Bonjour, bonsoir à tous et à toutes !
J’ai été peu active sur le forum ces derniers mois car je m’étais lancée dans le challenge intense de révolutionner tout mon système de classe. Etant T2, je ne me sens pas toujours légitime dans mon travail et j’essaye de faire les choses bien. Je suis enfin arrivée à quelque chose dont je suis vraiment satisfaite et je compte bien reprendre mon activité et guider les collègues qui voudraient se lancer en élémentaire, comme moi !
J’ai une classe de GS-CP-CE1 depuis 2 ans dans une école rurale. Il s’agit d’une école publique tout ce qu’il y a de plus normale : les élèves ont suivi un enseignement traditionnel depuis la PS, le milieu social est globalement assez défavorisé, le niveau est très hétérogène… Comme partout. Il m’a fallu un an et demi de tâtonnements, mais ça y est, tout roule !
Je vais commencer par vous présenter des photos de l’aménagement de ma classe :
L’espace au milieu me sert à faire la “ronde” de regroupement. Comme vous voyez, j’ai mélangé l’idée des espaces Montessori avec le principe du Flexible Seating (utilisation de tapis pour s’agenouiller près des tables, banquettes, ballons, coussins, plateaux pour genoux, ect).
Le coin bibliothèque, ainsi que le petit meuble rouge contenant le matériel (commun) de la classe : un tiroir pour le petit matériel, crayons à papiers, gommes, cartouches d’encre, ect, un tiroir de crayons de couleurs, un tiroir de craies plastiques, un tiroir de feutres fins et un tiroir de gros feutres.
Le coin artistique en autonomie, avec le coin bricolage, dessin, peinture…
J’ai fait le choix de revenir à des tables collectives + quelques tables isolées car ça me semble important pour favoriser les échanges entre élèves. Les miens sont plus grands que les élèves qu’avaient Céline et Anna lors de leur expérience, je peux donc me le permettre. D’autant qu’en primaire, les enfants n’ont pas les mêmes besoins qu’en maternelle, ils ont besoin d’encore plus d’interactions sociales, avec la possibilité toutefois de s’isoler !
J’ai fait le choix de travailler totalement en individuel. C’est un pari risqué en élémentaire, mais avec un an et demi de recul, je peux vous le promettre : ça fonctionne ! Il faut juste prendre le temps de construire des outils clairs pour leur permettre de se repérer. Pour ma part, il s’agit des ceintures de compétences. J’y viens ! Ici, mes élèves soient me sollicitent pour un atelier dirigé en tête à tête (ce qui en pédagogie Montessori pourrait correspondre à une présentation, mais plus ça va, moins je me sens reliée à la pédagogie Montessori), soient travaillent sur une activité en autonomie, seuls ou en coopération.
Mon emploi du temps actuel ressemble donc à cela :
En plus de cela, les enfants disposent d’une activité « gratuite » par jour, qui se traduit pour les GS en un temps de décompression sur un jeu pour les GS ou un accès à une activité d’arts ou de travaux manuels pour les CP-CE1 en règle générale. J’ai limité ces activités complémentaires à une par jour pour empêcher les élèves réfractaires d’y passer la journée mais lorsqu’ils sont très fatigués (en fin de période par exemple), je lâche la bride et les laisse se recentrer avec les activités qui leur donnent tant envie. Les élèves ont également libre accès à la bibliothèque de classe et ont un cahier d’écriture (des éditions Jocatop) adapté à leur tranche d’âge qu’ils utilisent en autonomie. Je trouve cet outil très bien fait et facile à utiliser en autonomie de par sa grande sobriété (je vous montrerai des exemples).
Passons à ce qui vous intéresse probablement : les ceintures de compétences.
J’ai réparti les apprentissages fondamentaux en douze ceintures qui correspondent à 12 domaines. Il y a 6 ceintures de français : lecture, littérature, écrivain (production d’écrit), écriture cursive, grammaire (et conjugaison), et orthographe (avec le vocabulaire). Il y a également 6 ceintures en mathématiques : numération, calcul, calcul mental (techniques de calcul mental + tables), logique (problèmes, organisation de données, ect), Géométrie, Mesures.
Chacune de ces douze ceintures sont divisées en douze paliers correspondant chacun à une couleur, et qui correspondent à une étape à apprendre. Ils ont du début de la GS jusqu’à la fin du CE1 pour gravir les différents paliers qui sont donc répartis sur 3 ans, la ceinture blanche correspondant généralement au niveau attendu en début de GS et la ceinture marron au niveau attendu en fin de CE1 (la ceinture noire étant souvent réservée aux élèves souhaitant aller plus loin).
Ces douze paliers correspondent donc à ma programmation sur trois ans dans ce domaine, simplement remaniée pour être compréhensible par les parents et les enfants. Voici un exemple de programmation, ici dans la ceinture de calcul :
Ce document est accessible aux élèves : il est collé dans leur cahier de ceinture, à la première page de l’onglet “calcul”. Les parents (et les enfants lecteurs) peuvent donc s’y référer pour comprendre ce qu’il reste à apprendre dans le domaine en question.
Les ceintures sont pensées pour être progressives. Ainsi, l’élève devra valider la ceinture vert clair (à savoir manipuler des additions avec le matériel de numération) avant de passer à la ceinture vert foncé qui correspond à l’addition posée. Elles sont donc conçues pour utiliser les compétences acquises dans les ceintures précédentes, d’où l’utilité de respecter l’ordre.
Chacune des couleurs de ceintures correspondent à une séquence d’apprentissage. Je vous mets comme exemple la ceinture vert foncé de logique, qui correspond donc à la séquence « apprendre à résoudre un problème du champ additif simple ». La séquence, toujours dans le but d’être explicite pour les élèves et pour leurs parents, est donc présentée sous une forme simplifiée, à savoir un plan de travail à images collé dans leur cahier de ceintures, où les élèves cochent les activités effectuées pour savoir où ils en sont.
Ici donc, la séquence comprend :
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Deux ateliers autonomes de rebrassage de notions vues précédemment qui permettent donc de réactiver des compétences déjà acquises mais nécessaires pour apprendre la nouvelle notion. Ici, il y a donc un atelier d’additions avec les perles et un atelier de soustractions avec les perles, que les élèves connaissent déjà mais qui est nécessaire pour effectuer les calculs qui permettent de résoudre les problèmes. Les élèves les effectuent seuls et sont en réussite sur ces ateliers.
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Un palier de « freinage » : Du fait que les élèves avancent à des rythmes différents dans chaque domaine, il arrive parfois que l’écart important de niveau entre deux matières nuise à l’apprentissage d’une nouvelle compétence. Pour résoudre ce problème, j’impose parfois un « palier de freinage » qui correspond aux prérequis nécessaires pour apprendre la compétence. Par exemple, ici, pour résoudre des problèmes du champ additif, il parait nécessaire de maîtriser les petits calculs qui dépassent parfois la dizaine, donc les élèves doivent avoir au préalable validé la ceinture orange de calcul qui correspond à cette compétence.
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Deux ateliers dirigés symbolisés par le pictogramme de la maitresse. Il s’agit d’ateliers dirigés dans lequel je construis la compétence avec l’enfant. Elles passent souvent (mais pas toujours) par l’utilisation de matériel pédagogique de manipulation, Montessori… Ou non . Les enfants viennent me solliciter pour une séance en tête à tête durant laquelle je leur apprends la compétence de manière ludique en utilisant le matériel ou le jeu en question. Les séances sont courtes mais plus efficaces car mon attention n’est focalisée que sur l’enfant en question (enfin je pense prêcher des convaincus ici ). Ici, pour apprendre à un enfant à résoudre des problèmes simples, il y a deux ateliers : un atelier nommé « Que s’est-il passé ? » ou l’enfant dispose d’une situation de départ, d’une situation d’arrivée et où il doit déduire ce qu’il s’est passé pour passer de la situation A à B (la réponse est inscrite au dos sous la forme d’un +4 ou -3 par exemple). L’enseignante apprend à l’enfant à choisir son opération, notamment, en fonction du contexte. Le deuxième atelier se nomme « problèmes puzzles » et l’enseignant aide l’enfant à remettre en ordre les différentes parties d’un problème écrit (questions, calcul et phrase de réponse).
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Les deux ateliers dirigés à refaire en autonomie pour asseoir la compétence. L’élève comprend cela car en dessous de la case « travail avec la maitresse » à cocher, il y a une case sans le pictogramme de la maitresse.
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Des fiches écrites qui permettent d’automatiser les connaissances de l’enfant et le familiariser à l’écrit. Ces fiches reprennent et formalisent les compétences apprises lors de la séquence. Elles sont disponibles en libre-service dans la classe, l’élève n’a plus qu’à les photocopier, les couper et les stocker dans sa pochette avant de les faire au fur et à mesures (tout cela correspondant à des présentations de vie pratique à faire en début d’année : photocopier, massicoter…). Elles sont plus ou moins nombreuses suivant l’âge de l’enfant et l’utilité de passer à l’écrit pour cette compétence. Elles servent également de trace pour les parents, et préparent l’enfant à passer le test.
Ce cahier de ceinture sert donc de feuille de route à l’élève. Les activités sont répétées en cas de besoin, les fiches peuvent parfois être également réduites pour certains élèves peu performants à l’écrit lorsque cela le freine dans son avancée. Le mot d’ordre est FLEXIBILITÉ : les ceintures ne sont qu’un outil, c’est ensuite à moi de m’adapter et d’adapter ce système pour les particularités de mes petits élèves.
Lorsqu’un élève a terminé sa ceinture et se sent prêt, il me demande à passer le test. Dans ma classe, un système “d’inscription” a été tacitement adopté par les élèves et c’est mignon comme tout à voir, toutes ces petites demandes qui recouvrent mon tableau chaque soir
Et oui, il fallait bien trouver un moyen d’utiliser ce tableau, puisque pour ma part, je m’en sers beaucoup moins… Ce test donc, souvent oral ou manipulatoire pour les GS et de plus en plus écrits et autonomes quand les élèves grandissent, se présente sous la forme d’un exercice très simple résumant au maximum la compétence apprise. Parfois, elles rebrassent également des compétences des ceintures passées lorsque celles-ci ne sont pas directement liées avec la ceinture actuelle pour vérifier que toutes les connaissances sont bien solides.
Lorsque le test est réussi, la date est tamponnée sur la feuille de séquence, la classe félicite l’enfant en question(très important), et l’enfant récupère la fiche de séquence correspondant à la couleur suivante. Son étiquette est changée sur le panneau de suivi des ceintures affichée dans la classe. Il est donc désormais en mesure d’aider un élève qui dans cette ceinture en est à une couleur inférieure à la sienne, ce qui valorise les élèves.
Exemple d’un test :
L’objectif de la ceinture blanche de lecture étant de connaitre 12 phonèmes et reconnaisse son nom, il suffit qu’il me nomme correctement 12 des phonèmes du texte et entoure son nom (ce qui est un peu traitre pour Cléa et Léa, je vous l’accorde ! )
NIVEAU MATÉRIEL : Les élèves ont donc :
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deux cahiers de ceintures (un cahier de ceintures de français et un cahier de ceintures de maths, uniquement parce que je n’ai pas trouvé de cahiers assez gros pour regrouper les deux)
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un cahier de travail (pour ma part 17x22, seyes pour tout le monde, 96 pages, en polypro, avec marque page et pochette intégrée pour stocker les fiches) dans lequel coller les fiches, découpages, poinçonnages, faire les exercices PEMF, ect.
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Un cahier d’écrivain (double ligne pour les GS, Seyes agrandi pour les CP et Seyes pour les CE1) pour la production d’écrit, et les travaux de groupes quand on fait des projets.
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Un fichier d’écriture Jocatop.
Et c’est tout :).
Je vous joins ici un modèle de ceinture pour ceux qui sont intéressés afin de l’utiliser comme trame ou pour carrément l’utiliser pour ceux qui auraient des GS CP CE1 ou des CP CE1… Je vous demanderai seulement de ne pas le diffuser sans mon accord car j’ai créé ce support moi-même. Et je souhaiterais ouvrir un blog pour diffuser mes documents moi-même. Par contre… Je vous envoie avec plaisir tous les documents que vous souhaitez, y compris mes autres ceintures.
Ceintures de lecture.pptx (3,6 Mo)
Et je prépare un second post avec mes 10 autres programmations de ceinture (outre calcul et lecture qui sont disponibles sur ce post, donc) et un troisième avec des photos qui réchauffent le coeur…
N’hésitez pas si vous avez besoin de question, voulez récupérer un de mes documents, avez besoin d’accompagnement, cherchez du matériel ou des supports…
@Celine, @Kej et @CeCeline, j’espère que ça correspond à l’esprit sur lequel vous aviez travaillé pour votre proposition en élémentaire
(Je publie des détails pratiques sur mon fonctionnement sur mon blog)