École fermée continuité des apprentissages


#68

Je comprends l’intérêt de montrer cette vidéo pour l’écriture des lettres mais il me paraît indispensable en la diffusant de préciser que la tenue du crayon n’est pas correcte.


#69

Bonjour!
J’aimerais , avec tous les enfants de la classe, fabriquer une œuvre collective à distance…comme tous les chanteurs qui font des “chansons confinées” en ce moment…chacun fait sa part et au bout du compte une réalisation qui fait chaud au cœur…mais très simple…et si possible pas une photo de soi même car je trouve ça modérément intéressant!!!des idées SVP???

Et aussi, on cherche la même chose à faire , mais juste les adultes de l’école…pour les enfants…


#70

Et là j’ai tout de suite dans ma tête “RGPD !” Désolé, réflexe de Pavlov ces temps-ci :smiley: Avoir les enfants en photo/vidéo va poser des problèmes d’autorisation des parents d’une part. Et de passer par un outil qui respecte le RGPD d’autre part (pour éviter que les images des enfants ne puissent - théoriquement - être piratée et diffusée sur le net). Après… nombre d’enseignants (voire de directeurs, d’IEN, et au delà) ne sont pas non plus nickel vis-à-vis des RGPD ces temps-ci. Mais il vaut mieux le savoir et faire un minimum attention. Par exemple éviter Zoom avec les enfants (il semble facile pour une personne non autorisée de rejoindre une discussion vidéo…)


#71

Il y a ce défi du Getty muséum pendant le confinement qui invite les gens à recréer des œuvres d’art chez eux.
Nous nous sommes lancées et nous ferons une expo photos lorsque tout sera revenu à la normale. Par contre, cela restera entre nous, nous ne participons pas au challenge sur internet.
Si tu ne veux pas que figurent les visages des enfants, il reste les animaux domestiques ou les jouets (peluches, Playmobils) pour représenter les personnes à mettre en scène. Nous avons déjà de super propositions.
Maintenant, pour ne pas creuser les inégalités, il faut proposer un stock de tableaux pour que tout le monde puisse jouer (et du coup se construire une culture picturale).


#72

Par exemple.


#73

Avant que nous nous lancions dans le défi du Getty Muséum, j’avais pensé aussi demander aux enfants de faire sécher des fleurs entre les pages d’un catalogue, livre, annuaire… Pour ensuite réaliser de retour en classe une œuvre collective. J’enseigne en milieu rural et tout le monde a accès à l’extérieur très facilement.


#75

Bonjour, comment partagez-vous ces vidéos avec les parents ? Merci


#76

Ce blog, “si j’étais une petite souris” est génial ! J’y ai piqué plein d’idées ! Merci du partage.


#77

Je mets les vidéos sur YouTube et je leur donne les liens…


#78

Idem qu’Angeline. Je poste les vidéos sur YouTube et je donne le lien par mail, via un groupe de contacts.


#79

#80

Bonjour à tous et à toutes,

Après plusieurs semaines de réflexion, je me permets de m’exprimer ici car je m’interroge sur la pertinence de la continuité pédagogique dans le contexte actuel. Je suis enseignante et ai fait ce que mon poste exige depuis le début de la crise, sans grande conviction cependant. Je m’interroge beaucoup sur les bienfaits de ce qu’on nous demande de faire. J’ai le sentiment que ce sont les adultes que nous satisfaisons en nous engageant dans cette continuité pédagogique. Je me demande s’il y a un réel bienfait pour les élèves. Des parents d’élèves sont morts de la maladie, est-ce bien raisonnable d’exiger à ce moment-là de l’histoire, un travail scolaire ?

Je viens réellement dans un besoin de dialogue et de partage, j’aimerais savoir si d’autres personnes pensent ainsi et connaître les arguments de ceux et celles qui voient un intérêt pour les enfants de les maintenir au travail.

Je vous remercie par avance et vous souhaite bon courage.


#81

L’intérêt principal que je vois dans la continuité pédagogique est de maintenir, non le travail, mais le lien.
Et le maintien du lien peut aussi passer par le fait que nous continuions de faire ce que nous faisions dans notre rapport avec eux ; transmettre.
Ce que les enfants apprécient le plus c’est d’entendre ma voix qui leur lit les albums de la classe, d’écouter les musiques que nous avons écoutées ensemble, de voir mon chat traverser le champ de ma vidéo de tuto pour fabriquer un poisson d’avril…
Maintenant, je pense que ce n’est pas le scolaire le plus important à l’heure actuelle.
La difficulté est de ne laisser personne derrière. J’appelle ou j’écris.
Mais l’école et son souvenir peuvent être un refuge pour beaucoup.
Comme un roc immuable, sûr, toujours là.


#82

Tout d’abord merci pour votre réponse, ensuite, j’entends bien cet argument cependant n’est-ce pas accorder plus d’importance à l’école qu’elle n’en a réellement ? Je suis enseignante et donc profondément convaincue de l’importance de l’école dans notre société. Maintenant, dans une telle situation qui marquera l’histoire, sommes-nous si importants dans la vie de nos élèves ?
J’ai parfois le sentiment que les enseignants se mettent à une place qui ne me semble pas être la leur auprès de leurs élèves. Je suis très attachée aux miens mais je n’oublie pas qu’ils ont leur famille, que l’année prochaine, ils auront une autre enseignante et qu’ils en ont eu une autre avant moi, bref je garde à l’esprit que je ne suis “que” leur enseignante.

Maintenant qu’ils sont auprès de leur famille et qu’un danger sanitaire existe, il me semble plus opportun d’oublier un peu le travail scolaire au bénéfice d’échanges plus profonds, message qui n’est relayé qu’à la marge et cela me pose question.


#83

Je suis profondément d’accord avec vous. Au début j’étais motivée pour donner des petits défis à mes élèves (Ps Ms) même si je n’ai pas l’habitude de travailler par fiche. Et puis je me suis essoufflée … Cherchant moi aussi un sens à tout ça. Mais à l’annonce des vacances j’ai reçu plusieurs messages très touchants de plusieurs parents me remerciant d’avoir maintenu le lien notamment en partageant les photos de chacun. Je trouve que cette période difficile à cree un lien très particulier avec les parents et les collègues


#86

Merci pour vos réponses.

Je reste cependant dubitative quant à ce que cela apporte aux enfants au final. J’entends bien que les parents sont volontiers reconnaissants, que les enseignants sont heureux d’entendre leurs élèves mais finalement, quel retour des enfants eux-mêmes ? Sans passer par l’interprétation des adultes ?

Je ne veux pas paraître insensible à l’attachement enseignant/élève ni à l’importance des apprentissages, mais dans le fond, je trouve que cela correspond à un certain orgueil du monde enseignant qui pense être au centre de la vie de l’enfant. En France, il est vrai que les enfants passent énormément de temps avec nous, ainsi, l’école peut paraître l’élément le plus important dans la vie de l’enfant. Pour autant, je pense que la vie des enfants est traversée par bien d’autres centres d’intérêts et questionnements profonds qui dépassent l’expérience scolaire.

J’aimerais que cette crise sanitaire permette justement à ces enfants et à leurs familles de se consacrer à l’essentiel. Et, si les parents sont sans doute pris dans des questionnements plus pragmatiques (j’enseigne en REP+) et restent demandeurs de cette continuité pédagogique, j’aurais aimé que les enseignants puissent soutenir cette façon plus positive et plus légère me semble-t-il de l’appréhender.


#87

J’enseigne depuis 20 ans.
Avant j’ai eu une autre vie.
Notamment, une vie d’élève.
Je pense que l’école n’est pas et ne se prend pas pour l’axe principal de la vie de l’enfant. Je ne connais pas une seule collègue qui a la vanité de penser ça. Même si ces derniers temps la hiérarchie tente d’utiliser ce levier pour nous faire faire ce qu’elle souhaite.
Par contre, je sais d’expérience et par mes lectures que l’école est la plupart du temps la première fenêtre ouverte sur le monde différente du point de vue donné depuis celle des parents (je parle de l’école publique lorsqu’il s’y joue la mixité sociale). Alors oui, Bourdieu et Franck Lepage parlent d’accentuateur des inégalités sociales. Mais Camus et moi même savons que croiser dans notre vie une personne qui apporte ce regard extérieur à l’environnement familial, ce n’est pas tout, mais ce n’est pas rien. Pour l’auteur de “La peste” sa vie aura suffit, pour la plupart des enfants d’ouvriers ou de prolétaires, dont je suis, il faudra plusieurs générations.
Je vous suggère la lecture de “Chagrin d’école” de Daniel Pennac et de “Comme un roman” du même auteur. Dans ce dernier, vous lirez pourquoi ce prof ancien cancre souffrant sur les bancs de l’école, est convaincu que de mettre les éléves au travail dans une fermeté bienveillante et dans l’exigence peut créer une bulle salvatrice. Pas changer des situations familiales ou économiques ou gommer les conséquences d’un confinement. Mais créer un espace temps durant lequel il sera question de construction des savoirs et de son individualité.
Tous ceux qui ont connu un traumatisme personnel et ont utilisé l’école comme refuge représentant un monde stable et rassurant comprendront de quoi je parle.
Encore faut-il que les adultes de l’école tiennent cette place dans leur rôle ; pédagogue et certes ni psychologue, ni parent de substitution.

Pour la lisibilité du forum, je vous propose si vous souhaitez poursuivre cette réflexion sur le rôle de l’école, d’ouvrir un sujet qui lui serait consacré.


#88

Je suis profondément d’accord avec le pouvoir émancipateur de l’école, c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle j’ai choisi ce métier. J’ai par ailleurs une réserve quant à la réussite de cet idéal au regard de la méfiance avec laquelle le monde enseignant accueille les critiques du système traditionnel et les méthodes qui semblent être plus efficaces et émancipatrices (comme celles de Celine Alvarez). Mais c’est un autre sujet…ou pas !

Cependant, je ne souhaite justement pas parler du rôle de l’école comme un sujet à part entière, la littérature ne manque pas sur cette question comme vous l’avez souligné et j’ai choisi de m’adresser aux personnes sensibles au discours de Celine Alvarez, dans lequel je me retrouve.

Je me suis inscrite dans ce sujet, parce que justement, j’interroge plutôt ce que l’on demande à l’école en ce temps particulier du confinement. J’ai exprimé dans mes messages précédents mes questionnements sur le discours que je pourrais qualifier de dogmatique sur la continuité pédagogique. Je regrette que ce postulat n’ait pas été au moins discuté publiquement car il m’interroge grandement.

La course à l’activité scolaire me semble empêcher les réflexions plus profondes sur ce que cette crise sanitaire éveille en chacun de nous, et sur ce qui est réellement essentiel dans nos existences, notamment sur la question de l’éducation des enfants.
Ne serait-ce pas le moment de rappeler aux familles le grand pouvoir qu’elles ont sur leurs enfants avec bienveillance ? A mon sens, le discours officiel est trop axé sur la nécessité pour les enfants et les familles de continuer à apprendre et à faire apprendre les savoirs scolaires à travers leurs enseignants, qui relaient volontiers ce discours flatteur et rassurant.

Cependant je m’interroge, les enseignants sont-ils à ce point indispensables en ce moment ? Faire les devoirs est-ce la priorité actuelle ? J’ai une amie infirmière (donc en première ligne) qui me disait qu’en rentrant de sa journée de travail, elle allait “faire les devoirs” aux enfants avant qu’ils ne dorment. Est-ce comme cela que l’on veut que la relation entre les apprentissages, l’enfant et ses parents s’établisse ? Je crois réellement en la capacité des familles à élever leurs enfants au sens propre du terme, à condition qu’il y ait un échange constructif entre les professionnels de l’éducation et ces dernières, échanges qui, malgré le danger manifeste de cette période, n’a toujours pas lieu.

Encore une fois, il ne s’agit pas de jeter la pierre aux familles prises dans de nombreux questionnements et faisant comme elles peuvent, mais plutôt questionner le discours actuel des professionnels de l’éducation.


#89

Comme toi, je m’interroge sur l’intérêt de faire classe à tout prix en proposant des activités pour toute la journée comme si on était en classe avec un emploi du temps et un mode de fonctionnement très “scolaire”. J’entends bien que les collègues cherchent à bien faire et même s’y épuisent. Je ne blâme personne mais plutôt les injonctions dont nous sommes la cible. Beaucoup de parents en télétravail mènent de front leur activité salariale déjà dégradée et l’école à la maison qui fait parfois l’objet de disputes entre parents et enfants. Est-ce que c’est vraiment nécessaire ? Est-ce qu’on ne peut pas plutôt laisser tomber les programmes à la rentrée et partir de là où en sont les élèves ? Faire classe, ce n’est pas seulement donner des activités à faire. Enseigner, ce n’est pas appliquer une procédure. On comprend mieux pourquoi le ministère pense possible de remplacer des enseignants par des intérimaires non formés. Les familles de ma classe semblent apprécier le contact que nous gardons. C’est sans doute le plus important, au delà du travail que cela engendre ou pas après coup.


#90

Je suis bien d’accord avec vous.