Organisation des présentations et progressions


#1

Bonjour à tous

Je fonctionne “comme vous” avec ma classe de PS-MS depuis l’année dernière, grâce à vos partages et conseils, la lecture de Céline Alvarez et autres spécialistes. Cependant je me suis vite posé des questions sur la progression de mes élèves, et suite à mon inspection je suis complètement perdue: comment arrivez vous à bosser avec tous tes élèves individuellement? (ou même à 2) Quand je vois toutes les activités à présenter je me demande comment faire pour présenter chaque atelier à chaque enfant, même en imaginant que l’on garde plusieurs années nos élèves…

Je ne sais pas combien d’élèves vous avez, moi j’en ai 30: alors en faisant un petit calcul sur le temps qu’on peut consacrer à ces activités (hors moments collectifs de regroupement, récré, sport, lectures, etc et un peu de temps aux activités artistiques) il reste 1h30/jour soit 6h/ semaine soit 360mn ce qui me laisse 12mn par élève… combien de présentations arrivez vous à faire vous?

D’autre part je tâtonne à chaque vacances pour organiser l’ordre de présentations des activités notamment en langage et mathématiques, alors si quelqu’un de plus expérimenté a réussi à établir une progression satisfaisante je suis preneuse et serai super reconnaissante!!

Merci d’avance pour vos réponses!


#2

Je me pose les mêmes questions avec mes Tps/Ps, ce n’ est déjà pas facile d’ obtenir une ambiance calme alors pour enchainer les présentations… Je réfléchis à selectionner les activités les plus attractives et enrichissantes et à retirer celles qui marchent le moins, pour l’ instant j’ observe ( par exemple les elèves utilisent très peu la cuillère et les boulons, les tablettes de couleurs ils me font n’importe quoi avec). En revanche ils adorent la tour rose, les cylindres, laver la table ou s’ occuper des plantes. Je vais donc sans doute modifier des choses l’ année prochaine pour ne pas me perdre parmi toutes les activités possibles.


#3

C’est normal tu sais, je ne suis pas sure que les TPS PS soient capables de fonctionner comme ça, surtout pour commencer!
Ce n’est pas un problème de calme que j’ai, mais de temps!
Comme je suis ok avec les activités pratiques et sensorielles, et les premières présentations en langage et maths je me trouve démunie pour l’ordre des présentations après les fuseaux et les jetons pour les maths et après les lettres rugueuses en langage…


#4

Bonjour,
J’ai des PS MS aussi et je fonctionne en ateliers autonomes en début de matinée (après l’accueil et le regroupement) et en début d’AM avec les MS. Je n’ai pas encore complètement franchi le pas puisqu’il me reste des ateliers “traditionnels” essentiellement de graphisme-arts plastiques en fin de matinée et de jeux de société, collage, constructions en fin d’AM.
Cette année j’ai fait le choix de présenter mes activités complémentaires, pratiques et motricité fine en début d’année par petit groupe, le matin pour les PS et l’AM pour les MS. Quitte à devoir réexpliquer en individuel à certains pour quelques ateliers. Il m’a fallu 2-3 séances par groupe (je ne voulais pas non plus les “noyer” en leur présentant trop d’ateliers à la fois) Après ma présentation, chaque enfant du groupe pouvait choisir un atelier puis éventuellement un 2ème. Pendant ce temps là les autres étaient en atelier de manipulation “imposé”.
Comme je suis à mi-temps et que ma collègue ne fonctionne pas du tout en ateliers autonomes, je manque effectivement de temps pour les présentations !
Pour l’ordre de présentations en numération, je dirais : barres rouges et bleues, chiffres rugueux, fuseaux, un atelier pour construire des collections avec des petits objets (type boites à compter), les jetons, …
En langage, les pochettes de vocabulaire (mais peu de succès), un puzzle de l’alphabet en capitales, (je garde quand même parce que les enfants les apprennent de toutes façons à la maison ainsi que l’écriture de leur prénom en capitales) un atelier de reconstitution de mots avec modèle (pour le sens de l’écriture) puis bien sûr phonologie avec ma boite des petits objets (“je devine” ou “mon petit oeil voit”) plutôt l’AM avec les MS pour commencer, l’apprentissage des lettres rugueuses, puis encodage avec lettres mobiles et pochettes de lecture.
C’est vrai qu’on court souvent après le temps mais finalement les enfants apprennent beaucoup en observant les autres. Quant à moi, je sais que je devrais passer plus de temps à les observer mais je n’ai pas encore complètement lâché prise ! :wink:


#5

Bonjour,
Et oui, difficile de faire des présentations individuelles avec des effectifs importants et un sous-effectif humain du côté des adultes (pour ma part je n’ai même pas d’ATSEM)! Dans mon cas, difficile aussi car je travaille en binôme avec une de mes collègues, on s’échange nos classes sur la moitié de la semaine, ce qui est hyper intéressant car ça leur permet de faire plein de pratiques artistiques et sportives avec elle, mais ça réduit aussi le temps de travail avec moi par deux.
Note que j’ai une classe de MS-GS et que ce que je vais te dire n’est peut-être pas adaptable à des PS-GS.
Devant les difficultés que je viens d’énoncer plus haut, j’ai donc renoncé à faire du tout individuel.

J’ai dans la journée quatre créneaux de travail chacun dédiés à un domaine disciplinaire (le reste est assuré par ma collègue): 1. conscience phonologique et entrée dans la lecture, 2. formes et grandeurs/vie pratique, 3. écriture, 4. numération.

Sur chacun de ces temps de travail, il y a un temps collectif dans le coin regroupement et un temps individualisé.

  1. conscience phonologique et entrée dans la lecture: Je n’utilise pas les lettres rugueuses mais j’utilise les alphas. L’avantage (parmi d’autres) est qu’on peut plus facilement faire des présentations collectives des différentes lettres (ou alphas) et des sons associés de façon collective qu’avec les lettres rugueuses. Pour le reste, je suis la progression Montessori. Je gagne ainsi un temps considérable. C’est la première année que je travaille ainsi et j’ai pu voir que ça me permet beaucoup plus rapidement dans des activités qui avant apparaissaient plus tard dans l’année. Je compte aussi l’année prochaine faire des présentations collectives des sons complexes pour les grands. Les enfants adorent ces temps collectifs qui sont très ludiques grâce aux personnages. Pour l’évaluation de la connaissance des sons, je la fais au moment de faire le jeu du petit oeil. Avant de commencer le jeu à proprement parler, je demande à l’enfant s’il connaît le son produit par les trois alphas qui correspondent aux trois objets. Ce sont ces trois sons que j’ai présenté dans le coin regroupement. Je te mets ma progression en PJ. Elle fonctionne très bien même si elle devra être développée pour les grands. Mais elle restera plus ou moins sous cette forme pour les MS car ça marche du tonnerre, et j’ai des PS qui viennent parfois dans ma classe en décloisonnement et ça marche bien avec eux aussi. Je suis convaincu qu’elle peut être utilisée avec des PS même si le processus est ans doute plus lent avec eux.
  2. Formes et grandeurs : Je fais la présentation de deux activités “individuelle” de manière collective, ce qui évite que je les refasse de manière individuelle avec tous les enfants. Pendant le temps individuel, je me concentre sur certaines activités que j’ai identifiées comme étant des étapes clé. J’ai en effet remarqué que nombre d’activités avaient pour but de préparer les enfants à une autre activité plus complexe (que j’appelle clé), alors je laisse les enfants découvrir de manière autonome ces activités intermédiaires tandis que je travaille individuellement avec eux sur ces activités clés. Je m’explique. Les cubes roses sont une activité clé. Les cylindres jaunes reprennent à peu près le même principe, à part qu’il s’agit de cylindres pour préparer les enfants aux cylindres rouges et bleus (j’ai enlevé les verts qui n’apportent pas grand chose de plus à mon avis). Les cylindres rouges varient de par leur section, pas par leur hauteur, comme les escaliers marron. J’ai donc tendance à considérer que seuls les cylindres bleus et l’escalier marron sont des activités clé. Enfin les barres rouges sont la dernière activité clé car elles préparent les barres rouges et bleues et elles apportent u niveau de difficulté supplémentaire par rapport aux cylindres bleus (qui comme les barres rouges ne varient que sur une seule dimension) de par leur grandeur. Voici un exemple, mais j’ai fait la même chose pour tout.
  3. Numération : J’utilise le temps collectif pour travailler sur la frise numérique, compter à l’aide de ses doigts, mémoriser l’écriture chiffrée des nombres…
  4. Ecriture : J’utilise le temps collectif pour travailler la correspondance entre les différentes graphies des lettres qu’on a déjà appris à écrire en cursive, rappeler leur son, mais aussi leur nom, et pour présenter la lettre que nous allons apprendre à écrire au cours de la séance selon la même démarche.

Sur les temps individualisés, j’ai adapté certaines activités qui me paraissaient trop longues et trop coûteuses en temps. Cela permet aussi d’introduire des compétences exigées par les programmes. Exit l’activité des jetons rouges et l’activité des fuseaux par exemple. J’en ai fait plusieurs activités :
a. associer des pots contenant de 0 à 3 objets avec l’écriture chiffrée qui correspond : on y travaille la signification du zéro, comme dans les fuseaux, mais c’est moins long car les collections sont déjà constituées dans les pots et on ne travaille que 4 nombres. Ca évite le côté redondant des fuseaux et des jetons rouges où les enfants s’ennuient à passer plein de temps à constituer des collections. Dans les pots, il y a des objets de différente nature et ça leur montre aussi qu’on ne compte pas que des objets de même nature comme pourraient le laisser penser les jetons ou les fuseaux.
b. associer des représentations de collections d’objets ou des constellations du dé aux nombres de 1 à 6 à l’aide de cartes à pinces
c. constituer des collections de 4 à 6 jetons en reconnaissant les constellations du dé de 4 à 6 et en venant les poser sur les points pour vérifier qu’on ne s’est pas trompés
d. associer des représentations de collections d’objets aux nombres de 7 à 10 à l’aide de cartes à pinces
e. constituer des collections de 7 à 10 jetons en dénombrant des constellations non conventionnelles constituées de 7 à 10 points et en venant les poser sur les points pour vérifier qu’on ne s’est pas trompés
f. ranger les nombres de 1 à 10 dans l’ordre
g. identifier les nombres de 1 à 10 qui sont pairs et ceux qui sont impairs à l’aide de cartes faisant apparaître chacune l’écriture chiffrée d’un nombre et une collection de points noirs rangés par deux correspondant au nombre en question (les points sont rangés comme on le ferait avec les jetons rouges)

Sur les temps individualisés, je fais parfois certaines activités en petits groupes de deux à quatre enfants selon les activités. C’est l’un des intérêts à avoir fait de deux activités sept plus petites activités. Les activités b à f peuvent en effet toutes être réalisées avec plusieurs enfants à la fois.

Voilà, j’espère que ça pourra aider.

Bonne journée,
Grégoryprogression alphas.docx (30,9 Ko)


#6

Bonjour,
Je trouve ça dommage de retirer les fuseaux et les jetons. C’est vrai que c’est long mais cela ne dérange pas mes élèves. Effectivement il y en a souvent qui regardent pendant ce temps là mais c’est très bien : ils apprennent en même temps ! Et quand ils travaillent à deux c’est souvent très riche : "mais non ! tu en as mis trop regarde, il n’y en pas 5 !"
Et puis dans l’activité que tu appelles “les pots” les collections sont déjà construites donc pour moi il s’agit juste de dénombrer mais pas de construire une collection … et de se rendre compte qu’on en a pris … trop, pas assez …
Mais c’est vrai qu’il y a certaines activités où c’est important que ce soit présenté par un adulte et pour d’autres, on peut déléguer !


#7

Bonjour,

On a tous des dynamiques de classe différentes. Du fait du milieu dont sont issus nos élèves, en fonction du nombre d’adultes présents dans la classe, selon la manière qu’on a de s’approprier les activités, selon les sections présentes dans la classe, etc.

Ce qui fonctionne dans une classe ne fonctionne pas dans une autre. Je n’ai pas dit que ce que je fais est un modèle à suivre. Je dis juste que dans ma classe je constate que mes élèves ne s’intéressent pas aux fuseaux ni aux jetons, et pour le coup en avoir fait plusieurs activités redonne de l’intérêt aux enfants. Surtout que quand une activité prend trop de temps, on n’a pas le temps de présenter de nouvelles activités et on en arrive parfois à des situations où les enfants ont l’impression d’avoir fait le tour de ce qu’il y a à faire dans la classe.

Concernant l’activité des pots, en effet il s’agit de reconnaître globalement le nombre d’objets et non pas de construire une collection. Mais ça fait aussi partie des compétences à travailler avec les élèves que le matériel Montessori ne travaille pas du tout. Ensuite effectivement ça ne permet pas de construire des collections… mais uniquement pour les nombres de 1 à 3! Car ils constituent effectivement des collections dans les activités c et e. Or, l’expérience m’a montré que je n’ai jamais eu d’enfants qui ont fait des erreurs au moment de réaliser des collections de 1 à 3 objets… je trouve donc plus intéressant de leur faire réaliser des collections avec des nombres plus grands. Mais encore une fois, cela tient de mon contexte de classe: pour rappel, j’ai précisé que ce que j’explique correspond à une classe de MS-GS, mais je comprends très bien qu’il soit dommage de ne pas faire constituer des collections de 1 à 3 objets avec des PS par exemple. J’ai décrit ce que je faisais avec des MS-GS pour inspiration. Après ça doit effectivement être adapté pour des PS-MS.

J’en profite pour dire que l’activité des jetons est normalement présentée à des enfants de 4 ans à 4 ans et demi. Toutefois je constate que lorsqu’ils m’arrivent dans la classe, ils n’ont pas les compétences pour l’aborder si tôt et pour le coup je la leur présente souvent quand ils ont cinq ans ou cinq ans et demi, ce qui explique sans doute leur désintérêt. D’où la nécessité de l’adapter dans mon contexte.

Je terminerai en disant que les programmes nous demandent que les enfants apprennent à réaliser une collection égale à une collection proposée. Aucun matériel Montessori ne permet de travailler cette compétence. L’activité des jetons telle que je l’ai adaptée permet par contre de travailler cette compétence puisque les enfants doivent d’abord compter le nombre de points noirs avant d’aller chercher le nombre de jetons qui correspond. En matière de méthodologie, cette activité est aussi très riche car la procédure n’est pas exactement la même selon qu’on dénombre les objets d’une collection fixe (les points noirs sur la feuille de papier) ou les objets d’une collection mobile (les jetons).


#8

Merci pour vos réponses détaillées en tout cas!

J’ai continué à chercher et suis tombée sur les supers ouvrages de Marguerite Morin (La pédagogie Montessori en maternelle) qui nous propose progressions, fiches de prep et sequences détaillées, tableaux en lien avec les textes officiels… etc! Bref, c’est cadeau, il n’y a plus qu’à…

Est ce que vous aussi avez envie de garder quelques séances tradi avec des petits groupes pour explorer des situ pb, travailler la phono de façon + variée ou d’approfondir sur la construction des petits nombres (1 à 5): apprentissages que n’aborde pas Céline Alvarez @Celine et que ne permet pas le matériel Montessori… Je crois que c’est pour cela que je me sens débordée: je veux tout faire au mieux et donc je pioche à droite à gauche (mais je m’épuise ainsi!)
Ce n’est pas évident mais entre Brissiaud/Dehaene, entre les différentes théories sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture… ce n’est pas évident de trancher ni de mixer différentes méthodes… Suis je la seule? Ou avez vous fait des choix, trouvé un compromis,… ?


#9

Bonjour,
J ai une classe de GS uniquement et je suis seule en classe.
Dans mon école je suis la seule à fonctionner comme ça mais comme toi, toutes mes collègues utilisent les alphas. Les enfants odorent. Par contre en phono ils sont nul part et je galère. Je suis intéressé par ta progression. Je me dit parfois que je vais peut être trop vite donc je vais repartir de zéro et voir…
Merci beaucoup


#10

Je te donne mon mail greg_ber@yahoo.fr si tu veux me joindre et en discuter. J’ai pas mal adapté les alphas à un fonctionnement en autonomie et je peux peut-être te donner quelques pistes qui pourront t’intéresser.


#11

Concernant les nombres, j’approfondis en effet la construction des petits nombres comme je l’ai dit plus haut. Par contre, concernant la conscience phonologique, je garde à l’esprit qu’on ne fait pas de la conscience phonologique pour la conscience phonologique… mais pour préparer les enfants à la lecture! Donc tout ce qui ne prépare pas efficacement les enfants à la lecture, je le zappe. Avant de découvrir le matériel Montessori et de le coupler aux alphas, j’ai testé un tas de choses en matière de phonologie : force est de constater que c’est souvent très abstrait, que ça ne fait pas sens pour les enfants et que ça n’apporte pas grand chose en vue de la lecture. Pour moi, les activités Montessori ont été une révélation car j’ai enfin découvert des activités qui font sens pour les enfants et qui surpassent à mon avis très largement toutes les autres activités que l’on peut proposer… alors non, je n’essaie pas de travailler la phono de façon plus variée car les autres activités n’ont pas de sens pour moi. J’introduis juste quelques activités collectives sur la syllabe à un moment qui me semble opportun… et ce n’est pas en début d’apprentissage comme ça se fait en pédagogie traditionnel. Pour moi, le découpage en syllabes commence à avoir de l’intérêt au moment d’encoder/décoder des grands mots composés de plus de cinq phonèmes car certains enfants ont bien du mal et ça en aide certains de pouvoir les découper en syllabes. C’est donc à ce moment-là que je travaille la syllabe, ce qui n’est pas fait en pédagogie Montessori, mais bien plus brièvement qu’on ne le ferait en pédagogie traditionnelle car pour info la pédagogie Montessori comme les alphas sont des méthodes phonographiques et non pas des méthodes syllabiques. La syllabe n’y est pas étudiée de façon systématique, elle est plutôt étudiée par de l’encodage (jeu de la fusée ou disctées muettes avec des mots monosyllabiques) pour permettre aux enfants d’aborder la syllabe de manière moins abstraite. Il ne faut donc pas trop s’attarder sur les activités autour des syllabes.