Je suis profondément d’accord avec le pouvoir émancipateur de l’école, c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle j’ai choisi ce métier. J’ai par ailleurs une réserve quant à la réussite de cet idéal au regard de la méfiance avec laquelle le monde enseignant accueille les critiques du système traditionnel et les méthodes qui semblent être plus efficaces et émancipatrices (comme celles de Celine Alvarez). Mais c’est un autre sujet…ou pas !
Cependant, je ne souhaite justement pas parler du rôle de l’école comme un sujet à part entière, la littérature ne manque pas sur cette question comme vous l’avez souligné et j’ai choisi de m’adresser aux personnes sensibles au discours de Celine Alvarez, dans lequel je me retrouve.
Je me suis inscrite dans ce sujet, parce que justement, j’interroge plutôt ce que l’on demande à l’école en ce temps particulier du confinement. J’ai exprimé dans mes messages précédents mes questionnements sur le discours que je pourrais qualifier de dogmatique sur la continuité pédagogique. Je regrette que ce postulat n’ait pas été au moins discuté publiquement car il m’interroge grandement.
La course à l’activité scolaire me semble empêcher les réflexions plus profondes sur ce que cette crise sanitaire éveille en chacun de nous, et sur ce qui est réellement essentiel dans nos existences, notamment sur la question de l’éducation des enfants.
Ne serait-ce pas le moment de rappeler aux familles le grand pouvoir qu’elles ont sur leurs enfants avec bienveillance ? A mon sens, le discours officiel est trop axé sur la nécessité pour les enfants et les familles de continuer à apprendre et à faire apprendre les savoirs scolaires à travers leurs enseignants, qui relaient volontiers ce discours flatteur et rassurant.
Cependant je m’interroge, les enseignants sont-ils à ce point indispensables en ce moment ? Faire les devoirs est-ce la priorité actuelle ? J’ai une amie infirmière (donc en première ligne) qui me disait qu’en rentrant de sa journée de travail, elle allait “faire les devoirs” aux enfants avant qu’ils ne dorment. Est-ce comme cela que l’on veut que la relation entre les apprentissages, l’enfant et ses parents s’établisse ? Je crois réellement en la capacité des familles à élever leurs enfants au sens propre du terme, à condition qu’il y ait un échange constructif entre les professionnels de l’éducation et ces dernières, échanges qui, malgré le danger manifeste de cette période, n’a toujours pas lieu.
Encore une fois, il ne s’agit pas de jeter la pierre aux familles prises dans de nombreux questionnements et faisant comme elles peuvent, mais plutôt questionner le discours actuel des professionnels de l’éducation.