Bonjour Matluz,
Je me suis heurtée au même souci que toi lorsque je me suis lancée l’année dernière. Je pense que la seconde réunion est risquée dans la mesure où tu ne sais pas exactement quelle proportion de parents semble inquiets et puis cela peut te faire apparaître comme essayant de te justifier. Quand certains parents sont venus me voir en me disant:
- quand je lui demande ce qu’il fait à l’école, il dit qu’il joue
- il n’y a plus de fiches comme les autres années
- à son âge (en GS) son frère savait déjà lire,…
J’ai répondu
- qu’il n’y avait plus de coin jeu dans la classe et que le libre choix d’activités pouvait apparaître comme une illusion de jeu. Cela dit, toutes les activités présentes en classe visent un objectif pédagogique et j’oriente en quelque sorte le choix des enfants en leur donnant accès à ces activités-là
- l’absence de fiches étant déstabilisante, car les activités ne laissent pas forcément de traces, je prends beaucoup de photos, j’incite les enfants à prendre chez eux le soir ce qu’ils auront fait dans la journée (je photocopie les productions qui pointent un gros progrès dans l’acquisition d’une notion et je la colle dans le cahier d’activités), je fais de petites vidéos, j’enregistre de petites chansons (le tout est communiqué via le cahier de vie sous forme de clé USB)
- le but de la GS n’est pas d’apprendre à lire aux enfants, même si cela leur est d’un accès plus facile à cet âge. Cela dit, votre fils a plutôt investi le domaine des maths, il sait lire … les nombres à quatre chiffres, sait calculer des additions et sait aussi lire l’heure; c’est d’ailleurs l’horloge parlante de notre classe. Il s’intéresse beaucoup à la géographie et connaît le nom, le drapeau et l’emplacement de pas mal de pays.
D’autre part, je pense que les meilleurs ambassadeurs sont les enfants. A chaque activité présentée, chaque nouveauté apportée, l’objectif de l’activité est explicité. Ils savent ce qu’ils font et quel en est le but. Les effets ne se sont pas faits sentir avant le milieu de l’année, mais je n’avais pas tout le matériel et j’avais besoin d’y aller doucement, car c’est un gros investissement physique et psychique. C’est pour cela que je ne rencontre pas systématiquement les parents (cela demande beaucoup de temps et d’énergie). D’autant plus que ceux qui sont le plus enclins à critiquer ne changeraient pas forcément d’avis pour autant. Je mise plutôt sur les parents qui sont sensibles à la démarche, car eux aussi sont de supers ambassadeurs !
Je crois qu’il faut laisser le temps faire ses preuves. D’ailleurs au début de l’année, le démarrage a été difficile, car il y avait une dizaine de nouveaux à mettre en route et les enfants qui étaient déjà là étaient agités. L’ATSEM de la classe me disait qu’elle pensait qu’avec le temps, ça roulerait. Effectivement ! Dès la rentrée des vacances de Toussaint, tous les enfants sont arrivés, se sont installés aux activités dans un fond sonore raisonnable et les GS ont commencé à déclencher la lecture. J’en avais les larmes aux yeux !
Ma réponse est longue, mais je voulais te dire qu’il faut que tu te laisses du temps, que tu laisses du temps aux enfants… et aussi aux parents d’assimiler tout ça. Je suis certaine que d’ici quelques mois, voire quelques semaines, tu feras un jour un arrêt sur image, tu regarderas la classe et tu te diras: “C’est magique !”
En attendant, suis ton chemin, essaie de ne pas te justifier, mais d’exposer plutôt des constats des progrès, des acquisitions nouvelles et ne prête pas trop l’oreille aux dires qui pourraient te heurter, protège-toi. Et puis les enfants sont capables de faire des progrès de géants en un temps record, alors cela vaut vraiment la peine de “perdre” du temps sur certaines choses, cela t’en fera gagner plus tard !
Je te souhaite une belle continuation et plein de merveilleux moments