Le passage délicat des premières semaines


#22

Merci Hélène! Tu as raison, je vais prendre une demi journée pour observer régulièrement! Bien que j’aie un peu peur du bazar pendant ce temps, car j’ai bien du mal à garder un niveau sonore correct et ça me demande pas mal d’énergie!


#23

Tu arrives à faire de la phono en individuel, tu n’as pas trop de bruit pour cela dans la classe? Personnellement je suis très génée par le bruit lorsque je travaille les lettres et les sons, du coup j’ai du mal à le faire autrement qu’en groupe


#24

Encore merci pour ces échanges. C’est vraiment primordial quand on avance en milieu inconnu.
Hélène, ton expérience est très encourageante.
J’aimerais prendre un temps dans ma semaine pour ne faire qu’observer, mais j’ai l’impression que je ne fais déjà pas assez de présentations. Je suis très occupée par l’accompagnement des enfants qui ont besoin d’attention, les conflits… je passe beaucoup de temps à instaurer un cadre, tenter d’obtenir le calme, freiner les comportements non-constructifs, ce qui me semble d’ailleurs normal en début d’année. D’ailleurs, cela fonctionne plutôt bien. Mais cela me laisse peu de temps pour les présentations, vraiment.
J’ai tenté les présentations collectives, mais je vois que ce n’est pas aussi efficace.
Les journées passent viiiite.

Nathalie, ici j’observe beaucoup de réactions d’empathie entre eux, par contre. Donc garde le cap, cela viendra.
De l’enthousiasme, oui. Ils aiment beaucoup les présentations en général… mais ils ne reprennent pas les ateliers d’eux-mêmes. Presque pas. C’est déconcertant.

Mes collègues me disent qu’ils ont besoin d’être guidés par un plan de travail , que c’est trop angoissant et difficile pour eux de gérer ce temps sans repères.
J’ai pris le parti de ne pas faire de plan de travail, considérant que c’est à eux de réapprivoiser le temps, justement. Mais j’ai peur de leur en demander bien trop. Certains sont pour l’instant incapables de faire des choix, et n’en ont réellement pas envie.
Pourtant, je leur rappelle leurs ateliers régulièrement à l’oral, j’instaure des repères oraux et matériels (affichage) pour appréhender la journée…
Aujourd’hui c’était difficile. Ce n’était pas le chaos, mais alors que je tentais d’enchainer les présentations (qu’ils me réclament), je me retournais pour voir tous mes élèves à la bibliothèque ou au puzzle… Une grande sensation d’absurdité.
Il y a des moments de grâce parfois, mais quand je vois les classes silencieuses d’à côté, où chaque enfant est en activité, je me remets en question.


#25

Je fais la phonologie en petit groupe de 2 ou 3 enfants, exceptionnellement 4. Je profite de l’après midi quand les PS sont à la sieste, je n’ai que 9 MS et en répartissant les autres un peu partout dans la classe j’arrive a avoir une classe à peu près silencieuse.


#26

Pour l’instant, je me concentre sur l’ambiance de classe, donc je fais moins de présentation (et du coup ce n’est pas top) mais à tort ou à raison, je préfère passer du temps à tenter d’obtenir le calme plutôt qu’à présenter un atelier dans le bruit.
Je ne sais pas si c’est le mieux à faire, mais je présente tout individuellement, sauf certains ateliers d’arts visuels ou de sciences. Et la phonologie. Je travaille le jeu des sons par petits groupes car cela me semble important à démarrer et je n’aurais pas le temps d’avancer suffisamment rapidement et régulièrement avec tous si je le proposais en individuel.


#27

je suis du même avis: être ferme sur les conditions de travail quitte à proposer des ateliers moins montessori mais que connaissent bien les enfants pour installer une bonne ambiance; et tout doucement, remplacer une partie de ces ateliers par d’autres que l’on présente plus tranquillement dans de bonnes conditions!


#28

ah oui d’accord, en effet avec un effectif réduit ce doit être plus calme :slight_smile:


#29

Je suis d’accord avec le fait que tu sois d’accord avec moi :slight_smile:
Par contre, je me suis fait piégée par mes activités non Montessori censées les faire patienter… car ce sont ces activités qu’ils préfèrent clairement (puzzles, perles, casse-têtes divers…).


#30

Pfff dans ma classe le bruit est difficile à dompter! Surtout lorsque les enfants sont sur les activités complémentaires! En ce moment je dois souvent interrompre des présentations pour aller calmer un groupe trop emballé, ce qui me contrarie beaucoup! Mais si je ne fais pas de présentations, je crains de rester dans cette ambiance bruyante générée par les activités complémentaires qu’ils font très souvent à 2…


#31

Je me retrouve tellement, tellement dans ce que vous décrivez (le bruit, les activités complémentaires trop présentes encore, des enfants désœuvrés …) Heureusement, il y a de petites victoires auxquelles se raccrocher, j’en ai eu aujourd’hui : un MS qui n’a pas quitté les jeux de construction depuis la rentrée et que je surprends cet après-midi avec le plateau de sable et des lettres rugueuses … Ok mon coco si tu veux y aller on y va, je ne raterai pas cette occasion ! Et puis un autre MS qui inquiétait beaucoup sa maîtresse l’an dernier, elle le trouvait dans son monde et pas du tout ouvert aux autres, je le surprends aujourd’hui en train d’encourager avec beaucoup de spontanéité une PS qui avait peur sur le parcours … C’est pas grand chose mais comme le dit bien Hélène @Helene35 ne lâchons rien !


#32

Je ne dis pas que mes “solutions” sont entièrement satisfaisantes , je connais des difficultés, mais je ne suis pas mécontente de l’ambiance qui est assez sereine pour un début d’année en autonomie complète. Quelques astuces qui donnent des résultats ici :

  • les activités complémentaires se font seuls. Au cas par cas, je leur permets de les réaliser à 2 mais dans un premier temps, afin qu’ils apprennent à ce centrer sur leurs propres besoins, j’ai 'insisté sur le caractère individuel.
  • Au départ, la consigne était le silence total. Toujours pour leur permettre de se recentrer. Apprendre à apprécier le silence, à se déplacer dans bruit, à traiter le matériel comme un trésor et respecter le travail des autres. Assez vite, nous en sommes venus au chuchotement. Évidemment je ne veux en aucun cas les priver d’échanges et de lien! Mais j’ai eu le sentiment que ces moments de silence total leur étaient utiles justement pour ressentir autrement la présence des autres et leur propre présence, en pleine conscience.
    Encore aujourd’hui, quand l’agitation nous freine, je leur demande de ne plus parler. Quelques minutes. Même les Ps y parviennent (presque)… Les enfants me le demandent très souvent d’eux-mêmes.
  • Nous avons un signal sonore. Au signal, les enfants stoppent toute activité et écoutent la demande. Et l’enfant à l’origine du signal s’exprime clairement, ex “Il y a trop de bruit. J’ai besoin de concentration pour travailler avec les cylindres. Pouvez-vous chuchoter?”. Bon évidemment, c’est moi qui souffle ce petit discours au début. Mais ensuite, certains le formulent comme ça d’eux-mêmes. :slight_smile:

Je valorise énormément les réussites à ce niveau mais j’essaie de dépasser l’idée du compliment qui les rendrai dépendant de mon jugement. Je parle plutôt de moi et de ce que je constate, ex : “Je vois que tu te déplaces tranquillement et que tu prends ce matériel avec délicatesse, je suis heureuse de voir ça. Et toi, comment te sens-tu?”.
Pour les comportements déviants, je rappelle la règle fermement sans m’étendre. Nous avons un chaise de laquelle ils peuvent voir toute la classe. Je leur demande de s’y installer, de regarder les autres et de retourner travailler quand ils se sentent prêts.


#33

Je me retrouve beaucoup dans vos témoignages ! Moi j’ai pu avoir une ambiance plus calme après avoir instauré un atelier peinture libre encadré par l’atsem où les enfants tournent tout au long de la matinée. J’autorise les activités à plusieurs si on chuchote, dès qu’un élève ne chuchote plus, il va prendre une autre activité. ça marche plutôt pas mal, j’arrive à avoir le chuchotement jusqu’à 9h30… à part 2 élèves de PS qui ont beaucoup de mal à parler bas. Je me concentre beaucoup beaucoup sur ça : regarder où l’on marche pour ne pas détruire le travail des autres, chuchoter, etc. J’ai des élèves qui, pour l’instant passent pratiquement tout leur temps sur les jeux de constructions, j’en ai beaucoup : kaplas, magneticos, technicos etc. Je ne crois pas que ce soit mauvais car je les vois faire des réalisations très intéressantes avec ces jeux : des tours immenses en kaplas, et des reproductions de modèles assez complexes. Une élève de GS a construit un immense arbre avec des duplos, elle avait amélioré le modèle. Chaque fois que je vois une réalisation comme celle là, j’arrête la classe et je dis “venez voir ce qu’a fait un tel”, les élèves qui le souhaitent se déplacent en silence et admirent ! Ce sont de beaux moments… Ce n’est pas un matériel montessori mais il y a des élèves qui se concentrent très longtemps sur des legos et je me dis qu’ils acquièrent de la confiance et de la capacité de concentration grâce à cela, ensuite les autres imitent, ils essayent de faire la même construction. Par contre, vu que je me concentre beaucoup sur cela, je ne peux pas faire beaucoup de présentations. J’ai quelques paires (qui se sont formés, un GS et un PS, et le grand montre un atelier au petit. ça a bien marché pour des chose simples comme : déchirer du papier de couleur et le coller. Ah oui, et aussi ! Je fais de la relaxation ! A la fin du regroupement, j’invite mes élèves à fermer les yeux et soit à s’allonger, soit à rester assis et à bien respirer. Je touche ensuite la tête de ceux qui y arrivent et je les félicite. Je leur dis d’aller choisir un atelier un par un. Je le fais aussi l’après-midi avec les grands,
Donc j’ai des moments calmes, mais d’autres pas du tout, comme le rangement avant le regroupement. Des élèves qui courent d’un coup (alors qu’ils étaient calmes), qui dérangent au lieu de ranger. Ils sortent les tapis pour le re-rouler, il défont les puzzles pour les refaire… Ils mettent le sable par terre pour pouvoir le balayer ! Je ne sais pas combien de fois je dois les appeler pour venir s’asseoir en regroupement… Comment se passe le moment du rangement pour vous ?


#34

Bonjour à tous,
comme beaucoup je me retrouve dans vos témoignages alors quelques questions: combien de temps vous a-t-il fallu pour présenter les activités pratiques pour une classe d’âge déjà (je n’ai que des PS :frowning: ) Je rame depuis la rentrée pour essayer d’en présenter au moins une dizaine pour pouvoir commencer quelques activités sensorielles, de langage et de maths après les vacances mais c’est très difficile! Je jongle entre l’apprentissage du vivre ensemble (pleurs, détournement et destruction du matériel, mise en danger de certains…), les présentations et le suivi des activités déjà présentées mais pas acquises du tout et qui nécessitent sans cesse un ajustement de ma part…

Merci sincèrement d’avance pour toute réponse, @Anna ou @Celine peut-être qui pourriez vous souvenir de vos premières semaines car comme vous j’ai commencé en autonomie totale.

Belle journée!


#35

Le rangement se passe bien parce que je le fais de façon échelonnée. Quand je vois que l’agitation arrive et que le niveau sonore monte, je regarde l’heure et en général, il est aux alentours de 10h20. Je dis à mon atsem de sortir avec les enfants qui ne sont pas en ateliers autonomes (ce sont eux qui tournent, font du bruit et sonnent l’heure de la récré) et je reste pendant que les autres, soit terminent, soit placent leur prénom sur l’atelier pour poursuivre s’ils ne vont pas en motricité après la récréation. La plupart du temps, les enfants souhaitent terminer, et certains ne s’aperçoivent même pas qu’un groupe est sorti. C’est lorsque nous revenons de la récréation que nous faisons le regroupement sur l’ellipse dont la ligne est libre de tout tapis parce qu’il faut toujours la laisser visible quand on s’installe. Quand ce sont les TPS-PS qui vont à la gym avec mon atsem, je garde les MS et les GS en regroupement plus longtemps pour travailler sur des notions comme le calendrier, ou pour lire un album plus compliqué… Maintenant, que l’ATSEM parte en récré avec un groupe et que l’enseignante reste dans la classe, ça va dépendre de l’inspecteur. En ce qui me concerne, je compte jouer sur le fait que toutes les fenêtres et une porte vitrée de ma classe donnent sur la cour.


#36

Merci du conseil, moi j’ai la salle de motricité qui est juste à côté, mon atsem prend les petits pour leur apprendre à s’habiller pendant qu’on range avec les grands, mais le secret en effet c’est peut-être de ne pas faire de regroupement tout simplement, et de les laisser finir tranquillement. J’ai remarqué que le moment du rangement génère toujours de l’agitation, et je sens bien qu’ils ont envie de continuer leur activité, mais je tiens aux regroupement pour travailler certaines notions. Combien de regroupement fais-tu dans la matinée ? Moi j’en ai 3, un vers 9h00, un vers 10h00 et un vers 11h15.


#37

En ce qui me concerne, seulement 2 regroupements dans la matinée:
Un vers 9h30 avant de partir en motricité avec les PS et TPS ( les MS restent avec Atsem pour ateliers autonomes et atelier peinture.
L’autre en fin de matinée pour un bilan rapide (je mets notamment en avant les comportements qui m’ont paru intéressants).


#38

Un regroupement après la récré. Un regroupement après la motricité, avant la sortie de 12h15.


#39

un regroupement à la fin des ateliers (quand je trouve que ça devient trop bruyant, càd au bout de 40 à 60 minutes suivant les jours)… la consigne c’est qu’on peut finir ce qu’on a commencé, mais qu’on ne reprend rien de nouveau, et qu’on range quand on a fini bien sûr… et assez rapidement, j’ai à peu près toute la classe rangée, et les enfants sur l’ellipse… à part 1 ou 2 qui finissent un truc un peu long (je ne laisse pas faire ceux qui essaient de reprendre un nouveau plateau…) là j’appelle à voix basse la moitié de la classe qui va avec l’ATSEM en motricité et je fais un regroupement en demi-classe : étiquettes-présence, calendrier et chants puis on échange les 2 groupes… le 2ème groupe me raconte ce qu’ils ont fait d’intéressant en motricité… (ce n’est pas toujours le même groupe qui part en premier)
2ème regroupement en rentrant de récré, cette fois en classe complète, c’est l’heure de l’histoire, ou des histoires… pour l’instant en classe complète je ne lance pas de discussions, ni de bilan mais ça viendra peut-être… j’aimerais bien oui, dans un moment…


#40

Je n’ai pas la possibilité de lire tous vos messages, mais quelques uns m’amènent à préciser ce qui suit, en espérant que ces informations soient appropriées et vous soient utiles :slight_smile: :tulip:

Si cela peut vous rassurer, nous n’avons réellement connu des situations calmes et stables à Gennevilliers qu’à partir de la deuxième année, lorsque nous avons intégré un troisième niveau d’âge et que des petits sont arrivés.

Par ailleurs, les années suivantes, les enfants s’agitaient également par moment assez bruyamment alors que par ailleurs ils savaient investir le matériel didactique… Nous avons compris tout simplement que le seul espace de la classe n’était pas suffisant quoique l’on propose d’un point de vue didactique, et même si nos enfants avaient développés un bon niveau de compétences exécutives !

A un moment donné en effet, ces jeunes êtres humains dont l’intelligence est en plein déploiement ne se satisfont plus du seul espace de la classe. Je l’explique dans mon livre : nous aurons beau tout donner dans les classes, il manquera toujours la possibilité pour les enfants de pouvoir bénéficier de salles attenantes toute la journée pour aller faire de la musique, jouer librement, faire des jeux de constructions libres ou des jeux de société sans déranger leurs camarades plus concentrés… ainsi qu’un contact autonome avec l’extérieur, c’est à dire que les enfants puissent sortir jouer dehors lorsqu’ils en ressentent le besoin. (Compliqué, je sais - mais oh combien nécessaire !)

Donc, comme je l’explique dans cette vidéo “Les différentes étapes de l’autonomie” il existe différentes étapes qui indiquent le niveau de développement des compétences exécutives des enfants… Néanmoins, même avec de bonnes compétences exécutives, si l’environnement “manque d’air” les enfants vont s’agiter, s’énerver, se fatiguer… voire peut-être se chamailler.

Lorsque ces moments se présentaient, pour éviter que le désordre ne s’installe, nous sortions en récréation - autant de temps que cela était nécessaire ! Les enfants jouaient librement. Nous avions une grande chance : la porte de derrière de la classe donnait sur la cour. Ainsi, lorsque certains enfants demandaient de “rentrer travailler dans la classe” mais que la plupart semblait passer du bon temps dehors, je rentrais en classe avec ces enfants, et Anna restait à l’extérieur avec les autres. Je sais bien que les assistants (atsem) n’ont pas ces autorisations… Et c’est très regrettable. Mais je suis certaine qu’il est possible de trouver des solutions de ce type en équipe.


#41

Merci Céline de cette réponse!
J’ai la chance d’avoir une salle attenante à ma classe que je vais aménager en espace ludique (le matin parce que l’après midi, elle sert de dortoir).
J’ai aussi une porte qui donne sur le jardin de l’école (espace herbeux assez vaste et potager de la classe), mais j’ai du mal à l’investir. Pour le moment les enfants ne sont pas assez autonomes: il faut mettre les bottes, s’habiller…et il faut que mon atsem sorte avec eux et pour le moment elle est prise avec toutes sortes d’autres tâches (aide pour les toilettes, maintient de la classe en ordre, supervisation de l’espace peinture…).
J’ai quand même l’impression d’être plutôt chanceuse en ce qui concerne mes locaux donc, je vais essayer d’en tirer la plus parti possible!!
Cet après midi: c’était électrique…