Je suis en direct de la conférence de Pierre PEROZ. Voici quelques prises de notes.
Ancien instituteur et maintenant maître de conférence.
Sémantique lexicale et didactique du langage en maternelle.
Pédagogie de l’écoute.
Langage premier domaine d’apprentissage des programmes.
Mais ce n’est pas langage courant, mais le langage de l’école, utilisé dans les situations d’apprentissages. Donc des situations contraintes : thème, prise de parole, participants, … Voici les caractéristiques du langage de l’école
Une parole autonome. Prise de risque par l’élève, devant les autres et l’enseignant. Parole publique, engageante.
Une parole réfléchie. Non pas originale, ni exacte (on a le droit de se tromper). Mais autoreformulations, parole construite / qui se construit. Difficile de séparer la pensée du discours (cf Vigotsky) en maternelle. Pas de réflexion dans sa tête avant le cycle 2 au moins.
Constat dans les classes. L’école maternelle échoue à enseigner le langage. Régulation des prises de paroles. L’enseignant privilégie les interactions individualisées, en lien avec l’adulte. Dialogue pédagogique ordinaire (cf Elizabeth Nodon). Question / réponses. Dans un rythme qui s’accélère (une question toute les 10 secondes. Questions fermées. Concurrence entre élèves pour être le plus rapide. L’enseignant monopolise plus de 60% du temps de parole. Structure et déroulé des question non claire pour les léves (cf E Gauthier). Echec des élèves non aisés.
Un tiers des élèves restent silencieux. Les autres se limitent à des phrases d’une dizaine de mots, pas nécessaire aux apprentissages.
Il faudrait au contraire le temps à chacun de revenir, de prolonger ses prises de parole.
La vitesse des échanges dans ces échanges pédagogique ordinaire tue les objectifs des séances de langage. Pierre Peroz propose donc de changer de modèle pédagogique. Il propose la pédagogie de l’écoute.
Pédagogie de l’écoute.
L’enseignant pose une question ouverte. Puis il se tait. Et donne la parole à chacun.
Il peut relancer, mais avec la même question. Laisser le temps à chaque élève de dire et répéter ce qu’ils ont à dire.
Dialogue pédagogique à évaluation différé. On repousse le troisième temps, le moment d’une nouvelle question, d’une évaluation et stabilisation du savoir.
Droit à répéter ce qui a été déjà dit.
- On ne coupe pas la parole, on lève le doigt. Respect des règles de conversation. Privilège de l’enseignant qui nomme (plus que juste désigner). Sécurité dans ses prise de parole pour les petits parleurs, qui ont peur si leur parole n’est pas protégée.
- On ne reformule pas la question. Elle reste dans des termes précis. On peut l’écrire au tableau. On donne pas les réponses à ses questions, même avec des questions fermées.
En cas de difficulté, on reverra la question plus tard. On cherche des solutions, on relis l’histoire, ou un passage, mais pas trop ciblé pour ne pas induire la réponse.
Didactique. Clarté cognitive des élèves. Format de séance régulier. 3 parties
- Restitution
- Compréhension.
- Interprétation.
Séances décrochées. Avant pour préparer la séance de langage. Après pour revenir sur des difficultés.
Textes appropriés. Non illustrés (donc pas de albums). Programmes = comprendre un texte lu sans autre aide que l’écoute. Meilleurs support pour un travail en groupe d’une dizaine d’élèves.
Partie 1. Restitution.
Raconter l’histoire en entier à plusieurs. Vidéo de séance. Jack et le haricot. Élèves pratiquant l’écoute active depuis un an. Autonomie des élèves, qui connaissent bien l’histoire. Narration collective en enchaînant les uns sur les autres, ce qui n’est pas facile. Énoncés longs (plus de 30 mots), connecteurs, temps du passé. La posture en retrait de l’enseignant laisse le temps aux élèves de développer. Retour au texte par les élèves. Contrôle méta de sa parole, en support au texte d’origine. Reprise par le voisins sans corriger directement l’élève précédent. Précisions de vocabulaire, de tournures syntaxiques.
Partie 2. Compréhension.
Vidéo. Questions sur les personnages et ce qu’ils veulent. Comprendre l’histoire, c’est comprendre l’enchaînement des états mentaux des personnages. Reprendre et stabiliser les dénominations des personnages.
L’enseignant pose quelques questions sur les personnages et ce qu’ils pensent à un moment donné de l’histoire. Questions en pourquoi ?
Partie 3. Interprétation.
Se mettre à la place d’un personnage. Aborder autrement le texte. Par exemple par un jugement des élèves sur les personnages. Ex "A votre avis, peut-on dire que Jack est un voleur ? Et dites pourquoi. "
Conclusion. Au début de l’année, dans la classe, les élèves intervenaient avec de 8 à 15 mots. Au cours des 23 séances analysées en écoute active, l’intervention des élèves augmentent jusqu’à 20 à 40 mots en moyenne. L’enseignant intervient peu, moins de 25%. Progrès des élèves, syntaxe et lexique. Ils savent ce sur quoi ils travaillent. Et ils savent qu’ils sont écoutés par l’enseignant. Ils ont le temps d’intervenir. Progrès littéraires, avec des textes non illustrés, plus long et difficiles.
Les élèves reviennent sur ce qu’ils ont dit, ils reformulent progressivement et ensemble.
Ils s’approprient le langage de l’école, une parole autonome et réfléchie.