Se lancer dans une organisation de classe PS-MS-GS ?


#1

Bonjour à tous,

je suis enseignante de MS-GS et j’ai commencé cette année 0 en développant au maximum l’autonomie de mes élèves suivant les lois naturelles de l’enfant et les conseils de @Celine .
Je me régale, même si ce n’est pas toujours facile, et d’ailleurs, ce forum m’aide beaucoup à avancer.

L’année prochaine, notre école devrait accueillir beaucoup de PS. Je m’entends très bien avec mes collègues, qui , pour la plupart, sont intéressées par ce qui est proposé ici, et certaines ont même assisté à des conférences de @Celine. Pour autant, il leur est encore difficile, et je respecte cela, de “sauter le pas” dans leur organisation de classe. Au final, elles préfèrent également conserver des niveaux simples ou bien sont assez peu enclines à l’accueil de PS. Tout cela pour dire qu’il me serait possible l’année prochaine d’aller plus loin dans mon cheminement en prenant des PS et avoir ainsi des PS-MS-GS.
Mais ce qui me pousse à vous écrire aujourd’hui, c’est qu’il demeure des doutes.

Premièrement, il m’est difficile d’“assumer” seule dans l’école une organisation originale, vis-à-vis des parents, de l’IEN ou de moi-même et de mon manque de confiance. J’adorerais que nous passions toutes comme cela se fait, à une école faite uniquement de triples niveaux!

De plus, suis-je assez prête et capable de gérer le triple niveau? Ne vaut-il mieux pas que je reste encore en MS-GS, en accueillant de nouveaux MS et en conservant mes MS devenus GS, qui deviendraient des modèles pour les nouveaux? Ou bien, devrai-je prendre des PS-GS plutôt que des MS-GS?
Puis, une fois bien établie, pourrais-je me lancer ?

Avant tout, lors de mes réflexions, il a été très important que j’en parle avec mon ATSEM, qui est une personne géniale, avec qui je m’entends très bien et qui a réussi à suivre et à apprécier mon mode de fonctionnement, depuis cette année où je suis arrivée dans cette école. Elle est tout à fait ouverte à l’accueil de PS dans la classe.

Et puis, se posent des questions pratiques: si je fais cela, ne faut-il pas aménager l’espace de la classe, l’emploi du temps, l’effectif de classe afin de favoriser ce changement? Et s’il le faut, que faut-il faire exactement et cela serait-il concrétisable dans mon école?

Tant de questions qui, j’espère, trouveront des réponses allant toujours dans la direction que prend ce forum: faire au mieux pour nos élèves et notre pratique d’enseignant.

Dans l’attente de vos lumières …


#2

Personnellement je n’aurais pas envie de tester PS/GS… La différence entre les petits et les grands est assez énorme, et ça te ferait une moitié de chaque au lieu d’un tiers, je pense que ce serait plus difficile à gérer… L’idéal c’est 6 à 8 enfants de chaque section, avec les 2/3 de la classe déjà autonomes…
Si tu n’as pas l’habitude des PS, ils peuvent être craquants dans tous les sens du terme, mais s’ils ne sont pas trop nombreux, ils seront vite à l’aise… Bien sûr il faut penser à eux dans les propositions de jeux et de matériels, il leur faut suffisamment de choses adaptées à leur âge… Le plus dur sera de leur faire comprendre que certains matériels (et même la plupart au début) ne leur sont pas accessibles…
Enfin à toi de voir, c’est ta classe et si j’ai bien compris, tu as le choix… c’est une chance !


#3

Merci @isa1

J’ai très longtemps eu des PS, je connais bien, mais je n’ai jamais eu de PS en double niveau. Je comprends ce que tu dis sur leurs différences avec les GS.
Comme tu dis, j’ai la chance de pouvoir choisir, du coup, on veut faire au mieux et le choix est délicat!


#4

Je viens de relire ton premier message, c’est sûr qu’avec des PS en plus, le début d’année sera différent : l’espace et l’emploi du temps devront les laisser s’adapter en douceur… Par contre je ne pense pas que tu puisses demander à tes collègues de réduire ton effectif par rapport à elles pour tester l’organisation qui te correspond le mieux… Mais tu peux garder tous tes futurs GS, et faire en sorte d’avoir un peu plus de MS que de PS si c’est possible… Enfin là il faut surtout discuter avec tes collègues…


#5

Je trouve que les PS apportent une richesse dans la classe de MS-GS. Ils ont un rythme et une approche naturelle du fonctionnement de la classe qui nous permet à tous, élèves et adultes, de nous recentrer sur l’essentiel. C’est très agréable et, autant les petits adorent découvrir des “activités de grands”, autant les grands se régalent à refaire des “activités de petits” ; et ces derniers veillent à ce que ce soit parfaitement réalisé, car en général ils sont perfectionnistes.

Mon rêve est de mettre en place ce fonctionnement en activités libres autonomes en classe unique, de 2 à 11 ans, et, pourquoi pas, de 0 à 99 ans ?


#6

Moi aussi je témoigne de la grande richesse qu’apporte le présence des PS et surtout du cheminement incroyable des enfants qui débutent dès la PS dans ce fonctionnement. Ce ne sont pas les mêmes MS ensuite ! L’idéal serait de garder les GS c’est sûr, pour pouvoir t’appuyer sur eux. Ce qui serait vraiment intéressant, c’est que tu puisses ensuite garder les PS que tu aurais l’année prochaine pour la MS…
Cette année je vis ma première année avec des MS qui ont fait une PS en ateliers autonomes et c’est vraiment incroyable ! Je n’ai jamais vu ça !


#7

Si tu le peux, une classe un tiers PS, un tiers MS, un tiers GS est l’idéal.
Les petits apportent un recentrage sur les essentiels, responsabilisent les GS et leur permettent de jouer ce rôle de grands qui leur fait mesurer leurs progrès et se souvenir d’où ils viennent. Leur présence favorise la coopération et l’entraide plutôt que la compétition entre pairs du même âge.
Les débuts d’année sont sportifs et les grands doivent laisser plus de place le matin, mais je dirais que ça a permis à mes GS de prendre du recul. Ils nous ont spontanément aidées à prendre les petits en charge. J’ai même un TPS qui est coaché par une GS qui partage des moments avec lui sur des ateliers de vie pratique, des moments de jeux libres en constructions avec des enfants de son âge et des moments d’ateliers individuels où elle poursuit ses propres objectifs.
Je dirais que la difficulté pour toi serait d’être la seule classe de ton école en triple niveau. Mais si tu es convaincue, que tes collègues sont ok tu arriveras à convaincre les parents de ta classe, parce que c’est la vérité ; le triple niveau est bénéfique pour tous, les plus petits comme les plus grands et les adultes.


#8

Bonjour,
J’avais copié-collé le texte ci-dessous il y a qq années en vue d’argumenter auprès des parents/collègues/inspecteur sur le choix d’une classe triple niveaux (que je n’ai pas encore mais je ne désespère pas!!!)
Je ne sais plus du tout d’où il vient… je l’avais trouvé très bien fait et très pertinent. Si ça peut vous aider dans vos choix, je partage!
Florence

"1/ Qu’est-ce qu’une classe multi-âges ?

La classe à niveaux multiples est une réalité scolaire qui se vit depuis longtemps et cela partout à travers le monde :
● En Suisse, 23% des classes sont à niveaux multiples.
● Aux Pays-Bas, 53% du personnel enseignant oeuvrent dans ces classes.
● En Australie occidentale, plus de 85% des écoles ont recours aux classes à niveaux
multiples.
● La Nouvelle-Zélande, qui possède le plus haut taux d’alphabétisation au monde,
regroupe très fréquemment les élèves dans des classes multi-âges.
● Les États-Unis et les pays scandinaves ont une longue tradition de classes multi-âges.
● Au Canada, un élève sur cinq est inscrit dans une classe à niveaux multiples.

2/ Pourquoi est-ce une chance pour les enfants ?
● Les élèves des classes à niveaux multiples réussissent aussi bien sinon mieux que les élèves de classes simples (Gayfield : 1991).
● La diversité des enfants est une richesse.
● La quantité et la qualité des interactions entre élèves facilitent l’apprentissage.
● L’élève participe davantage à son apprentissage.
● L’élève se responsabilise dans son comportement et dans ses apprentissages.

3/ Les avantages des classes multi-âges

a - Pour les apprentissages
La classe multi-niveaux crée une dynamique de diversification des apprentissages.

  • l’auto-apprentissage : l’hétérogénéité et la non-ubiquité de l’enseignant oblige à des plages d’autonomie, où l’enfant sera seul face à sa recherche, mais pas “abandonné”.

  • l’inter-apprentissage : la différence de niveaux permet l’apprentissage entre pairs, ce qu’on appelle parfois l’effet vicariant. Tout simplement, l’entraide entre enfants, voire l’imitation, mais aussi le parrainage ou le tutorat…

  • le rétro-apprentissage ou le bénéfice que retire “celui qui sait” en expliquant à celui “qui ne sait pas”. On apprend aussi en tentant d’expliquer.

    b - Le vécu psycho-affectif
    La classe multi-âge modère la violence inhérente à tout groupe d’individus.

  • le mélange d’âge, de taille et de force dans la même classe aboutissent
    généralement à plus de tolérance chez les enfants.

  • le roulement d’année en année ( en gros, 1/3 de nouveaux arrive à la rentrée)
    crée une continuité, donc une stabilité favorable à la sérénité de la classe.

  • les problèmes de dominant-dominé trouvent leur solution dans la durée. On peut devenir leader à son tour (ce qui n’est pas le cas d’un enfant suivant une scolarité à cours unique).

c - L’organisation de la classe
La classe multi-niveaux oblige à une organisation particulière, qui tend à devenir coopérative pour gérer cette hétérogénéité.

  • l’organisation se complexifie obligatoirement. Ce qui implique, pour que le fonctionnement soit viable, une participation accrue des enfants à cette même organisation.

  • le fonctionnement du maître se déplace ce qui impulse une évolution adaptative de l’enseignant.

    d - Les relations avec les parents
    C’est aussi un avantage, en particulier pour les parents des nouveaux élèves qui peuvent compter sur les anciens parents pour obtenir conseils, renseignements afin de s’intégrer au mieux à la vie de l’école et de la classe.

e - L’efficacité
La classe multi-niveaux permet en début d’année un démarrage beaucoup plus rapide, puisque les 2/3 des enfants et l’enseignant se connaissent déjà.

  • l’organisation de départ est déjà connue des anciens élèves, et vite acquise des nouveaux par une sorte de compagnonnage pratique.
  • l’enseignant connaît déjà, dès la rentrée, les compétences et le comportement d’une bonne partie de sa classe ce qui permet une entrée plus rapide dans les apprentissages."

#9

Merci pour vos réponses !
Finalement, après réflexion et débat avec mes collègues, l’année prochaine, j’aurai des Ps/GS. Sûrement 18 PS et 7 Gs. Je ne pourrai pas garder tous mes Ms , alors je devrai faire un choix!
Le triple niveau était moins pratique dans l’organisation de l’école.
Je suis assez enthousiaste finalement. Je pense que mes Gs, qui seront une partie de mess Ms de cette année, vont vraiment avoir un rôle de guide, de tuteur, auprès des PS.
Je pourrai leur consacrer du temps pendant la sieste des Ps. Et je pourrai m’occuper à nouveau de PS en prenant le temps de bien leur faire découvrir les activités autonomes.

Cela me permet de faire une transition vers le triple niveau, pour lequel je ne désespère pas ( 2 de mes collègues sont motivées !!! ) pour l’année suivante !
Et du coup, merci @Orso13 pour le texte !

A suivre…


#10

Bonjour à tous,

Cette année j’ai une classe de 29 PS MS, mais pendant les 10 années précédentes j’ai enseigné dans un triple niveau CE2 CM1 CM2. J’ai adoré !

Je me retrouve tout-à-fait dans l’argumentaire sur les niveaux multiples. Ce que je retiens plus particulièrement c’est :

  • le temps : garder ses élèves 3 ans c’est leur accorder le temps d’évoluer à leur rythme.

  • des petits groupes de 6 à 8 enfants par niveau : on ne passe pas à côté des élèves “effacés”.

  • la force des habitudes de travail, des rituels de la classe qui permettent aux enfants à la fois d’être en sécurité affective et de se sentir faire partie de la classe. On ne “découvre” la classe qu’en CE2. Après, on la connait, on est à l’aise, en sécurité.

Après une réorganisation de l’école en RPI, nos deux classes de l’école accueillent depuis cette année respectivement les PS MS et les GS CP.
Mais pour le plaisir, et parce que nous pensons que le mélange des âges est une condition fondamentale pour apprendre ensemble et vivre ensemble, nous aurons à la rentrée deux classes PS MS GS CP.

Nous préparons cette rentrée dès à présent avec enthousiasme et bien sûr un peu de stress.

Je te souhaite bon courage @Valerie1 pour ta rentrée, je suis sûre que PS et GS ça peut très bien fonctionner, malgré l’écart. Tu auras certainement des PS qui vont faire des avancées fulgurantes en prenant modèle sur les GS !

Nadège


#11

Merci @gudunad !
Et plein de bonnes choses à toi et ton équipe dans cette belle aventure :heart_eyes:


#12

Bonjour, j’ai très envie de me lancer dans l’aventure moi aussi. Cela fait quelques temps que je potasse le livre de Céline, viens ici vous lire pour mieux m’imprégner de cette démarche. J’aurai cette année des PS/MS/GS. 20 élèves en tout et de bonnes conditions pour que cela fonctionne bien. Mais je me pose une question depuis le départ. Comment mettez vous en oeuvre concrètement les tutorats, le travail entre élèves d’âges différents si les ateliers sont individuels? Quelles sont les activités qui vous permettent ce lien entre classe d’âge?j’ai bien vu qu’il y avait une activité avec les couleurs entre des GS et des PS, d’autres pistes?


#13

Bonsoir

En fait, le “tutorat” se met en place sans nous, naturellement …
Si les activités sont individuelles, rien n’empêche les enfants de communiquer, de commenter les activités des uns et des autres, de se donner des conseils (et d’ailleurs ils le font tout le temps !!!)

Les enfants les plus jeunes ont naturellement tendance à observer/copier les plus grands, et leur demandent de l’aide sans retenue.
Il m’est cependant arrivé parfois de demander directement à un grand d’aider un plus jeune lorsqu’il réclamait une explication que je savais le grand capable de donner. Ou bien , lors des regroupements, on peut également féliciter un enfant de son nouveau savoir, et dire aux autres qu’ils peuvent dorénavant lui demander de l’aide quand ils en ont besoin.

Cela se fait automatiquement pour eux. Ce qui valorise l’un motive les autres à faire de même…
L’ambiance de la classe permet cette émulation, sans pour autant générer de compétition négative comme on pourrait l’imaginer. Au contraire, les enfants sont contents pour le camarade qui réussit ou qui a acquis une nouvelle compétence.

Je ne saurais donc te dire quelles activités permettent ce lien … pour moi, elles le permettent toutes !

Bonnes découvertes à toi !


#14

Tout à fait d’accord avec toi Hélène, cela se fait naturellement.
Après, j’ai constaté que l’affinement des sens était un domaine où les interactions à 2 étaient les plus nombreuses, pour les mises en paires notamment et les plus grands adorent faire jouer les plus petits (tissus, matières, couleurs, sacs à mystère…).

Je suis aussi très impressionnée par le temps passé par les plus jeunes à observer les plus grands (et dans toutes les activités).

Toutes les personnes qui sont venues observer la classe ont été surprises par les interactions nombreuses et riches, alors que bien souvent, elles avaient une représentation toute autre d’une classe fonctionnant en ateliers autonomes !


#15

hihi … oui, c’est une surprise qu’a eue une collègue venue dans ma classe aussi : elle était persuadée que travaillant en autonomie, les enfants seraient SILENCIEUX … eh ben non … même si parfois j’aurais bien aimé :rofl:

Ce qui est comique, et que personnellement j’adore, c’est quand c’est un plus jeune qui explique naturellement une notion à un plus âgé … Ca surprend les adultes, mais pas les élèves !


#16

C’est vrai que la terminologie “ateliers individuels” n’est pas la plus adaptée finalement, parce qu’ils sont souvent plusieurs ! Ce qui est individuel ce sont les parcours. Chaque enfant a son parcours qui lui est propre, ses préférences, ses habitudes… mais les ateliers sont autant partagés qu’individuels :wink:.

Il est d’ailleurs important de préciser à l’enfant qu’il a le droit de faire seul si il en a envie. Il n’a pas à subir les pressions d’un copain qui veut à tout prix venir avec lui. Et les spectateurs, si spectateurs il y a doivent rester discrets. Mais le plus souvent les enfants sont ravis d’être à plusieurs.


#17

Merci pour vos réponses! Cette nouvelle organisation est très théorique encore pour moi. J’ai toujours eu des triples niveaux mais la méthode traditionnelle cloisonne beaucoup entre les âges. En tout cas c’est ce que j’ai fait. Vous m’aidez à me projetter dans ces interactions entre les élèves…


#18

Bonjour,

Comment puis-je justifier un mélange ms/gs en année 0 lors de ma réunion de parents ?


#19

Bonjour manuegillet,

Simplement en expliquant que les grands ont plus à gagner que les petits dans un travail de tutorat en donnant un exemple :
Lorsqu’un grand explique à un plus jeune comment réaliser la tour rose,

  • le petit apprend comment à ordonner selon la taille
  • son aîné, pour lui expliquer, est obligé de refaire l’activité (=> petite piqûre de rappel de cette compétence) mais il doit aussi verbaliser (nommer le matériel, le but…) => compétences langagières mises en oeuvre et il doit faire preuve de patience, de contrôle inhibiteur quand le plus jeune n’y parvient pas du premier coup pour ne pas le faire à sa place (=> compétences sociales et compétences exécutives). Bref pour faire simple : l’aîné passe du stade “compétence acquise : il sait faire” à “compétence maîtrisée : il sait transmettre ce qu’il sait faire”!

Sans oublier les valeurs : partage, lien social, estime de soi…


#20

A mon sens tu n’as pas à te “justifier” ! Tu te sens coupable de quelque chose ? Tu considères que tes pratiques ne sont pas légitimes ?
Tu peux expliquer aux parents les avantages d’une telle situation, mais si tu as dans l’idée de te justifier, j’ai l’impression que c’est que tu te places dans une situation où tu aurais à légitimer tes choix face aux parents, et je crois que ça peut être anxiogène pour eux de penser que la situation n’est pas normale, qu’elle mérite d’être “justifiée”.