Oui chouette idée de sujet pour mieux se comprendre les uns les autres.
Merci @Evi pour ton touchant témoignage qui fait bien écho en moi !
Au début de ma carrière d’enseignante, j’avais envie d’un partenariat avec les parents. Mais c’était sans compter sur cette peur bien ancrée de recevoir des reproches ou des insatisfactions et sur la croyance relayée par la collectivité selon laquelle les parents ne doivent pas rentrer à l’école.
Puis, je suis devenue maman avec à mon tour un regard de parent. J’ai compris alors que pour une situation identique le point de vue pouvait être diamétralement opposé selon qu’on se plaçait en tant qu’enseignant ou parent.
J’ai vécu une expérience difficile avec un enfant pour lequel j’avais tout essayé, proposé énormément d’aménagement. Nous nous rencontrions avec ses parents à chaque demande de leur part ou de la mienne. J’avais l’impression que l’on travaillait ensemble. Et puis j’ai écrit sur son cahier du jour : “dommage” qui était pour moi vraiment un encouragement parce qu’il était presque arrivé à la compétence travaillée. Et cela a été compris de façon inverse par l’ensemble de la famille. Elle souhaitait porter plainte auprès de l’inspectrice, me faire déchoir de mon statut d’enseignant etc… Malgré les apparences, la confiance n’était pas là.
Tout cela m’a incitée à bousculer ma zone de confort ; j’ai décidé d’ouvrir la classe aux parents et de m’ouvrir à toutes leurs questions. Et surtout de l’exprimer clairement.
A chaque réunion de rentrée, nous passons 80% à parler des enfants, de leurs besoins pour s’épanouir et du partenariat qui me semble fondamental de créer entre parents et enseignants.
A cette occasion je leur propose d’avoir déjà réfléchi à leurs attentes en matière de communication.Je leur soumets également une “étude de cas”, c’est à dire un exemple de situation conflictuelle ou qui pourrait l’être et nous débattons des solutions imaginées.
C’est très enrichissant et cela permet en même temps de créer un lien entre eux et moi mais aussi entre eux.
J’insiste vraiment sur l’importance de venir me voir dès qu’un mini malaise ou incompréhension s’installe autour de l’enfant. Et je fais de même.
Nous refaisons un point en janvier.
Coïncidence ou pas, les relations sont beaucoup plus détendues et confiantes entre nous depuis que je fonctionne comme cela. L’an dernier, j’avais un cas très délicat de harcèlement dans la classe. Ensemble nous avons pu établir une issue constructive pour l’enfant et la classe.
En tant que maman, j’ai expérimenté l’an dernier la difficulté d’aller trouver l’enseignante de ma fille pour lui exprimer une souffrance. J’ai tenté de mettre cette souffrance au cœur de la discussion en présence de ma fille. Cela n’a pas tout résolu mais sa maîtresse a entendu cette souffrance et cela a forcément fait bouger des choses.
Quelque soit l’interlocuteur, je crois que l’accueil sans jugement du ressenti de chacun est vraiment la clé d’une meilleure communication. Et puis oser parler à l’enseignant, à la famille, malgré les résistances, les petites voix intérieures “non mais c’est pas grave, ça va passer…”.
La vie nous offre tous les jours des opportunités de mieux communiquer