Non au découpage en syllabes


#15

Merci @Zartine pour cette précision , je ne suis pas fan moi non plus du nom des lettres …
Même lorsqu’il y a des divergences de points de vue je trouve que ce forum est exemplaire dans la tolérance et la richesse des échanges .
J’y trouve grand intérêt et aime moi- même me remettre en question dans ma propre pratique , c’est la seule façon de ne pas stagner et de faire fonctionner nos cerveaux , comme celui des enfants !

Juste une remarque sur le nom des lettres : autant lors de l’entrée dans le langage écrit celles ci peuvent être " confusionnantes" , autant , plus tard , lors de l’acquisition du lexique orthographique , elles peuvent être d’un grand secours .
On peut alors recourir à l’épellation ( très pratiquée par les anglosaxons ) de mots , bouts de phrases , phrases entières , celle ci aide à la mémorisation & à l’automatisation du stock orthographique , des accords etc et permet de travailler cet aspect écrit à l’oral . On évite ainsi de trop longs moments d’écriture chez des enfants qui commencent à bloquer , et cet entraînement oral de l’écrit a le grand mérite d’être vif , rapide , et de favoriser la mise en mémoire . Bien plus efficace que les dictées qui à mon sens ne servent pas à apprendre mais à évaluer !
J’ai pratiqué ça aussi avec mon propre fils , excellent lecteur mais fâché avec l’orthographe . Ça a bien décoincé la situation , transformant un exo fastidieux en de petites séances denses et fructueuses .


#16

Entièrement d’accord avec toi @sylcha, le nom des lettres est une entrave à l’apprentissage de la lecture, mais dès que l’enfant est lecteur, il faut bien apprendre le nom des lettres, pour l’orthographe et pour le classement par ordre alphabétique. Ce serait bizarre d’épeler /llll/ /ooooo/ /uuuuu/ /ppppp/ pour loup alors que l’on n’entend pratiquement aucun de ces sons !
Et comme les enfants sont finalement très vite lecteurs… on a vite besoin du nom des lettres. Ce n’est donc pas la peine d’en faire un point de crispation, ce n’est qu’une affaire de timing, il suffit de ne voir que le son de la lettre en PS-MS ; et en GS, le nom des lettres est progressivement introduit. Comme ça le programme de maternelle est respecté et pas d’affolement chez les collègues d’élémentaire :wink:


#17

bonjour !

les réponses d’@zartine et @Leila81 sont très proches de celle que j’aurais pu vous faire : l’apprentissage du nom des lettres d’abord (dès en maternelle) pour revenir aux sons des lettres (et non des phonèmes, je me suis mal exprimée!) ensuite (CP) est préconisé par les programmes. Il en est de même pour le découpage syllabique suivi de la décomposition en phonèmes. Bien sûr, ce sont 2 apprentissages distincts (là encore j’ai été un peu vite!) mais qui ont en commun d’être “la norme de ce qu’on apprend en maternelle”, ce que beaucoup d’entre nous critiquent, analysent et éclairent de leur nouvelle pratique (pas encore toujours soutenue, d’où la “tension” parfois apparente :wink:)

Ce que je souhaitais juste pointer, c’est que ces apprentissages me semblent être proposé dans un ordre inopportun.

Depuis l’an dernier, je commence par la décomposition en phonèmes, et le travail autour du son des lettres et l’entrée dans la lecture des MS-GS est rapide, facile et source d’une grande fierté, d’une grande joie pour les enfants.

Les jeux avec les syllabes sont ensuite facilités et tout à fait possibles, mais moins “indispensables” à mon sens puisque les élèves sont déjà lecteurs. Ils sont une source de jeu de plus, un moyen de se faire plaisir ensemble, de partager un moment de connivence langagière dont il serait évidemment dommage de se priver :relaxed:

De même pour l’apprentissage du nom des lettres, une fois l’enfant entré dans la phase d’automatisation de la lecture, il se retrouve confronté aux premiers obstacles orthographiques (les homophones en tête de liste) et c’est pour lui l’occasion d’apprendre rapidement et facilement le nom des lettres, tant son désir de lire est grand. Apprentissage qui sera poursuivi et consolidé en élémentaire, avec l’apprentissage et l’utilisation de l’épellation, ainsi que vous le faites très justement remarquer !

J’espère que ces précisions complètent les réponses à vos remarques, je tâcherai d’être plus précise à l’avenir!:tulip: (l’heure tardive n’a pas dû aider! bien vu @zartine :blush:)


#18

Merci @marie21 pour votre réponse claire et détaillée . J’apprécie de pouvoir ainsi peu à peu comprendre votre démarche .
Je trouve ici nombre d’enseignants passionnés , qui cherchent , et cela est très stimulant !


#19

Aucune crispation de ma part @Leila81… ( ??? :confused:).
CF ma réponse d’hier où je dis exactement ceci . Le nom des lettres peut être source de confusions au début des apprentissages de l’écrit , donc à utiliser avec précaution en faisant bien la différence ( mon fils a ainsi appris avec la fameuse petite chanson " lettre “f” qui fait ffffff , lettres “ch” qui font /ch/ " etc , et il aimait beaucoup ce rituel ).
Ensuite à un stade ultérieur , nommer la lettre est indispensable , notamment lors des activités d’épellation au stade orthographique .


#20

Non non pas de votre part :slight_smile: c’est des collègues que vient la crispation… c’est assez difficile à faire passer que ce n’est peut-être pas utile, voire néfaste de bourrer la tête des enfants avec le nom des lettres et le frappé de syllabe tout le long de la maternelle ! Cela faisait référence à mon expérience perso avec des collègues, à qui j’ai du mal à faire passer ce genre de message sans crispation. Du coup j’édulcore en disant que ce serait bien de ne pas seulement donner le nom, qu’on peut les aider en donnant le son de chaque lettre… ce à quoi il m’a été répondu qu’il ne fallait pas faire de pré-CP en maternelle. Dur dur parfois…


#21

Je comprends … vous semblez si motivée que je suis sûre que vous finirez par faire passer le message .
Et puis , c’est vrai , avec le temps les résultats parleront d’eux mêmes .
C’est ça qui compte !
Moi j’aime l’enthousiasme dont vous faites tous preuve ici :blush:


#22

Nous avons débattu avec les collègues autour de “nommer ou non les lettres”…et la collègue de CE1, depuis que nous en avons parlé, se rend comte que de nombreux enfants, au moment d’encoder l’écrit, ont de problèmes liés au nom des lettres justement: par exemple ils écrivent Vlo au lieu de vélo…
Nous sommes par contre d’accord pour dire que ça sert ensuite, une fois que l’encodage est acquis…
Nous espérons donc vraiment que ça sera plus facile les années suivantes…maintenant que la collègue de GS/CP et moi (TPS PS MS) nous donnons le son des lettres en priorité!


#23

Les choses bougent !!! :slight_smile:


#24

Bonjour

On peut intégrer les deux au fur et à mesure sans que ce soit problématique ou en confusion.
Je vois M et J’entends “mmmmm” je le fais en général avec les étiquettes de la lettre, du son et de l’ alpha. Avec d’autres enfants en fonction de leur mémorisation se peut être avec les cubes de bois. En fait l’enfant choisi car il connait mon placard à Outils :wink:
En ce moment je prépare la fabrication des lettres rugueuses. Je n’ai pas trop de petit en soutien c’est plus des CE2 et Troisième cycle (ici c’est CM1/CM2 et 6 ème).
Je trouve cet échange très constructif ça nous permet de pousser notre réflexion autrement.
Bonne journée.


#25

ce matin j’ai pensé à ce sujet…ma binôme qui me dit “mais les syllabes c’est super important, toutes les méthodes de lectures sont faites avec ça…” …elle ne comprend pas que cela peut induire les enfants en confusion au moment de la lecture, que les syllabes ne sont pas “naturelles” pour l’apprentissage de la lecture…bref…


#26

Je rebondis sur la surdité: l’une de mes patientes est sourde (implant) et le passage par les phonèmes grâce à la LPC pratiquée +++ a été très bénéfique. Cela l’a débloquée pour la lecture, la transcription phono graphémique (et bien sûr la lecture labiale :wink: ). Pas de syllabe à l’horizon (peut-être à l’école). Elle suit un cursus normal en 6e. Maintenant comme tu le dis @sylcha elle développe son stock orthographique grâce à l’épellation endroit envers: donc besoin des lettres.


#27

0ui @lunette , le LPC est un outil précieux !
On peut coder des phonèmes isolés si on le désire pour un travail précis , même si , bien sûr , ce sont des syllabes au sein des mots qu’on code dans le flux de la parole , en combinant configuration manuelle pour le son consonantique et position par rapport au visage pour le son vocalique ( et , bien sur , pour la syllabe inversée , les deux phonèmes ne sont plus fusionnés mais s’enchaînent dans le temps ) .
J’imagine que pour les non initiés ça paraît un peu compliqué décrit comme ça avec des mots , mais c’est vraiment fluide et simple .
Et l’opposition phonème / syllabe n’est plus un problème puisque les deux sont apparents : dans les mots , certaines syllabes sont bel & bien constituées d’un seul son ( /a/nimal ---- clef du phonème /a/), d’autres deux : a/ni/mal----clefs fusionnées de /n/ et /i/ , d’autres trois : ani/mal/---- clefs fusionnés /m/+/a/ puis /l/ et même quatre : /krwa/crois ---- /k/ puis /r/ puis /w/ fusionné avec /a/, /kwèt/couette ---- /k/ puis /w/ fusionné à /è/ puis /t/…). Tous ces enchaînements et fusions se font bien sûr de façon rapide et souple , exactement comme on parle .
Ainsi , grâce au LPC , on est amené tout naturellement à faire prendre conscience à l’enfant des deux niveaux , phonétique et syllabique , et ça se fait très facilement puisque les gestes faits ou vus accompagnent ces différentes unités .
Je travaille dans un centre de rééducations où nous acceillons des sourds appareillés soit par prothèses classiques soit par implant cochléaire . Ils bénéficient pleinement de ce code phonétique qui est une aide géniale à la très difficile lecture labiale .
Ainsi , le moindre petit mot ( préposition , déterminant , etc), les terminaisons verbales , bref , le moindre son , tout est codé visuellement et l’acquisition du langage en est d’autant facilitée .
De plus cet entraînement phono fait d’eux généralement de bons lecteurs-déchiffreurs . ( je ne parle pas du problème de compréhension qui reste souvent aigü du fait des difficiltés lexicales et syntaxiques …).
Par voie de conséquence , en dehors de la surdité , lorsque j’ai en charge un enfant dyslexique , j’utilise le LPC ( sans systématiser l’apprentissage de toutes les clefs) pour faciliter le travail de la conscience phono et c’est d’une grande aide pour acquérir et automatiser la correspondance grapho-phonémique .


#28

Mon fils est en MS dans une classe de type “traditionnel” et il commence à travailler sur la syllabe …
La démarche de Céline m’ayant paru comme une évidence, je me suis dit qu’en parallèle, je lui ferai des petits jeux phonologiques et graphiques comme décris dans “les lois naturelles de l’enfant”.
J’espère ne pas l’embrouiller mais pour l’instant, il adore!


#29

Pour ma part, je travaille les sons dans ma classe, mais en dernière période je vais intégrer les syllabes au moins pour les grands (voire les moyens s’ils sont bien avancés), car je trouve au contraire que c’est bien pratique pour apprendre à lire. L’enfant associe les sons au sein de chaque syllabe. Mon fils est en CP et il a des difficultés à déchiffrer les mots (de grandes difficultés à cause du nom des lettres d’ailleurs qui lui ont été appris au lieu des sons! grrrrrrrr!!). Pour que ce soit plus facile pour lui, je lui fais découper en syllabes. Je trouve aussi que c’est utile dans l’apprentissage de l’orthographe par la suite… Par contre moi j’aime bien les jeux tout simples comme taper les syllabes… Tout ce qui est verlan et autre, je ne suis pas fan, je trouve que c’est difficile.


#30

Je crois qu’à partir du moment où l’enfant est capable d’isoler les phonèmes, ce n’est plus si gênant de travailler sur la syllabe. Je vois bien que quand les apprentis-lecteurs hésitent sur un mot, je m’assure d’abord qu’ils connaissent bien toutes les graphies de ce mot, et si ils n’arrivent pas à faire la fusion, je leur isole les groupes de lettres syllabe par syllabe, et ça les aide beaucoup.
Ce n’est donc pas dans les exercices de lecture que la syllabe est gênante, mais dans le travail phonémique qui précède la lecture. La nuance est de taille ! Je ne parle pas de la syllabe avant d’aborder la lecture, ensuite elle devient un outil intéressant. Et bien sûr je n’aborde pas la lecture avant que la notion de phonème soit clairement acquise par l’enfant.


#31

Sur ce sujet, j’ai pu observer ma fille qui est en ms et un peu mon"cobaye" :stuck_out_tongue_winking_eye:Quand elle a commencé à s’intéresser aux lettres, je découvrais cette approche : on lui a donc déjà donné le nom de quelques lettres, puis rectification, les sons. Elle peut maintenant coder certains mots. En classe elle a entendu les gs travailler les syllabes, elle découpe maintenant les mots en syllabes ( a l’oral). En parallèle elle a découvert les jeux de rébus et charades et elle adore ça. Je trouve que ce travail des syllabes l’aide dans sa mémoire de travail car elle peut décomposer le mot et s’atteler qu’à un petit morceau, la tâche paraît ainsi plus facile je pense. Elle se lance maintenant dans le déchiffrage et au lieu d’avoir juste une succession de sons, elle peut garder en mémoire des syllabes et rattacher les morceaux plus facilement. Exemple avec lavabo ou elle aurait lu: llll aaa vvvv aaaa et se serait sûrement découragée, elle lit llll aaa, la, vvvv aaa, va, bbb ooo, bo, la va bo. Enfin pour l’instant elle a besoin de nous pour lui servir de mémoire. Bref je pense que la syllabe peut aussi avoir un intérêt dans la lecture pour la mémoire à court terme.


#32

@Leila81 , je fais les mêmes observations que toi ! La syllabe oui, bien sûr, pourquoi pas… Une fois les phonèmes bien analysés, une fois que l’enfant encode, entre dans la lecture et maîtrise la combinatoire (fusion de plusieurs phonèmes, le fameux bbb-aaa…ba!)
Quand à mon petit cobaye à moi (MS également :stuck_out_tongue_winking_eye:) elle n’a jamais entendu parler des syllabes, et sa maîtresse est dans la même démarche que nous… pour “lavabo” elle arrive donc à dire “lllaaavvvaaabooo… lavabo!” et n’a pas besoin d’aide pour mettre en mémoire des syllabes successivement lues (cela représente une surcharge inutile, quand on parvient à combiner!) elle en est à l’automatisation de la lecture, décrite par Céline lors de la conférence, et c’est un régal au quotidien à observer! :smiley:quelle détermination incroyable les traverse alors! :hushed:


#33

Tout le problème est bien là, précisément.
En analysant les phonèmes, l’enfant ne lit pas “llll aaa vvvv aaaa”. Il lit : " lllll, laaaaa, lavvvvv, lavaaaa, lavabbbbb, lavabo". Puis très rapidement il lit directement les mots en liant les sons au fur et à mesure qu’il les decode. Ainsi la difficulté de la mémorisation n’existe pas.


#34

Moi aussi je m’inquiète des évaluations du médecin scolaire ( elles ont lieu en janvier) concernant les syllabes, j’espère que cela ne va pas traumatiser mes élèves!!!