Le passage délicat des premières semaines


#1

Après deux semaines de rentrée, je tenais à remercier tous les enseignants qui apportent soutien, réconfort, aide stratégique, à ceux qui en ont besoin. :rose::sunflower::tulip:

Les premières semaines de transition sont toujours un passage empli de surprises - parfois heureuses, souvent déstabilisantes. Cela est tout à fait normal : nous, adultes, découvrons également ce nouveau fonctionnement. Et nous découvrons l’ampleur de la tâche : le matériel manquant, l’incapacité parfois déconcertante de certains enfants à l’auto-discipline et au libre choix, ainsi que nos propres difficultés et celle de notre assistant de classe. La première année, comment faire pour “occuper” les enfants pendant que l’on présente des activités de manière individuelle ? Combien de présentations faire sur la journée ? Quelle proportion d’activités mathématiques, pratiques ou de langage proposer ? Combien de temps sera nécessaire pour que le groupe soit autonome ?

Cette transition est, pour l’adulte qui accompagne les enfants, un réel apprentissage, un saut dans le vide. Nous avons besoin de l’aide et de l’étayage de ceux qui sont déjà passés par là. En ce qui me concerne, les premières semaines furent une véritable initiation. Cette expérience m’a confronté à mes limites, mes peurs, mes doutes. Des enseignants regardant en coin pensant que je faisais totalement fausse route, des enfants rentraient avec le pantalon ou le tee-shirt trempés, les parents me regardaient sceptiques. Puis, des moments merveilleux me montraient la bonne direction, confirmaient mes intuitions profondes, me rappelaient que tout allait bien se passer, que ces enfants étaient sur le chemin du retour vers eux-mêmes, qu’il n’était question que de temps, de rigueur, de confiance, de douceur, et - paradoxalement - de fermeté.

Passer d’un fonctionnement traditionnel à un fonctionnement autonome est véritablement un saut dans le vide pour qui ne l’a jamais pratiqué. C’est pourquoi je recommande toujours chaudement d’utiliser le parachute de la transition : conserver des ateliers traditionnels et proposer en parallèle des temps d’autonomie de plus en plus longs. Pour ceux qui ne les ont pas vues, nous vous invitons vivement à visionner, sur le site, nos deux vidéos “Etapes de l’installation” et “Etapes de l’autonomie”. http://bit.ly/2cP3lC6

Étapes de l’installation

Étapes de l’autonomie

À Gennevilliers, par manque de temps (nous n’avions que trois ans pour mener cette expérience), nous avons fait le choix de démarrer immédiatement en fonctionnement autonome. Les premières semaines furent donc vraiment très difficiles, il nous fallu trouver des stratégies pour permettre au mieux et au plus vite l’autonomie des enfants. Des mois ont été nécessaires pour stabiliser la situation.

Dès que nous aurons mis en ligne les vidéos de la conférence de Juillet, nous prendrons le temps de faire un article sur ce passage délicat.

Mais pour le moment, n’hésitez pas à poser vos questions. Enseignants, parents, assistants, ne restez pas isolés, ne restez pas avec un caillou dans la chaussure. Posez vos questions pour avancer sereinement. Des enseignants vous répondront avec plaisir, et nous le ferons également dans la mesure de nos possibilités. Avançons ensemble.

Sur ce forum, Anna et moi allons prendre le temps de vous répondre lorsque vous nous y solliciterez avec la mention @Celine ou @Anna.

Belle soirée à tous et bonne semaine avec les enfants ! :sunny:
Bien amicalement,
Céline


Fil de discussion pour ceux qui se lancent à la rentrée (maternelle)
#3

:rose::rose::rose:

Merci Céline pour ce message et pour tout ça! C’est une aventure si passionnante, si tu savais comme je me sens heureuse malgré les doutes du début! Merci de nous montrer le chemin!


#4

Merci Céline, je viens de lire les mots dont j’avais tellement besoin :rainbow:!


#5

Un grand merci Céline de m’avoir permis de me lancer. Tes vidéos ont été une révélation… Un grand bouleversement pour moi mais c’est finalement cette façon là de travailler que je recherchais… Après deux mois de vacances studieux, me voici lancée avec ma classe de petits-moyens. Pour le moment, environ soixante plateaux autonomes à disposition, aucun avec le matériel Montessori mais je cherche à ce que l’ambiance s’installe tranquillement…Un chose est sûre, je ne reviendrai pour rien au monde en arrière! Je n’ai jamais fait une rentrée aussi sereine! Des enfants rapidement plongés dans le fonctionnement, une Atsem heureuse… Quel bonheur pour tous! Je galère juste pour trouver la manière de prendre note de tous leurs exploits (cahier pour chacun, photos?..)… Continue sur cette voie car tu es un guide merveilleux!!


#6

Merci,
La lecture de ce message tombe à pic pour me remonter le moral. C’est exactement ça:
“nous découvrons l’ampleur de la tâche”… oh que oui!!!
_le matériel manquant, _
_l’incapacité parfois déconcertante de certains enfants à _
_l’auto-discipline et au libre choix, ainsi que nos propres difficultés _
_et celle de notre assistant de classe. La première année, comment faire _
_pour “occuper” les enfants pendant que l’on présente des activités de _
_manière individuelle ? Combien de présentations faire sur la journée ? _
_Quelle proportion d’activités mathématiques, pratiques ou de langage _
_propos_er ? Combien de temps sera nécessaire pour que le groupe soit
autonome ?"
Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert :wink:
Je suis en PS pure en zep, je me demande si je n’ai pas été trop gourmande pour une rentrée en PS… J’essaye de présenter qqs activités de vie pratique… et je pensais pouvoir me passer des ateliers dès la rentrée…
J’ai “déconstruit” tous mes ateliers de la période en “plateaux”, c’est à dire en travail individuel (appariement de couleur, d’images, collier, jeux de construction, pâte à modeler etc, bref ce que je fait en période 1)…mais je ne suis plus très sûre de moi car je n’ai pas le temps de tout présenter même avec l’aide de mon atsem…
D’un autre côté, vous m’avez tellement motivée que j’ai du mal à rester patiente cette année en gardant encore des ateliers… mais je crois qu’il va falloir que je fasse machine arrière sur ce point…
un grand merci pour votre accompagnement bienveillant et sans jugement… une bouffée d’air!


#7

As-tu essayé de placer un espace “peinture et découvertes plastiques” mené par l’ATSEM ?
cela a l’avantage de rassurer l’assistante dans une activité qu’elle connaît et de mobiliser un groupe d’enfants sous surveillance (moins d’électrons libres…).
C’est le seul espace où j’avais gardé plusieurs places disponibles, cela permettait d’avoir un roulement (il faut là aussi attendre son tour, guetter dès qu’un autre s’en va pour pouvoir s’installer). De toute façon, comme il est quasi impossible que cette activité soit autonome à 100% en PS, autant qu’elle t’aide à la gestion du groupe !

Tu peux aussi profiter du réveil échelonné des enfants pour présenter des activités l’après midi, avec un effectifs plus réduit

Pense que si toi tu découvres, c’est encore plus vrai pour tes petits … laisse leur le temps !
valorise toutes les avancées positives, et détourne ton regard du reste, ça viendra !

… bon courage …


#8

Bonsoir,

Merci pour votre soutien Céline et Anna, et merci pour les conseils des uns et des autres.

Pour ma part, voici ma deuxième année d’expérience, la première avec un triple niveau et un fonctionnement totalement autonome. J’ai réuni et fabriqué une bonne partie du matériel.

Je passe par des phases d’enthousiasme et de découragement. J’ai 30 élèves. Je présente les ateliers typiquement Montessori au fur et à mesure, et nous avons des activités complémentaires individuelles pour compléter en attendant que les présentations avancent.
Il y a de belles avancées chez certains… mais aussi des attitudes très déconcertantes. Des enfants incapables de choisir, qui ne font qu’observer et qui ne se saisissent pas des ateliers présentés. Mon temps n’est pas extensible et même si j’essaie d’ajuster au mieux pour obtenir un semblant de motivation, je n’arrive pas à consacrer autant de temps que je le voudrais aux zappeurs et autres indécis (aussitôt un atelier expérimenté, il devient inintéressant). Même laver la table ne les intéresse qu’une fois.
Alors je cours de l’un à l’autre en tentant de trouver des activités qui font sens pour chacun… mais ils sont 30!
Certains parents me disent que leurs enfants s’ennuient et réclament des fiches ! Certains ne voudraient même plus venir à l’école, un comble ! Je ne sais plus que répondre. Comme si le travail manuel et la manipulation ne les intéressaient pas. Ils ont l’habitude d’être guidés et que l’on gère leur temps à leur place. L’an dernier, j’ai déjà eu le cas de quelques enfants qui ne s’engageaient que très peu, réclamaient des fiches de travail et plus de guidage dans l’emploi du temps (d’après les parents)
S’il n’y avait pas les parents, je continuerais sans me décourager… mais j’avoue que les remarques de certains et surtout le fait que quelques enfants se sentent manifestement mal (pas tous, loin de là), me travaille beaucoup.
Avez-connu ce type de difficulté ?


#9

Bonjour,

J’ai un peu ce type de difficultés; le matériel présenté reste majoritairement sur les étagères, à part tout ce qui est versé ou avec de l’eau. J’ai laissé pas mal d’activités complémentaires: découpage/collage/jeux de construction, puzzles, et les enfants vont la plupart du temps vers ces activités là… Je suis aussi un peu dépitée mais j’espère que ce n’est que passager et que c’est juste parce que je n’ai pas encore pu présenter quelque chose de très motivant pour eux…


#10

Continuez surtout !!
Pour ma part, je trouve que ce qui motive beaucoup les enfants, c’est de voir un copain qui fait une chose “fabuleuse”. Ca leur donne vraiment envie de faire pareil.
Donc l’idée c’est d’avoir en quelque sorte des “experts” dans différents domaines: un expert en écriture qui écrira de belles lettres et incitera les autres à prendre les lettres rugueuses, un expert en file numérique qui les entraînera à compter toujours plus loin, un expert en lecture qui déchiffrera ses premiers mots en donnant envie aux copains de l’imiter…
L’expert ouvre le voie aux autres, il leur montre que eux aussi sont capables de le faire, et il peut les aider aussi.

Donc dans ta classe, tu peux repérer les points forts des uns et des autres et les mettre en avant, non pour placer ces enfants sur un piédestal, mais pour montrer aux autres que eux aussi peuvent y arriver.
C’est l’occasion aussi de réaliser que chacun a des points forts… mais ce ne sont pas les mêmes pour tous.
Pour ma propre expérience, les enfants étaient tellement loin de toute comparaison qu’ils aimaient beaucoup mettre en avant les réussites des autres, ils se félicitaient chaleureusement à chaque “exploit”. C’était toujours très émouvant d’ailleurs.

Bon courage à vous, ne baissez pas les bras. C’est seulement le tout début de l’année.


#11

J’ai l’impression de passer mon temps à présenter les activités pratiques… Et que ça n’avance que très doucement… Est ce que je présente d’abord que les activités pratiques? Mais du coup le reste n’avance pas ou peu?
En même temps j’ai l’impression de présenter ils adorent au moment où je présente mais n’y revienne que très peu seul…


#12

A mon humble avis, il ne faut ni se focaliser sur le nombre des présentations, ni ne prendre trop à coeur le désintérêt des enfants pour les activités une fois celles-ci présentées. Pas d’inquiètude, le matériel va prendre vie dans votre dos…en fait tout va se passer dans votre dos… Céline ne cesse de le rappeler mais ce sont les enfants qui vont faire vivre le matériel ( et tant pis pour les mamans pathogènes, fans d’unschooling qui dépensent une fortune dans du jolie matériel…). Je me souviens de ma déception face à l’indifférence des enfants quand j’ai introduit dans la classe les barres rouges et bleues… pour que quelques semaines plus tard, cela devienne une activité très prisée et qu’une belle émulation ait lieu autour de celles-ci…
Les temps de regroupement peuvent être aussi intéressants pour relancer un matériel, refaire une présentation (mais cette fois collective) ou plutôt demander à un “expert” parmi les enfants de faire justement cette présentation collective. Et les applaudir, les faire applaudir par les copains,les gratifier, surjouer la joie et le bonheur de les voir réussir…
En ce début d’année, je fais très souvent cela pour rouler un tapis, ranger une chaise ou marcher dans la classe. “Qui veut nous montrer comme il sait bien…?” Applaudissements! High five! Photo!
Pour les premières semaines, j’ai le sentiment qu’il faut se donner peu d’objectifs mais s’y tenir absolument: parler à voix basse, ranger sa chaise, son matériel, marcher et mettre la main sur l’épaule de l’adulte pour s’adresser à lui.
Pour le reste, laissez les regarder, observer les présentations des autres, discuter autour d’un matériel, tourner en rond, s’ennuyer…tant que vous avez le calme… sinon soyez ferme! Leur cerveau s’en remettra… Je vous renvoie sur ce point aux pages magnifiques de Maria Montessori sur la discipline…
Bon courage!


#13

vraiment d’ac avec Julyen… laisser le temps aux enfants de découvrir ce qui leur plait, les laisser faire à deux ou à plusieurs aussi, se montrer l’un l’autre ce qu’ils savent faire, sans les laisser faire trop de bruit ni trop détourner le matériel bien sûr… et penser à utiliser les temps de regroupement pour mettre en avant un plateau, un livre, une activité… j’ai remarqué que les enfants aiment particulièrement retourner à ce que j’ai pu montrer en regroupement : les livres que je leur ai lus, les plateaux dont on a parlé… ils aiment aussi beaucoup montrer aux autres, un peu comme on le fait souvent en motricité par exemple après la phase de découverte libre : “qui veut montrer quelque-chose d’intéressant à faire avec un ballon ?” De la même façon on peut demander pendant le regroupement qui veut montrer au groupe quel plateau il aime faire et comment il fait… et l’intérêt pour ce plateau va grimper en flèche dans la classe ! le soutien du groupe aussi, c’est important…


#14

Tout à fait d’accord avec @Julyen.

Une question a été posée dans un autre fil de discussion, elle peut être intéressante dans celui-ci. Je copie donc la question et ma réponse !

"Je me pose la question suivante : vaut-il mieux présenter d’affilé quelques ateliers de langage/lecture, sur quelques jours, à tous les enfants (boîte à objets, lettres rugueuses, lettres mobiles), auquel cas, il y a une réelle continuité mais on n’avance pas du tout en maths par exemple._Ou bien vaut-il mieux, dans une même journée présenter une activité de langage le matin, une activité de vie sensorielle en fin de matinée, une activité de numération l’après midi, à des enfants différents … ??

Je ne vais sans doute pas vous aider, mais sachez qu’Anna et moi nous sommes posé exactement la même question que vous en cherchant absolument quelle était la meilleure solution. Après trois années, la réponse fut “ni l’une ni l’autre, mais les deux” ! :blush: En effet, qu’il s’agisse de la première année ou des suivantes, par périodes, j’insistais sur un domaine en particulier en ne faisant que des présentation de langage par exemple le matin ; puis sur d’autres périodes, je m’imposais une discipline particulière : deux présentations de langage, une de mathématiques, une d’affinement des sens et une de géographie… Ceci sur une semaine, puis la semaine suivante je revenais probablement à des présentations essentiellement de géographie (ou d’un autre domaine) le matin… Autant dire qu’il n’y a pas de solution clé en main. Il faut vous faire confiance et vous adapter aux besoins de la classe, à ce que vous souhaitez insuffler aussi. Mais je crois qu’il est intéressant de fonctionner avec ces deux types d’organisation : cela permet de s’assurer que toutes les activités circulent dans la classe et cela est important, tout en s’assurant que dans chaque domaine les enfants avancent solidement.


#15

Merci à tous de nous avoir répondu.
Je chemine… Cela fait sens peu à peu.
J’ai même réussi à rassurer la maman qui voulait des fiches…la communication non violente cela marche avec les enfants ET les parents :slight_smile: .
Même s’il y a des difficultés, même si les enfants se tournent encore majoritairement vers les activités complémentaires (à leur décharge, elles sont intéressantes et challengenantes :wink: ) … je vois de belles réussites.
Les enfants sont de plus en plus empathiques, on se découvre tous. Y compris moi-même.
Il est certain que je me sentirai encore mieux quand la plupart des enfants auront connu cette petite étincelle qui leur donnera l’envie d’avaler les savoirs avec gourmandise. SI on pouvait me dire quand…je dormirai mieux!
Pour l’instant, ils apprivoisent leur liberté. C’est passionnant à voir. Déconcertant, effrayant parfois…mais oui passionnant.

Ps : Je voulais éditer mon message pour corriger les activités “challengenantes” mais à la réflexion, je laisse :).


#16

Lors des 3 journées didactiques de cet été, Céline Alvarez nous avait donné un résumé de ce qu’il s’était passé la première année à Gennevilliers. Si je me souviens bien ; 3 mois de bazar, puis on a l’impression que c’est bon parce que chaque enfant est occupé à un atelier, mais en fait, ils font pour faire et ne sont pas dans un réel projet d’apprentissage personnel. De ceux qui font qu’on s’extrait de la réalité extérieure et que le temps s’écoule différemment (quand on est totalement absorbé par ce qu’il se passe à l’intérieur de nous). Et puis dernière phase, le déclic et là, les enfants investissent réellement leurs apprentissages. Je répète les propos de Céline : “… et là, il faut courir derrière pour fournir ce dont ils ont besoin.” À peu près… Je crois qu’elle a parlé de janvier pour la dernière phase. Mais pas de pression, nous ne sommes pas Céline Alvarez, et nous n’avons pas une assistante comme Anna Bisch dans la classe. Donc, laissons nous du temps, mais je pense que les étapes seront les mêmes si nous maintenons le cap.


#17

J’espère. … ma crainte est que la pression extérieure (collègues, hiérarchie, parents ou même enfants qui s’ennuient faute de réussir à se centrer) m’empêche de tenir jusque là.
Je me dis que la classe est loin d’être anarchique, à de rares exceptions près et les enfants sont souriants, apaisés . C’est plutôt calme. … ce qui est très positif en octobre !
Mais ils s’emparent assez peu des ateliers montessori. Ils passent un temps fou en bibliothèque (souvent pour m’imiter en train de lire…) et dans les coins jeux. Ils font des arts, discutent, se reposent, adorent aller dans le jardin. Mais les versés, la tour rose et tout le reste…bof.
Ils s’en servent, mais soit c’est trop facile et cela ne dure que 10 secondes, soit c’est un peu plus difficile et ils ne persévèrent pas. Ils me courent après pour que je leur présente des ateliers pourtant…course, zapping, activités consommables et jetables.
Tous mes collègues ont des plans de travail. …je résiste mais je sens que personne ne m’approuve.
Je ne suis pas sûre qu’un ien accepte ma démarche non plus. Quand j’avais des plans de travail, je recevais félicitations et soutien. Depuis que je laisse vraiment les enfants choisir, j’ai l’impression d’être complètement passée du côté obscur de la force. Même ma formatrice montessori utilise des plans de travail .
Mais je vous lis…et je continue la résistance. Simplement, je crois que si vous êtes comme moi, vous comprenez à quel point échanger ici ou ailleurs est vital pour tenir le cap.


#18

@Evi, si tu savais comme ça me rassure de te lire! Mes élèves sont beaucoup en bibliothèque, à la peinture, aux jeux de construction ou aux coins jeux qui restent, ou aux puzzles/dessins, mais très peu ailleurs, à part sur les versés qu’ils adorent. Malgré tout j’en ai quelques uns qui aiment bien faire des dessins avec les formes à dessin, et la plaque à verrous a beaucoup beaucoup de succès; peut être que je devrais juste m’en contenter et les laisser papillonner tranquillement! Je me mets la pression toute seule, ou plutôt je réagis à la pression que me mettent certains parents de GS, au point de faire des insomnies! Du coup ce post me rassure, et je puise une belle énergie pour continuer malgré tout en venant lire ce forum!!


#19

@Evi @stephanies je note exactement les mêmes travers dans ma classe, le matériel didactique est peu investi malgré une course à la présentation (pour certains, car d’autres s’en contrefichent) et j’ai l’impression de tourner un peu en rond, je ne vois pas comment inverser la tendance, je sèche un peu ! Heureusement pour l’instant je n’ai aucune pression des parents, mais j’ai des PS MS alors les enjeux ne sont pas les mêmes, ce qui ne m’empêche pas de me questionner beaucoup … J’aimerais tant avoir un observateur avisé dans ma classe, pour l’instant j’ai plutôt des regards sceptiques (collègues, Atsem) et ça n’aide pas :frowning:


#20

petit retour d’expérience :wink:

l’année dernière, j’ai remarqué que les évolutions se faisaient “par paliers” un peu à la manière des très jeunes enfants qui apprennent à parler. Vous savez, qd ils restent un long moment à babiller et d’un coup se mettent à répéter des mots, puis d’un coup se mettent à faire des phrases ? pendant ce temps, en général, la marche, la motricité ( ou la propreté…) est en retrait …

eh bien dans la classe, j’ai eu l’impression que c’était un peu pareil
Nos élèves arrivent dans un milieu très différents. Ils ont besoin d’adaptation et donc de temps. Cela ne veut pas dire qu’ils n’apprennent pas : ils emmagasinent des informations, qui se mettent en place petit à petit, comme un puzzle.

Surtout, ne baissez pas les bras : un matin, vous aurez la surprise de voir l’un ou l’autre se lancer, de lui-même, et entrainer 2/3 copains dans son sillage

il est normal que vous vous questionniez… c’est ce qui fait notre force !
Laissez vous du temps pour que tout se mette en place

je vous conseille de prendre un temps dans votre semaine, en l’expliquant aux enfants (“le vendredi matin, je vous regarde, je ne présente rien”), pour OBSERVER la classe SANS intervenir. Notez ce que vous voyez et comparez de semaines en semaines … vous aurez sûrement des surprises !!

bon courage, et “on ne lâche rien” comme dit l’expression à la mode :wink:


#21

Ici aussi pas mal de papillonage.

Par contre, ce qui marche vraiment bien (avec les 2/3 de mes moyens), ce sont les présentations des lettres rugueuses et les jeux de phonologie. Je leur présente comme des activités pour apprendre à lire et certains sont réellement très motivés! En très peu de temps ils sont passés en phonologie de “je n’entend pas le son de début de mot, et je réponds au pif” à “je réfléchi avant de répondre et je trouve”, le tout sans crainte de se tromper!*Je fais aussi des leçons en trois temps pour les chiffres et ça marche aussi…même sans chiffres rugueux: là pour le coup, je fais ça en regroupement et ils mémorisent bien!
Je m’appuie sur les 2/ 3 enfants qui sont toujours intéressés par tout et ils entraînent les autres en quelques jours.
Par contre, pour le moment, je ne vois pas de changement de comportements des enfants entre eux…il y a toujours des conflits, ils n’expriment pas leurs émotions sauf quand je le leur demande, pas de réelle empathie les uns avec les autres…