Pour ce qui est de la gestion des conflits (en classe ou en récréation), j’ai appliqué à le lettre ce que Céline nous avait dit avoir mis en place à Gennevilliers (lors des 2 jours d’accompagnement théorique en août 2015, c’est dans une des vidéos de l’accompagnement théorique) à savoir :
Si un enfant pleure ou est contrarié parce qu’un autre a eu une action qui l’a embêté, je me centre sur celui qui se sent lésé :
- je le console, j’apaise la tornade émotionnelle si besoin
- je lui demande de me raconter les faits, j’aide, j’étaye, je reformule, beaucoup d’empathie de ma part à ce moment là, je prends vraiment son désarroi au sérieux (mes collègues trouvent ça ridicule) mais je donne l’exemple de l’empathie
- je TERMINE par lui poser LA QUESTION : “et qu’est-ce que tu as ressenti?” (variantes possibles… "ça t’a fait te sentir comment, quelle est ton émotion?..etc)
à noter que tous les jours depuis la rentrée, nous avons travaillé dans ce but le lexique des émotions à l’aide d’albums-imagiers des émotions, (je recommande vivement “quelle émotion?” de l’excellente photographe C Gabriel, mila éditions)
- je lui dit : c’est important que X sache tout cela, viens, je t’accompagne, on va aller le trouver et tu vas lui dire ce que tu ressens et pourquoi. (j’étaye, évidemment)
- éxécution !
- je demande à X “as tu bien compris ce que ton camarade vient de te dire?” et si oui : “OK, vous pouvez retourner jouer”
Ce qui a changé, et ce pourquoi je crois en l’efficacité de cette méthode :
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pas de punition: mon “jugement” n’est plus attendu par les élèves, ils viennent me voir parce qu’ils ont besoin d’être écoutés, plus pour que je punisse untel.
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les fautifs, au début, sont très inquiets quand ils me voient arriver avec le plaignant, ils sont sûrs d’être punis… et ne font vraiment pas les fiers lorsqu’ils entendent ce que l’enfant a à leur dire.
mais ils comprennent que je ne punis pas, ils se rassurent et ne s’autorisent pas n’importe quoi pour autant (ma crainte initiale) le climat devient vite plus serein en récré -
petit à petit, j’étaye de moins en moins et les élèves deviennent autonomes dans la gestion des conflits, ou plutôt dans la “verbalisation de leurs ressentis” ce qui fait que les conflits effectifs se raréfient beaucoup.
En gros, j’ai l’impression qu’avant, les fautifs (sur qui je me concentrait parfois sans même faire venir celui qui était lésé) utilisaient les bêtises pour attirer mon attention : là c’est juste un flop pour eux !
Avant, ceux qui venaient me voir attendaient que je “mette au pilori” celui qui était en tort, maintenant qu’ils ont compris que ce ne serait plus le cas, ils viennent de moins en moins, et arrêtent de faire “tout un flan” d’une broutille : ils viennent quand c’est important pour eux.
Tous développent leur empathie et leur capacité à communiquer, à mettre en mots leurs problèmes et s’apaisent plus vite qu’au début.
Je n’ai qu’une seule raison d’isoler un enfant quelques instants : c’est lorsqu’il a porté des coups sur un autre (de plus en plus rare).
Le plus compliqué c’est indéniablement l’opinion/l’attitude de mes collègues qui me prennent pour une inconsciente et n’adhèrent pas du tout. Du coup, je suis heureuse que par chance, nos horaires de récré ne coïncident pas : j’évite de confronter les enfants à deux façons de réagir radicalement opposées, et nous passons d’excellentes récrés entre nous!