Où en sont vos élèves au mois de janvier ?


#26

J’ai une classe de 28 PS/MS (14 et 14). Je repars chaque année avec des élèves différents… Les niveaux sont très différents dans la classe . Plusieurs MS maîtrisent la numération jusqu’à 10, j’ai commencé pour 4 d’entre eux la 1ère table de seguin (Je n’ai pas les perles pour travailler le système décimal) Je vais bientôt leur proposer la chaine de 100, le tableau de 100 et les bandes d’additions - surement après les vacances. D’autres ne connaissent pas encore la comptine numérique jusqu’à10 et 2 ne s’y intéressent pas du tout. Pour le langage, pareil, niveau très différents. Plusieurs élèves connaissent le son de nombreuses lettres rugueuses et 2 filles ont commencé à former des mots de la liste rose avec l’alphabet mobile. Et les mêmes autres élèves qui en sont loin tout simplement par manque d’intérêt et un refus catégorique d’essayer (si j’arrive à les installer, ils disent n’importe quoi, ne regarde pas … donc aucun intérêt)… Pour les PS, j’ai encore un grand écart, mais je ne m’inquiète pas pour eux.
Mon grand soucis en fait, cette année, c’est que je me retrouve avec des grands problèmes de comportement. Des enfants qui sont violent avec les autres enfants, ils détruisent le travail des autres et ont des comportements régressifs dès qu’on les reprend, se sauvent, crient… En fait je fais le “gendarme” sans arrêt. Deux de ces élèves sont régulièrement sortis de la classe (chose qui m’arrivait quasiment pas les autres années) alors qu’ils ont de très bonnes compétences. J’ai beau lire, essayer d’appliquer tous les conseils de bienveillance, c’est impossible, je me transforme en sorcière et je n’ai jamais été comme ça. Mon Atsem est super, elle me suit à 100% mais voilà, elle aussi craque et ne comprend pas pourquoi ces enfants sont comme ça. (A des niveaux et agissement différents j’ai 10 élèves difficiles - pour certains le travail porte ses fruits mais ça reste fragile).
Le temps que je passe à gérer ses élèves(et j’en passe beaucoup), c’est du temps que je ne passe pas pour les présentations. Et du coup ma classe est bien trop bruyante (même si deux de mes collègues la trouve calme… mais ce n’est pas le cas)
Je rejoints aussi ce que j’ai lu plus haut, les enfants demandent beaucoup ma présence, surtout pour les lettres. L’absence de GS n’aide pas.
Merci pour votre lecture


#27

Bonsoir,
mardi dernier j’étais à une animation pédagogique sur les mathématiques. C’était très intéressant (si, si c’est possible) mais aussi très déroutant. Les recherches montrent l’importance de ne pas dénombrer une quantité en récitant la comptine numérique mais en la décomposant. En vérité, cela fait peu de temps que la comptine est utilisée pour retrouver le nom d’une quantité. Utiliser la comptine, revient à réciter sans avoir une vision de la quantité. Ainsi les enfants ne construisent pas la notion de nombres et cela peut passer complètement inaperçu en maternelle puis ressurgir en CP au moment de l’introduction de la dizaine. Pour de nombreux enfants, pas de problème car la décomposition est utilisée dans les familles sans qu’on s’en rende compte ex : "tu peux installer les fourchettes stp. 2 pour papa et moi et 1 pour toi, tu vas en prendre combien ?"
Après plus facile à dire qu’à faire. La mise en oeuvre sera la suite de l’anim péda. En attendant, il y a un petit livre de Rémi Brissiaud que vous pouvez lire si ça vous intéresse : 1er pas vers les maths. C’est court, je vais le lire pendant les vacances.


#28

Bonjour Corinne,

Plusieurs réponses à tes remarques.

J’ai pour ma part des MS-GS et sans nul doute les GS sont un puissant facteur de motivation que tu n’as pas dans ta classe. Il faut donc accepter d’avoir des attentes réalistes et même s’il faut demeurer exigeant à raison, il ne faut pas en demander trop non plus : reste bienveillante envers toi-même!

Le travail que tu entreprends est aussi un travail de longue haleine. Les résultats ne se font pas sentir dès la première année. J’ai pour ma part commencé il y a 3 ans avec des GS et ça avait beau être des GS je n’étais guère allé plus loin que toi. L’année passée, j’ai ressenti un sacret changement même si ça restait encore modeste! Cette année, les progrès sont encore plus fulgurants… et ils le seront sans doute encore plus l’année prochaine! J’en veux pour preuve que lorsque j’ai commencé il y a trois ans je n’avais guère réussi à aller beaucoup plus loin que les lettres rugueuses et faire composer quelques mots courts, alors que cette année j’ai déjà deux élèves qui savent lire, que deux autres en sont proches et que deux moyens en sont à un stade qui me dit qu’ils sauront sans doute lire dès la fin de leur moyenne section.

Pourquoi est-ce un travail de longue haleine? J’y vois plusieurs raisons.

Il faut se familiariser avec le matériel dans un premier temps.Il ne faut pas perdre de vue que nous n’avons pas été formés à l’utilisation du matériel et on apprend donc doucement à l’utiliser, en tâtonnant.

Il faut même s’approprier le matériel. Nous n’avons pas les mêmes conditions d’exercice que celles de l’expérimentation de Céline et nous devons composer avec les contraintes qui sont les nôtres. Très souvent nous ne pouvons donc pas utiliser le matériel tel quel, il faut l’adapter et ça prend du temps.

Il faut aussi développer une intuition autour du matériel. Quand nous commençons, tel l’apprenti lecteur, nous avançons prudemment, pas à pas, étape par étape. Nous avons donc tendance à nous apesantir sur des activités qui ne le méritent pas. J’ai vu dans plusieurs messages dont le tien que vous êtes nombreux à avoir l’impression de ne pas avancer autour du jeu du petit oeil, ce que tu appelles le panier des sons. Tu dis que tu en es encore au son d’attaque et je suppose que tu sous-entends que tu dois encore leur faire repérer le son final et un son en milieu de mot car lorsque je commençais j’en étais comme toi au déchiffrage, en lisant lettre par lettre, en passant pas chacune des étapes comme si elles étaient figées. Mais plus on avance dans la lecture et moins on a besoin de déchiffrer lettre par lettre, on développe une vision globale des mots. Il en va de même pour la pédagogie que nous mettons en oeuvre dans nos classes. Il n’est en fait pas nécessaire de passer par toutes les étapes, ou tout du moins pas pour tout les enfants, avec l’expérience on finit par sentir quelles sont les étapes qui peuvent être passées. J’ai par exemple cessé de passer par toutes les étapes du jeu du petit oeil. Pour un enfant qui éprouve des difficultés avec ce jeu je vais m’apesantir un peu plus, mais pour un enfant qui n’éprouve pas de difficultés je lui fais faire un ou deux paniers et je commence ensuite à lui faire composer des mots courts… quitte à revenir de temps en temps sur des paniers, cela évite d’installer un phénomène de lassitude car on sait bien qu’à rester trop longtemps sur une même activité les enfants finissent par s’ennuyer. De toute façon, quand on fait composer des mots courts, on poursuit le travail entrepris par les paniers.

Il faut aussi laisser se créer une dynamique de classe. La première année ce n’est pas facile car c’est tout nouveau pour les enfants. La seconde année c’est différent car il n’y a qu’une partie de la classe, les nouveaux venus, pour qui c’est nouveau, mais les élèves que tu as gardés dans ta classe sont déjà habitués.

Il faut aussi garder à l’esprit que la dynamique de classe obéit à une logique exponentielle. Je m’explique. Plus tu gagneras en maîtrise et plus la dynamique de classe se sera installée, plus tu réussiras à aller loin avec tes élèves. Comme tu iras plus loin avec eux, les nouveaux venus seront portés par ceux qui étaient déjà dans ta classe, ils apprendront encore plus vite et tu pourras aller encore plus loin avec eux. Et ainsi de suite…

Une question que je me pose aussi, est-ce que tu laisses réellement choisir les enfants leur activité quand tu travailles avec toi ou est-ce toi qui leur impose une activité en fonction de ta programmation? L’idéal est effectivement de laisser choisir les enfants leur activité, mais vu qu’il nous est difficile d’avoir des plages de travail de deux heures à deux heures trente c’est difficile à mettre en oeuvre et je sais que la plupart d’entre nous, moi y compris, ne faisons pas réellement choisir aux enfants l’activité qu’ils veulent faire lorsqu’on travaille avec eux de manière dirigée. L’avantage pourtant lorsqu’on les laisse choisir, c’est qu’ils peuvent nous donner de précieuses informations sur l’état d’avancement dans lequel ils sont. Un enfant qui a envie d’utiliser les quatre blocs de cylindres au lieu de n’en utiliser qu’un seul nous apprend qu’on peut peut-être se passer des étapes à un, deux et trois blocs de cylindres. Pour ma part je me voyais mal laisser les enfants me guider vers le matériel alors que je le maîtrisais mal. Maintenant que j’ai une meilleure maîtrise, je pense pouvoir commencer à être plus à l’écoute des envies des enfants l’année prochaine.Je ne ferai sans doute pas que ça sinon ce serait difficile d’avancer sur des créneaux d’apprentissage de une heure maximum, mais je compte bien m’accorder un créneau dans la journée pour ça. Là encore, c’est le temps et la maîtrise du matériel qui me permet d’appréhender de nouvelles évolutions.

Si les enfants vont surtout vers les jeux de construction et peu vers les autres activités, comme c’est aussi le cas dans ma classe, c’est peut-être justement parce que les enfants ne choisissent pas réellement leur activité quand ils travaillent avec toi et qu’en obéissant à une programmation linéaire, sans “sauter” des étapes qui ne leur sont peut-être pas nécessaires, et que pour le coup ça n’avance pas suffisamment vite de manière à leur proposer des challenges qui suscitent leur intérêt. Du moins c’est la manière dont j’analyse les choses dans ma classe. Mais je ne culpabilise pas car je sais qu’avec l’expérience, je travaillerai de manière de moins en moins linéaire et je pense que les enfants apporteront de plus en plus d’intérêt aux activités plus “académiques”. Fais-en de même, dis-toi qu’avec le temps les choses vont se mettre doucement en place et que les enfants trouveront de plus en plus d’intérêt dans ces activités.

J’aimerais terminer avec une remarque concernant les lettres rugueuses. Tu n’en fais pas mention, mais beaucoup de personnes qui t’ont répondu disent qu’elles ont l’impression de ne pas avancer avec les lettres rugueuses. C’est aussi ce que j’ai ressenti. Moi qui avais l’habitude d’utiliser les alphas et qui les avais rangés au placard après une conférence de Céline, je me suis vite rendu compte que je trouvais les alphas bien plus performants pour apprendre les sons aux enfants et je les ai donc ressortis du placard. J’ai tout de même gardé les lettres rugueuses que j’utilise comme première étape dans l’apprentissage de l’écriture cursive, mais pour entrer dans la lecture j’utilise les alphas et la graphie scripte. Je trouve que cela va beaucoup plus vite et que c’est plus adapté à nos contraintes.

J’espère que toutes ces remarques t’ont aidée. Bonne continuation et n’hésite pas à te tourner vers moi si tu as des questions.

Grégory


#29

28 élèves de PS et MS dont beaucoup en souffrance psychique, c’est énorme, ça vous demande, à toi et à ton Atsem, toute votre énergie, c’est une hyper vigilence en continu, c’est épuisant… Comment s’étonner que votre patience soit à bout… C’est vrai pour l’Atsem, mais surtout pour l’enseignante, qui se sent, qui est, plus responsable de ce qui se passe dans la classe, et qui a de plus d’autres objectifs…
Les conseils que je vais te donner, je n’arrive pas toujours à les suivre non plus, parce que ce n’est pas du tout comme ça que nous avons été éduqués, et que personne ne nous l’explique ni dans les ESPE ni dans les écoles( sauf si on lit Maria Montessori)… Alors pour nous aussi, c’est un apprentissage avec ses avancées et ses reculs… Et en plus ça ne marche pas tout de suite, ça prend du temps…
Le premier c’est : éviter de reprendre un enfant qui a un comportement gênant ou inapproprié, ne pas lui faire la leçon, ne pas le prendre en faute… surtout si c’est un enfant difficile !
Si aucun autre enfant n’est impliqué, dire STOP et c’est tout, et proposer autre chose… Sans juger, (ce n’est pas très gentil ça) sans poser de questions, (mais pourquoi tu fais ça ?) sans donner d’explication sur le pourquoi c’est interdit ou mal venu… Eventuellement rappeler que tel comportement n’est pas autorisé et a telle conséquence (plus le droit d’utiliser tel matériel pour l’instant, ou de rester dans tel coin de la classe…)
S’il y a conflit avec un ou plusieurs autres enfants, chercher les intentions positives des “agresseurs” comme des “agressés”, mettre en mots pour eux ce que chacun ressent, toujours sans juger, et inviter seulement les uns à écouter les autres…
Je l’écris souvent sur ce forum, mais je n’arrive pas toujours à le faire non plus… Mais à force d’essayer, je rechute de moins en moins et je vois les résultats positifs sur l’ambiance de classe… Et quand je rechute, quand je m’énerve et que je parle trop et trop fort, quand je m’en aperçois je n’hésite pas à m’en excuser auprès des enfants, et c’est toujours assez émouvant, et positif en fin de compte…
L’autre conseil, c’est de prendre soin de toi très attentivement : ton travail est épuisant énergétiquement et émotionnellement : tu dois absolument trouver comment te régénérer, comment te faire du bien, comment arriver chaque matin fraîche et reposée, pleine d’amour pour toi et pour tes enfants…
Chaleureusement…


#30

Bonjour Sandrine,

Je me permets de t’écrire car j’ai été surpris de lire que ta collègue attendait de ta part que les élèves sachent écrire avant l’entrée en GS. A titre d’information,les psychomotriciens recommandent de ne pas entrer dans l’écriture de façon “formelle” avant la grande section parce que l’enfant développe alors une crispation musculaire néfaste à l’écriture… ça n’empêche pas l’utilisation des lettres rugueuses, le coloriage et le graphisme décoratif qui préparent à l’écriture. Ce qu’on a pu constater dans mon école m’a plutôt convaincu qu’ils avaient raison. Pour ma part je commençais dès le début de grande section et j’étais plutôt content des résultats. Toutefois, depuis deux ans je travaille en binôme avec une de mes collègues et c’est elle qui travaille l’écriture avec nos élèves. Elle ne commence qu’en fin de grande section après avoir fait beaucoup de graphisme et d’arts plastiques. Force est de constater que même s’ils commencent beaucoup plus tard, leur écriture est encore plus fluide que lorsque je commençais dès le début de la grande section. Les enfants apprennent aussi à écrire beaucoup plus rapidement alors que j’arrivais à des résultats équivalents, si ce n’est moindres, après un travail acharné et laborieux.

Je ne remets pas en cause vos choix d’école mais ça m’intéresse de savoir ce qui les a motivés. J’aimerais aussi savoir si tu as l’impression que les enfants apprennent à écrire plutôt facilement ou si tu parviens à des résultats certes, mais de manière laborieuse.

Grégory


#31

Merci Grégory d" avoir pris le temps de me répondre et de poser des mots précis sur cette nouvelle organisation de classe.
Dans un premier temps, ce qui est certain, c est que j 'avance à tâtons et beaucoup , étape par étape.
Je pense, en te lisant, pouvoir commencer, avec certains enfants, à composer des mots courts avec les lettres cursives. Je n 'ai pas les alphas. En parallèle, je continuerai avec eux le panier des sons.
Dans un deuxième temps, je réalise que je ne leur laisse pas vraiment le choix de l 'activité. Je sors une activité et je la propose.C est sûr que cela me rassure mais joue sur le manque d ’ intérêt des enfants au bout d ’ un moment.
J " espère pouvoir garder quelques enfants l "année prochaine pour avancer dans cette dynamique!
Je te remercie pour ton analyse très intéressante!


#32

Bonjour Greg
Il me semble que ce cheminement que tu décris se nomme “apprendre le métier”. Et qui croit encore que l’on cesse à un moment d’apprendre ? Qui croit qu’on peut enseigner sans apprendre chaque jour ? Qui croit que bien connaitre son métier se fait en moins de 10 ans ? Je crois en l’idée de progrès chaque jour. Bon courage. Ade.


#33

Merci Isa. Bien sûr je cherche à avoir ce genre d’attitude, et c’est très difficile. Quand c’est un enfant qui pose des petits soucis occasionnels ça va je gère mais quand c’est l’un des enfants très difficiles, tout part en “cacahuète” et c’est fini pour la journée… Je fais de mon mieux :wink: Mais que c’est dur !!!


#34

Tout à fait, je dis souvent qu’on en apprend autant si ce n’est plus que les enfants.


#35

Bonjour Corinne,

Il est à mon avis essentiel que tu puisses garder ton groupe de petits l’année prochaine lorsqu’ils deviendront des moyens… même s’il y a peut-être des enfants d’autres classes qui viendront s’y greffer.

Avant de faire composer des mots, je fais composer des syllabes. Du fait que j’utilise les alphas, je choisis le f (la fusée) comme consonne de référence et on cherche sur quelle voyelle tomberait le f quand j’entends fa, fo, fu, etc. Puis je choisis le o (Monsieur O) comme voyelle de référence et on cherche quelle consonne tomberait sur le o quand j’entends vo, zo, ro, jo… Rien n’empêche de faire un principe équivalent avec les lettres rugueuses.

Pour les premiers mots, contr


#36

contrairement à ce qui se pratique en pédagogie Montessori, je ne commence pas avec des mots composés de trois phonèmes mais plutôt avec des mots de deux phonèmes : or, os, as, rue, riz, fée, chat (possible avec les alphas car le ch est un personnage appelé le chat), lit, nid et jus.

Selon mon intuition, je fais composer directement 6 des quelques mots cités précédemment avec l’ensemble de l’alphabet. Quand les enfants ont des difficultés, je me limite dans un premier temps aux cinq premiers mots en ne mettant à leur disposition que les lettres (ou les alphas pour moi en l’occurrence) dont ils ont besoin pour composer ces cinq mots (j’ajoute moi-même la lettre muette ensuite). Je fais de même ensuite avec les cinq mots suivants. Puis je leur fais refaire la série de dix mots avec l’ensemble de l’alphabet.

Comme tu l’auras constaté, je travaille dans un premier temps avec des mots qui ne contiennent pas les consonnes c, k, q, b, d, g, t et p. Comme elles sont difficiles à entendre pour les enfants, c’est plus commode pour les enfants de commencer par les autres consonnes. L’autre avantage est qu’il n’y a pas besoin dans un premier temps de leur présenter l’ensemble de l’alphabet. Les voyelles et les dix consonnes dites longues dans les alphas suffisent. Ce qui permet de commencer le travail de composition de mots plus rapidement. C’est en effet fastidieux de devoir apprendre aux enfants tous les sons avant de pouvoir commencer à leur apprendre à composer des mots. Pour le coup ils finissent par se désintéresser du travaille et ça les démotive. Ils sont heureux de pouvoir rapidement composer leurs premiers mots. On introduit ensuite les autres sons au moment de composer des mots qui comportent les consonnes courtes que j’ai mentionnées plus haut (c,k, q…).

Avec du recul, je me suis même dit que l’année prochaine je ne leur présenterai dans un premier temps que les voyelles et les sons consonnes s et r. Puis je leur ferai composer les cinq premiers mots de la liste. Ce n’est qu’ensuite que j’introduirai les autres consonnes et que nous composerons ensuite les cinq autres mots de la liste.

L’idée est de permettre à l’enfant d’entrer le plus rapidement dans le vif du sujet… ce qui est l’idée sous-tendue derrière toute la pédagogie décrite par Céline en matière de langage écrit.

Bon courage, Grégory


#37

Eh oui il y a des années comme ça, vraiment plus difficiles que les autres… C’est un fait mais le piège, c’est de se concentrer sur les difficultés, sur ce qui ne se passe pas aussi bien que d’habitude, et de se sentir en échec par rapport à des objectifs qui ne sont pas réalistes cette année, même s’ils l’étaient les années précédentes… On s’épuise et on finit par culpabiliser…
Alors ce qui peut fonctionner, c’est de prendre la réalité en compte et de revoir ses objectifs, déjà… On ne peut pas aller aussi loin, ni dans le même calme, avec une classe très chargée dont plusieurs enfants en grande difficulté relationnelle qu’avec une classe de 20 enfants tous différents mais à peu près bien dans leurs baskets, ou qui ne comporte qu’un seul enfant difficile…
Et puis surtout, on peut choisir de porter son attention sur tout ce qui va bien quand même, sur tous les moments encourageants, émouvants, amusants… accepter qu’il y a forcément du bruit, de la casse, des conflits à gérer, des apprentissages plus lents qu’on voudrait même pour les plus en avance… Ce n’est pas de ta faute, c’est la situation qui l’impose, et toi tu dois juste faire avec… Et tu fais de ton mieux, comme chacun de tes élèves, même les plus difficiles… Ne jamais perdre ça du vue : les enfants font TOUJOURS de leur mieux à chaque instant… comme nous…
Et ils nous pardonnent bien volontiers nos erreurs, dès lors que nous sommes sincères et vraies… Je leur ai dit dernièrement que si ils font parfois des bêtises d’enfant, moi je fais parfois des bêtises de maîtresse, parce que moi non plus, je n’arrive pas toujours à agir comme je voudrais, et comme je sais pourtant bien que je devrais le faire…


#38

Une grand merci pour tes mots, qui j’en suis sûr me redonnera de l’énergie et du positif pour repartir!!!


#39

Bonsoir Aurélia,
je rebondis sur ce que tu dis sur la comptine après m’être beaucoup questionnée à ce sujet! Ce que tu dis sur la recherche et le dénombrement c’est exactement ce qui est expliqué dans les programmes de 2015.
En fait, de ce que j’ai compris, utiliser la comptine pour dénombrer peut poser problème si l’on ne fait QUE ça. Dans la mesure où parallèlement les enfants travaillent sur la construction du nombre et surtout sur le concept de quantité, sur la reconnaissance des petites quantités, etc, je ne vois pas où est le problème.
Dans ma classe, j’avais même enlevé la bande numérique qui allait jusqu’à 183, trouvant que dire une suite de mots sans aucun sens ne pouvait être que contre productif pour les enfants. Je l’ai remise sauf que je m’assure que justement les enfants y mettent du sens et donc j’introduis trèèèèèès rapidement la dizaine et le système décimal (1er plateau puis grands symboles et la magie du nombre). Idéalement dès qu’un enfant compte au delà de 10 mais je manque souvent de temps alors c’est plutot quand ils en sont déjà à 20 ou 30. J’ai des MS-GS et les enfants qui arrivent en septembre connaissent en général déjà la comptine jusqu’à plus de 20.
En tout cas, ce qui est certains c’est que les enfants qui comptent jusqu’à 180 et plus ont complètement compris la construction de notre système décimal et du nombre donc.
Merci pour la référence du livre de Brissiaud, ça m’intéresse!


#40

Bonjour! Pas de panique il peut se décoincer d’un coup!
Nous avions eu le même problème avec 2 élèves, on leur demandait alors tous les jours de préparer la table pour 4, on a fait des groupes de 4 pour certains jeux , et ils préparaient 4 tabliers etc (souvent les enfants ont 3 ou 5 personnes à la maison et 4 pas dans leur vécu) : 3 petits cochons 3 ours 5 doigts de la main… mais pas d’albums connu avec 4!


#41

Pour m’être posé la question afin de réaliser une “boîte à conter”, j’avais résolu le problème du tiroir “4” grâce aux musiciens de Brême.


#42

BOnjour à tous, je ne sais pas bien vers qui me tourner et je baisse un peu les bras, je m’essouffle en ce mois de février… J’ai commencé le 'fonctionnement de Gennevilliers" en septembre, au début que le matin puis toute la journée avec des MS-GS.

Et voilà mon bilan;

mes élèves progressent en maths (jusqu’aux grands nombres), en lecture ( 6 GS sur 12 commencent à lire), en géographie (continents et grands puzzles) en dessins et pâte à modeler…

Donc ça me rassure mais ce qui me tracasse c’est que je dois toujours **

m’occuper de certains (surtout 2) perturbateurs qui vont déranger les autres et tout ce temps que l’ATSEM ou moi passons avec eux… est au détriment des autres…

** résultats: il y a des élèves “tranquilles” que je n’aide presque jamais faute de temps… Et un autre élève qui rechigne toujours à venir travailler avec l’adulte… il semble ne vouloir pas faire grand chose… hormis observer ses camarades…

Enfin, pour beaucoup, ils semblent toujours un peu en train de jouer et souvent 'à la maîtresse"… était-ce le cas à Gennevilliers également?

Enfin, ce qui me chagrine et me déçoit, c’est le climat de classe qui n’est pas très serein, je suis souvent fâchée par les deux perturbateurs… et c’est toute la classe qui en pâti…

Donc pour conclure;

Je reste persuadée que c’est révolutionnaire ce fonctionnement et je m’y retrouve complètement mais, je sens que je suis proche du système mais il y a des erreurs que je ne cerne pas et je ne sais à qui demander… mon inspectrice n’est pas au courant de mon projet et les conseillères péda n’y connaissent pas grand chose dans ce domaine… Aussi je me sens seule et je sens que la motivation de mes ATSEM (qui s’alternent) s’amenuise… certaines s’ennuient même un peu alors que j’ai l’impression de ne plus savoir où donner de la tête… parce que beaucoup d’élèves me sollicitent…

Je voudrais mieux faire mais ne sais pas bien comment m’y prendre.

Merci pour m’avoir lu.

Si vous avez des solutions… merci beaucoup à vous.


#43

D’abord ton bilan me parait extra, surtout en année 0 !
Tout n’est pas parfait ? Ah ben oui c’est normal !
Sinon pour certaines choses qui ne te vont pas, oui il y a des solutions !
D’abord pour les Atsem : nous ne pouvons pas faire comme Céline faisait avec Anna qui était une Atsem hors norme, diplômée d’une école Montessori si je ne me trompe pas, et avec des compétences humaines et professionnelles qui dépassent les nôtres, diplômées de l’Education Nationale sans formation valable pour autant… Donc nous, avec ce que nous sommes et avec nos Atsem multitâches, dont la formation est aussi à des années lumière de ce que faisait Anna, nous sommes obligées de faire autrement.
Voilà comment je fais avec la mienne : je lui imprime la liste des enfants (j’ai des PS/MS) avec en face de chaque prénom, un ou plusieurs ateliers ou plateaux qu’elle peut leur proposer dans la semaine… Je peux lui déléguer beaucoup d’ activités pratiques et sensorielles, plus les cartes de vocabulaire et les premières activités mathématiques… Depuis que nous faisons comme ça, elle ne s’ennuie plus en se demandant quoi faire dans la classe, et elle se montre très efficace ! Je n’hésite plus à mettre 5 ou 6 propositions pour chaque enfant, comme ça elle peut aussi choisir ou laisser le choix à l’enfant… Et parfois elle arrive à tout présenter ! Les tableaux de suivi avancent bien plus vite, et les enfants s’autonomisent donc plus vite aussi… Je ne m’attends plus, par contre, à ce qu’elle “veille au calme” de la classe pendant que je fais mes présentations : ce n’est pas son rôle, ce n’est pas de sa responsabilité, alors c’est à moi de m’occuper de ça, d’autant que c’est bien le plus difficile… Je lui demande seulement d’intervenir “comme elle le sent” “dans son champ visuel et auditif”… Et moi j’en fais autant, dans toute la classe… Donc oui, c’est moi qui m’interromps chaque fois que nécessaire, et pas l’Atsem… Maintenant que j’ai compris que c’est comme ça que c’est normal, nous sommes plus à l’aise toutes les deux dans la classe…
Pour tes élèves perturbateurs, si tu t’occupes plus d’eux c’est qu’ils ont plus besoin de toi que les autres… Et tu n’as pas à culpabiliser pour ça, au contraire ! Ce n’est pas facile, mais tu le fais de ton mieux… Oui, je sais, tu te dis que tu devrais mieux garder ton calme avec ces enfants difficiles qui ont le chic pour te le faire perdre, justement, et t’occuper un peu plus aussi des autres… Je crois que nous en sommes toutes un peu là, qu’on y passe toutes et qu’on y repassera toutes aussi… Chaque année il y a un ou plusieurs enfants qui nous touchent particulièrement, et nous feraient bien devenir chèvres… Dans cette démarche les enfants perturbés sont peut-être plus visibles que dans les classes “classiques”, car non seulement ils perturbent les autres et la classe, mais ils nous accaparent bien plus… Ben oui, et c’est comme ça qu’ils vont progresser, en n’étant pas laissés seuls avec leurs problèmes, en nous obligeant à leur trouver ce qui leur convient et à nous occuper d’eux le plus possible… Les enfants “perturbateurs” sont des enfants qui ont absolument besoin de nous, de notre soutien, de notre attention, de notre amour… Ils progresseront dans leur comportement au fur et à mesure que nous progresserons dans le nôtre vis à vis d’eux et vis à vis de toutes les situations qui nous stressent…
Donc la “solution” par rapport aux enfants difficiles, c’est de prendre soin de soi… trouver le temps de faire des activités ressourçantes, pour son propre bien-être et uniquement pour ça… cultiver la gratitude, méditer, s’essayer à la pleine conscience, tester l’EFT, la méthode TIPI, se faire masser, masser quelqu’un qu’on aime, rire, déconner, rayonner, apprendre à se laisser rayonner d’amour et de joie, en famille, entre amis, à l’école… et trouver le moyen d’arriver fraîche et joyeuse chaque matin en classe… se souvenir que TOUS les enfants font de leur mieux, toujours… comme nous d’ailleurs… Se souvenir qu’avant de reprendre un enfant, oui on le stoppe, fermement s’il le faut, mais aussitôt après, on recrée le contact, un contact chaleureux et joyeux, aimant… et seulement quand cette connexion de coeur à coeur est rétablie, on peut si c’est vraiment nécessaire, et avec beaucoup de tact et surtout de respect, délivrer notre message éducatif…
Je n’y arrive pas tout le temps non plus, mais j’y arrive de mieux en mieux… ça fait 2 ans que je suis lancée, et l’an dernier a été difficile, avec 31 PS/MS dont plusieurs PS en grande difficulté relationnelle, j’étais épuisée à la fin de chaque matinée ! Mais cette année, mes terribles sont en MS, ils sont toujours difficiles, mais incomparablement moins ! Et ils progressent aussi dans leurs apprentissages… Et moi aussi j’ai appris, ma patience a souvent été mise à rude épreuve, et souvent elle a lâché, mais à force de vouloir faire mieux, moi aussi je progresse… Et cette année, il faut dire que je n’ai plus que 26 élèves, ça va tout de suite mieux, je me félicite chaque jour où j’ai su préserver une belle ambiance dans la classe, et si je n’ai pas l’impression que c’est le cas, je cherche ce qui s’est passé de positif, pour lequel je peux continuer à m’aimer et à m’encourager, plutôt que l’inverse… comme pour les enfants ! Je prends soin de moi aussi comme ça, et ça marche ! Je me sens plus zen, plus joyeuse aussi, en classe et en dehors !
Courage, et prends vraiment soin de toi avec tout l’amour que tu mérites tellement !


Mon atsem a jeté l'éponge
#44

Je partage les jolis conseils d’@isa, toujours aussi bienveillante ! Merci Isa :heart_eyes:.

J’ajouterais qu’il ne faut pas que tu oublies que tes élèves ont derrière eux un ou deux ans (voire plus si ils ont fait une TPS) de fonctionnement traditionnel. Ils ont déjà pris l’habitude qu’on leur dise quoi faire, et qu’ensuite on leur dise si c’était bon ou pas. Et comme il se peut que ce soit aussi le cas pour nombre d’entre eux à la maison, ton fonctionnement les perturbe forcément.
A Gennevilliers il n’y avait pas de GS la première année. Dans cette classe, les enfants avaient au plus un an de tradi derrière eux, et il me semble que Céline raconte que c’est pour ceux-là que ça a été le plus difficile. Si tu gardes l’année prochaine une partie de ta classe, il y a des chances pour que cela aille déjà mieux.

A toi de voir aussi, si tu peux faire des aménagements pour les enfants qui semblent ne jamais savoir quoi faire. J’ai le même problème que toi avec ma classe, et avec certains enfants j’impose une activité “sérieuse” (au choix parmi quelques unes), avant de les autoriser à “vaquer”. Au début je ne voulais pas le faire, je me disais qu’ils finiraient bien par s’y mettre d’eux-même, mais les mois passant, et mon stress qu’ils n’entrent pas suffisamment dans les apprentissages et que les écarts se creusent avec le reste du groupe (au grand désespoir de ma maîtresse de CP!) grandissant, j’ai cédé. Et en fait ils sont très heureux de la situation. Ils avaient sans doute besoin de ce coup de pouce pour entrer dans le plaisir de faire au lieu de tourner en rond (nous ne voulons pas produire des générations de procrastinateurs n’est-ce pas :smile:). On verra si petit à petit, un projet personnel naît de cette activité…


#45

Merci pour ces messages, ça me touche, j’ai la larme à l’oeil, merci, c’est très ressourçant, je vais suivre tous ces conseils, et oui de fait, mes " perturbateurs" progressent aussi :smile:.
Très bonne semaine à chacun et chacune🤗.