Discipline et liberté


#81

Pour ce qui est de la gestion des conflits (en classe ou en récréation), j’ai appliqué à le lettre ce que Céline nous avait dit avoir mis en place à Gennevilliers (lors des 2 jours d’accompagnement théorique en août 2015, c’est dans une des vidéos de l’accompagnement théorique) à savoir :

Si un enfant pleure ou est contrarié parce qu’un autre a eu une action qui l’a embêté, je me centre sur celui qui se sent lésé :

  • je le console, j’apaise la tornade émotionnelle si besoin
  • je lui demande de me raconter les faits, j’aide, j’étaye, je reformule, beaucoup d’empathie de ma part à ce moment là, je prends vraiment son désarroi au sérieux (mes collègues trouvent ça ridicule) mais je donne l’exemple de l’empathie
  • je TERMINE par lui poser LA QUESTION : “et qu’est-ce que tu as ressenti?” (variantes possibles… "ça t’a fait te sentir comment, quelle est ton émotion?..etc)

à noter que tous les jours depuis la rentrée, nous avons travaillé dans ce but le lexique des émotions à l’aide d’albums-imagiers des émotions, (je recommande vivement “quelle émotion?” de l’excellente photographe C Gabriel, mila éditions)

  • je lui dit : c’est important que X sache tout cela, viens, je t’accompagne, on va aller le trouver et tu vas lui dire ce que tu ressens et pourquoi. (j’étaye, évidemment)
  • éxécution !
  • je demande à X “as tu bien compris ce que ton camarade vient de te dire?” et si oui : “OK, vous pouvez retourner jouer”

Ce qui a changé, et ce pourquoi je crois en l’efficacité de cette méthode :

  • pas de punition: mon “jugement” n’est plus attendu par les élèves, ils viennent me voir parce qu’ils ont besoin d’être écoutés, plus pour que je punisse untel.

  • les fautifs, au début, sont très inquiets quand ils me voient arriver avec le plaignant, ils sont sûrs d’être punis… et ne font vraiment pas les fiers lorsqu’ils entendent ce que l’enfant a à leur dire.
    mais ils comprennent que je ne punis pas, ils se rassurent et ne s’autorisent pas n’importe quoi pour autant (ma crainte initiale) le climat devient vite plus serein en récré

  • petit à petit, j’étaye de moins en moins et les élèves deviennent autonomes dans la gestion des conflits, ou plutôt dans la “verbalisation de leurs ressentis” ce qui fait que les conflits effectifs se raréfient beaucoup.

En gros, j’ai l’impression qu’avant, les fautifs (sur qui je me concentrait parfois sans même faire venir celui qui était lésé) utilisaient les bêtises pour attirer mon attention : là c’est juste un flop pour eux !
Avant, ceux qui venaient me voir attendaient que je “mette au pilori” celui qui était en tort, maintenant qu’ils ont compris que ce ne serait plus le cas, ils viennent de moins en moins, et arrêtent de faire “tout un flan” d’une broutille : ils viennent quand c’est important pour eux.
Tous développent leur empathie et leur capacité à communiquer, à mettre en mots leurs problèmes et s’apaisent plus vite qu’au début.

Je n’ai qu’une seule raison d’isoler un enfant quelques instants : c’est lorsqu’il a porté des coups sur un autre (de plus en plus rare).

Le plus compliqué c’est indéniablement l’opinion/l’attitude de mes collègues qui me prennent pour une inconsciente et n’adhèrent pas du tout. Du coup, je suis heureuse que par chance, nos horaires de récré ne coïncident pas : j’évite de confronter les enfants à deux façons de réagir radicalement opposées, et nous passons d’excellentes récrés entre nous!


#82

J’ai appliqué la même méthode avec les CM et les résultats sont également visibles tout doucement ! Quel plaisir de voir un enfant incapable jusque là de communiquer avec les autres car constamment persuadé d’être la victime et la cible de tous les rires, gestes et moqueries, se poser et commencer à avoir de vrais échanges avec eux. Prendre du temps avec lui pour lui faire exprimer son ressenti et celui de ceux qui étaient censés à chaque fois l’avoir embêté lui a permis de se rendre compte de lui-même de son erreur et l’a rassuré.


#83

Exprimer ses emotions par les mots calme le cerveau reptilien et nous nous connectons à nouveau pour réfléchir et trouver une solution pendant la récré quand je vais voir l’enfant qui a agressé un autre enfant je lui demande aussi ce qu’il a fait et comment il se sentait c’est important de les mettre dans le même bateau car la victime finit par dépendre de son sauveur. en classe nous avons discuté ensemble des problèmes des enfants et sur une roue des solutions les enfants ont proposé des actions. Ils apprennent à formuler

leur sentiment ce qui a pour effet de voir les enfants se déplacer vers cette roue pour trouver ensemble victime et agresseur la solution sans l’intervention de l’adulte cette roue peut évoluer dans l’année car si ils ne trouvent pas de solutions à leur problème on en parle au TEC


#84

Adler a dit que tout individu a besoin de se sentir reconnu et important dans sa communauté les comportements des enfants tendent vers ce but parfois dune façon inappropriée c’est pourquoi nous les adultes devons être des modèles pour tous les enfants Enseigner des compétences oui mais aussi des compétences psychosociales pour leur apprendre à s’auto réguler à coopérer à se respecter et devenir autonome dans ses relations sociales
Aujourd’hui les neurosciences appuient ces idées qui remontent avant la seconde guerre mondiale cet étayage bienveillant indispensable au développement cognitif nous a fait défaut à l’école ne reproduisons pas les modèles de nos parents et enseignants et n’ayons pas peur de la bienveillance qui n’empêche pas le cadre d’exister Bon courage à tous qui voulaient ouvrir la voie


#85

D’où nous vient cette idée absurde que pour faire mieux il faut se sentir mal ! La punition n’a de sens que si elle répare de façon respectueuse . Mettre au coin pour réfléchir seul à son erreur ne permet pas l’apprentissage de son erreur mais donne l’occasion à des sentiments de revanche et d’évitement de s’épanouir tranquillement dans la classe de CP que j’occupe les eleves trouvent des solutions ensemble aux problèmes de la classe tant qu’il n’y a pas de problème de sécurité je n’interviens pas nos cercles de recherche de solutions les rend coopératif et responsable de chaque situation qui devient une vraie opportunité d’apprentissage Merci d’avoir lu ce post bon courage à vous


#86

@Juju je bondis… Il faut lire Gueguen absolument … et Filliozat concernant les limites. Et aussi ateliers Faber et Mazlich! JAMAIS je ne punirai un enfant. Il y a sur je ne sais plus quel site un document pour différence entre punition et sanction (http://educavox.fr/formation/analyse/quelle-est-la-difference-entre-punition-et-sanction)


#87

#88

Mon fils est dans une école hors contrat où le chant signe la fin de l’activité. Cela marche très bien (2 ans 8 mois).


#89

Je viens de retrouver un lien Juju http://apprendreaeduquer.fr/6-alternatives-au-coin-et-lisolement-des-enfants/


#90

Je suis en train de lire tous les articles de ce site que je découvre grâce à toi @lunette ! C’est vraiment très intéressant :slight_smile: merci


#91

Bonjour Matluz!
Il est vrai que c’est épuisant et déconcertant de voir les enfants continuer à faire leur petites activités, comme si nous n’avions rien dit. Dans ma classe (27PS/MS/GS), ce sont les élèves responsables du jour qui sont chargés de faire sonner un petit carillon lorsqu’ils ont fini les rituels en autonomie. Ils ont aussi pour tâche de vérifier que tout le monde a rangé les activités et les tapis et que les enfants sont venus s’asseoir sur l’ellipse. Du coup, je ne gère pas vraiment tout cela et les enfants s’y plient d’autant plus volontiers. Et j’avoue qu’il est rare que les enfants s’éternisent avant de venir au regroupement.
J’espère avoir pu t’aider en te communiquant ma petite expérience.
Belle continuation :slight_smile:


#92

Je trouve les articles de Caroline jambon intéressants et très positifs mais je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit. Tout d’abord, je pense qu’il est compliqué d’adapter ces théories à des enfants issus de quartiers défavorisés, manquant souvent cruellement de cadre (cette maman a une petite fille surdouée qui doit être au centre de toutes les attentions). J’admire son dynamisme et ses convictions mais ne suis pas toujours d’accord avec les conclusions qu’elles tirent des ouvrages en neurosciences. Elle dit qu’isoler ou punir à les mêmes conséquences que des actes violents physiquement sur l’enfant, je ne suis pas d’accord. Elle affirme qu’un enfant ne peut pas se réparer, se calmer seul mais qu’il a besoin de la relation avec son parent aimant pour le faire, je ne suis pas d’accord. Je pense qu’un enfant isolé peut au contraire regarder à l’intérieur de lui même et trouver la paix grâce à ses propres ressources. Il développe ainsi des clés personnelles pour s’autocalmer ce qui lui sera indispensable tout au long de sa vie. C’est ce que je ressens. Je te remercie pour le lien car il me fait réfléchir et nous fait avancer dans ce débat très complexe sur la discipline!


#93

Bonne idée le petit carillon ! Je pense que c’est une bonne idée de donner des responsabilités, je le ferai avec les grands. Les enfants ne se disputent pas trop dans le cas où ils vérifient que tout le monde a rangé et est venu s’asseoir ?


#94

Il n’y a pas de dispute, dans la mesure où cela est demandé de manière très bienveillante et d’autre part, les jours suivants, les rôles s’inversent : l’enfant à qui l’on demande de ranger est celui qui demandera à un autre de le faire le lendemain.


#95

Bonjour, moi aussi cela me fait beaucoup réfléchir et je te remercie d’avoir écrit, car aussi je me suis demandé ce qui m’avait fait “bondir”, pourquoi t’ai je envoyé tous ces liens :wink: . Mon fils est en école hors contrat et j’ai eu un coup de cœur pour la maîtresse: chaque matin il est très important pour elle que l’enfant soit “bien” (elle accepte que pendant 10-15 min l’un soit en train de se balancer sur un petit cheval à observer les feuilles dehors - besoin calme pendant un petit temps- l’autre se mette sur un petit matelas par terre, elle vérifie qu’ils soient suffisamment habillés - chauffage qui met du temps à venir! bref "bien dans leurs baskets pour commencer les activités, il faut lui dire si émotionnellement il a vécu quelque chose de particulier (déplacement du papa, accident, dispute…) car cela peut avoir des conséquences sur son comportement. Et je pense que cela roule car les enfants veulent même aller à l’école le weekend! En effet j’ai pu constater que les fois où j’avais été sèche avec mon fils, “cadrante” et que nous enchaînions avec un repas entre amis par exemple, il n’était plus du tout le même et “testait” notre autorité en quelque sorte; un livre qui a été la révélation cet été pour moi est “La ferme des enfants, une pédagogie de la bienveillance” (Rabhi Bouquet: école Montessori en pleine nature). Couplé à “C’est pour ton bien” d’Alice Miller cela m’a secouée! Bon je n’en suis pas encore là et je me demande comment appliquer tout ça mais chaque jour je me demande quels schémas je reproduis et qu’est ce qui a pu amener à tel ou tel comportement de la part de l’enfant. Je me dis toujours qu’il n’y a pas de fumée sans feu.


#96

Bonjour lunette! quand je te lis je me dis que tu souffres d’un syndrome dont beaucoup de femmes souffrent de nos jours: la culpabilisation! Aujourd’hui les femmes s’efforcent d’être parfaite en tout, mère parfaite, épouse parfaite, amie parfaite, femme au foyer parfaite… Et si elles n’atteignent pas cette perfection elles se culpabilisent. Tu dis que si tu es cadrante ou que tu parles sèchement à ton fils il va être dur toute la soirée. Mais peut être qu’il sera dur à cause d’autre chose! Tu ne dois pas toujours tout porter sur tes épaules!
Je pense qu’un enfant se construit mieux s’il est conscient des limites des adultes, de leur faiblesse, de leur fatigue. On a le droit de craquer, on a le droit de dire “stop”, on a le droit de ne pas toujours se montrer sous notre meilleur jour! C’est humain!


#97

Oui bonjour tout à fait sûrement :slight_smile: mais je parle de “sécheresse verbale” et “cadrante” non justifiée. Par exemple il m’est arrivée de dire “tais-toi tu m’énerves, va t 'en” alors qu’il essayait de m’aider. Est-ce qu’en tant qu’adulte j’aimerais qu’on me parle de la sorte? parce qu’il est petit j’en ai le droit? Un petit passage du livre que je cite “L’humanité entière fonctionne avec un émotionnel d’enfant. Dans nos vies quotidiennes les relations ou les événements soulèvent notre émotionnel, mettant à vif les blessures du passé. Untel nous agace, nous ne pouvons supporter les comportements de tel autre, (…) Chaque fois que nous réagissons aux autres ou aux situations, nous sommes aux prises avec notre histoire personnelle. L’autre ou la situation n’y sont pour rien, ils viennent simplement réveiller une blessure”.


#98

Mille fois oui Juju !
j’ajouterais même que non seulement on a le droit d’être imparfait(e), mais que, comme on l’est forcément, l’admettre et l’accepter sont déjà des soulagements… la seule chose qu’on se doit vraiment, à soi d’abord et aux autres aussi, à nos enfants nos conjoints nos amis…, c’est d’être honnête avec soi-même, à chaque instant… savoir reconnaître ses propres sensations, émotions, états de forme ou de fatigue, savoir ne pas les ignorer… et même oser les exprimer, oser le dire quand ça va moyen ou pas du tout…même sans entrer dans de grandes explications, juste un constat “vous savez je suis fatiguée je crois que là j’ai vraiment besoin de calme”… les enfants sont particulièrement réceptifs à ce genre d’honnêteté toute simple, qu’en tant qu’adulte responsable on ne s’accorde pas toujours…


#99

IBonjour jai lu vos posts que je trouve pertinent Ce n’est pas facile de changer le regard des autres sur les méthodes traditionnelles même si beaucoup sentent l’appel citoyen et veullent s’engager sur une nouvelle voie Si vous aussi vous êtes sensibilisée aux méthodes alternatives je vous invite à découvrir l’approche psychosociale de la discipline positive Ni permissive ni punitive sur ma page FB où je partage quelques outils avec les collègues j’enseigne et forme les enseignants en nouvelle Calédonie Bonne continuation


#100

Bonjour

La culpabilité c’est comme le calcaire ça s’installe doucement mais sûrement alors pour ne plus se sentir coupable parce que nos perceptions nous trompent pensons à remplir notre base émotionnel de plein de petites attentions pour nous-mêmes : marcher au bord de l’eau, prendre une douche chaude, se masser les mains les pieds, lire un livre, sortir avec des amis etc
Bref, nous sommes souvent trop au service des autres et oublions de répondre à nos besoin alors le calcaire en profite…lol bon WE vous faites quoi ce WE ?