Mon petit bonheur du jour : j’ai une classe de 17 petites sections. Au mois de mars, un de mes élèves m’a dit : je veux écrire mon prénom, tu peux m’apprendre ? Moi qui ne m’attendais pas à des demandes si tôt et qui n’étais pas préparée me lance quand même à tâtons dans l’explication du principe alphabétique et dans l’écoute des sons. Ça s’est transformé en avalanche de demandes, toute une bande de mes petits veulent apprendre à écrire. J’explique donc, je fabrique les lettres rugueuses, l’alphabet mobile, bref, certains se lancent, c’est super cool, mais ce n’est pas la victoire dont je voulais parler.
Aujourd’hui, nous sommes la veille des grandes vacances, et une petite qui ne s’était jusque là pas intéressée à l’écriture, et avec qui je n’ai fais AUCUN atelier de ce genre, vient me voir avec un dessin qu’elle a fait et me dit qu’il faut que je l’aide à écrire “Papa, voici ce dessin pour toi, bla bla bla…”. Je lui répond qu’on va se limiter à “papa”, et qu’elle va essayer de l’écrire elle, avec en tête l’idée de lui présenter le principe alphabétique. Je lui demande de prononcer lentement le mot pour écouter tous les sons, ce qu’elle fait parfaitement, puis de me donner le premier son. Elle me répond immédiatement [p], dans ma tête je valide “conscience phonologique ça va être facile”. Puis je vais chercher l’alphabet mobile, et lui demande si elle connait la lettre qui fait ce son. Elle m’en montre une puis une autre, ce ne sont pas les bonnes. Une autre petite de la classe qui dessinait à côté tend le bras, et lui montre le P. Il se passe exactement la même chose pour le A (elle trouve toute seule le son, ne trouve pas la lettre, la copine la lui montre), puis ça revient sur un [p], cette fois elle trouve la lettre toute seule, et idem pour le deuxième [a]. Comme elle met les lettres n’importe comment, je lui explique qu’il faut les placer de droite à gauche. On relit le mot, et gênée je lui dit qu’il va maintenant falloir mettre ce mot sur sa feuille et que je ne sais pas comment on va s’y prendre. “D’accord” me répond-elle en prenant son crayon et elle le recopie, elle se met à écrire parfaitement PAPA. Je dois avouer que je l’ai regardée bouche bée, moi qui avait l’impression de ne pas bien les préparer en graphisme…
Je réalise qu’avec deux questions de ma part et deux infos d’une camarade, elle vient d’écrire un mot sans problème. C’est trop facile d’écrire en fait !
Bref, les ateliers c’est bien, mais même ça, ça peut être dépassé par l’environnement…
J’adore travailler comme je le fais… Même quand on fait rien, les élèves apprennent…