L'inspection veut supprimer ma classe


#1

Bonjour,
Voilà 3 ans que je me suis lancée dans l’aventure pour mon plus grand bonheur et celui des enfants. Cette année, j’avais mon triple niveau avec mes GS que je suivais depuis la PS. La grande majorité d’entre eux ont le sens des 4 opérations, savent additionner mentalement, manipulent allègrement les MCDU… Ils sont entrés dans la lecture et lisent des petits livres, suivis par les moyens qui veulent faire la même chose. Les PS sont devenus très vite autonomes, les parents sont ravis. Bref, c’est une véritable réussite.
Pourtant, l’inspecteur a décidé qu’il ne devait plus y avoir de double ou de triple niveau et a refusé la structure proposée pour l’année prochaine.
Nous nous sommes pourtant mis d’accord en conseil des maîtres pour une structure comportant des doubles niveaux et un triple niveau.
Mais l’inspecteur reste intraitable et refuse cette structure. Devant ma demande pressante d’explications, il a justifié sa décision en s’appuyant sur une “interprétation” (ce sont ses propos) de la circulaire de rentrée. J’ai eu beau la lire en long en large et en travers, je ne vois pas !!!
Je suis dépitée. Voilà un travail mené sur 3 années qui est balayé d’un revers de la main !
Je pense sérieusement à démissionner tant je trouve cette décision absurde, injuste, qui va à l’encontre du bien-être des enfants et de la facilité avec laquelle ils acquièrent de nouvelles compétences.
Je suis directrice de l’école et je sais qu’il existe un décret (Décret du 24/02/89 Art. 2 complété par la Circulaire du 09/09/90 Art. 14) qui stipule : Le Conseil des maîtres donne son avis sur l’organisation du service qui est ensuite arrêtée par le directeur de l’école conformément aux dispositions du décret du 24/02/89. Une copie est adressée à l’IEN chargé de la circonscription.
Quelqu’un parmi vous s’est-il déjà trouvé dans cette situation ? Jusqu’où puis-je m’opposer à cette décision ?
Merci d’avance pour vos conseils.


#2

Bonjour,
je pense qu’il faut joindre les syndicats.
Ils te guideront sur les leviers à actionner pour gagner ton bon droit.


#3

As-tu contacté les syndicats pour savoir si cet inspecteur use de son pouvoir et s’il y a un recours possible?Je serai à la rentrée dans une école de 3 classes de la PS au CM2, il y a donc forcément des doubles et des triples niveaux. Je pense aussi à l’Autonome de Solidarité Laïque, peut-être connait-elle un cadre juridique pour ces situations?
Bon courage!


#4

S’il n’est pas possible d’aller à l’encontre de la décision de l’inspecteur (mais il y a peut-être moyen…), il est peut-être possible de constituer des groupes classes d’un seul niveau et de décloisonner ensuite la majorité du temps… Qu’en pensent tes collègues? Est ce qu’elles fonctionnent comme toi? On pourrait imaginer de commencer avec le groupe classe “officiel” avec un petit temps d 'accueil, un regroupement court, éventuellement un peu de motricité puis embrayer sur un décloisonnement avec des classes à 2 ou 3 niveaux pour des temps de travail en ateliers autonomes.
Les parents peuvent aussi s’exprimer auprès de l’inspection… ça marche souvent!
Concernant une éventuelle démission, j’ai envie de dire, que si vraiment il n’y a pas de solution trouvée cette année… reste patiente, les inspecteurs changent souvent assez vite de circonscription!


#5

Oui, j’ai alerté les syndicats et j’attends qu’ils m’éclairent sur le sujet, ou mieux qu’ils m’appuient lundi. J’ai également mis au courant les représentants des parents d’élèves qui vont demander aux parents des enfants de ma classe d’envoyer un courrier de protestation à l’inspecteur, au DASEN, voire au Ministre. Le problème reste le peu de temps restant avant les vacances !!!
Quand au décloisonnement, cela risque d’être compliqué : Mes collègues me soutiennent à 100 % bien qu’ elles ne se soient pas lancées dans cette pédagogie (elles commencent néanmoins à installer quelques ateliers autonomes). Je ne veux pas non plus leur imposer un fonctionnement qui demanderait une grosse organisation : Il y a 8 classes dans l’école.


#6

C’est sûr que 8 classes, ça serait compliqué… Peut-être avec une seule classe d’une collègue prête pour l’expérience. Ça vous permettrait d’avoir au moins un double niveau sur une partie de la journée, par exemple petits et moyens avec des activités autonomes. Et l’après midi, tu pourrais peut-être récupérer des GS (tes MS de cette année) pendant que le petits dorment, ça allégerait les classes de GS.


#7

Sur quoi se base l inspecteur pour exiger cela?


#8

Bonjour. Menez la fronde avec les parents et commencez une pétition en ligne!! Le mieux étant que chaque parent pourrisse la boîte mail de l’inspecteur. En lui laissant un ultimatum de quelques jours pour répondre à chaque demande individuelle avant de contacter son supérieur hiérarchique et la presse. J’avais proposé un petit texte à recopier et le courriel de l’ien. Sms, mails, réseaux sociaux ont fait le reste pour mobiliser les parents. Nous avons obtenu gain de cause même si le sujet était différent. Vraiment, ces abus de pouvoir doivent être sanctionnés.


#9

Concernant la décision de l’inspecteur, peut être (j’insiste sur le peut être), si vous êtes en REP+, est-ce pour préparer au GS dédoublés. C’est un peu tiré par les cheveux, mais il me semble avoir entendu qu’à cause du dédoublement les GS ne pourraient plus être dans des doubles niveaux.

Par ailleurs, il y avait des positionnement de notre ministre en faveur des niveaux multiples il me semble. Une collègue avait posté les références sur ce forum d’ailleurs. Si quelqu’un retrouve le lien du post…


#10

Sur une « interprétation « de la circulaire de rentrée !!


#11

Je ne suis pas en REP, et effectivement notre inspecteur avance la nécessité de se rapprocher au maximum de 24 élèves en GS. Notre structure propose 2GS à 25, une MS/GS et mon triple niveau à 26. On ne peut pas faire mieux. Quant à ne faire que des niveaux simples avec les GS, il faut que l’on m’explique par quel tour de magie cela sera possible…En ce qui concerne le positionnement du Ministre sur les classes multi niveaux, effectivement il semble y être plutôt favorable :

La classe multiniveaux constitue un atout quand elle est bien faite. Elle permet des effets de compagnonnage entre élèves. J’ai été moi-même un enfant de multiniveaux. Je sais à quel point cela m’a apporté." (le courrier Picard 22.02.2018).

Quant aux classes multiniveaux, elles sont positives puisqu’elles tirent tout le monde vers le haut et génèrent du compagnonnage entre les enfants." (L’orne hebdo du 17.05.2018).


#12

« Mon message aux professeurs, c’est celui-là : vous avez en vous les solutions, car vous êtes au plus près des réalités. L’institution ne va pas vous empêcher de les réaliser. Au contraire, elle va vous aider dès lors que cela va dans la bonne direction, à savoir la réussite de l’enfant". J.M Blanquer


#13

Sur le plateau de l’Emission « La Maison des maternelles » du vendredi 19 octobre 2018 (De 14m30 à 16m36), il partage sa vision sur les pédagogies innovantes : « J’ai depuis très longtemps un grand intérêt pour la pensée de Maria Montessori et la fameuse expérience de Céline Alvarez lorsque j’étais dans les fonctions de Directeur de l’Enseignement Scolaire. Je l’avais encouragé et permis que l’expérimentation se passe. Ce qui m’inspirait déjà à l’époque était un enjeu de justice sociale puisque je voyais Montessori se développer dans le cadre d’écoles privées et il me semblait qu’il fallait réussir à développer aussi dans le système public et en éducation prioritaire. Ce que j’observe depuis lors, il y a eu un impact en chaîne. » « Il est tout à fait positif qu’il y ait un impact de cette pensée sur nos pratiques. Un exemple typique : les classes multiniveaux. Parfois, elles sont perçues comme quelque chose de négatif. J’entends souvent ça. En réalité, dans la pensée de Maria Montessori, et elle a, je crois, elle a parfaitement raison, elle considère que mêler les 3, 4,5 ans ensemble et donc les petites, moyennes et grandes sections ensemble peut être très positif quand c’est bien fait. Quand les effectifs, ne sont pas trop nombreux, parce qu’on crée des effets de compagnonnage. Et pour le coup, ça permet d’avoir des enfants qui vont au même rythme. Dans cette classe de Céline Alvarez que je suivais, je me souviens d’un enfant de 4 ans ayant déjà réussis à apprendre à lire. Il lisait aux autres enfants. Ca servait un peu de modèle, ça les tiraient tous vers le haut. Les équipements leur permettaient de développer toute une série de compétences. Donc il faut encourager cela et c’est ce qui en train de se passer en réalité. "


#14

Bonjour
Il y a un article du SNUIPP qui met en garde contre les abus de pouvoir des inspecteurs : c’est le conseil des maîtres qui est souverain pour décider de la structure des classes, l’inspecteur n’a qu’un avis consultatif !
"C’est le directeur de l’école qui est chargé de répartir les moyens d’enseignement (décret n° 89-122 du 24 février 1989, article 2 alinéa 4) après avis du conseil des maîtres (décret n° 90-788 du 6 septembre 1990, article 14 alinéa 4).

Précisions sur les compétences des IEN (Inspecteurs de Circonscription)…Les textes sur les statuts et missions des inspecteurs ne prévoient aucune compétence des IEN en matière d’attribution des classes. S’agissant de la mission de contrôle des IEN, elle est prévue par l’article R 241-19 du Code de l’Education qui précise « qu’ils assurent des missions d’expertise » dans les domaines de l’inspection, de l’évaluation et de l’animation ainsi que dans celui de la gestion des personnels éducatifs. La Note de Service du 17 janvier 2005 ajoute que les IEN doivent assurer le suivi des écoles, la préparation de la rentrée, les relations avec les collectivités…

En cas de « pressions » de votre IEN, contactez-nous et nous interviendrons !"
Ne te laisse pas faire et fais -toi appuyer par les syndicats : c’est de l’abus de pouvoir !


#15

J’ai contacté le syndicat qui m’a effectivement confirmé le texte officiel. Je vais donc lui présenter de nouveau la structure d’école adoptée par le Conseil des maîtres. De plus, le syndicat m’à informée qu’en CAPD, la DASEN avait dernièrement réaffirmé le rôle décisionnaire du Conseil des maîtres face à l’ingérence de certains inspecteurs (trices) dont le mien faisait partie ! Incroyable cet acharnement !


#16

Le triple niveau survivra :grinning: Grâce à la mobilisation des parents et à l’appui du syndicat, l’IEN a fini par reconnaître la souveraineté du Conseil des maîtres en matière de structure d’ecole. Quel soulagement ! Mais aussi quel dommage de devoir batailler pour que subsistent des fonctionnements qui rendent enfants, parents et enseignants heureux. Un grand Merci à tous pour votre soutien.


#17

Bonjour! Moi je suis dans un cas inverse, c’est ma collègue et ma directrice qui me causent du souci : j’ai la TPS PS MS prévue à 26 voire plus avec 6 MS et ma collegue la MS GS à 22. J’ai demandé à garder 6 MS autonomes vu l’effectif plus chargé, le triple niveau et le profil particulier des TPS et je me suis pris une avalanche de critiques car en gros je dois garder notamment les élèves les moins autonomes (en fait c’est surtout 1 élève que la collegue ne veut pas) donc je me demandais sur qui je pouvais m’appuyer (syndicat ou inspection) pour faire valoir les intérêts de mes élèves (et justement cet élève particulier qui ne risque pas d’évoluer en restant dans un contexte de petits pas autonomes et sans grands pour lui servir d’exemple)


#18

Là, par contre, les textes disent que la répartition des classes et des effectifs se fait en conseil des maîtres et qu’en cas de conflit, c’est le directeur qui tranche. Je le sais parce que j’en ai fait les frais dans le passé et malgré mon appel aux syndicats et à l’IEN, je n’ai rien pu faire.


#19

Merci Zartine, c’est ce qui me semblait mais la répartition (nominative des élèves) ne s’est pas faite en conseil des maitres mais entre ma directrice et ma collègue en mon absence


#20

Le conseil des maîtres n’a qu’un avis consultatif malheureusement. A partir de là, ta directrice peut s’en passer je pense :frowning: Mais renseigne toi toujours avec les syndicats, il seront plus à même de te défendre s’ils le peuvent.