Je suis dans une classe de PS MS GS (22 élèves) avec une atsem sympa et motivée. J’ai une assez grande classe et du matériel Montessori. Je fonctionne depuis 1 an et demi en ateliers autonomes 1h chaque matin et environ 40 minutes chaque AM. Je passe une très chouette année où les enfants sont coopératifs, il y a une très bonne ambiance dans la classe, bref, la classe fonctionne ! L’ensemble des élèves a un bon niveau global.
Quel est le problème me direz-vous ? Je suis dans des conditions idéales, j’en suis bien consciente.
Mais, nous arrivons en 4e période de l’année et je ne vois toujours pas d’élan d’apprentissage (cette période où @Celine dit que l’on court derrière les élèves). Mes GS n’entrent pas dans la lecture, ils ne semblent pas très intéressés par l’alphabet mobile, les pochettes des mots à lire… Pourtant, ils connaissent la plupart des lettres rugueuses et moi je les sens prêts à se lancer. En rdv parents, une maman m’a même dit que son fils avait peur d’apprendre à lire, alors que c’est un de mes meilleurs élèves.
Alors forcément, je me pose beaucoup de questions, à tel point que ça me travaille même la nuit. Je sais qu’il n’y a rien d’alarmant, qu’ils ont tout à fait le niveau attendu, mais je me désole de passer à côté de ça !!
Je sens (de façon tout à fait intuitive) que ce frein vient certainement de moi aussi. Il est vrai que chaque semaine, je me prépare mon tableau avec les 2 activités à présenter à chaque élève (dans 2 domaines différents en général) et je ne suis peut-être pas assez intuitive par rapport à ce qu’ils ont envie (et besoin) d’apprendre.
Je me dis que je suis peut-être trop dans le contrôle du suivi de chaque étape (une activité, une après l’autre) et pas assez dans le ressenti ou l’écoute de l’enfant.
Est-ce qu’il serait plus judicieux de me préparer un tableau avec 1 seul domaine pour chaque enfant et le niveau de l’enfant dans ce domaine …?
Bref, quel est le secret ?
Quand j’ai vu la vidéo de @Celine en CP en Belgique, tout a l’air si naturel … et rapide, quel est ce déclic à trouver ???
Aussi je voudrais savoir si vous arrivez à travailler avec chaque élève chaque semaine ou si vous préférez par exemple “pousser à fond” sur la moitié de vos élèves pendant une semaine et “pousser à fond” sur l’autre partie des élèves la semaine suivante …? parce que je m’oblige à travailler au moins un atelier avec tous, chaque semaine, mais du coup, ça avance moins vite (le frein est peut-être là aussi …?)
Merci d’avance pour vos réponses.
Manque d'élan
Automatisation de la lecture
Le secret de l’élan vers la lecture c’est… l’atelier des petits secrets. Beaucoup de mes GS qui ne sont absolument pas scolaires et passeraient leur temps à construire, peindre, jouer… ont accepté de passer par toutes les boites à sons parce qu’au bout ils savent qu’il y a les petits secrets et qu’ils ont “trop envie de lire les petits secrets”.
Je pense à un enfant en particulier qui voulait savoir lire les petits secrets. C’est moi qui tous les jours le sortais de l’arc en ciel pour des leçons en 3 temps sur les lettres rugueuses, il avait compris que pour lire, il fallait connaitre le son des lettres, avait une bonne conscience phono, mais le côté systématique de la leçon en 3 temps… Pfff. J’ai soutenu sa motivation en lui écrivant des petits secrets lisibles avec les sons qu’il connaissait déjà et je rendais visible le fait que “zut, celui là je ne peux pas te l’écrire, tu n’as pas encore appris à reconnaître le son “t”. On s’y met ?” La reponse était toujours oui.
Donc lance toi, écris leur des petits secrets type : vis, lac, sac, mur…même s’il faut beaucoup les étayer au début.
Une deuxième chose. Cet enfant était très absent l’année dernière en MS, or ce sont les MS qui jubilent lorsqu’on leur présente les lettres rugueuses. Comme si pour la plupart des GS l’élan était déjà passé. Ils apprennent, mais moins rapidement et sans être dans la même jubilation que les MS qui sont prêts.
Bonjour,
Une autre entrée : la lecture par voie directe. Elle offre le plaisir des textes, ne contraint personne, mais motive!
La lecture par voie directe est une lecture où on appréhende un texte directement, chacun à sa façon, en groupe. On fait des hypothèses.
Les enfants qui ont commencé à déchiffrer déchiffrent, ceux qui ne sont pas intéressés par le décodage le sont plus par les analogies, les répétitions. Chacun y trouve quelque chose et, surtout, cela donne du sens au travail des sons, car les enfants n’ont pas tous la même représentation de l’acte de lire et pour certains, lire des petits papiers ne rime à rien.
La façon de faire qui avance petit à petit, lettres rugueuses, boites de petits objets, alphabet mobile, secrets etc, tout cela se tient et satisfait presque tous , mais certains ont beaucoup de mal, ne voient pas du tout le rapport entre ces activités et l’image qu’ils ont du “lecteur de texte”. Ce que nous appelons progressivité est parfois, pour certains, frein et horizon bouché.
Un peu comme si, t’offrant un piano, je t’interdisais de jouer autre chose que les 5 notes que je t’ai enseignées et je ne te faisais rien entendre d’autre que ces 5 notes.
Un peu comme si, en cours de danse, on t’interdisait de faire un spectacle et on ne t’en montrait pas. je ne suis pas sûre de bien m’expliquer, mais la lecture de texte, collective et quotidienne a stimulé de façon très nette les classes de grands de mes collègues et les a motivées au travail plus contraignant, le plaisir n’étant plus réservé aux seuls qui réussissent.
Coucou!
Je me retrouve assez dans tes inquiétudes, il y a 2 ans (et encore un peu aujourd’hui, même si je lutte!). Depuis j’ai lâché du lest et n’impose ni à moi, ni à mes élèves tel nombre d’ateliers à présenter à tous (j’ai aussi des PS/MS/GS). Je sais maintenant que chaque semaine je ne pourrai jamais atteindre mes objectifs et qui plus est, que cela est le plus souvent contre productif. Donc, après un début d’année plutôt intense en présentations avec une concentration sur les PS qui découvrent, je passe en “mode” observation/intuition/motivation. En gros, je relance les enfants que je sens un peu en perte de motivation, je laisse un peu ceux qui avancent très vite et qui ont parfois besoin de phases plus créatives (peinture, dessin, collage, modelage, tissage, découpage de tout et n’importe quoi…) tout en gardant un œil attentif sur eux pour ne pas non plus les laisser de démobiliser sur les apprentissages plus “formels” (lecture, maths, écriture…) et les freiner dans leurs élans. Puis je m’attarde plus intensément sur les élèves qui ont des difficultés soit dans les apprentissages, soit à entrer dans le fonctionnement autonome. Au final, je peux avoir des PS qui commencent des activités de MS, des GS qui se rassurent ou qui renforcent leurs acquis avec des activités de MS et des MS qui entrent dans la lecture.
Dans tous les cas, je déculpabilise et je tente de coller au plus prés des besoins et des capacités de mes élèves. Et que ça soit clair, après 3 années, je n’en suis toujours pas à avoir tous mes GS lecteurs en fin d’année, ni à ce qu’ils sachent tous calculer avec les grands nombres, ni à ce qu’ils connaissent tous la géographie! Y a encore du travail, des tâtonnements, des améliorations à faire, mais chaque année, je suis surprise par les “déclics” opérés par tous et les pas de géants qu’ils font.
Et puis, le plus important, à mon sens, est de leur donner le goût d’apprendre, le plaisir d’être à l’école et la curiosité des savoirs. Bien sur, sans pour autant manquer d’ambition pour eux, mais sans Nous (nous et eux) mettre la pression.
Voilà, en te souhaitant de bonnes vacances.
Pourrais-tu nous faire une petite vidéo pour nous montrer comment mener une séance de lecture par voie directe? Car ça m’intéresse, mais pour moi ça reste flou et je ne aurais pas par où commencer.
Bonjour,
Plusieurs remarques…
D’abord, tu dis consacrer 1h40 par jour au travail autonome… peut-être est-ce insuffisant pour atteindre le résultat que tu attends. Pour ma part, je consacre près de 4 heures par jour au travail autonome. Je peux le faire car je travaille en binôme avec une collègue qui prend en charge une partie des apprentissages (arts plastiques et sport par exemple), donc je me doute que tu ne pourras sans doute pas y consacrer autant de temps… mais la contrepartie pour moi est que je travaille avec deux classes et cela représente donc deux heures par classe. Ca ne fait donc que 20 minutes de plus, mais si tu peux y consacrer 20 à 30 minutes de plus par jour c’est déjà énorme!
Ensuite, en effet, il faut peut-être être plus intuitive et moins faire les activités de façon systématique… mais reste bienveillante envers toi, ça fait un an et demi que tu t’es lancée, tu tâtonnes, tu es toi-même en phase de découverte et avec le temps tu pourras être de plus en plus intuitive. Pour ma part, il m’a fallu trois ans pour commencer à être intuitif et je ne le suis pas encore autant que j’aimerais, mais chaque année je le suis de plus en plus.
Tu fais allusion au matériel Montessori, mais peut-être est-ce le support qui ne convient pas. J’ai moi aussi tâtonné dans ma classe et j’ai observé que mes élèves s’intéressaient peu aux lettres rugueuses, mais beaucoup plus aux alphas… alors je suis une progression en lecture plus ou moins montessorienne, mais sans utiliser le matériel Montessori. En effet, je préfère utiliser les alphas qui motivent bien plus les élèves.
Peut-être l’apprentissage des sons avec les lettres rugueuses prend-il aussi trop de temps? Tu fais en effet allusion au travail individuel avec les enfants, mais les passations individuelles avec les lettres rugueuses sont très coûteuses en temps… et si ça dure trop longtemps, les enfants finissent par se désintéresser de la lecture. C’est ce qui arrivait dans ma classe. Cette année j’ai cessé les passations individuelles pour l’apprentissage des sons et je fais des séances collectives. C’est un autre intérêt des alphas : ils sont plus faciles à utiliser collectivement que les lettres rugueuses, et les personnages constituent des moyens mnémotechniques qui facilitent la mémorisation des sons. En travaillant collectivement, j’ai accéléré l’acquisition des sons, pour le coup les enfants entrent plus vite dans le vif du sujet et ils se trouvent plus motivés par l’entrée dans la lecture. Si tu te réfères à ce que dit Céline ici et là, elle fait justement allusion à la nécessité d’accélérer l’acquisition des sons pour ne pas démotiver les enfants car les conditions de travail en école publique ne nous permettent pas de consacrer autant de temps aux apprentissages autonomes que dans les écoles Montessori.
Pour qu’ils puissent entrer plus vite dans le vif du sujet, tu peux les faire encoder (avec les dictées muettes ou autre) en créant des séries qui ne leur demandent pas de connaître toutes les lettres. Pour ma part, je commence en leur apprenant a, i, o, f, s et r, puis je leur fais encoder des mots ne contenant que ces lettres (or, os, rat, riz et as… les lettres muettes leur étant données). Là aussi ils s’en trouvent plus motivés car ça devient rébarbatif de devoir passer plein de temps à apprendre les sons avant de pouvoir commencer à composer ses premiers mots.
Pour accélérer l’acquisition des sons, tu peux aussi commencer l’encodage quand les enfants savent reconnaître le son des lettres (temps 2 de la leçon en trois temps) plutôt que d’attendre que les enfants sachent nommer le son des lettres (temps 3 de la leçon en trois temps) car seule la reconnaissance est nécessaire à l’encodage alors qu’il est indispensable de nommer les sons pour décoder/lire.
Dis-toi aussi que l’encodage (avec l’alphabet mobile ou les alphas magnétiques comme je le fais) n’est pas obligé de se travailler individuellement. Pour ma part, je prends souvent de deux à quatre enfants. Cela permet aussi d’accélérer les choses.
Je ne sais pas combien de temps aussi tu consacres au jeu du petit oeil. Quand j’ai commencé, j’y passais plein de temps car je le faisais pour chaque son, mais aussi en début, en milieu et en fin de mot… Puis un jour je suis tombé sur un site internet qui disait qu’au travers de ce jeu on cherchait à reconnaître les sons dans les mots, mais que le but n’était pas de travailler tous les sons et encore moins de vouloir faire repérer tous les sons en début, puis en milieu, puis en fin de mot. Donc je fais repérer quelques sons en début de mots, j’utilise d’autres sons en fin de mots, et pour ce qui est de repérer des sons en milieu de mots je me contente des voyelles car je me rends compte (bizarrement) que mes élèves entendent plus facilement les consonnes que les voyelles en milieu de mot. Je repère aussi les enfants qui réussissent à chaque fois le jeu du petit oeil du premier coup, quels que soient les sons et la position des lettres… et après trois réussites, je ne le leur propose plus, même avec d’autres sons ou d’autres positions, car je sais qu’ils ont compris.
Dis-toi que lorsque tout cela est mis en place, deux ou trois enfants entrent alors dans la lecture et c’est là le vrai secret… car ça motive alors tous les autres qui ont envie d’en faire autant et toutes les activités de lecture (les billets d’ordre, l’atelier des secrets, la lecture de petits livres simples…) sont autant de facteurs de motivation qui stimulent tout le monde. Mais pour que les enfants en arrivent à ce stade, il faut que l’acquisition des sons ne soit pas interminable… Tu dis ne pas observer d’élan chez tes GS en période 4 et j’ai connu ça aussi mes premières années. C’est tout simplement parce que l’entrée dans la lecture arrive trop tard, tous les sons devraient être acquis en milieu de MS… voire même avant! Et les enfants devraient déjà commencer à encoder des mots en début de MS, en parallèle avec l’acquisition des derniers sons.
J’espère que ces différentes pistes vont t’aider. Mais dans tous les cas, ne te décourage pas: ça va venir… ça met juste du temps. Surtout que tu as un avantage par rapport à moi : tu as les enfants trois ans et tu peux aborder les sons dès la PS tandis que moi, avec des MS-GS, je n’ai guère que la première moitié de l’année de MS pour leur apprendre les sons si je ne veux pas qu’ils se démotivent. Car c’est ce que j’ai vécu quand j’ai débuté les ateliers autonomes et que les enfants ne commençaient à encoder qu’à partir de la GS.
Alors bon courage et crois en toi!
Merci Grégory pour cette longue réponse. Je pense que tu as mis le doigt sur ce qui clochait dans mon fonctionnement. Effectivement l’apprentissage des lettres rugueuses s’étale sur beaucoup de temps et cela doit les démobiliser. Comme j’essaie de ne pas laisser d’élèves de côté et que j’essaie de leur proposer des activités diversifiées à chacun, il est vrai que certains sont sur les lettres rugueuses depuis des mois parce qu’ils travaillent aussi d’autres domaines en même temps. Je connais les alphas et les utilise aussi, je vais essayer de faire des petits jeux quotidiens avec un petit groupe qui est prêt pour qu’ils acquièrent cela plus rapidement.
Merci beaucoup pour toute cette réflexion et les encouragements. Bonne continuation également.
De rien, avec plaisir. Je suis ravi que ça te soit utile. Ce que tu décris me paraît normal car j’éprouvais les mêmes difficultés au début. On n’est juste pas véritablement formés à cette pédagogie et donc on tâtonne… surtout qu’on ne peut pas la pratiquer dans les mêmes conditions que ce qui se pratiquerait en école Montessori par exemple. C’est pourquoi Céline précise en préambule à l’utilisation de ce site “si la proposition didactique issue de la pédagogie Montessori est une excellente porte d’entrée pour amorcer un changement de pratique, la rigidité dont peut parfois faire preuve le système global de cette méthode est susceptible de placer enfants et enseignants en grande difficulté”. Mais là où je me distingue d’elle, elle le sait d’ailleurs car j’ai déjà échangé avec elle sur le sujet, c’est que pour prendre du recul sur cette pratique il faut d’abord bien comprendre cette pédagogie, ses tenants et ses aboutissants, et se confronter à ses limites telles que décrites par Céline… alors, forts de notre expérience et de notre compréhension des choses, on peut s’en détacher en apportant des modifications. Car j’ai essayé de mettre en oeuvre plusieurs pédagogies dans ma classe et ça ne fonctionne pas. Les fondements théoriques qui sous-tendent chaque pédagogie sont en effet différents. Et si je suis d’accord avec Céline sur le fait qu’il est nécessaire d’emprunter à d’autres pédagogies pour compléter la proposition de Maria Montessori, il n’en demeure pas moins que cela doit se faire en restant dans l’esprit des principes mis en oeuvre et qu’il ne s’agit pas de juxtaposer des pédagogies qui n’ont rien à voir les unes avec les autres sinon les enfants sont désorientés comme j’ai pu en faire l’expérience. Dis-toi donc que tes tâtonnements ne sont pas une perte de temps, qu’ils ne permettent pas effectivement à tes élèves de progresser autant que tu le souhaiterais, mais qu’ils te permettent de progresser dans ta compréhension de la pédagogie que tu entends mettre en oeuvre avec eux.
Quand tu parles de travailler les alphas avec un petit groupe qui est prêt, je ne sais pas à quoi tu fais allusion… mais si tu parles des GS, tu risques de chercher à rattraper le temps perdu sans véritablement remédier au problème qui se posera à nouveau l’an prochain si tu n’accélères pas l’acquisition des sons avec tes PS (et aussi avec tes MS bien entendu). Ne te limite donc pas aux éventuels GS qui n’auraient pas encore acquis tous les sons.
Jusqu’à l’an passé, je présentais les sons comme dans la méthode des alphas : les voyelles, les 10 consonnes longues et plus tard les consonnes courtes. Je me suis rendu compte que les enfants finissaient par mémoriser, mais que ça prenait longtemps. Alors j’ai décidé de faire comme en pédagogie Montessori et de travailler sur les alphas trois par trois. Pendant trois semaines consécutives, je fais une activité collective d’une dizaine de minutes à raison d’une fois par semaine autour des trois mêmes alphas. Ca facilite grandement la mémorisation. Je veille à leur présenter trois voyelles, puis trois consonnes (de façon à leur faire rapidement composer des mots avec ces seuls six sons), puis trois autres voyelles (é, e et u, mais je laisse de côté le y au début), puis quatre consonnes (de façon à leur faire composer des mots avec uniquement 10 des lettres connues), puis les trois dernières consonnes longues (de façon à leur faire composer des mots de deux sons avec l’ensemble de l’alphabet mobile ou des alphas magnétiques dans mon cas), puis les consonnes courtes b, d, g, avant de finir sur les consonnes courtes p, t, c (les autres lettres leur sont ensuite présentées progressivement). Cela marche très bien ainsi car les enfants n’ont pas l’impression de ne faire que de l’apprentissage de sons… il y a de l’apprentissage collectif des sons, mais de façon individuelle ou en petit groupe j’alterne avec le jeu du petit oeil, le jeu de la fusée des alphas et de l’encodage. Et dès qu’ils arrivent à encoder des mots de trois sons avec les principales voyelles, consonnes longues et consonnes courtes à l’aide de lettres scriptes, et non plus avec les alphas magnétiques, je commence les activités de lecture en leur faisant associer 6 photos avec les mots composés de trois sons qui correspondent.
Je finis par une dernière astuce. Quand je joue au jeu du petit oeil, j’ai trois petits objets, mais j’ai aussi trois petites fiches avec d’un côté l’alpha travaillé (qui est selon les séries, en début, en milieu ou en fin de mot) et de l’autre la photo du petit objet qui correspond. Ca permet aux enfants de faire l’activité en autonomie et de s’auto-corriger. Mais surtout ça me permet, avant de commencer le jeu du petit oeil à proprement parler, d’évaluer là où les enfants en sont dans l’acquisition collective des sons car j’en profite pour leur demander rapidement quel est le son produit par chacun des trois alphas.
Dernier petit conseil… Je sais que tu n’en es pas encore là, mais ça va te permettre de voir plus loin et de te motiver. J’ai aussi lu quelque part que Céline conseillait de présenter les sons complexes de manière collective, toujours pour les mêmes raisons… accélérer les acquisitions et soutenir ainsi l’intérêt des enfants. C’est sur le travail qu’elle mène en Belgique je crois qu’elle s’est aperçue de ça. Elle s’est rendue compte que les conditions de travail des enseignants ne permettaient pas aux enfants d’évoluer au même rythme que les enfants qu’elle avait elle-même dans sa classe. Elle a donc cherché à accélérer certaines acquisitions au travers de présentations collectives et les sons complexes en font partie. J’ai d’ailleurs l’intention de bientôt commencer à présenter les sons complexes à mes GS de façon collective (et mes MS en bénéficieront aussi par la même occasion même si je ne leur ferai pas faire d’activités individuelles autour des sons complexes).
Tout ça ce sont des petits trucs qui n’ont l’air de rien, qui ne font gagner que quelques minutes ou quelques heures. Mais quand ces petits trucs sont mis bout à bout, c’est un temps énoooorme que l’on gagne et pour le coup la classe prend une nouvelle dynamique qui motive à fond les enfants. Imagine-toi que je mets tout ça en place sur seulement deux ans et avec deux classes de trente élèves… et pourtant, un bon nombre d’enfants commencent à lire dès la GS. Alors toi qui as tes élèves sur trois ans et qui n’as qu’une seule classe, imagine jusqu’où tu pourrais aller avec tes élèves si tu mets à profit tous ces conseils. Je pense que rapidement tes élèvent peuvent commencer à savoir lire comme les miens, mais d’ici à quelques années beaucoup devraient aussi savoir lire de manière plus approfondie que mes élèves ne le font en utilisant les sons complexes.
Bonjour,
Je suis d’accord avec tout cela.
Tu dis qu’on n’est pas formé à cette pédagogie, mais à aucune!
L’expérience est ce qui nous forme, si on se pose des questions.
CETTE pédagogie n’existe pas.
Il s’agit d’un état d’esprit d’aide individuelle et très réfléchie, sans enfermement.
En fait, il s’agit de s’appliquer à faire la classe en réfléchissant au mieux, en profitant de tous nos acquis , en s’améliorant chaque jour, et en refusant de s’enfermer dans les progressions imposées.Mais…Qu’en est-il de la vraie lecture, du lien lecture compréhension, de la découverte de texte, des hypothèses, des compensations individuelles pour prendre du plaisir.
Je fais moi aussi découvrir des textes par voie directe,en plus des lettres, des messages, de l’encodage et des sons, et j’attends avec impatience les vidéos de Courageg, car ça me semble essentiel dans une classe(contrairement à la problématique individuelle)
Bonjour,
Je me mets régulièrement en garde : il ne s’agit pas d’aller le plus loin possible , mais d’aller le plus loin que les enfants le souhaitent, au moment judicieux, et dans la sérénité.
Je découvre aussi cette collection “Narramus”. Premières séances aujourd’hui. Une séance ce matin sur “Le machin” avec des petits. Une séance cette après-midi sur “La sieste de Moussa” avec des grands. Cela reprend beaucoup de choses que je faisais déjà dans la classe. Mais avec une approche plus systématique et complète. Je suis moi aussi convaincu et vais approfondir, m’approprier et prolonger la démarche. A suivre…
Voici mes fiches de suivi élève sur ces deux albums
2019-03-11 Le Machin.odt (665,1 Ko)
2019-03-11 La sieste de Moussa.odt (459,9 Ko)
Bonjour à tous,
Moi aussi j’ai l’impression de courir après le temps (et de ne pas assez observer les enfants) : ne pas passer du temps avec chaque enfant, privilégier les ateliers de lecture et de numération au détriment des autres … Alors effectivement le secret est peut-être de prendre parfois les enfants par petits groupes mais de 3-4 maxi alors ?
On tâtonne, on tâtonne !
J’utilise cette année “Lectorino Lectorinette”, pour les CE1 (c’est la suite de narramus). C’est difficile, mais très intéressant et formateur pour l’adulte sur “comment aider l’enfant à mieux comprendre un texte”.
Moi aussi j’ai tendance à passer beaucoup de temps sur les lettres rugueuses, mêmes si je présente seulement les graphèmes les plus utilisés. Et j’ai constaté que des enfants motivés au départ peuvent se lasser au bout d’un moment.
Maintenant je me pose la même question pour l’alphabet mobile : comment savoir à quel moment un enfant est prêt pour les messages secrets ? Céline dit que c’est dès que l’enfant commence à relire ce qu’il écrit, mais je trouve que ce n’est pas évident de savoir si l’enfant relit le mot qu’il a écrit ou le “redit” puisqu’il connait le nom de l’objet. J’ai par exemple un enfant qui soupire dès que je lui propose l’alphabet mobile et qui ne choisit pas cet atelier de lui-même. Quand j’avais composé des petits mots de 2-3 lettres avec les lettres rugueuses il avait réussi à les lire et ça avait l’air de lui plaire. Est-ce que vous passeriez à l’étape des messages écrits ?
Et comment présenter ensuite les graphèmes non ou mal connus ? Revenir à l’alphabet mobile ?
J’aimerais savoir aussi si vous utilisez les dictées muettes seulement pour de la lecture une fois que l’enfant décode, comme c’est présenté dans les vidéos, ou si vous les utilisez aussi pour du codage avec l’alphabet mobile.
j’ai eu une enfant il y a deux ans qui avait parfaitement compris le principe de la combinatoire mais qui n’arrivait pas à mémoriser le son des lettres. je suis quand même passé aux petits mots à scotcher en introduisant régulièrement des lettres nouvelles et elle les mémorisait mieux ainsi qu’avec les lettres rugueuses (là ça n’entrait pas du tout). Elle était alors en moyenne section. Elle n’a pas trop continué ses apprentissages en lecture de cette façon en grande section et cette année en cp elle est un peu en difficulté (léger).
A posteriori et avec l’expérience, je pense que j’aurais du passer par la gestuelle de Borel maisonny, je trouve que ça aide vraiment les enfants qui ont du mal avec la mémorisation des lettres. Cette année, c’est au moins 4 de mes moyens qui n’arrivaient pas progresser dans ce domaine malgré une bonne motivation et qui ont démarré quand j’ai introduit la gestuelle!