement des enfants, leur développement dans le respect de leur rythme, de leurs besoins et c’est ce que tu fais. La joie de tes élèves et la satisfaction de leurs parents sont ton gage de réussite alors focalise toi là dessus et essaie de passer outre les remarques désobligeantes de cet inspectrice. J’ai eu affaire aussi à un inspecteur dans ce genre qui m’a reproché de ne pas utiliser de manuel tout en reconnaissant que mes élèves avaient tous un bon niveau de lecture…
Continue sur ta lancée! Bon courage!


#16

Bonjour,
je ne travaille plus actuellement en école, mais je fais l’école à la maison à ma fille de 4 ans. Je lis énormément de témoignages qui dans un sens rejoignent le tien : pour pas mal de parents inspectés, beaucoup dIEN sont odieux tant dans leur manière de juger les choix éducatifs et pédagogiques que dans leur manière de présenter leur jugement, et j’ai l’impression parfois que l’expression “liberté pédagogique” n’est qu’une fumisterie.
J’espère que cet entretien n’aura pas raison de ton formidable investissement, et il faut se raccrocher je pense à l’idée que les enfants, il y a à peine deux ans encore, étaient libres de ne pas aller à la maternelle et de passer leur temps à jouer. Ce qui n’est pas une dévalorisation du travail d’enseignant en maternelle, tu t’en doutes, mais plutôt la confirmation qu’à cet âge on a mieux à faire qu’à remplir des fiches et apprendre des noms de lettres, au risque de devenir plus tard un inspecteur ratatiné, aigri et besogneux… :stuck_out_tongue:
Heureusement pour les enfants qu’il y a encore des enseigant.e.s comme toi !


#17

Référence programme de 2015 : " le programme de 2015 précise que « ce qui est visé à l’école maternelle est la découverte de ce principe [alphabétique] et non l’apprentissage systématique des relations entre formes orales et écrites. »
Les approches lettre par lettre en dehors de toute référence à des écrits déjà connus, de même que l’exhaustivité des correspondances, ne sont pas attendues au cycle 1. Il faut simplement qu’à travers certaines d’entre elles, les enfants comprennent le principe qui organise notre orthographe.
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Langage/39/8/Ress_c1_langage_ecrit_principe_456398.pdf (source officielle, donc)


#18

Je suis très étonnée de voir les nombreuses réponses à ce sujet, j’ai par ailleurs reçu plusieurs messages privés. Je tiens à vous remercier car cela me mets vraiment du baume au cœur et je me sens un peu moins seule (même si heureusement j’ai le soutien de mon merveilleux mari PE en mater lui aussi).
Je change d’école et de circonscription à la rentrée, même si j’ai encore peur de ne pas passer auprès des collègues ( ben oui, je traine de vieilles blessures d’enfance dont la peur du rejet, la recherche de perfection, mais c’est un autre sujet!), au moins je quitte cette IEN toxique et je ne compte pas changer de philosophie pédagogique mais peut-être tenter de m’écouter un peu plus et m’investir pour la classe dans le respect de moi-même. Céline Alvarez, l’écrit bien (surement pas en ces termes mais je me rappelle bien l’avoir lu), la bienveillance à l’école ça commence par soi même en tant qu’enseignant!
Belle journée.


#19

Tu peux aussi joindre un peu de lecture à ton inspecteur, comme cet article de recherche par exemple, ça l’occupera ?

Et puis, cette thèse de doctorat de 2019, qui étudie certes Montessori seul, mais qui appuie l’efficacité de l’approche en lecture telle que tu sembles la décrire.


#20

Je suis atterrée par votre témoignage… Pour faire l’instruction en famille, je sais à quel point certains inspecteurs peuvent être destructeurs, lynchant les parents, dénigrants les pédagogies alternatives (“la grammaire Montessori ? Pfff, vraiment n’importe quoi, aucun intérêt d’utiliser des symboles”), rabaissant les enfants (en levant les yeux au ciel ou en soupirant lorsqu’il se trompe, en refusant de voir les productions qu’il est pourtant fier de montrer), les faisant pleurer ou se taire (ce qui entraîne un second contrôle au motif qu’ils n’ont pu évaluer l’enfant !). J’avais quelques échos de la maltraitance des enseignants, par ceux qui sont dans mon entourage, mais là vraiment… Elle est allée loin, cette inspectrice ! Vous faites visiblement un boulot formidable auprès des enfants, on aimerait que toutes les maitresses d’école aient cette vision de l’école maternelle, des enfants, et un tel investissement ; et au lieu de vous encourager, on vous casse… C’est le monde à l’envers, mais ça va avec les mesures gouvernementales, les nouveaux programmes de maternelle, le guide orange de Blanquer… A croire qu’ils veulent que tous les enseignants formidables quittent l’EN pour les remplacer par des jeunes sans grande formation (là aussi je crois qu’il y a des changements, et pas en mieux) qui seront bien obéissants… Et tant pis pour les enfants… :frowning: Prenez soin de vous et bonne continuation, je souhaite de tout coeur que cela aille mieux dans votre nouvelle IEN ! :slight_smile: