Le français au collège


#1

Bonjour, je suis professeur de français. Je cherche à développer un fonctionnement plus autonome dans mes classes. Depuis que j’ai lu le livre, je les vois encore plus, tous ces moments où les élèves s’ennuient, attendent que le cours avancent, ou au contraire, semblent déçus qu’une activité s’arrêtent, auraient eu besoin de plus de temps que les autres pour arriver à comprendre un texte, une notion…
J’ai commencé à créer des exercices pour mes sixièmes (grammaire, voc, lecture, écriture…), en privilégiant des formes à manipuler. Je pense commencer sur la moitié ou un tiers du temps en sixième avant de généraliser (plus d’heures? les autres niveaux? ) plus tard. Mes activités sont en création, pas encore en fonctionnement dans la classe, et j’appréhende le moment de les présenter. (autant que j’ai hate, finalement.)
Je serais intéressée par vos expériences. @Juliette, comment se passe ton début d’année? Quelles activités proposes-tu? Quel suivi pour les élèves? Quelle évaluation?
Au plaisir de vous lire!


#2

@Melanie a partagé un lien vers un site: La pédagogie agile: https://pedagogieagile.com/2015/07/15/1682/#more-1682
Plein de bonnes idées pour la lecture et l’écriture! Je remets le lien ici car il nous concerne particulièrement.


#3

Bonjour @Perrine2 ,

Juste un point technique, pour que Juliette soit notifiée de votre message, il faut précéder son nom d’un @ : @Juliette

Bonnes discussions !


#5

Comme je l’expliquais dans un autre post et sur facebook aussi (comme ça, tout le monde sait ! :blush:) je fonctionne en ateliers autonomes depuis la rentrée dans mes cours de français. Je précise que j’ai des classes de 6e et 5e. Quelques mots sur l’organisation telle qu’elle est en place pour l’instant.

Les élève ont tous une fiche de suivi de ce type qu’ils gardent de vacances à vacances :
recto :


verso :
Ils remplissent seuls le verso en fonction des ateliers qu’ils effectuent durant les séances (encadré lorsqu’ils commencent, colorié lorsqu’ils ont fini l’atelier). Au recto, c’est moi qui prends note de leur évolution sur la barre des compétences. Quant aux deux autres blocs : le premier (indice) les amène, de manière ludique, à refaire des bouts d’ateliers vus en classe. Ex : cet indice mène dans le roman de Stevenson au CDI qui contient une épreuve à accomplir pour avoir un nouvel indice (l’épreuve était simplement de conjuguer un verbe au présent, la consigne était chiffrée pour rendre la chose plus amusante et plus stimulante) Le dernier bloc est un BOTG (Behavior Over Time Graphic) sur lequel ils doivent recenser leur humeur au fil des jours et des semaines. Je leur ai présenté le principe de météo intérieure et chaque jour, dans leur cahier, ils notent le symbole associé à leur humeur. À la lumière de ces quelques semaines, je ne suis pas sûre de reconduire ce bloc dans la prochaine fiche.

La séance se déroule de la manière suivante : je les appelle tour à tour pour qu’il aillent chercher leur fiche dans le fond de la classe dans les pochettes prévues à cet effet :


Ils vont chercher un atelier et se mettent au travail. Ainsi les plus autonomes / à l’aise en français sont occupés pendant que je m’occupe de proposer et re-présenter des ateliers aux hésitants. Les élèves peuvent aussi s’installer dans le fauteuil ou déplier un tapis pour lire.

Pour les évaluations, dès qu’un élève se sent prêt à être évalué, il le note sur un post-it, qu’il colle sur sa pochette. La seule règle c’est qu’il ne peut être évalué qu’à la prochaine séance, pour réactiver les connaissances et faire marcher sa mémoire. Ce sont des évaluations formatives, non notées, elles sont indicatives et collées dans le cahier qu’une fois qu’elles sont entièrement justes. Pour les évaluations sommatives, je n’en suis pas encore là (la première est la semaine prochaine) : on décide ensemble d’un jour dans la semaine qui convient à la majorité et on bloque 30 minutes. Ils ont un dossier avec l’ensemble des évaluations possible sur les ateliers du moment : ils font au stylo celles pour lesquelles ils ont déjà été évalués, elle seront notées. S’ils veulent tenter des évaluations sur des ateliers non effectués, ils la font au crayon, cela me donne l’idée d’une sorte d’évaluation diagnostique :slight_smile:

Toutes mes activités sont autocorrectives et manipulables :



J’utilise la grammaire montessori, qui passe très bien. Par contre j’ai de vraies difficultés à concilier le programme en littérature et ce mode de travail. Comment rendre les textes, les problématiques attractives ? Comment créer des atelier attrayants, manipulables, autocorrectifs ? Je suis preneuse de toutes les bonnes idées ! @Perrine2 ?

Le bilan au bout de presque 4 semaines est globalement positif :
les élèves travaillent de manière générale (et en tout cas toujours plus que quand je faisais un cours magistral en 1h)
Je peux donner des “cours particuliers” à ceux qui sont en difficulté et que je repère tout de suite.
Ceux qui sont à l’aise peuvent foncer devant et se nourrir des ateliers.
Il y a beaucoup moins de crispations sur les relations de pouvoir élève / professeur ou élève / élève car il n’y a plus de public.
La parole est beaucoup plus libre, je règle des problèmes immédiatement si je vois que tout le monde est à sa tâche.

Les gros points négatifs qui me font parfois douter résident dans l’image que j’ai du prof (celui que j’ai eu), à laquelle il était rassurant de me conformer jusqu’à présent et à laquelle je ne corresponds plus. Cela m’interroge sur ma posture (ne suis-je pas “trop gentille” ?), le contenu de mon cours (apprennent-ils assez ?), et l’ambiance (le cours n’est-il pas “trop détendu” ?) Bref, tout ce qui concerne le changement et la crainte de mal faire.

Heureusement, je suis convaincue que le temps me donnera raison ! :muscle:


#6

Salut! Merci beaucoup @Juliette de partager tout ça!
Je me suis lancé aujourd’hui pour la première fois sur deux heures en autonomie avec mes sixièmes.
Cela faisait longtemps que ça me trottait dans la tête, mais je ne voyais absolument pas comment rendre ça possible au collège. Et samedi, suite à deux heures au tel avec ma belle-soeur prof de français aussi, j’ai commencé à avoir des idées à gogo. C’est donc en 4 jours que j’ai créé, pour ma classe de 6èmes, une 20aine d’activités en lecture/orthographe/ conjugaison/ lexique. … en privilégiant des exercices de manipulation (seul ou à deux ) qui ressemblent aux tiens, Juliette. Plus la création d’outils de suivi. Hier encore, j’en étais à me dire que j’allais expérimenter sur deux fois 3/4 d’heures. J’ai moins dormi que d’habitude, portée par une motivation incroyable,renforcée par les docs que tu m’avais montrés.
Et essai aujourd’hui, donc…
Le résultat: des élèves qui font tous des choses différentes, mais qui travaillent tous. Ils avaient le choix entre les activités de manipulation, de la lecture (la cursive du moment avec l’activité à faire dans le cahier des lecteurs) et de l’écriture (4 sujets au choix, le premier à rendre dans 10 jours, à faire en classe ou à la maison). Le plus beau remerciement venant de l’élève que je n’arrivais pas du tout à intéresser, qui s’est exclamé à la fin des deux heures: “on s’ennuie tout le temps en classe et là, on n’a pas du tout vu le temps passer”. Maintenant, je me dis surtout que je ne peux qu’élargir ce fonctionnement à presque toutes les heures de cours… on verra la suite.

Pour mes quatrièmes, j’ai présenté des sujets d’écriture. Le site sur “la pédagogie agile” m’a donné plein d’idées. Les élèves étaient enthousiastes, travaillaient tous sur des sujets différents, avaient des idées très intéressantes, beaucoup plus que d’habitude. A poursuivre donc.

Pour gérer le niveau sonore, j’ai utilisé le site Bouncy balls: allez faire un tour, c’est rigolo et passés les premières minutes où les élèves testaient le niveau sonore en toussant bruyamment, ça a super bien fonctionné. Je vidéoprojette le site et je mets un trait sur le tableau, les bulless ne doivent pas dépasser le trait.

J’ai hâte de continuer l’expérience. Je vais prendre quelques photos demain et je vous transmettrai ça quand j’aurai le temps.


#7

Waow @Perrine2 ! Hâte que tu montres des photos !!!


#8

Bonjour,
C’est un plaisir de pouvoir lire les messages de professeurs de secondaire sur ce forum !
Je suis professeur de lettres modernes.
L’année dernière j’enseignais en seconde notamment et j’ai centré nos activités autour de productions des élèves pour les mettre un maximum en activité. Il me semble que les projets de production en petit groupe peuvent être un moyen de motiver les élèves de collège ou de seconde en prenant en compte leur besoin de socialisation, et d’intégrer la lecture et l’analyse littéraire à des activités en autonomie : enregistrer un débat sur une oeuvre intégrale, réaliser une page d’un journal littéraire d’époque, monter une performance poétique à plusieurs, etc…Même si les élèves étaient beaucoup en action j’avoue que c’était encore assez traditionnel et peut-être trop structuré, mais au moins ils trouvaient du sens à ce que l’on faisait. Ces projets étaient présentés comme des “missions” de séquence.
Je pense également que des petits ateliers individuels d’entraînement sur l’analyse stylistique (puzzle “figure de style - exemples” ou classification des figures de style ) ou sur les repères en Histoire Littéraire (jeu à deux intégrant plus ou moins de cartes à remettre dans l’ordre chronologique peuvent être des pistes à creuser (sur le modèle du jeu Time Line). J’avais aussi pensé à des jeux de classification de courts extraits de textes par genre (collège - lycée) ou par style (registres pour le lycée).
A bientôt,
Charlotte


#9

Bonjour, je profite d’avoir un peu de temps pour mettre quelques photos et commencer à expliquer mon fonctionnement. Pour le moment: deux heures d’autonomie par semaine, et uniquement avec les sixièmes. Ben oui! Ca prend du temps de créer tout le matériel péda, toutes les activités, même si on commence à partager des choses grâce aux rencontres faites sur le forum.
Alors: les élèves ont le choix entre de la lecture, de l’écriture ( des sujets libres à rendre toutes les trois semaines, à faire à la maison ou en classe sur les temps d’autonomie), et des activités en grammaire, orthographe, conjugaison, lexique, lecture… Ils notent ce qu’ils font dans une fiche de suivi collée à la fin du cahier: Suivi par les élèves dans cahier. .pdf (29,5 Ko)
Ils cochent également les activités qu’ils ont faites sur des feuilles affichées dans la classe (3 couleurs: vert pour l’orthographe, grammaire, bleu pour la conj, jaune lexique et lecture)
Les activités sont dans des petites enveloppes de la couleur correspondante. J’ai privilégié des activités à manipuler, ou à compléter avec un velleda, des textes à remettre en ordre, des activités orales… Les consignes et le matériel sont inscrits sur l’enveloppe et le matériel est dedans, avec la correction (ils se corrigent seuls)
Je passe donc mon temps à créer des exercices, à plastifier et à découper…

J’ai séparé le programme en 5 périodes ( ça me paraissait plus clair que 3 trimestre.) Les élèves doivent passer des petits brevets sur les notions abordées, autant de fois qu’ils le veulent. Programmation annuelle 2016-2017.odt (18,1 Ko)
Activités période 1.doc (85,4 Ko)

Certains réussissent sans faire les activités qui correspondent (cela veut dire qu’ils maitrisaient déjà la notion, ils ont donc bien compris qu’il ne leur servait à rien de refaire des exercices de grammaire, puisqu’ils connaissent déjà et ils passent leur temps à inventer des histoires et lire des livres.) Les élèves qui ont besoin de revoir ces notions vont naturellement essayer de faire les exercices avant d’essayer de passer les évaluations. Ils sont libres de choisir, mais je peux aussi, sur une heure, leur proposer des activités ciblées. S’ils refusent, c’est souvent qu’ils ne sont pas capable de les faire, je peux prendre un temps avec eux pour réexpliquer et faire l’activité.

Pour le moment, ça a l’air de plutôt bien fonctionner. Mais ce fonctionnement est tout neuf pour moi, j’attends donc d’avoir plus de recul pour savoir comment adapter.

Au plaisir de découvrir d’autres fonctionnements! N’hésitez pas à partager ce que vous faites. Et si ça intéresse, je peux aussi envoyer mes fichiers avec les activités.


#10

Bonjour,

J’ai été enchantée de lire votre discussion, je viens juste de terminer le livre Les lois naturelles de l’enfant et je commence tout juste à réfléchir à toutes les méthodes alternatives que vous présentez ici.
Je me demande comment faire concrètement : combien de photocopies réaliser si j’ai une classe de 30 élèves, que je veux leur donner à choisir entre plusieurs textes et autres activités?

Le système des enveloppes me paraît enrichissant, mais faut-il en prévoir autant qu’il y a d’élèves?

Avez-vous enlevé des tables dans la classe pour avoir de la place (cette idée me trotte dans la tête souvent…)?


#11

Bonjour @Tiffany.
Concernant le nombre d’enveloppe (donc, d’activités) je n’en ai pas une par enfant.
Certaines activités se “jouent” à deux ou trois (le bingo des classes de mots, la conjugaison des verbes…).
Ceux qui n’ont pas d’enveloppe peuvent écrire (les élèves ont des exercices d’écriture à rendre toutes les trois semaines ou tous les mois) ou ils peuvent lire ( une mini bibliothèque de classe (10 livres) est mise à disposition des enfants.
Les livres sont choisis en fonction des notions littéraires. Chapitre 1: les monstres dans la mythologie, les livres proposés étaient des récits mythologiques et des documentaires animaliers. Chapitre 2: les contes, les livres sont des recueils de contes et des documentaires sur différentes régions ou pays du monde.
Ainsi, les élèves qui ont acquis les notions de langue et lexique peuvent ne pas faire les activités. Cela permet de réguler leur travail. En sixième, certains élèves maitrisent très vite le programme car ils ont déjà quasiment tout vu en primaire. Certains passent donc leur temps à écrire et touchent à peine aux activités de langue. D’autres, au contraire, ne connaissaient pas leur classes de mots et adorent jouer au bingo ou à d’autres activités. Et je vois leurs progrès.
J’essaie de réguler, mais je me rends compte qu’ils arrivent plutôt bien à le faire d’eux-mêmes.

Je n’ai pas enlevé de tables, j’ai mis les tables en îlot, par 4 et j’ai pas mal de place. Je partage ma classe donc, il n’est pas question d’enlever des tables. De plus, je ne me vois pas leur demander de travailler par terre. Mais certaines travaillent plus volontiers debout.

Pour les éval, je fais 30 photocopies de chaque contrôle. Ils sont à disposition des élèves. En ce moment, ils peuvent passer 3 tests sur 3 notions différentes (présent, classe de mots, relations entre les mots. J’ai créé pour chacun 3 éval différentes. Quand la première est corrigées, si tout est bon, ils n’ont pas besoin de faire l’éval 2 ou 3 (mais ils ont le droit.) S’il reste des erreurs, ils se corrigent, se réentrainent avec les activités et peuvent passer quand ils le souhaitent l’éval 2 puis l’éval 3.

Mon problème est que la classe est encore bruyante. J’en ai discuté avec eux, cela semble déranger très peu d’élèves. Nous avons donc convenu que je régulais le bruits les trente premières minutes (pour permettre à ceux qui doivent se concentrer pour écrire d’avoir du silence) et que le reste du temps, ils se régulaient eux-mêmes. Je suis encore ennuyée par le bruit, mais quand je lâche et que je les regarder, je vois bien qu’ils travaillent tous et qu’ils ne sont pas en train de se raconter leur week-end.
Es-tu prof en collège? As-tu commencé à mettre des choses en place dans ta classe? Dis-nous ce que tu fais, je suis preneuse de toutes les idées!
Perrine.


#12

Voici mes exercices d’écriture pour le premier trimestre.
écriture 6.pdf (397,4 Ko)
Quand les élèves ont choisi et rédigé un texte, ils reviennent tous en classe avec leur petit cahier d’écriture et on prend une demi-heure pour faire passer les cahiers dans la classe. Les élèves lisent un texte et écrivent un commentaire. Puis, prennent un autre cahier et ainsi de suite. Nous avons appris à commenter les écrits (comment donner des avis personnalisés sur les textes, comment formuler des conseils constructifs.) Ainsi, pour la prochaine écriture, les élèves ont lu des exemples écrits par d’autres élèves et cela leur donne des idées. Ils aiment ces séances et je trouve que leurs commentaires deviennent de plus en plus pertinents.


#13

Quel plaisir de voir que les profs du collège s’y mettent également, bravo ! Et vos idées d’activités sont une mine d’or. J’ai beaucoup de mal à trouver pour mes élèves de CM1-CM2 des activités de manipulation attractives en grammaire et conjugaison. J’aime beaucoup l’activité puzzle de conjugaison que l’on voit sur une de tes photos @Juliette ! Les pièces s’emboitent vraiment ?


#14

Je pense que les activités à proposer pour les CM1, CM2 ou Sixièmes peuvent être sensiblement les mêmes. Après tout, nous avons le même programme. Je me demande s’il ne serait pas judicieux de créer un post “Français cycle 3”…


#15

Excellente idée @Perrine2 !


#16

Malheureusement les pièces ne s’emboîtent pas vraiment ! Au départ j’étais partie sur des pièces en médium avec des encoches différentes pour chaque terminaisons mais c’était trop de boulot trop compliqué et trop lourd !

Très partante pour le sujet cycle 3 !


#17

Bonjour et merci @Perrine2 de ta réponse longue et constructive!

Je suis enseignante au collège et cette année j’ai des 4° et des 3°. J’ai toujours eu tendance à les faire beaucoup réfléchir par eux mêmes en travaillant par groupes, en créant eux-mêmes exercices et contrôles, avec plus ou moins de succès.

Je viens juste de terminer le livre les Lois naturelles de l’enfant, je ne connais pas très bien les activités type Montessori, et je viens juste de comprendre ce que je devais modifier dans mes cours. Je tente au coup par coup quelques activités. Je n’ai pas encore créé d’activités en grammaire et je ne connais pas le bingo des classes de mots. Comment cela fonctionne-t-il? Si tu as quelques activités de grammaires un peu détaillées à me montrer, je suis preneuse!

Je pensais tester en 3° une séance “je choisis”, mais qui inclurait surtout des textes. On travaillera sur l’autobiographie, je pensais proposer 4 textes différents, plusieurs sujets d’écriture, plusieurs dictées, la possibilité de travailler sur la grammaire (notion au choix), ou sur une image. Je pensais proposer aussi de la lecture, et demander aux élèves qui souhaitent lire ou prendre un livre pour la maison d’aller au CDI, ainsi, il y aurait un peu moins de bruit.

Avec les 4°, j’ai demandé de travailler un texte réaliste et de le transformer en BD, de manière très autonome, et de créer le bilan par eux-mêmes.J’ai conscience que ce n’est pas encore suffisant, certain n’étant pas friands de cette activité, j’ai donc choisi de leur en proposer d’autres dès demain: lecture d’une autre nouvelle et des questions à se poser sur le texte, sujet d’écriture… En revanche, j’ai constaté qu’il y avait un volume sonore beaucoup moins important que d’habitude, en utilisant simplement la méthode de Céline: parler soi-même assez bas.

En ce qui me concerne, j’ai un seuil de tolérance au bruit très bas, étant hypersensible, donc je trouve important d’être attentive au volume sonore de la classe, d’autant qu’il y a toujours quelques élèves qui sont comme moi, peu capables de se concentrer dans le bruit.

Je pense que le CDI peut-être une aide, si le documentaliste est motivé.

Sinon, les élèves ont eux-mêmes choisi de se placer en U (il y en a 2 imbriqués, vu qu’il sont 27) et ont l’air plutôt satisfait, même si on manque toujours de place (je travaille dans un mouchoir de poche!)
Nous allons donc teste un moment puis peut-être mettre 4 tables, si cela ne fonctionne pas.

Comment as-tu expliqué aux élèves quelles étaient les remarques constructives à donner à leurs camarades pour l’écriture?

Pour les extraits ou les œuvres intégrales, as-tu des pistes, des outils? Fais-tu cours de manière plus traditionnelle?


#18

@Perrine2
Bonjour Perrine,
Je suis super contente d’être venue par hasard sur cette discussion. Je suis Caroline, depuis septembre sur le site, j’ai des CM2.
Je cherchais dans mon petit coin et dans ma petite cervelle des idées d’ateliers autonomes en français et un de mes soucis était justement l’auto-correction.
comme tu les dis, tes ateliers peuvent tout à fait être proposés au CM2 et ils répondent à certains de mes besoins.
La seule activité que j’ai crée en français pour l’instant (he oui au primaire, on cogite pour chaque matière alors ça prend du temps et on n’a pas toujours assez d’idées alors des collègues “spécialistes” qui nous tendent des perches c’est super!!) c’est une sorte de jeu de 7 familles des conjugaisons.
Je cherchais à créer une activité “enrichir la phrase” avec 3 catégories; enrichir le nom, enrichir le verbe, ajouter une proposition, mais je suis encore dans le flou quand à l’autocorrection. As-tu une activité similaire? sinon cela te parait-il réalisable?
à bientôt
Caroline


#19

Bonjour,
Je suis Julie, Prof doc en collège. Je suis contente que des enseignants du secondaire se posent des questions sur leur posture pédagogique et soient prêts à réfléchir à d’autres manières de faire. Et je pense que le prof doc peut être bien plus qu’une aide, c’est un partenaire pour construire une continuité dans cette démarche, en offrant un espace organisé, riche, ouvert et en autonomie. Je suis convaincue. Mais pour l’instant je ne vois pas encore trop par où et comment démarrer.
Je vais y réfléchir, et suis preneuse de toutes les bonnes idées !


#21

Bonjour,
Me revoilà après quelque temps, je vais essayer de répondre à tes questions @Tiffany.

Pour le moment, les ateliers en autonomie, je ne les mets en place qu’avec les sixièmes, j’ai des quatrièmes à côté. Et j’avoue que cette année, je change beaucoup de choses pour les 6ème, moins pour les 4èmes. Je n’ai pas encore expérimenté les plans de travail par exemple. Même s’ils n’ont pas le choix des textes, mes élèves sont très ouverts, discutent facilement et respectent les décisions des professeurs à la fin. Je peux donc “négocier” avec eux ce que l’on fait en classe. Ils m’ont par exemple fait part de leurs réticences quand je leur ai dit qu’on allait commencer un chapitre sur la poésie. Je prends en compte leurs remarques (marre des “vieux” textes, peur d’apprendre et de réciter par coeur, peur d’écrire de la poésie…), j’adapte avec eux le déroulement du chapitre. J’enlève des séances, j’explicite les raisons pour lesquelles on leur fait apprendre des poésies…Bref, je finis par imposer parfois des séances qui ne plaisent pas, mais j’ai davantage l’assentiment du groupe. Mais je pense que cela fonctionne parce que beaucoup d’élèves comprennent pourquoi ils sont au collège, parce qu’ils savent globalement prendre la parole de façon respectueuse, qu’ils savent justifier leurs choix…

J’essaie aussi de proposer une “tâche complexe” par chapitre, que d’autres prof appellent " chef d’oeuvre"… En fait, une réalisation concrète qui utilise souvent les compétences artistiques des élèves (mise en scène, transposition en BD comme toi, confection d’un recueil de textes pour la classe, affiche…) Je suis d’ailleurs à la recherche d’idées tout le temps.

Je vais essayer de généraliser les exposés par les élèves car je les sens plus investis. Ils apprennent davantage que quand les connaissances viennent du prof bien sûr.

Pour les lectures, un texte = une seule question ou activité. (ex: Et toi, comment aurais-tu réagi à la place de tel personnage? Imagine la suite… C’est toujours les élèves qui écrivent la synthèse, parfois à partir de mots-clés…
Bref, rien de très innovant.

Pour les conseils dans les exercices d’écriture:

  • L’orthographe, ou pas de remarques (on sait qu’en 4ème, on fait encore des erreurs, le but est de faire de son mieux, les élèves ne retirent rien à ce qu’on leur dise : tu fais des erreurs.) Ou une remarque avec des conseils pour améliorer un point précis, avec des exemples. (Corrige tes terminaisons verbales - et il faut alors citer des verbes. Fais les accords - et on cite les mots mal accordés…)
  • Les remarques doivent être adaptées précisément au texte commenté. On doit parler des lieux, des personnages, des actions, des idées. Quand on lit la remarque, elle ne doit pas convenir à n’importe quel texte.
  • On pointe les réussites, les originalités, les mots ou les phrases qu’on a aimés.
  • On montre les manques en donnant des exemples pour y pallier. On propose des synonymes, des idées d’éléments à développer par un dialogue, par une description.
  • On utilise des mots qui introduisent des justifications (car, parce que, en effet…, travail spécifique là-dessus.) et pour introduire des exemples.
  • On signe toujours son commentaire.

Je ne me sers pas encore assez du CDI, pourtant, j’ai une doc super motivée!

Tiens-moi au courant pour la mise en place de ta séquence “je choisis” en 3ème, ça m’intéresse!

Pour les activités de grammaire: ma clé usb m’a lâchée, mais on a créé avec Juliette, une drop box sur laquelle j’ai mis les activités faites en début d’année. J’ai malheureusement perdu mon travail fait pendant les vacances de la Toussaint… Je prendrai le temps plus tard de récupérer le doc qui peut te montrer les activités de langue.
A bientôt!


#22

@bataille
Tu as raison, c’est cette question qui doit primer quand on prépare nos cours: que veut-on enseigner? Pour quel but? De quoi nos élèves ont-ils besoin?
Il me semble quand même fondamental que les élèves maîtrisent les outils de base de la langue (reconnaitre un verbe, identifier un temps, accorder un adjectif…) En général, beaucoup ont acquis cette base en primaire. Au collège, nous devrions pouvoir nous affranchir de ces exercices méthodiques. SAUF QUE, certains élèves ont besoin de plus de temps et doivent eux aussi pouvoir renforcer ces apprentissages de bases. Parfois, on ne leur laisse plus la possibilité de revoir ce qui n’a pas été acquis en CE2 ou en CM2. On ne leur laisse plus la possibilité de s’exercer à la lecture sur des textes simples… D’où la proposition de garder des exercices de grammaire.
Les élèves qui ont déjà acquis ces notions doivent avoir la possibilité de faire autre chose que des exercices qui sont trop faciles pour eux.

En ce qui concerne l’écriture: le plaisir d’écrire est le plus important, la fréquence d’écriture, la possibilité d’expérimenter des styles différents, des genres différents, des présentations différentes, d’avoir le choix… De lire les écrits des autres… Toutes les situations peuvent être saisies. Certaines seront effectivement moins artificielles (écrire une lettre à un comédien pour le remercier de sa venue, avoir des correspondants…), dans d’autres cas, les sujets sont effectivement artificiels (en fait, scolaires). Tant qu’ils plaisent aux élèves! Il faut aussi penser à la suite. Un jour, il passeront le brevet et devront savoir écrire un texte sur un sujet non choisi, en un temps imparti…

L’écriture collective d’un texte est d’une grande richesse pour les élèves qui doivent confronter leurs stratégies d’écriture, qui coopèrent pour construire un objet commun… Je ne le fais pas souvent car c’est un grand investissement de la part du prof, mais les bénéfices sont réels. Et ils sont souvent très fiers de leur production!