Discipline et liberté


#61

@Matluz, Hélas, ces collègues là nous donnent envie de pleurer :frowning: ils ne se rendent pas compte à quel point ils font preuve de cruauté dans ces moments-là. C’est sur que ce n’est pas facile, mais si tu te sens de lui parler, peut-être qu’elle en prendra conscience ou au moins que cela la fera réfléchir la prochaine fois sur les mots à utiliser…


#62

Je fais ranger quelques minutes avant puis tout les enfants savent que leur atelier rangé ils doivent venir s’assoir sur l’ellipse, certains traînent pour ranger les chaises ou nettoyer par terre. D’autres veulent finir leur travail mais je leur explique qu’ils peuvent le laisser sur la table et le reprendre l’après midi. Sur l’ellipse si nous avons le temps nous chantons ou lisons une histoire en attendant les parents.


#63

C’est tellement important de prendre soin de soi pour tenir le coup:)


#64

Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule à avoir des difficultés du même ordre avec mes élèves. J’ai un groupe de 28 PS MS GS et je suis en transition 1 (ateliers autonomes combinés à des ateliers classiques) et j’ai quelquefois aussi l’impression qu’ils ne m’écoutent pas notamment lorsque je les appelle pour le regroupement (avec un peu le même types de comportements que ceux décrits plus hauts). Du coup je leur ai demandé en regroupement l’activité qui leur plaisait le plus et celle qui leur plaisait le moins au regroupement. Je leur ai expliqué que l’idée était de tenir compte de leurs réponses pour faire évoluer ce moment que l’on passe tous ensemble et le rendre le plus agréable possible pour tous.
Je vais donc profiter des vacances pour réfléchir et faire évoluer mon temps de regroupement en proposant peut-être un fonctionnement plus souple (pourquoi pas prévoir plusieurs temps de regroupement dans la mâtinée) et des activités plus courtes et plus vivantes afin qu’ils aient envie de venir participer.

Concernant les punitions, j’avais une chaise “qui calme” pour les enfants perturbateurs. C’était une chaise où les enfants étaient censés réfléchir lorsqu’ils avaient mal agit (violence envers un camarade…). Mais les enfants ne sont pas dupes ils venaient régulièrement me demander pourquoi untel était puni sur la chaise qui clame. Du coup l’an dernier j’ai décidé de l’enlever et il s’est avérer que mes élèves n’étaient pas plus indisciplinés avec que sans… Il y a même des élèves perturbateurs qui ont été soulagés de sa disparition et qui du coup se sont calmés.

Enfin concernant la gestion des conflits entre enfants, j’essaie depuis cette année d’utiliser la CNV. Lors d’un conflit je fais s’exprimer les deux parties : les faits, les sentiments et les besoins de chacun. Ce n’est vraiment pas facile mais je commence à en voir les résultats. Mes élèves commencent à s’entraider spontanément en classe. Et puis le dernier jour avant les vacances (cerise sur le gâteau) j’ai un élève (Paul) qui est plutôt violent en classe qui m’a émue aux larmes. Il a fait tomber Jordan (lui aussi assez bagarreur) en courant sans regarder où il allait dans la cour de récréation. Il m’a donc amené Jordan pour que je regarde ses genoux. Je regarde les genoux de Jordan qui ne sont juste rougis puis je constate que Paul est griffé au front et je lui demande s’il est lui aussi tombé et s’il s’est fait mal. Et Paul me répond “non c’est Jordan qui m’a fait ça parce que je l’avais fait tomber”. Et là j’en suis restée bouche scotchée : malgré le fait que Jordan l’avait tapé, il avait quand même tenu à l’amener jusqu’à moi pour que je regarde ses genoux. Je me suis dit qu’il fallait faire preuve d’une sacrée dose d’empathie pour passer par-dessus ce geste et souhaiter malgré tout aider son camarade.
Du coup je me dit que je suis sur la bonne voie et que finalement ce n’est pas si grave que mes élèves ne viennent pas se ranger manu militari lorsque je les appelle pour rentrer de récréation, non ?


#65

Merci @Matluz d’avoir lancé ce sujet fondamental.

@Juju tes propos au début de ce post ont peut-être dérangés, mais ils ont suscité de très nombreuses réponses. Merci à tous pour la richesse de cet échange, j’ai rarement lu un article aussi intéressant. Comme les enfants nous faisons des essais (et non des fautes ou des erreurs), puis nous ré-ajustons. C’est ainsi que que nous progressons. Nous devons ré-apprendre notre métier et cette reconversion ne se fera pas sans embûches…


#66

Bonjour, je suis d’accord pour dire que les effets de la punition à court terme semblent fonctionner mais à long terme ils n’apprennent rien sinon et laissent un sentiment de revanche, “il gagne mais je leur ferai payer” - ressentiment : “c’est injuste, je ne peux pas faire confiance aux adultes” - rébellion : “je leur montrerai que je peux faire tout ce que je veux” - retrait : ruse “on ne m’aura pas 2 fois” ou estime de soi réduite “je suis une mauvaise personne”.
Si on ne punit pas alors que fait-on ?
Accepter l’erreur comme une opportunité d’apprentissage et laisser le temps aux élèves pour s’entraîner à se regrouper. Rechercher une solution efficace et respectueuse pour tout le monde. Un exemple de classe de grande section d’une collègue qui se sert d’une cloche pour informer que le rangement doit commencer. Comme ils sont bien entraînés, les élèves se déplacent plus vite maintenant pour rejoindre le coin regroupement. Elle met le canard en peluche (mascotte de la classe au milieu du cercle formé par les enfants) et ils commencent à se faire des compliments. Elle regarde alors le bac et voit que X a fait un dessin exprimant son problème. Les élèves proposent des solutions à X. La peluche sert de baton de parole. Ce temps d’échange est très apprécié par le groupe est permet de retrouver le calme après les activités de la matinée. Je suis en CP je n’utilise pas de peluche mais un baton de pluie. Bonne continuation


#67

Juste mon expérience personnelle…
j’ai utilisé régulièrement le coin…la punition…sans réelle efficacité , même à court terme. Ma pratique a bien évolué et dans ma classe, il n’y a plus d’enfant puni…je constate de réels progrès de comportement pour les enfants les plus difficiles, ceux qui justement étaient le plus souvent punis. Une relation de confiance s’est établie! et ils écoutent davantage ce que je leur explique, en tiennent plus compte…
De façon un peu paradoxale peut-être (ou en réalité très logique), je trouve ma classe plutôt disciplinée (quoiqu’en dise mon ATSEM…). je dois dire que ce changement de pratique ne s’est pas du tout accompagné d’une baisse d’exigence quant au comportement des élèves, au contraire même! Je suis très ferme sur le bruit, sur le respect des uns et des autres, très exigeante sur les attitudes…plus qu’avant sans aucun doute.
Je crois que @celine était elle aussi très exigeante dans sa classe sur l’ordre qui devait y régner, c’est un des aspects qui m’a frappé quand j’ai découvert son expérience: les premiers apprentissages sont des apprentissages de comportement: s’asseoir, ranger sa chaise, se déplacer…et une fois que tout cela est acquis, les apprentissages scolaires s’installent naturellement pourvu qu’on ait mis à disposition des enfants un matériel attractif et intelligent.
Pour le moment, dans ma classe, les attitudes ne sont pas encore complétement fixées, et pourtant j’ai commencé à mettre en place des apprentissages de vie pratiques plus complexes et aussi de langage, mathématiques et sensoriels… On veut peut-être parfois aller trop vite…
Je vois quand même une bonne évolution et je pense qu’on est sur la bonne voie: restons fermes et exigeants (c’est aussi faire confiance aux enfants), C’est aussi ça la bienveillance (ne pas laisser les enfants s’embourber dans le désordre).


#68

Dans l’expérience et le discours de Céline, (et de Maria Montessori) est rappelée cette évidence qui fait partie de celles qui ont besoin d’être dites, car elle est généralement niée dans l’EN ; il faut prendre le temps nécessaire à la mise en place des comportements attendus, et il y a des attitudes de l’adulte comme de l’enfant qui sont acceptables ou non, ou qui sont à encourager ou non, et aussi il y a des évolutions possibles et attendues de chacun, adulte et enfant…
Et il existe une multitude de réponses qui ont déjà été trouvées, pensées et expérimentées, pour permettre à chaque prof de bonne volonté de trouver celles qui vont l’aider réellement dans sa pratique de tous les jours, en les modifiant à peine, juste un peu pour les faire siennes…
Je trouve hallucinant que dans la formation des profs ne soit jamais abordé cet aspect crucial de notre métier… On voit bien pourtant que nous avons toutes et tous été amenés à bosser sérieusement là dessus, à nous poser tout un tas de questions, à chercher des réponses, aussi bien au plus profond de ce que nous sommes que dans des livres ou des expériences de collègues…
Je trouve cette réflexion collective sur “la punition” et ses alternatives très intelligente et nécessaire, comment se fait-il que ce genre d’échanges n’ait jamais lieu dans nos centres ou cessions de formation ? Pourquoi ne nous retrouvons jamais pour parler à coeur ouvert de nos difficultés et de nos réussites, pour partager nos expériences, nos réflexions, ce qui nous touche vraiment, ce dont on a vraiment besoin ou envie de parler avec nos pairs ? Voilà qui nous ferait avancer, qui nous offrirait le soutien et l’entraide dont nous sommes généralement privés, seuls dans nos classes… ça arrive parfois, dans une cour de récré ou entre collègues qui sont devenus réellement amies, mais c’est bien trop rare…
Merci à vous toutes, à Céline qui a créé cet espace et à toutes les intervenantes qui le font vivre si intelligemment !
ps : il y a aussi quelques hommes dans les “intervenantes”, qu’ils ne se sentent pas exclus, c’est seulement qu’ici, comme dans l’Education nationale en général, le féminin l’emporte sur le masculin…:wink:


#69

Coucou, @Matluz. Je serai honorée d’être ta collègue :wink:, mais on ne choisit pas son équipe comme on ne choisit pas sa famille.
Je pense qu’à force de voir ton comportement humain, patient et bienveillant, tu feras effet boule de neige.
Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave, ta bienveillance sera toujours une belle richesse et un bon exemple pour les enfants.
Pour ma part, j’échange beaucoup avec mes collègues sur mes expériences en montrant ma joie et mon étonnement. Je suis l’évolution des enfants de l’école et j’échange avec ce que je connaissais de l’enfant. Et cela commence à faire évoluer les choses. Mais je m’évertue à ne rien" imposer". Tu dois le savoir, dans cette profession il y a beaucoup d’investissement et de passion et chacun se sens “écorchée” lorsqu’il se sent montré du doigt. Il y a beaucoup de culpabilité.
Nous devons tous nous serrés les coudes et rester unis quelque soit notre orientation.
La discipline et la liberté est également valable pour nous (il fallait que je justifie le lien avec le sujet pour Fabien :bouquet:)


#70

J’avoue que cette discussion me fait aussi réfléchir à mes pratiques et ce que je retiens c’est qu’au lieu de menacer ou de punir il faut parfois réfléchir à proposer une autre activité à l’enfant perturbateur. Pour ma part j’ai opté pour prendre en APC quelques éléments difficiles à canaliser en grand groupe, ça me permet de les valoriser sur des apprentissages et de leur mettre un pied à l’étrier pour qu’ils soient plus autonomes en classe. Ça marche bien. Par ailleurs, il y a des élèves moins faciles à orienter. Je pense notamment à un garcon qui se bagarre systématiquement à la récréation, malgrés les punitions sur le banc ou les disputes ou même les explications sur les méfaits de la violence. Je me dis que peut être il faudrait sortir un carton plein de voitures et faire un coin dans la cours pour qu’il ait une alternative à la bagarre. Pour autant le jour où il n’y aura plus de petites voitures, s’il se remet à faire de la bagarre, le probleme reste entier. Il faudrait sûrement qu’il soit suivi par la psychologue scolaire.


#71

Pour cet enfant bagarreur, voici comment je procèderais dans ma classe : Je chercherais à comprendre quel besoin il exprime en tapant sur ses camarades, en prenant le temps de l’observer en récréation pour voir quelles situations déclenchent sa violence. Cela me permettra de comprendre son comportement et d’intervenir différemment. Un enfant qui tape ne le fait jamais gratuitement, il a toujours une raison et chercher à comprendre pourquoi il tape c’est faire preuve d’empathie et essayer de le voir sous un autre angle que celui de la violence.

Puis j’essaie de faire s’exprimer les sentiments des 2 enfants concernés (en leur proposant différents choix : tristesse, colère, peur…) et aussi leurs besoins (besoin de sécurité, de confiance…). Enfin je reformule pour chaque enfant ce que l’autre a dit sans jugement de ma part et je leur demande comment ils peuvent faire pour que leurs besoins soient respectés. On cherche une solution satisfaisante pour tout le monde. Quelquefois un simple pardon, un câlin sont suffisant. D’autres fois réparer la construction qui a été détruite ensemble peut s’avérer pertinent. D’autres fois encore je propose à l’enfant de rester à mes côtés le temps que son sentiment de colère ou de frustration soit parti et en lui disant qu’il peut partir dès qu’il sait pouvoir retourner jouer calmement.
Bien sûr ce n’est pas parfait mais c’est à mes yeux mieux que ce que je faisais avant et je vois une réelle différence dans mon climat de classe.
Pour intervenir de cette façon, je m’appuie sur la CNV et notamment sur l’excellent livre de Marshall. B. Rosenberg : “Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs” que je peux que te conseiller.


#72

Bonjour à tous,
Je voulais apporter ma réflexion sur les différents regroupements.
Se ranger avant de rentrer en classe
Je me suis rendue compte que les petits et parfois plus grands ne savent pas se ranger spontanément. Ils ne perçoivent pas cette disposition spatiale car ils sont centrés sur eux-mêmes ou sur le copain juste à côté d’eux. Ils ne comprennent pas non pourquoi cela est nécessaire. Même moi il a fallu que je m’interroge pour justifier ma demande.
Pendant longtemps, je m’évertuais à placer chacun comme on place les pièces sur un échiquier. Puis, cette image m’a fait horreur, je me suis sentie “psychorigide” :scream: et dépourvue d’humanité.
Cette année, j’ai joué avec les différentes dispositions en m’appuyant sur l’album dans la cour de l’école (un album qui n’est pas parfait : les grands embêtent les petits, les filles sont roses… Mais je me suis permise de le critiquer pendant la lecture).
Puis, j’ai essayé d’introduire le jeu du silence juste avant de rentrer. Pas facile pour tous mais relativement efficace (les oiseaux, les tracteurs, les voitures, la cloche de l’église, les tondeuses, les tronçonneuses, les maîtresses des autres classes…).
Puis, je me suis évertuée à suivre avec mon doigt la surface carré qui délimitait la place de chacun afin de ne pas empiéter sur l’espace des copains (les cases de l’échiquier :blush:).
Au bout d’un mois, après avoir annoncé l’heure de ranger les jouets pour tous, j’annonçais l’heure de se ranger en comptant jusqu’à 10 (forme de défi et jeu de vitesse). Puis nous jouions au jeu du Jacques a dit. Ils adorent et cela me permet de visualiser où ils en sont dans l’écoute collective.
A la fin de la période, 16 enfants sur 20 étaient assis dans leur carré (en plus ou moins 10 secondes). Les 4 autres jouaient à la structure (placée juste à côté : quelle horrible tentation !).
Je suis arrivée près des enfants assis, rangés en montrant ma grande joie. “Merci. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela ma facilite la vie. Ce n’est pas facile pour une maîtresse de regrouper tous ses élèves. Merci beaucoup.” Et j’ai embrassé chacun en les remerciant à nouveau.
J’ai laissé entré dans la classe ces enfants (mon ATSEM était là pour les accueillir) et j’ai demandé aux 4 enfants qui jouaient d’aller s’asseoir sur le muret pour m’attendre.
J’ai discuté avec eux sur l’importance de se regrouper avant de rentrer. Que j’avais peur que certains enfants se perdent dans les couloirs… Que les enfants qui savaient se ranger les attendaient et ce n’était pas drôle d’attendre… Je leur ai dit que je savais qu’il était difficile de s’arrêter de jouer mais qu’ils pouvaient me faire confiance et venir quand je leur demandais. Ils m’ont chacun assuré, à leur manière qu’ils essaieraient… nous verrons à la rentrée si c’est acquis pour tous :innocent:
Durant cette première période, nous sommes sortie une fois à l’extérieur de l’école pour étudier ce qui se passait dans la nature en automne.
Le déplacement fut relativement stressant. Des enfants sortaient du rang irrésistiblement attirés par le gros tracteur rouge ou …
Je leur ai expliqué que nous devions nous entraîner à nous déplacer dans l’école en restant ranger. Pour le moment, cela me faisait très peur de se déplacer en dehors de l’école, que c’était dangereux…
Je désire me promener régulièrement avec eux (fermes, jardins, zone humide, boulangerie…).
Je ne le ferai que lorsqu’ils seront tous capables de rester ranger lors des déplacements, en restant concentrés sur le groupe.
Cela est très usant mais c’est un réel apprentissage. Encore une fois, c’est une véritable séance d’éducation civique : le permis piéton existe et je prends cet apprentissage comme une compétence préliminaire. Cet apprentissage, comme tous les apprentissages doivent faire sens aux enfants. Je pense qu’il important d’annoncer clairement l’objectif.
Se regrouper en classe
Comme beaucoup d’entre vous, en début de période, j’utilisais les instruments de musique pour signaler qu’il était l’heure de se regrouper. Ces regroupements ont lieu avant un changement d’activité (jeux en récréation) ou avant de se quitter. Cela fonctionne très bien, je garderai ce médiateur plus mélodieux que ma voix dépourvue de crédibilité :mask:. Parfois c’est un enfant qui se promène avec la flûte et les autres le suivent en formation petit train. Parfois c’est moi avec ma guitare et je fais un arrêt devant des ateliers non rangés ou devant des enfants en activité. Je fais mes remarques en chantant. Je m’essaie même au rap. Certains se précipitent pour ranger, en riant, ceux en activité rangent tranquillement, ou pas.
Aujourd’hui, je les invite juste à se regrouper avec ou sans instrument de musique en m’installant directement au centre de la classe. Je pense qu’ils savent ce qu’y s’y passe et ont envie, ou pas. Il n’y a plus que un ou 2 enfants qui ne viennent pas toujours.
Je lâche prise si cela ne nous dérange pas dans le jeu du silence ou dans l’écoute des échanges.
Un enfant de la classe présente des troubles autistiques. Je l’invite personnellement en disant que cela nous ferait plaisir qu’il se joigne à nous pour chanter, discuter ou écouter. Il y arrive la plupart du temps et parfois vient spontanément tout seul.
Je pense que les enfants viennent spontanément se regrouper s’ils se sentent en sécurité et si ce qui s’y passe est intéressant et amusant.
Mais je reste très ferme avec ceux qui ne viennent pas et qui nous empêchent d’écouter le silence. Alors je vais les chercher et je leur demande de s’asseoir sur une chaise ou à côté de moi ou à côté de notre ATSEM ou sur nos genoux. Ainsi nous pouvons veiller à ce que son activité ne nous dérange pas dans l’écoute collective.
Voilà, je suis heureuse d’avoir partagé avec vous mes propres avancées vers de plaisants et efficaces regroupements.
A bientôt, chers amis des lois naturelles de l’enfant :leaves:


#73

Ton idee de chanter pour demander le rangement est excellente, je vais l’essayer des la rentree. Je trouve que le chant nous permet de communiquer sans nous énerver, de plus les enfants adorent. Perso pour annoncer que c’est la récré et qu’il faut aller se ranger je chante, sur l’air de la chanson de Casimir: “voici venu le temps de se mettre en rang, d’aller joyeusement à la récré en chantant, c’est le meilleur moment pour tous les enfants, courir et danser mais surtout s’amuser!” Les élèves aiment beaucoup. Avant de chanter je rappelle le déroulement: “je vais chanter la chanson de la récréation, vous allez sortir calmement, mettre votre manteau et vous ranger calmement”.


#74

Je me permets d’intervenir dans le débat pour apporter mon regard de travailleur social je suis assistante sociale et j’ai également une expérience professionnelle d’éducatrice. Ces 2 expériences m’ont beaucoup amenée à réfléchir sur la question de la punition. J’en ai tiré quelques idées qui me servent de bases de travail sur la parentalité et sur les pratiques en établissements médicosociaux.

A l’origine la punition vise à maintenir le respect des règles sociales établies afin de maintenir la société cest le fameux contrat social de Rousseau. (En version très raccoucie).

La punition est-elle une maltraitance?
La punition est une maltraitance si elle n’a que pour objectif d’infliger une souffrance, ce qu’on appelle la pénitence, l’idée de souffrance subit pour se racheter. Qu’elle soit physique ou psychique la pénitence n’apporte aucune réparation à la victime (que ce soit le groupe social d’appartenance ou bien un individu) et n’a aucune valeur éducative. Ainsi on peut à titre d’exemple citer les fessées et autres sanctions physiques, les exclusions totales, les insultes, les remarques non constructives à visée individuelle, les menaces…

La punition doit-elle être bannie?
Elle doit avant tout être reconsidérée.
L’objectif est de sanctionner un comportement et non une personne. Il s’agit d’apporter un regard sur un comportement inadéquat avec le vivre ensemble et d’apporter une réparation à ceux qui en sont victimes. C’est la base de notre système et nul n’est censé ignorer la loi même si il en ressent le besoin ou l’envie. La vie en société demande un compromis entre la liberté individuelle et l’intérêt général incarné par la loi/la règle le nier c’est nier le groupe social, un comportement asocial (le fameux enfant roi qui fait passer son individualité au delà de tout intérêt général).
Pour que la sanction existe il faut que la loi existe. Il faut donc qu’elle soit dite, expliquée et replacée dans la recherche de l’intérêt général, elle doit être applicable à tous (adulte comme enfant) sinon elle est inéquitable.
Pour que la sanction soit valable, elle doit répondre à un besoin éducatif: combler l’ignorance de la règle, apporter les moyens de la respecter.
Elle doit apporter une réparation symbolique ou factuelle selon les circonstances.
C’est pourquoi la sanction doit être adaptée, mesurée et surtout accompagnée ! La sanction doit être proportionnée à la compréhension de la règle et à l’impact qu’elle a sur l’intérêt du groupe, c’est pourquoi la sanction doit être graduelle.

Pour que la règle et la sanction aient un sens et soient équitables il faut qu’elles aient été établies par le groupe car on ne peut pas nier ce que l’on a soi même créé. D’où l’idée de réfléchir en tout début d’année en groupe sur un règlement de vie, qui est chargé de le faire respecter? Comment son non respect sera sanctionné ?


#75

Ce que vous écrivez est très intéressant, mais je me demande si c’est bien adapté à des enfants de 3 à 5 ans. L’enfant de cet âge-là est par essence égocentrique, parce que c’est un enfant justement, il ne peut donc considérer l’intérêt général prioritairement au sien propre.
Je construis les règles de la classe avec mes élèves en début d’année depuis de nombreuses années, mais c’est bien évidemment moi et mon atsem qui sommes chargés de les faire respecter, les enfants n’ont pas les compétences suffisantes pour tenir ce rôle.
J’ai peur aussi qu’en sanctionnant les élèves en cas de non respect des règles on les encourage uniquement à continuer à agir comme il le font mais sans se faire prendre, alors que le but c’est l’adhésion aux règles de vie collective parce qu’on en perçoit le bénéfice pour tous et pour chacun. C’est la base de la CNV.


#76

J’adore ta version de l’île aux enfants ! Je crois que je vais copier sur toi car miracle, je crois que c’est une chanson que je peux chanter juste ! (j’en ai inventé ou détourné d’autres, comme celle de “Petit Ours Brun” pour dire bonjour avec notre marionnette à nous qui est une petite souris)
Ne me reste plus qu’à me trouver une panoplie de Casimir pour la rentrée, ça serait fun :wink:


#77

Merci pour ce témoignage intéressant. Pour les incidents de récré , on en reparle à notre retour en classe. Que s’est -il passé? pourquoi? comment pourrait -t on faire? Dans certains cas, avec mon ATSEM nous rejouons la scène ce qui les amuse beaucoup et les offusque aussi. Puis on refait la scène comme elle aurait due se dérouler .


#78

J’utilisais la méthode des traits que j’appelais des bâtons. En fin de semaine on faisait un bilan .
Désormais c’est l’inverse , on gagne un petit coeur quand on a respecté les règles .En plus je peux moduler suivant le moment de la semaine, l’ambiance générale (on peut faire quelques erreurs avant de perdre son dû) par contre je suis inflexible sur le faire mal aux autres : mal physique ou mal au coeur.Et ça ils le savent très bien et disent "je vais pas avoir mon petit coeur…"En fin de semaine, on compte et on suivant le nombre on obtient un coeur géant, un rond vert, un rond orange ou un rouge (il n’y en a jamais eu) . Je les félicite , on peut s’applaudir, ils se félicitent même entre eux.
Pour ceux qui ont eu un rond orange (pas de responsabilités la semaine suivante) , je parle à l’enfant en début de semaine suivant e et on fixe un objectif. Ceci fonctionne très bien , les remplaçants peuvent appliquer le système et ils sont contents de me montrer leurs résultats à mon retour.
un échec: un enfant très agité avec troubles de l’attention , en opposition etc…en accord avec la psy et ses parents ,on avait décidé de cibler des moments précis , balisés, assez courts où il devait faire attention à son comportement.Les autres élèves étaient d’accord. En fait, il était pire pendant les 5 minutes là… et je ne sais toujours pas quoi avec lui, il a l’étiquette “enquiquineur” depuis longtemps , impossible de casser le schéma.


#79

Et ton enquiquineur, est ce qu’il est bon dans certaines activités? Est ce que tu arrives à le faire travailler ou bien son comportement perturbateur l’empêche de se concentrer et de faire quoi que soit d’autre que des bêtises?


#80

TRès difficile pour lui de se concentrer .Pour les ateliers autonomes , je le laisse choisir dans les premiers , il fait l’atelier soit bien s’il sait soit vite s’il ne sait pas, ne veut pas recommencer et ensuite il attend en faisant des bruits avec sa bouche, en se déplaçant…Pour qu’il travaille, il faut qu’il soit avec un adulte , plutôt en tête à tête et il tient à peu près 10 minutes en gigotant mais en faisant, même parfois des choses difficiles.on va faire un PAP , peut-être un demande d’ AVS pour le CP mais tout ceci prend beaucoup de temps .