Bonsoir @sylcha
Ces échanges sont stimulants et me ravissent (mais ils sont chronophages !)
Je soulèverai juste les points de désaccord sur lesquels on peut discuter sans trop prendre de temps.
Tout d’abord pour moi la vibration introduit une différence de mode de production (vibratoire ou non vibratoire) mais pas une différence dans le fait de laisser passer l’air ou non.
Il est bien évident que nous sommes forcément d’accord sur le fait que cette différence se perçoit tout autant à l’audition qu’à la vibration ressentie sous la main lorsqu’on la place contre la gorge et bien sûr sur le fait que cette expérimentation est capitale pour les enfants qui ont des difficultés de prononciation.
À mon avis on ne peut pas mettre sur le même plan " lac " et " bœuf ", " os ". Phonologiquement les occlusives et les fricatives sont essentiellement différentes. Essentiellement, c’est-à-dire par essence : les unes bloquent l’air, les autres le laissent passer plus ou moins.
De même, pour la même raison, on ne peut pas mettre sur le même plan “comme/gomme” “tout/ doux” et “fou/vous”.
Je ne conteste pas le VOT ni ce que vous en dites mais nous ne faisons pas la même lecture de ce que vous écrivez : “Si on s’amuse à dire “comme/gomme " " fou/vous” “tout/ doux” etc , on arrive à sentir cette différence et le moment où dans la gorge la voix ( son produit par les cordes vocales) démarre.” : À mon avis, lorsqu’on met sur le même plan des productions qui ne répondent pas au même mode opératoire, on se prive de considérer qu’avant la mise en route de la voix pour produire la voyelle v et f peuvent se prolonger justement parce qu’ils laissent passer l’air vvvvvvvv, fffffffffff, mais pas c, g, t, d. C’est bien la voix qui arrive derrière qui permet qu’on les entende. Ce qui nous intéresse ici (en tout cas ce qui me motive) ce n’est pas le spectrogramme mais ce que l’oreille humaine entend réellement et peut analyser.
L’explosion produite à l’émission de la consonne libère la voix. Cette production de voix est plus ou moins représentative d’une voyelle que notre oreille est entraînée à différencier mais elle existe.
Là où nous divergeons c’est que vous pensez que l’explosion peut être produite seule (consonnes en finale de discours) et que je pense que, par définition, cette explosion ne peut être audible que si elle libère la voix (dans une voyelle ou dans une solsonne, cette voyelle ou cette solsonne fussent-elles étrangères à celles que connait notre langue).